Dès les années 1910, les Français ont compris l'intérêt du fusil semi-automatique au combat comme arme d'appui, distinct de la mitrailleuse ou du pistolet mitrailleur, une question de puissance de feu du groupe d'infanterie élémentaire. L'idée, subtile dans sa conception et valide opérationnellement, s'est avérée ardue dans sa réalisation pratique.
Dès l'aube du siècle, les Français travaillent dans le plus grand secret, et avant tout le monde, sur des prototypes. Cependant, en France, tout le monde s'en mêle : Section Technique de l’Artillerie (STA), l’École Normale de Tir (ENT), la Commission Technique de Versailles (CTV), l’Établissement d’Artillerie de Puteaux (EAP), chacun avec des idées différentes, des considérations de cartouches diamétralement opposées, des préoccupations théoriques ou de budget baroques qui ne résisteraient pas une direction centralisée et volontaire. Ainsi, une foultitude de prototypes différents voient le jour: FA A1 à A4 de la STA, les 8 ou 9 Prototypes B1 et suivants de l'ENT, la série des FA APX 1910 de Puteaux, la série de fusils C de la CTV, et, parmi tout ça, le fameux STA N°8, connu sous le nom de fusil semi-automatique A6 ou fusil Meunier A6, qui aura même le bonheur d'une première fabrication en pré-série dès avant guerre.
En parallèle, sont mises au point les cartouches qui iront avec ces armes. Elles sont de très loin les plus modernes du monde. Rien de mieux ne sera adopté avant les années 1950 sauf peut-être la 7,62×39, adoptée en 1943, et qui deviendra la munition de la Kalachnikov. Les tensions internationales et la guerre se profilant, le projet le plus avancé, le MeunierA6, est abandonné en 1912. Nouvelle cartouche en 7 mm très différente de la cartouche réglementaire Lebel 8×51 équipant Lebel et Berthier, fabrication plus complexe encore non industrialisée, doctrine d’emploi à préciser, coût unitaire par arme et tests opérationnels en unités non réalisés, tout contribuait à un abandon prématuré alors que l’orage grondait à nos portes.
Dès 1916, on en revient, après nombre d’allers et retours browniens typiques de nos administrations, aux projets de semi automatiques de guerre d’avant 1914. C’est la meilleure arme testée à l’époque, très en avance sur son temps qui l’emporte à savoir le fameux Meunier A6 qui devient « Meunier A6 modèle 1916 ». Un peu plus d’un millier de fusils semi-automatiques sont fabriqués et 813 sont envoyés en premières lignes. Ils donnent satisfaction et tous les défauts signalés étaient aisément corrigeables (arme un peu longue pour le combat en tranchées et échauffement en tir soutenu).
Le vrai problème, c’est la munition. La 7mm Meunier. Une munition ultra moderne, proche dans sa balistique de la 308 qui sera créée 40 ans plus tard, et chambrée dans une arme ultra moderne. Elle pose néanmoins des problème de fabrication et de logistique d’approvisionnement dans l’océan de production de la 8×51 qui équipe toutes les armes longues et toutes les mitrailleuses françaises. C’est un peu le serpent qui se mort la queue: pas assez d’armes produites et en lignes pour justifier la production en masse et la logistique de la munition - pas assez de munitions pour approvisionner en masse les armes déjà en ligne et pousser à dépasser le stade expérimental.
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Il n’en reste pas moins que le Meunier 1916 est, encore de très loin à la fin de la guerre, l’arme semi automatique militaire la plus avancée au monde. Une version courte, à deux doigts de nos modernes fusils d’assaut, avait même été passée en test. Voilà comment nous en arrivons doucement à notre FSA 1917 de ce jour.
On y pense en réalité dès le début du conflit. Récupérer un maximum de pièces du Lebel (fût, canon, crosse, magasin, baïonnette, bretelle…) et y ajouter mécanisme d’emprunt de gaz et une autre culasse issue des essais d’avant-guerre et de l’expérience Meunier. Dès fin 1915, ils présentent un prototype de fusil semi automatique à base de quelques pièces de Lebel réutilisées que véritablement un nouveau Lebel transformé en fusil semi automatique. Car l’idée était délicate pratiquement.
Finalement, en décembre 1916, quand l’arme est enfin adoptée sous appellation de « Fusil Mdle 1917 » il ne reste pas grand chose du classique Lebel à répétition manuelle en dehors du canon, de la crosse, de la bretelle, de la plaque de couche et de la baïonnette. Même le clip métallique pour cartouches de 8×51 des Berthier n’y a pas survécu. Cette trop vague parenté finale avec le Lebel ne permit pas non plus de simplifier la mise au point de la production en série. Bien au contraire. Elle ne débute qu’en avril 1917 au moment même où notre armée se lance bravement à l’assaut sur le Chemin des Dames.
La production est suffisamment compliquée pour être répartie sur trois manufactures: Tulle fournit boite de culasse, canon et pontet; Saint-Étienne fournit tout le système de récupération de gaz y compris le piston (et des canons aussi), Châtellerault fournit la platine et le bloc détente, La manufacture d’Armes de Paris, création de la Grande Guerre, fournit enfin la bielle, l’élévateur et le carter de chargement. On atteindra quand même la cadence de 5.000 armes par mois pour une production totale de 85.000 exemplaires.
Le FSA 17 est en fait une arme de transition, une solution d’attente d’une arme intégralement nouvelle comme l’aurait été un Meunier 1916 produit à large échelle et qui ne viendra qu’après…la seconde guerre mondiale. Arme rare, chère, et technique, elle n’est d’ailleurs confiée qu’à raison de 16 armes par compagnie, aux chefs de demi-section et aux meilleurs tireurs.
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S’agissant d’une première et d’une arme bricolée dans sa conception, son bilan opérationnel est mitigé. Le FSA 17 eut une néanmoins une descendance directe. Deux modèles courts type mousqueton seront testés en 1917 mais ne dépasseront pas le stade expérimental. Et un modèle dit « 1918 », avec un obturateur de culasse visant à mieux préserver le mécanisme des saletés, un carter à munition qui ne s’ouvre plus inopinément en plein combat et surtout désormais capable d’avaler les clips classiques de Berthier simplifiant grandement les approvisionnements de munitions, nait en 1918.
Produit à 4000 exemplaires seulement, ce FSA 1918 arrivera trop tard pour connaitre les tranchées de la Grande Guerre. Avanie suprême et finale, les FSA 17 et FSA 18 survivants seront massivement retransformés…en simples fusils à répétition manuelle par obturation de l’évent de prise de gaz et affectés à la réserve en 1935 sous la dénomination de FSA 17-35 et FSA 18-35 !
Mais sa plus grande gloire à notre FSA 17 n’est elle pas finalement d’avoir fourni à un petit ouvrier canadien français répondant au nom de Jean-Cantius Garand, le modèle de fonctionnement qui inspirera directement l’un des plus grands succès de l’armement, le Fusil Garand M1, lui-même source essentielle de l’inspiration du Grand Mikhail Kalashnikov?
Il est intéressant de noter que le fusil semi-automatique français modèle 1917 constitue une sorte d’aboutissement de l’expérience acquise avec les modèles de première génération précédemment évoqués. Fin 1917, un modèle plus compact mais conservant le même mécanisme est mis au point : le modèle 1917 court, suivi d’un modèle dérivé utilisant toujours le même mécanisme, mais alimenté par les lames-chargeurs standard de fusil Berthier : le modèle 1918.
En service depuis 1979, le FAMAS F1 aura été le premier et le dernier fusil d’assaut national adopté par l’armée française et construit en France. Le Famas 5,56 est destiné à remplacer tout à la fois le fusil FSA MAS 49/56, le pistolet-mitrailleur MAT 49 et le fusil-mitrailleur AA 52.
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Le 6 novembre dernier à Saint-Maixent, le général Lagarde, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), a remis les premiers exemplaires du fusil d’assaut MAS 5,56 (Famas) à l’École nationale des sous-officiers d’active. Depuis, d’autres bénéficiaires : l’École d’application de l’infanterie, les Écoles de Coëtquidan, la 11e Division parachutiste et le Régiment d’instruction de la Légion étrangère ont également reçu cette nouvelle arme. En 1980, plus de 30 000 autres Famas seront livrés aux unités.
Le Famas 5,56 est une arme individuelle à culasse non calée, à canon fixe et à levier amplificateur d’inertie. Il fonctionne par action directe des gaz sur la culasse par l’intermédiaire du culot de l’étui. Il est utilisable indifféremment par un tireur gaucher ou droitier après adaptation du sens de l’éjection. Il est alimenté par boîtes chargeurs. Il est utilisable indifféremment par un tireur gaucher ou droitier après adaptation du sens de l’éjection. Cette considération fondamentale a donné à l’arme son aspect original. Le levier d’armement est situé au-dessus pour permettre au gaucher comme au droitier d’armer le fusil sans difficulté avec des mouvements simples et naturels. Enfin les appareils de pointage ont été placés sur une espèce de pont parallèle au canon et le dominant. C’est ce qui donne à l’arme une silhouette particulière qui l’a fait surnommer « le clairon ». La hausse de combat est valable jusqu’à 300 mètres, compte tenu de la trajectoire très tendue de la munition à vitesse initiale très élevée.
Ce fusil d’assaut est l’héritier de la lignée d’armes étudiées pendant plus de dix ans en France qui va aboutir avec le FAFusil d'Assaut More MAS Type 62, utilisant la 7,62 x 51. En France, les instances préféreront par choix budgétaire conserver l’armement en place, surtout que le système 7,5 x 54 (MAS 36, FSA 49 et 49/56, FM 24/29, AA 52) était cohérent par rapport à un fusil d’assaut en 7,62×51 peu maîtrisable, la cartouche n’apportant également rien de plus d’un point de vue balistique.
Tranchant avec une architecture conventionnelle elle va reprendre les prototypes MAS 54 et 55 qui avaient déjà adopté une configuration ramassée appelée actuellement « bull pup ». Le particularisme essentiel étant de positionner le chargeur à l’arrière de l’arme pour en raccourcir la longueur tout en conservant un canon « normal ».
Nous devons à M. Tellié, principalement au niveau de l’arme individuelle du combattant, la modification du MAS 49 en MAS 49/56 par adjonction d’un nouveau lance-grenade tirant la « grenade à empennage de diamètre interne de 22 mm ». Paul Tellié a réalisé aussi le FAFusil d'Assaut More MAS Type 62, le FR F1 à la demande du général Le Puloch (CEMAT) et non du général Ailleret (CEMA) l’artisan de l’atome dans les armées, puis plus tard le FAMAS.
Ainsi que toute l’équipe ayant travaillé avec eux, comme le soulignait toujours avec insistance M. Cet article présente un des items que nous proposons au déclassement.
| Fusil | Année d'Adoption | Calibre | Particularités |
|---|---|---|---|
| Meunier A6 | 1916 | 7mm Meunier | Arme semi-automatique avancée pour son époque |
| FSA 17 | 1917 | 8x51 Lebel | Arme de transition, basée sur des pièces du Lebel |
| MAS 49/56 | N/A | 7.5x54 MAS | Fusil semi-automatique |
| FAMAS F1 | 1979 | 5.56x45 OTAN | Fusil d'assaut de conception bullpup |
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