L'année 2024 a été relativement ordinaire pour le rappeur Jul, avec la sortie de deux albums aux ventes correctes, mais sans éclat particulier. Cependant, Jul s'apprête à dévoiler le deuxième volume de l'album "13'Organisé", regroupant de nombreux rappeurs de Marseille.
L'ombre du passé a refait surface avec le procès en appel pour le meurtre de Karim Tir, parfois surnommé Charlie. Karim Tir était à l'origine de la création du label Liga One Industry, qui a propulsé Jul au début de sa carrière, avant que les deux hommes ne se séparent pour des raisons financières. Karim Tir a été tué le 12 juin 2014. Alors qu’il était en voiture, des tueurs à moto l’ont abattu de plusieurs balles à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Karim Tir, 30 ans, alors manager du rappeur, avait été tué le 12 juin 2014 devant une station de métro à Asnières (Hauts-de-Seine), près de Paris, par deux hommes à moto.
Lors du premier procès en 2023, les deux accusés avaient été condamnés à 25 ans de prison. La cour d'assises d'appel des Bouches-du-Rhône a alourdi cette peine à 30 ans de réclusion criminelle.
Dans la nuit de vendredi à samedi, la cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône a condamné Mohamed Seghier, 46 ans, et Juan-Gino Marti, 42 ans, à 30 ans de réclusion criminelle pour l’assassinat en bande organisée du manager du rappeur Jul, en 2014. Les jurés d’appel ont ainsi aggravé la peine de 25 ans de réclusion qui leur avait été infligée en mars 2023. Les deux accusés niaient farouchement leur participation à l’assassinat de Karim Tir, 30 ans, abattu au volant de son véhicule par des hommes circulant à moto devant une station de métro, le 12 juin 2014, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
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La première cour d'assises, en mars 2023, avait estimé que « le tireur qui apparait boitant sur les images de la caméra de surveillance ne peut être que Zakary Remadnia », un jeune homme abattu quelques mois plus tard à Marseille. Mohamed Seghier l'aurait précédemment déposé sur les lieux. La cour d'assises de première instance désignait aussi Juan Marti comme le pilote très expérimenté de la moto emportant le tireur après les coups de feu, un rôle contesté par Mes Anna-Maria Sollacaro et Antoine Guglielmi qui ont réclamé son acquittement. Les défenseurs de Mohamed Seghier, Mes Pascal Roubaud et Mehdi Khezami, ont eux aussi plaidé l'acquittement.
Un troisième accusé a été condamné à quatre ans de prison dont deux ans avec sursis pour association de malfaiteurs alors qu'il avait été acquitté en première instance.
L'avocat général Christophe Raffin, qui avait requis contre les deux accusés trente ans de réclusion, a inscrit cet assassinat dans une «vendetta», un conflit sanglant entre deux équipes criminelles marseillaises impliquées dans le trafic de drogue.
En mars dernier, Mohamed Seghier, 45 ans, et Juan Marti, 41 ans, avaient été reconnus coupables et condamnés à 25 ans de réclusion criminelle. Un troisième homme, Youser Titouh, avait quant à lui été acquitté. À la suite de cette décision de justice, la défense et le parquet avaient fait appel.
La cour d'assises des Bouches-du-Rhône avait condamné en mars 2023 à 25 ans de réclusion criminelle Mohamed Seghier, 45 ans, et Juan Marti, 41 ans pour assassinat en bande organisée.
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Les deux accusés ont toujours nié avoir participé à cet assassinat. «Je suis un voleur de voitures, je pouvais faire un braquage mais je ne suis pas un tueur», a martelé lors des débats Mohamed Seghier, présenté par la police judiciaire comme l'un des membres influents d'une équipe de malfaiteurs de Marignane (Bouches-du-Rhône), ville proche de Marseille.
Jul ne s'était pas rendu au procès en 2023, lui qui devait être entendu comme témoin puisqu'il était décrit comme un "ami" de Karim Tir. La star marseillaise du rap ne s’est pas présentée pour témoigner au procès en appel et a écopé mercredi d’une amende de 3 000 euros, a indiqué une source judiciaire.
À l’ouverture du procès le 9 septembre, Julien Mari dit Jul avait formulé, par un courrier de son avocat, une demande de dispense de comparution, faisant savoir qu’il était à l’étranger pour raisons professionnelles.
Mais pour l’avocate de la victime, Me Ménya Arab-Tigrine, il était important de l’entendre comme témoin parce qu’il était «son ami» et qu’il avait passé les heures précédant le drame avec lui. « Même s’il pense que sa notoriété le met au-dessus de la cour d’assises, il doit être avec nous », avait-elle estimé.
Malgré sa demande de dispense de comparution, Julien Mari de son vrai nom, n'aura pas échappé à une amende de 3 000 euros, demandée par l'avocat général.
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L'avocate de Karim Tir, Me Ménya Arab-Tigrine, a beaucoup insisté pour que le rappeur puisse témoigner. Et pour cause, puisque que son client et le rappeur travaillaient ensemble, ils étaient même amis.
La cour était même prête à l’entendre en visioconférence s’il se trouvait dans le même fuseau horaire que la France. Et la présidente avait en parallèle ordonné qu’un équipage de police se rende à son domicile pour lui demander de comparaître.
Les enquêteurs ont retrouvé les suspects qui logeaient dans un immeuble du Val-d’Oise, aidés par des témoins anonymes. Il faut remonter en 2010. Une guerre sanglante se livrait entre les deux clans Tir/Berrebouh et Remadnia/Seghier.
Karim Tir, tragiquement mort, était lui-même un ancien délinquant. En 2012, il sortait de cinq ans de prison pour trafic de stupéfiants. Sa reconversion dans l'industrie de la musique s'était avérée efficace puisque c'est lui qui avait managé et découvert Jul, très jeune à l'époque.
Après cinq ans de prison pour trafic de stupéfiant, l'homme avait tenté de refaire sa vie en s'installant à Paris et en gérant ses affaires, notamment dans la musique.