Le fusil de chasse, un objet de passion aux multiples facettes, est au cœur de nombreuses histoires et traditions. Cet article explore son histoire, son évolution et son fonctionnement, en mettant en lumière les aspects techniques et culturels qui l'entourent.
L'histoire du fusil de chasse est intimement liée à l'évolution des armes à feu. Des premières cartouches rudimentaires aux modèles sophistiqués d'aujourd'hui, le fusil de chasse a connu de nombreuses transformations.
La cartouche date d'environ 1640. Elle était composée d'un étui contenant la poudre et le projectile. Elle était introduite par la bouche du canon après avoir coupé l'étui côté poudre, puis poussée à l'aide d'une baguette vers la chambre. Ce type de cartouche était fragile et peu pratique.
Avec les fusils de chasse à chargement par la bouche du canon, les chasseurs employaient le plus souvent un petit cornet de papier contenant la charge de poudre et un autre contenant le plomb. On versait la poudre dans le canon, puis le papier du cornet l'ayant contenu était introduit dans le canon et servait de bourre que l'on poussait (bourrait) avec la baguette. Le cornet de plomb était à son tour vidé dans le canon et le papier servait d'obturateur.
Avec le chargement par la culasse au début des années 1800 apparaissent les fusils à canons basculants. L'invention de la cartouche à broche par Casimir LEFAUCHEUX en 1828 va populariser ce type de fusil auprès des chasseurs. Dans une cartouche à broche ou cartouche Lefaucheux, la base de la douille inclut la capsule d’ignition ou amorce.
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Le fulminate de mercure dans celle-ci est mis à feu par une courte tige de métal, la broche, saillant à l’angle droit, assez longue pour sortir du contour du canon ou barillet. Pour la mise à feu de la cartouche, le chien frappe verticalement cette broche.
Lefaucheux dépose un brevet d’invention le 10 janvier 1833 décrivant son célèbre fusil à brisure. Grâce à cette invention, il démocratisa ainsi le chargement par la culasse.
Le fusil de chasse à broche est évidemment d’un modèle antérieur à 1900 et d’une fabrication antérieure à 1946.
La fabrication d’un fusil de chasse est un art. Si les étapes de sa fabrication restent identiques pour chaque type fusil, les techniques utilisées sont diverses. La fabrication artisanale façonne des fusils uniques tandis que la fabrication industrielle produit des armes plus uniformes.
Aujourd’hui, la technologie la plus moderne employée pour l’usinage est la machine dites à 5 axes. Une fois usinée, les pièces du canon sont assemblées. Ensuite, c’est l’étape du bronzage qui a pour but de protéger le canon de l’oxydation et de la corrosion. Là encore, il existe différentes techniques : bronzage à la couche, bronzage par bain ou teflonnage. Chapuis Armes bronze toutes ces armes à la couche. Après le dégraissage du métal, une liqueur est appliquée à compter de trois fois par jour pendant une semaine.
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Le plus souvent, la crosse est fabriquée en noyer, voire en matériaux synthétiques tels que le carbone. En carbone, elle est réalisée industriellement. On retrouve différentes essences pour la réalisation de crosse, telles que le hêtre sur des fusils industriels ou le noyer sur des armes de qualité. La crosse en noyer est en effet un incontournable pour un fusil de chasse traditionnel. Son veinage si particulier lui confère de splendides contrastes.
Les bois utilisés par Chapuis Armes proviennent de Turquie, et sont scrupuleusement sélectionnés pour leurs qualités techniques et esthétiques. Les bois sont séchés naturellement pendant trois années complètes, processus au bout duquel les bois sont prêts à être travaillés.
Étape de sublimation, seule une main experte peut graver une arme de chasse. Tous les éléments métalliques peuvent être gravés. Il existe diverses techniques de gravure, qui influence le rendu final de l’œuvre.
Les motifs décoratifs que l’on retrouve le plus sont les scènes de chasse, qui représentent les animaux dans leur environnement naturel, les perdreaux à l’envol aux bécasses en sous-bois. Les chiens de chasse sont aussi des motifs appréciés.
Contrairement à la gravure, le quadrillage n’a pas seulement une fonction esthétique : il permet une prise en main optimale du fusil.
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Rares sont les chasseurs qui de nos jours fabriquent encore leurs cartouches. A la fin du 19 éme siècle et jusqu'au milieu du 20 éme siècle la plupart des chasseurs confectionnait leurs cartouches dont ils conservaient précieusement les étuis après le tir afin de les "recharger" et ainsi en diminuer le coût. De nos jours, les cartouches modernes sont de type hamerless (ou en plastique), mais l'amorce placée au centre du culot est externe. Les cartouches sont chargées de grenaille d'acier ou autres métaux non-toxiques pour être utilisées dans certaines zones.
Le fusil de chasse est également un symbole fort dans la littérature. Dans le roman "Le Fusil de chasse" de Yasushi Inoué, l'arme devient un élément central d'une histoire complexe d'amour et de trahison.
Trois lettres, adressées au même homme par trois femmes différentes, forment la texture tragique de ce récit singulier. Au départ, une banale histoire d'adultère. À l'arrivée, l'une des plus belles histoires d'amour de la littérature contemporaine. Avec une formidable économie de moyens, dans une langue subtilement dépouillée, Yasushi Inoué donne la version éternelle du couple maudit. Le Fusil de chasse, ou les multiples facettes d’une impossible passion, est un chef d'œuvre universel.
L'histoire est enchâssée dans une autre, celle d'un homme qui reçoit quatre lettres, dont trois écrites par des femmes. Ces lettres révèlent une histoire d'amour et d'adultère, vue sous différents angles.
Le médiéviste Alain PARBEAU nous fait partager toute une vie de recherches et de connaissances sur le début de l’arme à feu.
Les données balistiques (performances des projectiles de tir) citées dans cet exposé, font suite à des tirs réalisés par l’auteur avec des répliques d’armes et des armes authentiques, avec des chargements soignés et estimés proches de ceux de leur époque d’origine. Ils sont publiés à titre indicatif, pour donner une idée de la puissance des armes anciennes. Il est évident que ces résultats peuvent s’avérer différents si l’on emploie d’autres charges.
Il s’agit du tir (à blanc) avec une reproduction d’hacquebute primitive (vers 1380), copie réalisée par l’auteur sur le modèle d’une authentique trouvée lors de fouilles au château de Calmont d’Olt à Espalion en Aveyron. On voit bien l’allumage avec un boutefeu à mèche, et le départ du coup avec la sortie des gaz. Certaines dates sont imprécises et signalées « Vers …… ».
Alain participé à un petit film sur l’origine des armes à feu, et il à utilisé le décor du château de Saint Alban sur Limagnole.
Ce mélange, lorsqu’il est de qualité et comprimé dans un canon, brûle à la vitesse d’environ 300 à 600 mètres par seconde (suivant sa granulométrie), ce qui constitue une explosion de type « déflagration » (vitesse d’inflammation inférieure au km/seconde).
Les grenades feront leur apparition en Europe vers 1467. Ce sont le plus souvent des petites « gourdes » de terre cuite remplies de poudre et aussi de petites pierres dures, et équipées d’une courte mèche à allumer, qui sont lancées à la main sur des soldats ou dans les bâtiments.
Madfaa arabe primitif à canon en tôle renforcé par du bois et des cerclages de fer, et sa courte flèche (seule la partie claire de la flèche est insérée dans le canon pour le tir). Cette arme portative est inspirée d’armes chinoises. Doc H.
Calibre 15 cm, boulet de 3 à 4 kg en pierre puis en fonte de fer, lancé à 200 mètres. La balistique de ce type d’arme est faible, mais son effet psychologique est important. En effet le bruit rappelle le tonnerre de source divine, et l’odeur de soufre, le diable !
Vers 1380, Elle deviendra une arme plus efficace lorsqu’on lui adjoindra une culasse mobile (boite à feu) permettant un chargement plus rapide, et la charge à la place du boulet d’une centaine de balles de plomb, la « plommée , en guise de projectiles.
Tir avec une hacquebute primitive appuyée sur une fourche de portage appelée « Fourchine ou fourquine ».
Vers 1370, l’hacquebute (primitive) : Littéralement « canon à croc » du germanique « hakenbüchse , destinée à tirer en crochetant un mur ou une palissade avec son croc de fer situé en dessous de l’arme pour que le mur encaisse le recul à la place du tireur. Elle comporte un long fût de bois (ou parfois de fer), à l’avant duquel est fixé un canon de fer de courte dimension (20 à 25 cm). Son calibre fait généralement de 18 à 28 mm.
Une balle ronde en plomb, de 18 mm de diamètre part à la vitesse de 130 mètres par seconde, avec une charge de 4 grammes (7 grammes au moyen âge) de poudre noire. Allumage au boutefeu à mèche ou par un ringard chauffé au rouge. (Une planche de pin de 3 cm d’épaisseur est traversée à 15 mètres).
A partir de cette époque les balles rondes en plomb pour armes portatives à canon lisse seront enveloppées dans un petit carré de tissu graissé appelé « Canepin » destiné à les caler. On verra également rapidement vers 1450 apparaitre les « gargousses , ancêtres de la cartouche, doses de poudre préparées à l’avance dans un tissu ou du parchemin et les « apôtres » dont le rôle est identique mais en bois vers 1480. (Les gargousses de poudre resteront en service pour les canons jusqu’au milieu du 19ème siècle.
Baguette à laquelle est fixée une mèche allumée, ou d’un « ringard , tige de fer dont l’extrémité courbée est chauffée au rouge par un brasero. C’est une sorte de « Trait à poudre » à canon rallongé (40 à 50 cm, d’où la désignation par sa plus grande longueur de canon faisant penser à une petite couleuvre), monté sur un fût de bois que l’on utilise, coincé sous l’aisselle.
Certaines possèdent un croc en faisant une hacquebute à canon rallongé. L’allumage se fait au boutefeu à mèche.
Ribaudequin ou Orgue (Château de Castelnau en Dordogne. Cette arme consiste en l’alignement côte à côte de plusieurs petits canons, de petit calibre comparables chacun à une couleuvrine à main, et montés sur un affût mobile. La mise à feu est faite par une trainée de poudre disposée dans une gorge qui amène le feu à la lumière de chaque canon. Le tir de l’ensemble des canons est quasiment instantané.
Décrit depuis le 13ème siècle dans le « Liber ignium » de Marcus Graecus. Le 15 Août 1443, Louis XI encore dauphin va avec ses troupes libérer la ville de Dieppe tenue et assiégée par les anglais. Il aurait utilisé des pétards, ancêtre de la dynamite pour faire sauter des portes. Cette « bombe , remplie de poudre noire (souvent de 5 à 50 kg), se fixe discrètement en appui contre une porte, une palissade en bois, ou sous une muraille minée par une galerie souterraine étayée. Un soldat met le feu à la mèche courte. En explosant, le pétard pulvérise l’obstacle (porte, palissade ou étais), permettant de s’introduire dans l’enceinte convoitée.
Portée d’environ 600 mètres (320 toises), ce qui surpasse en distance les plus puissantes machines de guerre à contrepoids de l’époque comme le trébuchet, qui n’excèdent pas 250 mètres. Ce « canon » permet de tirer soit des boulets de fonte de fer, soit de la plommée (mitraille).
Vers 1460 jusqu’à 1660, l’arquebuse, mot découlant d’hacquebute : C’est une arme à feu, à fût de bois, véritable ancêtre des carabines, mousquets et fusils, que l’on tient sous l’aisselle ou que l’on commence à épauler. La mise à feu est faite par un « serpentin » en fer fixé sur le côté du fût et tenant une mèche.
Vers 1510-15 la platine à « rouet » (peut-être inventée par Léonard de Vinci, ou Johan Kuhfuss) permet un allumage sans mèche, sur le principe d’une roue rainurée (le rouet) entrainée par un ressort, et qui frotte sur une pyrite de fer mordue (tenue) par un « chien » produisant ainsi des étincelles, qui allument la poudre.. Ce mécanisme fiable mais couteux et fragile sera principalement réservé aux arquebuses de chasse, et aux pistolets. L’arquebuse restera le plus souvent à allumage à mèche pour les usages militaires. Son calibre fait environ de 14 à 16 mm, pour une longueur de canon de 60 à 90 centimètres.
Il existe aussi des arquebuses à crosse très courbée faites pour prendre appui sur la poitrine du tireur. Arme visible au Château de Castelnau en Dordogne.
Vers 1460 - 1500 une cartouche métallique (adaptée ici à une couleuvrine à main) comportant poudre et balle, sur l’idée des boites à feu « culasses mobiles » de canon de type « veuglaire , pour couleuvrine à main et Arquebuse à chargement par la culasse fut inventée (Germanie). Elle n’eut pas un franc succès, car coûteuse, délicate à fabriquer et présentant sans doute des fuites de gaz au niveau de la culasse, donc des risques de brûlure.
En 1520, l’arquebuse à canon rayé (rainuré) hélicoïdalement : Il semble que le germanique Auguste Kotter, remarquant que les « viretons d’arbalète » (traits aux ailerons inclinés qui partaient en tournant sur eux-mêmes) avaient une plus grande précision que les « traits classiques » comme le « carreau . Il inventa le « rayage (rainurage) hélicoïdal » de l’intérieur des canons d’arquebuses. Cela apporta une précision nettement plus efficace de l’arme par stabilisation gyroscopique de la balle dans l’espace, et une augmentation de puissance en supprimant les fuites de gaz propulseurs des armes à canon lisse dont la balle était plus petite que l’âme du canon. L’ancêtre de la carabine était né.
Le nom « carabine » provient d’un corps de gardes à cheval du roi de France Henri III qui étaient équipés d’une arquebuse à canon rayé, et d’un habit satiné qui les faisaient ressembler à un « Escarabin » (Le scarabée fouisseur de cadavre) mais aussi à cause de leur tir précis qui transformait souvent leur cible en cadavre (pour « scarabée ). Ils furent donc nommés « carabins » et par analogie leur arme carabine.
Louis XIII quarante ans plus tard, remplacera leur carabine par un mousquet à chargement plus rapide grâce au canon lisse, ce qui les fera nommer tout naturellement « mousquetaires »). L’arquebuse étant assez courte, se prêtait mal au tir de guerre sur plusieurs rangs, l’embouchure du canon se retrouvant au niveau de l’oreille du rang précédant. Il fut donc décidé de rallonger l’arquebuse et d’en augmenter le calibre, donc le poids du projectile et la puissance destructrice. Le mousquet était né.
Le nom « mousquet » provient de l’italien « moschetto , issu du latin « musca , la mouche, à cause de la balle (qui sifflait et qui était invisible en vol comme une mouche aux oreilles des soldats. Le mousquet peut être interprété comme le « lanceur de mouche ). L’expression « prendre la mouche , qui exprime la colère, viendrait du fait de recevoir des mouches (balles) ce qui n’est guère plaisant.
Pour des raisons de vitesse et de facilité de rechargement, le canon resta lisse, et la balle inférieure d’un à deux mm environ au calibre de ce dernier. Cette balle était enveloppée d’un « canepin , pièce de tissu graissé au suif, pour la caler dans le canon. Le nom canepin sera déformé en « calepin » à partir du 17è siècle.
Vers 1520 Apparition d’une forme très réduite de l’arquebuse à rouet, le pistolet. Le pistolet, arme tenue à la main, est rendu possible grâce à la platine à rouet, qui permet de le porter dans des fontes fixées à l’avant de la selle du cheval, et prêt à faire feu. Cela entrainera la célèbre manœuvre dite « Caracole » des « Reîtres germaniques, soldats mercenaires. Elle consiste à envoyer un rang de cavaliers armés de pistolets à 15 mètres des piquiers ennemis qui leurs barrent le passage, et à décharger leurs armes sur eux. Les cavaliers repartent en arrière recharger leurs pistolets, et un nouveau rang de cavaliers se présente et effectue la même manœuvre. Le système primitif est d’origine hollandaise vers 1560. Puis vint la platine dite à « Miquelet » inventée vers 1600 en Espagne, dont le mécanisme est extérieur.
Initiée par Louvois, ministre d’état, et sur le conseil du maréchal de Vauban, Louis XIV, généralisera par ordonnance la platine à silex à la française (déjà partiellement en service dans l’armée depuis 1660 sur des mousquets allégés dits à fusil) , sur les mousquets en allégeant leur poids en 1703. Les piquiers seront aussi supprimés et la baïonnette à douille généralisée sur les « mousquets à silex » (la baïonnette à douille autour du canon et permettant le tir, a remplacé la baïonnette-bouchon introduite dans le canon, sur l’initiative de Vauban en 1689). Un « mousquet à fusil » plus court destiné à la cavalerie, mais utilisant généralement la même cartouche au 2/3 de sa charge de poudre que le « fusil » (le reste de poudre de la cartouche est jeté), sera aussi inventé et prendra le nom de « mousqueton . Il sera généralement attaché par un anneau à la selle des cavaliers. Le système simple qui le tient à la selle, prendra ultérieurement aussi le nom de l’arme « mousqueton .
Généralisation en France de la cartouche de guerre en papier, comportant 10 à 12 grammes de poudre noire (suivant la qualité de la poudre) et une balle de 16,3 mm en général. La balle est plus petite d’environ 1,2 mm que le calibre de 17,5 mm, pour qu’elle rentre facilement lors du rechargement, même si le canon est un peu encrassé par le tir précédent. Il n’y a plus de calepin de tissu graissé avec la cartouche, le papier de celle-ci en faisant office, tassé avec elle lors du rechargement.
[1]. Tir avec une carabine à silex où l’on voit l’allumage du bassinet et les gaz de combustion sortant du canon et propulsant la balle. (Cliché P.J. En revanche, ce type de chargement nuit à la précision, car la balle rebondit sur les parois internes du canon et c’est le dernier rebond avant sa sortie qui définit sa direction.
Modification définitive de la crosse à l’origine en pied de vache (crosse courbée) du fusil réglementaire français, en la transformant en crosse droite.
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