Le fusil Chassepot, ou fusil d’infanterie modèle 1866, apparaît dans un contexte d’innovation et d’industrialisation croissante. Ce fusil militaire français Chassepot à aiguille et chargement par la culasse fut mis au point par Antoine-Alphonse Chassepot de Châtellerault.
Le développement des machines-outils permet de généraliser la production de canons rayés plus précis. Le déroulement des guerres en Amérique (guerre de Sécession) ou en Europe entre la Prusse et le Danemark, la Prusse et l'Autriche (victoire de la Prusse à Sadowa, 1866) apportait la preuve de la supériorité des armes à chargement par la culasse et à cartouche amorcée.
Suite à cette bataille, les études pour équiper l’armée française d’un fusil moderne vont s’accélérer et donnent naissance à un nouveau fusil : le fusil Chassepot ou fusil d’infanterie modèle 1866. Dès 1840, la Prusse s’est équipée d’un fusil à aiguille se chargeant par la culasse, le fusil Dreyse. Or, à cette époque, une guerre entre la France et la Prusse semble inévitable. Le Ministre de la Guerre français décide alors de doter les régiments d’infanterie d’une arme se chargeant par la culasse et utilisant par conséquent une cartouche à amorce.
La création d’une culasse étanche par l’ajout de caoutchouc contribue à éviter les projections brûlantes dans l’œil du tireur ce qui rend son utilisation facile et sûre. Afin de réaliser l'obturation et empêcher les gaz de s'échapper vers l'arrière la tête de culasse comporte un joint en caoutchouc vulcanisé, une première en cette période d'innovation technologique. De plus, l’utilisation de cartouches à amorce au fulminate de mercure favorise la mise à feu par percussion ce qui augmente la cadence de tir à 7 à 8 coups par minute alors qu’elle était limitée à 2 à 3 coups par minute pour les fusils des guerres napoléoniennes.
Romptant définitivement avec le chargement par la bouche des systèmes antérieurs, il est le premier système d'arme à culasse mobile ce qui augmentait considérablement la cadence de tir de l'époque.
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Le Chassepot utilise une cartouche à étui de carton enveloppé de gaze vernie, les crédits alloués ne permettant pas la fabrication d’une cartouche à étui métallique.
Doté d’une cartouche en papier (cf infra), le Chassepot est un « fusil à aiguille ». La culasse mobile dite « à verrou » voit son avant s’emboîter dans l’arrière de la boîte de culasse, l’absence d’un obturateur assurant l’étanchéité fait que des crachements de gaz vers l’arrière, sont inévitables. Le génie de Chassepot consiste à remédier à cet inconvénient de la manière la plus simple qui soit : une rondelle de caoutchouc placée en tête de la culasse mobile s’écrase sur le pourtour de la boîte de culasse quand la tête de culasse recule sous la pression des gaz au départ du coup.
La culasse comporte une position de sûreté ; après chargement, il suffit de remonter le levier de manœuvre à 45°, puis de raccompagner la partie arrière vers l’avant tout en pressant la détente, l’arme chargée est alors dans l’incapacité de faire feu.
Le Chassepot modèle 1866 : Une révolution technique. Après des essais au camp de Châlons à l’été 1866, le “fusil de monsieur CHASSEPOT” est sélectionné. D’un poids de 4,1 kgs pour un calibre de 11 mm, il permet de tirer des balles en plomb capables d’atteindre une cible à 1 000 mètres, avec une portée maximum de 1 600 mètres, et ce à une cadence de tir de 7 à 14 coups par minute ; portée et cadence de tir devenant ainsi deux fois supérieures à celles de son homologue allemand, le Dreyse.
Bien que sujette à un encrassement important dû à l'utilisation d'une cartouche à poudre noire, son invention fut retenue et adoptée en août 1866 dans le cadre de la modernisation des forces armées de Napoléon III. Dérivé du fusil d'infanterie d'essai dit du camp de Châlons, le Chassepot fut adopté le 30 août 1866 sous l'appellation officielle de fusil d'infanterie Mle 1866. Des modifications sont apportés, en particulier sur la queue de détente, les organes de visée et la baguette de nettoyage puis la fabrication en série est lancée.
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Dès septembre 1866, le fusil Chassepot fut affecté au bataillon des chasseurs à pied de la Garde et fit ses preuves lors du combat de Mentana en 1867. La première unité à en être doté est le bataillon des Chasseurs à pied de la Garde en septembre 1866 et sa première intervention au combat à lieu en 1867 à Mentana où il y a "fait merveille" selon les propres mots du général de Failly.
Fabriqué à près d'un million et demi d'exemplaires entre 1866 et 1875, il servit notamment lors du conflit opposant la France à la Prusse en 1870-1871.
Tous ces éléments présentent le fusil Chassepot comme un fusil fiable, avec une portée utile de 300 à 350 mètres, bien que l’utilisation de la poudre noire et de la cartouche en papier facilite un encrassement rapide. Il sera encensé par l'Etat-major et nos dirigeants politiques malgré ses défauts (aiguille fragile, encrassement important du à l'utilisation d'une cartouche à poudre noire, ratés de percussion...).
Hausse à gradins pour les distances de 200, 300, 350 et 400 mètres et à planchette graduée de 500 à 1200 mètres.
Canon rayé de quatre rayures, daté « C 1866 » poinçonné « MI AF », tenon de baïonnette sur le côté droit. Longueur sans la culasse 80 cm, longueur du canon avec la culasse et la queue de culasse 1,01 m. Calibre 11 mm. Guidon sur embase cubique. Culasse en acier trempé sans marquage, elle est mobile et se compose du cylindre forgé d'une pièce avec le levier de manoeuvre, chien coulissant dans un cylindre relié au porte-aiguille par un manchon en T. Monture en noyer avec cachet de réception de la manufacture « MI ... 1866 ».
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La cartouche modèle 1866 se compose essentiellement d’une balle de plomb de 25 grammes, d’une charge de 5,5 grammes de poudre noire et d’une amorce au fulminate. Un étui à poudre, en papier recouvert de gaze de soie, porte l’amorce à sa base. Une rondelle en carton ferme l’étui à la partie supérieure ; la balle maintenue dans sur un cône en papier roulé et collé, est placée sur l’étui de façon à ce qu’elle repose sur la rondelle. La munition ainsi réalisée était, bien entendu, très fragile. Afin de pallier à cela, les cartouches étaient soigneusement empaquetées par 9 dans de petites boites en carton.
Malgré tout il sera l'un des meilleurs fusils de son temps et inaugurera la fabrication en grande série au sein de manufactures d'Etat. Devant les énormes besoins en armes de cette époque l'industrie privée sera également mise à contribution. La firme Cahen Lyon et cie, détentrice du brevet, ne pouvant assurer seule et dans les temps la fourniture de milliers d'armes commandées par l'Etat, fera appel à de nombreux sous-traitants dans toute l'Europe. De 1866 à 1869, cette manufacture produisit 180 000 fusils Chassepot.
Ses atouts et sa supériorité sur les fusils prussiens Dreyse ne permettent cependant pas de renverser le cours de la guerre de 1870-1871. La défaite de 1871 sonne le glas du Chassepot, ses défauts intrinsèques et les énormes pertes en matériels lui ont été fatals. L'adoption du Mauser 1871 par la Prusse accélerera son remplacement par le système gras 1874. Le Chassepot finira ses jours en arme de surplus vendues par St-Etienne.
L’équipement de l’infanterie française subit de profondes modifications entre 1866 et 1890. Le fusil Chassepot, modèle 1866, vient révolutionner l’armement et s’impose comme une arme de premier plan, dès 1867, à la bataille de Mentana. En effet, le fusil à tabatière modèle 1867 permet de remplacer l’ensemble de l’armement juste avant 1870.
La Troisième République poursuit cette modernisation avec le fusil Gras en 1874, le Kropatschek en 1884, le fusil Châtellerault en 1885, puis le Lebel de 1886 à 1893, fusil français le plus célèbre, en service lors du déclenchement des hostilités en 1914.
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