En dehors des villes, les chefs locaux, qu'ils soient berbères ou arabes, conservent une grande autonomie, en contrepartie d'un impôt versé aux représentants des sultans. Quand les Français débarquent en 1830 et chassent les Turcs d'Alger, beaucoup de chefs locaux prennent les armes, révulsés par cette incursion chrétienne en terre d'islam. Parmi eux Mahieddine, le père de notre héros.
Il proclame le « jihad », autrement dit la guerre sainte, et convoque en 1832 à La Guetna les chefs de sa région. Par ses talents d'orateur, son énergie et son charisme, son fils affirme d'emblée son autorité.
Le 26 février 1834, le général Desmichels signe un traité par lequel il reconnaît l'autorité de l'émir sur la région d'Oran. Le général Desmichels compte sur Abd el-Kader pour pacifier l'arrière-pays et l'aide à constituer son armée. Mais il est remplacé par le général Trézel, moins conciliant.
Le 28 juin 1835, une armée française s'étant aventurée loin de ses bases, elle est proprement décimée par les troupes de l'émir dans les marais de La Macta. Le général Thomas Bugeaud débarque alors en renfort avec trois régiments.
Simplement soucieux de sécuriser les implantations côtières, il lui inflige une sévère défaite sur les bords de l'oued Sikkak, le 6 juillet 1836. Abd el-Kader se résout à signer avec son adversaire le traité de la Tafna, le 30 mai 1837.
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Abd el-Kader profite du répit accordé par le traité pour consolider son État. Il établit sa capitale à Taqdemt. Il instaure sa propre administration et lève un impôt. Bientôt les deux tiers de l'Algérie lui obéissent.
En 1839, le duc d'Orléans, fils du roi Louis-Philippe, s'engage dans le défilé des « Portes de fer », entre Alger et Constantine. Abd el-Kader en prend prétexte pour annoncer la reprise de la guerre. La guerre devient totale.
Confronté à ce qu'il appelle une « Vendée musulmane », Bugeaud va appliquer la même tactique que les Républicains dans l'ouest de la France une génération plus tôt : la terre brûlée ! En 1843, le duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe, surgit au cœur de la smala désarmée et s'en empare.
Jusqu’en 1847, date de sa reddition, Abdelkader affronte les Français dans de rudes combats (Mitidja, Smala, Sidi Brahim, Isly) et acquiert la stature d’un chef à la fois militaire, politique et religieux. Abd el-Kader, épuisé et isolé, se rend le 23 décembre 1847 aux généraux de Lamoricière et Cavaignac.
Abdelkader, sa famille et ses fidèles furent détenus en France, d’abord au fort Lamalgue à Toulon, puis à Pau, et en novembre 1848, ils furent transférés au château d’Amboise. Le 16 octobre 1852, Abdelkader est libéré par l’Empereur et reçoit une pension annuelle de 100 000 francs, en prêtant serment de ne plus jamais fomenter de troubles en Algérie.
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Redevenu maître de son destin, Abd el-Kader va engager le « grand jihad », autrement dit la guerre sainte, non contre les infidèles mais contre ses propres passions !
Il s’installe alors à Bursa, aujourd’hui en Turquie, et déménage en 1855 dans le district d’Amara à Damas. En 1860, un drame va le ramener sur le devant de la scène... Sous un prétexte quelconque, Druzes et chrétiens maronites du Mont Liban en viennent à des heurts violents et meurtriers.
En juillet 1860, le conflit entre les Druzes et les maronites du mont Liban s’étend à Damas, et les Druzes locaux attaquent le quartier chrétien, tuant plus de 3 000 personnes. Abd el-Kader réagit sans attendre. Le vieux chef monte sur son cheval et parcourt la ville à la tête de sa petite troupe de « Moghrébins ».
Partout, il s'interpose entre les émeutiers et leurs victimes. Il morigène les premiers et offre aux seconds un asile dans sa maison. Le gouvernement français augmente sa pension à 150 000 francs, et lui confère la grand-croix de la Légion d’honneur.
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