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L'affaire Karim Tir est un récit complexe mêlant ascension sociale, succès dans l'industrie musicale, et une spirale de violence qui a frappé sa famille. Cet article explore l'histoire de Karim Tir, de ses origines familiales à son assassinat, en passant par son rôle dans le milieu du banditisme et son implication dans la musique rap avec Jul.

Les Racines Familiales et l'Intégration Marseillaise

L'histoire des Tir est un récit complexe mêlant intégration réussie et dérive délinquante. La saga familiale plonge ses racines dans les montagnes des Aurès, en Algérie, avec comme figure centrale Mahboubi Tir, un notable respecté qui a immigré à Marseille dans les années 1950. À la fin des années 1950, Mahboubi et sa troisième épouse, Fatima, s'installent au cœur du bidonville de Saint-Barthélemy, à Marseille.

Au gré de la construction des HLM de la "ZUP Centre", les Tir, leur échoppe et leurs 14 enfants déménagent plusieurs fois sans jamais quitter le XIVe arrondissement. Ici, Monsieur Tir, cheveux blancs et regard bleu perçant, est aimé et respecté. Quand Mahboubi décède, en 1997, deux milliers de personnes affluent pour présenter leurs condoléances aux Tir. Sept ans plus tard, une portion du boulevard Jourdan, à deux pas de l'épicerie familiale, sera rebaptisée rue Mahboubi-Tir.

Dérive Délinquante et Ascension dans le Banditisme

À la mort du patriarche, un autre homme de la famille s'est déjà fait un prénom et une réputation: son neveu Saïd, bientôt surnommé le "parrain des quartiers Nord". Ce Tir-là ne fait pas dans l'épicerie ni dans la médiation sociale. Sa spécialité à lui, c'est plutôt le banditisme. Natif comme son oncle de Bouderhem, Saïd a 9 ans lorsqu'il rejoint son père à Marseille. Il s'essaie à la comptabilité puis à la soudure, avant de se lancer dans le business plus lucratif des machines à sous et du trafic de stupéfiants, au côté du caïd Farid Berrahma, dit "le Rôtisseur" pour sa fâcheuse propension à faire flamber ses victimes dans leurs voitures. Au début des années 2000, il se met au vert à Paris. Saïd ne sera jamais jugé: il est assassiné un mois avant l'ouverture du procès. Son beau-frère Akim Grabsi, soupçonné d'avoir été son homme de main, subira le même sort quelques semaines plus tard.

La drogue, fléau des cités phocéennes, n'a pas épargné le clan Tir. En 2007, la police arrête une vingtaine de trafiquants de Font-Vert. Parmi eux figurent plusieurs parents de Rachida, la présidente de l'Alliance savinoise: deux de ses frères, les inséparables Hichem et Karim, et son neveu Eddy. Dans son réquisitoire définitif de renvoi, le procureur de la République décrit l'épicerie familiale, celle de feu Mahboubi, comme "l'un des lieux essentiels du trafic [...] où se ravitaillaient les vendeurs et guetteurs"."Font-Vert était l'un des plus gros supermarchés de vente de résine de cannabis en pied d'immeuble, avec plusieurs points de deal, se souvient le commissaire divisionnaire Nicolas Hergot, alors chef de la brigade des stupéfiants. A la tête de ce réseau se trouvaient les Tir." Les affaires marchent fort: une caméra enregistre 504 transactions dans la même journée, entre 15 heures et 21 heures 30. Deux ans plus tard, les condamnations prononcées sont lourdes: Hichem écope de huit années de prison, Karim, de cinq. Eddy, mineur au moment de son interpellation, est jugé par le tribunal des enfants, qui lui inflige six mois de détention.

Lire aussi: Procès de l'affaire Karim Tir

Karim Tir : Manager de Jul et Victime de la Vendetta

En ce mois de juin 2014, Karim Tir traverse une période faste. Les affaires relatives au trafic de drogue, pour lesquelles il a été incarcéré, sont rangées dans un tiroir appartenant au passé. Le Marseillais s'est rangé. Il est devenu manager de Jul, étoile montante du rap français, et vit à Paris.

Avec deux de ses frères, Karim crée un label de musique, la Liga One Industry. Une fois libéré de prison, Hichem se joint à l'aventure. La fratrie Tir a la main heureuse. Dans ma paranoïa, le premier album du rappeur marseillais Jul, sera sacré disque de platine - plus de 100000 exemplaires vendus. Oublié, le "caïd de Font-Vert": dans les journaux, Karim est désormais "le manager de Jul". Dans la nuit du 11 au 12, l'homme de 31 ans est abattu de plusieurs balles par deux hommes à moto alors qu'il se trouve au volant de sa Renault Clio, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Le procès de huit personnes -sept hommes et une femme- soupçonnées d'avoir joué un rôle dans cet assassinat s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence.

La Spirale de la Violence et des Règlements de Comptes

Depuis 2010, cette famille a enterré plusieurs de ses membres, tués par balle dans des règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants. Le clan Tir pleure l'un des siens, une fois de plus. Dans la nuit du 24 au 25 juin, une rafale d'arme automatique a foudroyé Yanis, 24 ans, sur le parking de la Consolat, dans les quartiers Nord de Marseille. Depuis 2010, cette famille de Chaouis, des Berbères d... Le clan Tir a payé un lourd tribut à la violence qui gangrène les quartiers Nord de la ville. Au point de faire oublier son intégration réussie.

Les Tir sont-ils maudits? Qui veut les éliminer un à un? Les policiers ont leur petite idée: ils sont convaincus que les Tir et un autre clan, les Remadnia, se livrent une vendetta sans merci. Elle aurait déjà provoqué 22 règlements de comptes depuis 2010, selon le patron de la police judiciaire de Marseille, Eric Arella. Les soupçons des enquêteurs se confirment cependant au fil des mois. En juillet 2014, un homme de 23 ans est exécuté au rond-point de Sainte-Marthe, près de Font-Vert: il s'appelle Zakary Remadnia et il aurait trempé dans l'assassinat de Karim Tir. En août 2014, Eddy, le cousin de Karim et d'Hichem, est mis en examen pour le meurtre de Zakary, qu'il est soupçonné d'avoir commandité depuis sa cellule, comme semblent l'indiquer des écoutes téléphoniques. L'intéressé, lui, nie toute implication.

Le Procès de l'Assassinat de Karim Tir

Un procès très attendu s’est ouvert lundi 6 mars. Celui des meurtriers présumés de Karim Tir, le premier producteur du rappeur Jul, assassiné en 2014 en région parisienne dans le cadre d’une guerre fratricide sur fond de trafic de drogue dans les quartiers nord de la cité phocéenne. Au total, huit hommes sont sur le banc des accusés de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, dans ce dossier. Trois poursuivis pour assassinat le 12 juin 2014 à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), dans le cadre d’une « bande organisée » et cinq autres uniquement pour association de malfaiteurs, pour leur rôle de logisticiens.

Lire aussi: Appel du Procès Karim Tir : Les Condamnations Maintenues

Selon l'enquête, c'est en fait la visibilité du rappeur Jul qui avait permis aux meurtriers de pouvoir facilement suivre et surveiller leur cible: «Ils planquaient Jul pour remonter Karim Tir», avait expliqué un témoin sous X.

Lire aussi: Procès en Appel : Affaire Karim Tir

tags: #karim #tir #origine

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