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Depuis le XVe siècle, et la décision de François 1er d’envoyer ses ingénieurs organiser la production d’armes à feu dans cette ville, Saint-Étienne est LA ville française de l’armurerie.

Saint-Étienne est marquée par cette histoire industrielle et nombreux sont les témoignages de ce passé, anciens ateliers, noms de rues… Le témoin le plus probant se trouve dans la rue Henri Barbusse.

L'âge d'or de l'armurerie stéphanoise

On a compté jusqu’à 250 fabricants locaux en 1950 ! On y trouvait toutes les matières premières nécessaires à la fabrication des armes : bois, charbon de bois, fer, acier et houille.

En demande d'une vitrine, les armuriers obtiennent en 1851, de par leur ancienneté et leur savoir-faire, des subsides de la ville pour la constitution d'une première collection d'armes.

Au-delà de l’image et sans doute de l’imagerie de l’artisanat armurier toujours en cours, on perçoit ici que le savoir-faire de l’arme est aussi le savoir-concevoir et le savoir-organiser la production. On comprend que l'ouvrier fraiseur, tourneur, outilleur mérite aussi hommage, comme l’artisan dialoguant avec son chef d’œuvre dans le secret de l’atelier.

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Des modèles emblématiques

Plusieurs modèles de fusils de chasse ont marqué l'histoire de Saint-Étienne, chacun avec ses particularités et son public cible :

  • Le fusil de chasse « Idéal ». Ce fusil d’une grande finesse et d’une réelle élégance avait été conçu pour une clientèle aisée, souhaitant avoir une arme de classe. Les premiers fusils Idéal relèvent d’un brevet déposé le 27 novembre 1887 et accordé en février 1888. Le fusil « Idéal » à pontet à lunette fut abandonné en 1907 mais continua à être commercialisé jusqu’en 1909 pour écouler le stock, sans que son mécanisme bénéficie de la moindre transformation notable. Le fusil « Idéal » à pontet à lunettes : une arme raffinée et d’un fonctionnement sûr, qui participa au succès commercial fulgurant de la Manufacture d’Armes et Cycles de Saint-Étienne. La découverte d’une de ces armes dans une maison de famille est donc chose courante.
  • L’excellent fusil « Robust » fut commercialisé en 1913. Ce fusil juxtaposé, est certes moins luxueux que l’Idéal, mais jouit d’une solidité qui justifie bien son nom [4]. Sa « robustesse » et le prix très accessible des versions de base le rendirent extrêmement populaire dans notre pays. Son remarquable mécanisme fit l’objet d’un premier brevet accordé en 1905. Sa commercialisation ne commença toutefois qu’en 1913, après une longue phase d’évaluation et de perfectionnement. [4] Les inventeurs de ce fusil avaient initialement prévu de le baptiser « Rustic » Mais cette appellation, qui pouvait laisser soupçonner un manque de soin dans la finition, fut jugée anti-commerciale et le nom de « Robust » lui fut finalement préféré.
  • Le fusil de chasse « Simplex ». Ce fusil de chasse à un coup fut utilisé par beaucoup de chasseurs à leurs débuts.
  • Le fusil superposé « Falcor » (ici le modèle 964) fut une création tardive de Manufrance, lui aussi en catégorie C1°§c). Dernière tentative de Manufrance pour tenter de reconquérir une clientèle qui se tournait de plus en plus vers d’autres fournisseurs, ce fusil superposé apparut au catalogue en 1970.
  • En haut, le fusil « Perfex ». Ce fusil semi-automatique avec un magasin à 2 cartouches (+1) d’origine, est de toutes les façons classé en catégorie C1°§a). Étant doté d’origine d’un magasin de 3 cartouches sans possibilité d’allonger le tube magasin, ce modèle est en catégorie C1°§a).
  • En bas : le fusil semi automatique Le « Rapid », malgré sa grande ressemblance avec le semi-automatique « Perfex », le « Rapid » est un « fusil à pompe ». Ce fusil est ce que nous appelons couramment un « fusil à pompe », ce qui lui vaut aujourd’hui d’être stupidement classé en catégorie B.

Les carabines Rival et Club

  • En haut : une carabine « Rival » à mécanisme Daudeteau. Les carabines Rival à mécanisme Mauser sont par contre classées en catégorie C1°§b) comme toutes les armes à mécanisme Mauser 1898. Ou plus exactement : « Les carabines Rival », car il y en eut de nombreuses variantes. Les premières carabines Rival apparurent au catalogue de 1913 et les dernières versions cessèrent d’être commercialisées en 1925. Ces premières Rival utilisent des mécanismes Daudeteau, brevetés en 1890 : il s’agit donc d’armes de catégorie "D§e). La seconde série de carabine rivale fut établie après la seconde guerre mondiale sur un mécanisme de Mauser 1898, probablement commandé en Belgique.
  • La carabine « Club » fut fabriquée selon un brevet largement postérieur à 1900.
  • Le Lebel africain. Cette arme apparue au catalogue de la manufacture d’armes et cycles de St Étienne en 1904 fut proposée en version « carabine » (à sept coups) et « mousqueton » (à six coups avec un anneau de selle).

Le Banc d'Épreuve de Saint-Étienne: Gardien de la qualité et de la sécurité

L’epreuve des armes est l’activite historique du banc national d’epreuve, un service unique en france.

Histoire du Banc d'Épreuve

Eproveur d’armes, le Banc d’Epreuve de Saint-Etienne a été créé par ordonnance royale en 1782. En 1960, l’épreuve est rendue obligatoire pour toutes les armes à feu civiles et en 2010, l’institution est désignée « Banc National d’Epreuve ».

L’origine de l’épreuve à Saint-Etienne n’est pas clairement établie. Elle se perd au cours du XVIIe siècle avec la fabrication des armes de guerre que le pouvoir royal confie à des entrepreneurs et artisans stéphanois. A la tête de ce magasin, Maximilien Titon, se voyant confier le privilège de l’approvisionnement des armées royales, se met en mesure de s’assurer du bon fonctionnement et de la sûreté des armes qu’il réceptionne.

Les entrepreneurs stéphanois, accrédités pour pouvoir livrer à ce magasin, doivent s’assurer à leur tour de la qualité des armes qu’ils expédient à Paris.

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Pierre François Girard, né et mort à Saint-Etienne (1674-1751), entrepreneur du roi, est le premier dont les lacunaires chroniques historiques de Saint-Etienne conservent la mémoire comme ayant établi un Banc d’Epreuve. L’existence de ce Banc d’Epreuve, installé par Pierre Girard « au gué du Chavanelet dans le quartier de l’Heurton », est attestée en 1743.

La date de 1782 marque donc la réelle naissance de l’actuel Banc d’Epreuve. Augustin Merley, canonnier de renom d’une vielle famille de l’armurerie stéphanoise, est le premier éprouveur des armes bourgeoises, nommé, parmi les trois candidats que propose la ville, par l’intendant de Lyon en 1782.

Avec la Révolution et l’abolition de tous les privilèges royaux, Augustin Merley doit abandonner l’épreuve des armes et le revenu qu’il en tirait.

Cette épreuve est rétablie dès 1797 à la demande des armuriers pour qui elle est devenue un incontournable argument technique et commercial.

En 1836, Merley-Duon établit un nouveau Banc d’Epreuve non loin du précédent, toujours rue de l’Heurton.

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En effet, à la demande des armuriers, de la ville et de la chambre de commerce, dès 1856 et par décret impérial, la gestion de l’épreuve est confiée à la chambre de commerce et d’industrie de Saint-Etienne.

Après 1880, l’évolution des armes incite de plus en plus à en éprouver la fermeture autant que le canon. Dès 1883 il est ainsi envisagé d’agrandir le Banc d’Epreuve.

Entre 1903 et 1908, sur les plans de l’architecte Lamaizière, un nouveau Banc d’Epreuve plus vaste et plus moderne voit le jour rue Jean-Claude Tissot.

1910 est une année marquante dans l’histoire de l’épreuve des armes, avec la réunion d’une commission internationale (France, Allemagne, Belgique, Autriche et Italie) cherchant à normaliser l’épreuve des armes d’un pays à l’autre et donnant naissance à la Commission Technique Internationale bientôt transformée en Commission Internationale Permanente des armes à feu (CIP).

Il faut ensuite attendre un arrêté du 2 juillet 1960 pour qu’une nouvelle étape notoire soit franchie avec le rétablissement de l’épreuve obligatoire et la confirmation de la CCI dans sa gestion du banc d’épreuve de Saint-Etienne.

Au début de 1988, le Banc d’Epreuve s’installe dans ses nouveaux locaux, 5 rue de Méons, dans la ZI de Molina Nord.

Missions du Banc d'Épreuve

Répondant au souci d’assurer la sécurité de l’utilisateur, l’épreuve s’attache à vérifier la résistance de l’arme.

Après examen par un contrôleur assermenté qui vérifie l’état du canon, les cotes intérieures, les mécanismes de fermeture et de percussion, l’arme est testée par le tir de cartouches de surpression. Un second et profond examen est fait après le tir.

Les armes acceptées sont alors poinçonnées, certifiées et enregistrées.

Conseils aux chasseurs et tireurs sportifs

Vérifiez que votre arme soit éprouvée par un Banc d’Epreuve de la C.I.P.

Toute modification ou réparation d’une pièce de sécurité rend la ré-épreuve obligatoire et en cas de doute, le Banc National d’ Epreuve peut à tout moment tester votre arme; ce dernier conseille une ré-épreuve après 30 ans.

Essais additionnels de sécurité des armes de petit calibre

  • Endurance
  • Essais de précision
  • Essais de chute
  • Tirs avec obstruction de canon

Le déclin et la renaissance

De 1970 à 1990, avec le recul de la chasse, la fin des marchés coloniaux, les crises économiques et une concurrence grandissante, l'armurerie stéphanoise a subit de grands replis.

Les grands noms de l’armurerie française ont tous ou presque mis la clé sous la porte les uns après les autres.

Il ne reste aujourd’hui qu’une fabrique de taille à Saint-Étienne même, la maison Verney-Carron qui fête cette année ses 200 ans.

Guillaume et Jean Verney-Carron ont, non seulement fait survivre la marque mais ils l’ont développée, modernisée et maintiennent un très haut niveau de qualité pour les armes de chasse produites dans leurs ateliers.

Ils cherchent aussi à s’implanter dans le domaine des armes de petit calibre à usage militaire avec la production d’un fusil destinés aux tireurs d’élite.

Saint-Étienne abrite également des ateliers plus petits, spécialisés dans les armes de luxe comme celui de Richard Lévy.

C’est aussi à Saint-Étienne que se trouve le seul lycée des métiers de l’armurerie, le lycée Benoit Fourneyron. Il forme ses élèves au CAP, au Bac professionnel armurier et au brevet des métiers d’art.

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