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Le fusil Gras modèle 1874 et ses variantes, y compris la carabine de cavalerie, la carabine de gendarme et le mousqueton d'artillerie, représentent une part importante de l'histoire militaire française. Ce fusil, contemporain des revolvers modèles 1873 et 1874, est une évolution du fusil modèle 1866 Chassepot.

Historique et contexte

Suite à la défaite de la France contre l’Empire allemand en 1870, il est décidé d’améliorer le fusil modèle 1866, dit « Chassepot », pour des raisons économiques et rationnelles. Le fusil Chassepot était un bon fusil avec d’excellentes performances, mais il souffrait de problèmes d’encrassement liés à sa cartouche combustible et à la fragilité de celle-ci.

En 1874, le fusil « Gras » (le nom du contrôleur de la manufacture) est adopté. Il s’agit d’un fusil Chassepot tirant des cartouches métalliques de 11mm et s’armant automatiquement à chaque mouvement de la culasse en arrière. D’ailleurs, en plus de ceux qui sont produits par les manufactures d’État, quasiment tous les fusils modèles Chassepot seront convertis en modèle Gras, prenant la dénomination 1866/74.

Les anciens Chassepots mle 1866 seront modifiés et deviendront des fusils, mousquetons ou carabines Gras modèle 1866-74 (1 700 000 exemplaires), les armes longues construites neuves (2 250 000) porteront la référence 1874 (fusils, carabines ou mousquetons Gras modèle 1874).

Bien que n'ayant pas connu de conflit majeur, les armes modèle 1874 du système Gras firent régulièrement le coup de feu dans les colonnies françaises, par nos militaires. Les armes du système Gras, tout comme les revolvers modèles 1873 et 1874, utilisent une cartouche de calibre 11mm, dans un soucis d'harmonisation des calibres des armes portatives légères réglementaires.

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Les armes du type 1866-74 (Chassepot transformé Gras) seront soit modifiées au niveau de la chambre pour recevoir la nouvelle cartouche métallique (alésage puis insertion à force d’un cône de raccordement aux rayures), soit équipées d’un nouveau canon. La date de la modification est rajoutée sur le côté droit du canon à la suite de la date d’origine ou figure seule dans le cas du canon changé.

Transformations en armes de chasse

Autour des années 1900, l'Armée Française ayant remplacé tous ses fusils, carabines et mousquetons Gras par des fusils Lebel et des carabines et mousquetons Berthier, a revendu aux enchères une partie des anciens modèles déclassés. Achetés à bon compte par lots importants, beaucoup de fusils Gras furent ainsi modifiés pour ainsi dire en série, par des grosses entreprises (p. ex. Manufacture des Armes et Cycles de St Etienne) ou des petits armuriers ; assez peu semblent avoir conservé leurs caractéristiques militaires d'origine, à destination des sociétés de tir.

Ces fusils Gras modifiés Chasse étaient proposés à un tarif 3 fois plus bas qu'un fusil juxtaposé déjà démodé, presque 10 fois moins cher qu'un fusil du dernier cri. Les modifications "chasse" ne paraissent pas exactement standardisées ; un grand nombre de variantes fut proposé, durant les décennies où ils furent en vente. Peut-être pour suivre la demande, ou pour s'adapter à l'état des divers lots de surplus...

Modifications courantes

  • La transformation en calibre 24 fut la plus fréquente.
  • Les calibres plus gros (20, 16 et 12) demandaient nettement plus de travail.
  • Hausse, guidon et tenon de bayonnette militaires étaient généralement supprimés et remplacés par un grain d'orge en bout de canon et un cran de mire monté à queue d'aronde sur l'écrou de culasse.
  • La longueur des fusils militaires étant un peu excessive, il furent plus ou moins raccourcis.
  • Le bois était souvent retouché : pour amincir la crosse et éventuellement dégager le canon en coupant le fût juste devant la grenadière.
  • Le levier de culasse droit était plié et rogné pour leur donner approximativement l'apparence des leviers de carabine ou mousqueton.

Toutefois, certains n'ont pas reçu d'autre modification que le réalèsage à canon lisse et ont extérieurement conservé l'apparence exacte des fusils réglementaires.

Certains Chassepot auraient même été directement transformés, sans passer par la case "66-74 réglementaire". Il est fréquent que les marquages militaires soient effacés mais quelques différences originelles permettent parfois d'identifier le modèle initial des pièces, quand elles furent modifiées ou panachées.

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Variantes et détails

Il se pourrait même que quelques fusils aient finalement pris l'apparence d'une carabine ou d'un mousqueton. On le reconnaîtrait par les cotes hauteur / largeur de la boîte de culasse et par le diamètre de l'embase du canon.

Ces Gras-chasse ont indifféremment reçu la modification M-80, ou pas. Leur numérotation n'est d'ailleurs pas toujours homogène, et l'on trouve aisément des panachages, sans savoir s'ils datent de la modification ou s'ils se sont produits durant leur longue carrière.

Par contre ces fusils n'acceptent que les anciennes munitions de chasse, pas les plus récentes. De même il est conseillé de les charger à poudre noire, la PSF étant bien trop vive pour ces vieilleries affaiblies par le temps.

Le fusil Gras dans l'histoire

Le fusil a participé à toutes les guerres coloniales où il a été apprécié par les troupes à sa juste valeur. Il sera, avec sa baïonnette, l’arme principale de la police municipale parisienne. À l’arrivée des fusils modèles Lebel et Berthier, la plupart des fusils Gras ont été stockés en réserve opérationnelle.

Vu l’hécatombe du début de la guerre de 1914, la France a dû sortir les fusils Gras en urgence afin d’équiper ses troupes et stabiliser la situation au front. Le besoin de la guerre étant énorme, l’État français décide de convertir certains fusils Gras en 8mm Lebel. En effet, le 8mm est une extrapolation du 11mm Gras, la conversion était simple et économique. Cette version deviendra le modèle 1874/M14. Il aura la même fonction que les fusils Remington Rolling Block en 8mm, c’est-à-dire équiper les troupes auxiliaires.

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À partir des années 20, des stocks du fusil Gras seront vendus au domaine public et transformés en armes de chasse. Certains seront donnés à des armées amies comme la Russie ou le gouvernement de la République espagnole par des fournisseurs tiers durant la guerre civile.

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, bien qu’il fût déjà périmé avant même la Première Guerre mondiale, ce vénérable fusil équipait encore des troupes de sentinelles qui gardaient les aérodromes des forces françaises ou des postes d’observations et d’alertes.

Le fusil Gras scolaire

Le fusil scolaire de tir est destiné aux écoles primaires. La hausse est l'ancienne hausse du fusil modèle 1866, réduite dans ses dimentions; elle est graduée de 10 à 40 mètres. La chambre est plus courte que celle des armes modèle 1874, afin que ces fusils ne puissent pas tirer la cartouche de guerre; elle ne peut recevoir qu'une cartouche dont l'étui est raccourci de 10 millimètres.

Les bataillons scolaires sont institués en France, par le décret du 6 juillet 1882. Mais ce décret ne fait que valider une pratique qui se répand de plus en plus dans le pays depuis la fin de la guerre de 1870.

La loi de 1882, qui comprend de nombreux articles, prévoit une préparation dès l'école primaire afin d'incorporer les enfants dès l'âge de douze ans au sein des bataillons scolaires. Ces bataillons sont organisés de façon militaire.

Législation

En terme de législation, les différentes armes du système Gras (armes non "modifiées chasse") sont aujourd'hui classées en catégorie D§e ("Armes historiques et de collection dont le modèle date d'avant janvier 1900, sauf celles classées dans une autre catégorie en raison de leur dangerosité"), et peuvent donc être détenus par toute personne de plus de 18 ans.

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