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L'histoire de l'armurerie Bergeron est une saga familiale qui s'étend sur plusieurs générations, marquée par l'innovation et l'adaptation aux évolutions du marché. Cette histoire est intimement liée à la ville de Saint-Etienne, un centre névralgique de la fabrication d'armes en France.

Les Débuts : Jean Bergeron

Jean Bergeron naît à Saint-Etienne le 6 décembre 1850. Armurier, il travaille d’abord au côté de son demi-frère, Jean Gaucher, avant de s’associer en novembre 1877. Ensemble, sous la raison sociale de Gaucher-Bergeron Frères, avec des ateliers situés au 12 rue des Creuses, 40 et 41 rue Michelet et 9 rue Badouillère, ils se distinguent et obtiennent un grand prix à l’Exposition universelle de Paris en 1889.

L'Ère Louis Bergeron et Girodet

Le fils de Jean, Louis Bergeron, naît à Saint-Etienne le 30 avril 1881. Le 31 mars 1903, il s’associe à Vital Girodet, fabricants d’armes également basés à Saint-Etienne. La société Bergeron L. et Girodet V. s’installe au 14 rue Chapelon à Saint-Etienne. Leur collaboration est couronnée de succès, remportant une médaille d’argent à l’Exposition de Liège en 1905, une médaille d’or à Milan en 1906, deux diplômes d’honneur à Londres en 1908 et Bruxelles en 1910, et un grand prix à Lyon en 1914.

Durant la Première Guerre mondiale, la société Bergeron-Girodet disparaît. Louis Bergeron est affecté spécial, au service des fabrications militaires à Saint-Etienne. Il sera fabricant d’armes, président de la Chambre syndicale, membre de la Chambre de commerce à partir de 1923 puis secrétaire en 1926, conseiller du commerce extérieur, conseiller municipal de Saint-Etienne en 1930. Enfin, il obtient un Grand prix à l’Exposition de Marseille en 1922. Il expose 3 fusils et un pistolet semi-automatique à l’Exposition régionale des arts décoratifs de Saint-Etienne en 1923.

L'Ascension de Louis Bergeron en Solo

Après quelques années d’association avec la veuve Girodet, Louis Bergeron, dans les années 1920, s’installe seul, après avoir racheté l’atelier Girodet, rue Chaperon. En 1914, en compagnie de monsieur Ferreol, il avait déposé un brevet sous le n° 473.360 pour des « perfectionnements aux fusils sans chiens à canons basculants ». Puis seul, le 24 août 1927, il dépose un brevet pour un « dispositif de fermeture à verrouillage superposé pour fusils de chasse à chiens et hammerless ».

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Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le tir étant devenu obligatoire dans les écoles, Bergeron développe la production de carabines. Elle représentera jusqu’à 50% de la production dans les années 1950-1970. Bergeron sera concurrencé sur ce marché en particulier par l’arrivée de "Chatin-Manuarm".

Dans son nouvel atelier des 5 et 7 rue Desflaches, où il s’installe vers 1925, Louis Bergeron a aménagé des « sous-ateliers » pour des travailleurs en fenêtre à qui il loue ces emplacements. En échange, les bronzeurs, quadrilleurs, rectifieurs, polisseurs… qui les occupent, travaillent en priorité pour lui. Cette adresse est complétée d’un atelier au 38 rue Lassaigne. Durant la Seconde Guerre et l’occupation, pour éviter d’être totalement sous la botte allemande, la Sté Bergeron fabrique des cycles qu’elle commercialise sous son nom.

Diversification et Innovation

Louis Bergeron dépose plusieurs marques au cours de sa carrière, témoignant de sa volonté de diversifier sa production et d'innover :

  • « Gallia » le 24 août 1923
  • « Excel, Excelsior, Fox, Helice-excel, Hélicosport, New-hammerless, Perfect et Perfect-hélice » le 6 octobre 1928
  • « Boy-scout, Francia, Hélice-préfer et Régina » le 13 mai 1932
  • « Primexcel, Superexcel et Supérior » le 21 mars 1933
  • « Alpha, Eva, Nova, Bella et Vedette » le 14 juin 1933
  • « La scolaire préférée et Préférée » le 24 juillet 1935
  • « Excelbloc, Junior, Maxima, Meliora, Spécial rifle, Stepha et Superbloc » le 16 juillet 1937
  • « Acier comprimé ressué et trempé » au-dessus et au-dessous d’un canon d’artillerie, « Acier nickel chanteclerc » suivi d’un coq, « Inoxychrom, Novo, Petite-scolaire, Pratic, Rex et Steph » le 1er juillet 1938
  • « La francisque » le 5 mai 1942
  • Un révolver le 31 octobre 1942
  • « La préférée championnat et la préférée match » le 17 avril 1948
  • « Match » le 28 juillet 1948
  • « Fédérale » le 9 juin 1949
  • « Le fédéral » le 19 juin 1952
  • « Le fusil de France » le 29 mai 1953
  • « Promotion » le 10 août 1954

La société Bergeron est parmi les premières en France à utiliser des pièces en micro-fusion dans la production de série de son modèle de fusil de chasse Fédéral. Pour prouver la solidité de ces pièces, les armes sont éprouvées à 1200 bars de pression, au lieu des 900 bars habituels. La fabrication du Fédéral nécessite 75 opérations de mécanique. Pour le modèle Rex, le bloc de culasse est découpé dans des profilés laminés spécialement sur Saint-Etienne.

A la veille de la Seconde Guerre, Bergeron travaille en sous-traitance pour la Manufacture nationale d’armes de Saint-Etienne. Au lendemain de la guerre, dans le cadre du Plan Marshall, Bergeron obtient des machines-outils de précision et diversifie son activité vers la mécanique de précision. Dans les années 1950, Bergeron obtient plusieurs places de choix dans les championnats de tir avec ses carabines.

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Succession et Déclin

Louis Bergeron est décédé à la Burbanche (Ain, France) le 28 août 1955. Sa fille Lucienne Bergeron, née à Saint-Etienne le 19 décembre 1914 épouse Philippe Maret en 1936. Vers 1950, la société évolue en nom collectif, associant Louis Bergeron et Philippe Maret. C’est à cette époque que Philippe Maret monte en parallèle, avec d’autres investisseurs et industriels, une société de production de matières plastiques : « La mondiale plastique ». Il s’y produit, entre autres, beaucoup de plaques de couche destinées à l’armurerie stéphanoise.

Le 12 janvier 1960, la société Bergeron dépose un brevet pour « une carabine de tir avec éjecteurs automatiques ». L’assemblée générale de Bergeron du 17 avril 1961 décide la transformation de la société en SARL. Un nouveau brevet est déposé le 10 septembre 1962 pour un « dispositif de montage anti-choc pour carabines, pistolets et autres armes à feu et appareils à charges propulsives, fonctionnant avec la culasse verrouillée ». Le 14 novembre 1962, dépôt d’un second brevet en compagnie de Jean Duchenet pour un « pistolet d’abattage à répétition, à tige captive, avec chargeur de cartouches ». Le dépôt de la marque « KO » correspondante date du 3 octobre 1962 » (renouvelée le 3 octobre 1977).

En 1966, la Ste Bergeron quitte l’ancien atelier de la rue Desflaches pour s’installer à l’Etrat, dans les dépendances du « château de la Bertrandière ». L’entreprise emploie alors une cinquantaine de personnes. En plus des ses productions d’armes de chasse et de carabines de tir, Bergeron produit un pistolet d’abattage, dont la mécanique est dérivée de la carabine Match, et vers 1975, un fusil hypodermique. Sous le nom de "multipropulseurs", cette activité est cédée à M. Rouanet le 22 mars 2001.

Le 28 décembre 1970 la SARL Bergeron devient SRL associée à la Ste d’Achat, Production et Vente (SACHA) à Paris. Pour faire face aux difficultés du marché, en 1981 elle ajoute au but social de la vente, des articles de sport, de sellerie et des fournitures équestres. Philippe Maret laisse la gérance de l’entreprise à son fils Jean-Paul en 1983.

Bernard Maret nait le 12 août 1940 à Saint-Etienne (union entre Lucienne Bergeron et Philippe Maret). D’abord commercial et technicien de la Ste Bergeron, il en reprend la gérance au début de 1990. Mais face à la situation de plus en plus difficile, l’assemblée générale extraordinaire du 15 novembre 1990 décide la mise en dissolution anticipée et la liquidation de Bergeron. En 1992, travaillant avec les grandes surfaces qui paient avec beaucoup de décalage, Bergeron engendre de grosses difficultés de trésorerie. De plus la législation sur la chasse et les armes devient de plus en plus contraignante. Sans successeurs, Bergeron (et sa quinzaine de salariés) cesse son activité.

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