Toute guerre a besoin d’armes pour être livrée. La guerre de Sécession se déroule à un moment où l’évolution technique des armes à feu, longtemps demeurée lente, s’est considérablement accélérée. Alors qu’au début du XIXème siècle, le fusil standard de toutes les armées du monde est un mousquet à silex, à canon lisse et tirant des balles sphériques, il en va tout autrement en 1861.
L’antique platine à silex, qui mettait le feu à la poudre grâce à l’étincelle produite par le frottement d’une pierre, a été remplacée par une platine à percussion. Dans celle-ci, le chien va heurter une petite capsule contenant un composé chimique, le fulminate de mercure, dont la réaction au contact de la poudre va provoquer la détonation. De surcroît, la platine à percussion permet d’augmenter la cadence de tir de façon significative.
Là où il fallait, avec un fusil un silex, ouvrir le bassinet qui faisait la liaison entre le chien de fusil et la chambre de tir, le remplir de poudre et le refermer, il suffit désormais de placer une nouvelle capsule à l’endroit prévu à cet effet. Ce n'est toutefois pas la seule innovation de ces armes.
Le Springfield modèle 1855 se caractérise par un canon rayé : l’intérieur de l’arme est creusé de fines rayures suivant un trajet hélicoïdal. Cette caractéristique va de pair avec l’emploi d’une nouvelle munition, la balle Minié, du nom du Français qui en a, le premier, déposé le brevet. Cette balle n’est plus sphérique comme l’étaient ses devancières, mais cylindro-conique.
Le principe de fonctionnement du binôme fusil rayé - balle Minié est en fait relativement simple. Lorsque la charge de poudre explose, sa combustion produit une quantité de gaz très chauds : c’est leur expansion brutale qui propulse le projectile, comme dans toute arme à feu. Mais avec la balle Minié, ces gaz pénètrent aussi dans la chambre creuse à l’arrière de celle-ci.
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La surpression ainsi engendrée va dilater l’arrière de la balle, lequel va, avec l’aide des stries situées sur sa face extérieure, être forcé à suivre les rayures du canon. Si la balle tourne sur elle-même, sa trajectoire s’en trouve stabilisée, et sa vitesse initiale est accrue. Concrètement, cela signifie qu’un fusil à canon rayé a un tir plus précis, plus loin.
Combinées à des tactiques n’ayant pas évolué aussi vite, ces performances accrues vont faire du fusil rayé d’infanterie une arme particulièrement meurtrière. Plus de 90% des blessés nordistes le seront par balles.
Non seulement la balle Minié trouve plus facilement sa cible, mais elle cause également de terribles blessures. Bien que plus petite que la balle sphérique du fusil à canon lisse - 0,58 pouce (14,7 mm) contre 0,69 (17,5 mm), sa vitesse accrue et son mouvement tournoyant la rendent bien plus létale.
Une blessure à un membre nécessite souvent une amputation, car les fragments d’os, de balle et d’uniforme disséminés dans la plaie sont autant de risques d’infection à une époque où le concept d’asepsie n’existe pas encore. Ceux atteints à l’abdomen ou au thorax n’ont souvent guère plus de chance.
S’ils parviennent à échapper à une péritonite incurable et synonyme de mort lente et douloureuse, leurs organes internes garderont fréquemment des séquelles dont, parfois, les infortunées victimes allaient mourir des années plus tard.
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L’utilisation pratique de ces fusils demande toujours un degré d’entraînement pour parvenir à un certain niveau d’efficacité. Le rechargement d’une arme par la bouche est un processus relativement complexe qui nécessite d’être répété avant d’être maîtrisé.
Les cartouches, faites de papier graissé (pour les rendre étanches), contiennent à la fois la charge de poudre et la balle. Il faut ensuite verser la poudre dans le canon, introduire la balle, puis tasser le tout avec la baguette. Ensuite, il ne reste plus qu’à retourner l’arme, puis placer une capsule à percussion (elles sont transportées séparément de la cartouche) ; le fusil est alors prêt à faire feu.
Le tir d’une telle arme dégage une quantité non négligeable d’une fumée épaisse et âcre, constituée principalement de résidus de poudre incomplètement brûlée, qui noircit le visage et irrite les yeux et les muqueuses.
Au bout du fusil, on trouve, naturellement, la baïonnette. Le vieil adage de Souvorov, « la balle est folle, la baïonnette est sage », avait encore cours dans les armées occidentales, bien qu’il eût été proféré à une époque où les armes à feu étaient bien moins performantes que les fusils à canon rayé.
De ce fait, l’importance de la baïonnette est assez largement surestimée, et son utilisation occupe une part sensible de l’entraînement du fantassin, des manuels spécifiques y étant même dédiés. D’un point de vue purement technique, la mode est alors au sabre-baïonnette, et en particulier aux lames courbes du style « yatagan », en usage dans l’armée française - qui fait alors office d’arbitre des élégances en matière militaire.
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L’intérêt est ainsi d’avoir une arme polyvalente, pouvant servir aussi bien de baïonnette que de poignard. Toutefois, il n’est pas toujours très apprécié, essentiellement à cause de son format assez encombrant : dans les 60 centimètres de long, pour une lame de surcroît assez large, sans compter le manche.
Si le Springfield modèle 1855 constitue le fusil réglementaire au début de la guerre, il n’a toutefois pas été produit en quantités suffisamment importantes pour être universel. Les arsenaux renferment de grandes quantités de fusils plus anciens, que les deux belligérants utiliseront abondamment lors des premiers mois du conflit.
Néanmoins, le contenu des arsenaux ne suffit pas toujours pour armer les volontaires se pressant sous les drapeaux. Beaucoup se contentèrent, au départ, de leurs armes personnelles, souvent de médiocres fusils de chasse à silex. D’autres armes plus ou moins disparates furent employées, en fonction des productions et des disponibilités.
L’amélioration des armes à feu doit beaucoup à l’industrialisation, qui a permis la fabrication de pièces standardisées et interchangeables, produites en grande série avec une précision millimétrique. En 1861, le département de l’armement de l’armée fédérale décida de modifier le Springfield modèle 1855 pour le simplifier et en faciliter la production à grande échelle.
Ainsi naîtra le Springfield modèle 1861, encore amendéen 1863, et qui constituera le fusil standard de l’infanterie nordiste durant la guerre. La Confédération en produira des clones, car en s’emparant, en avril 1861, de l’arsenal de Harper’s Ferry, le Sud mit la main sur les précieuses machines-outils servant à le fabriquer.
Malgré tout, la production ne put jamais complètement faire face à l’énorme demande induite par le conflit. Au Nord, et plus encore au Sud, il fallut recourir à l’importation. Le fusil Enfield modèle 1853, produit près de Londres, fut ainsi largement utilisé, en particulier par les Confédérés dont il devint l’arme de prédilection. Il présentait notamment le grand avantage d’utiliser le même calibre que les Springfield, ce qui permettait d’employer les mêmes munitions.
Bien que d’un calibre plus petit (0,54 pouce, soit 13,7 mm), le fusil autrichien Lorenz fut également importé et employé massivement.
La Carabine Modèle 1859 est la dernière arme réglementaire Française à percussion et à chargement par la bouche. De 1830 à 1870, du règne de Louis-Philippe jusqu'au Second Empire, ces 40 années auront été la période la plus riche au plan du progrès technique et économique.
Quand aux carabines, elles équiperont les régiments d'intervention du Second Empire : les Zouaves, les Chasseurs et la Légion Étrangère. Comme toutes nos carabines, c'est une arme très massive, un canon court et épais. C'est construit costaud.
Aussitôt après le Chassepot, nous adoptions le système 1867 dit "à tabatière" pour l'armement des troupes de réserve, la Garde Nationale Mobile. On transforma selon ce modèle plus de 300.000 fusils 1857 et carabines 1859. En effet, ces armes - pour la plupart flambant neuves - étaient stockées dans nos arsenaux. Du coup, la carabine 1859 native est plus rare que la carabine 1853 T.
Le fusil Minié est un type de fusil qui a joué un rôle important du XIXe siècle. Le Minié fut conçu en 1849 suivant l’invention de la balle Minié en 1847 par les capitaines de l’armée française : Claude Étienne Minié et Henri-Gustave Delvigne. Le fusil a été créé pour permettre le chargement rapide par la bouche des fusils, une innovation qui a répandu l’utilisation du fusil comme arme de champ de bataille.
Le fusil utilisait une balle molle de forme conique-cylindrique, légèrement plus petite que l’alésage du canon, avec trois rainures extérieures graissées et une cavité conique à sa base. Pendant le coup de feu, le gaz poussait la balle à sa base, la déformant pour engager les rainures.
Avant cette innovation, le fusil à canon lisse était la seule arme utilisée au combat. Quelques pistolets rayés étaient en service depuis la Renaissance, mais ils exigeait de marteler les munitions avec de la poudre à l’intérieur, créant des problèmes considérables de nettoyage.
Le fusil a eu une utilisation limitée dans la guerre de Crimée mais fut l’arme principale de l’infanterie dans la guerre de Sécession. Le système Minié a également été repris intensivement par différents fabricants, tels que la Springfield Armory nord-américaine (le Springfield Model 1855, suivi du Springfield Model 1861 furent les armes d’épaule les plus largement utilisées de la guerre de Sécession) - et par l’Arsenal royal d’Enfield (le Pattern 1853 Enfield).
Le fusil Minié Pattern 1851 fut utilisé par l’armée britannique de 1851 à 1855.
Le fusil Minié est devenu désuet en 1866 après la guerre Austro-Prussienne : les Autrichiens, équipés de ce type de fusil, furent battus par les Prussiens, qui étaient équipés du fusil Dreyse à chargement par la culasse.
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