Le fusil Bergeron calibre 12 superposé est un produit d'une longue tradition armurière stéphanoise. Pour comprendre l'histoire de cette arme, il est essentiel de connaître le parcours de Jean Bergeron et de sa famille.
Jean Bergeron naît à Saint-Étienne le 6 décembre 1850. Armurier, il travaille d'abord au côté de son demi-frère, Jean Gaucher, avant de s'associer en novembre 1877. Louis Bergeron, son fils, naît à Saint-Étienne le 30 avril 1881. Le 31 mars 1903, il s'associe à Vital Girodet, fabricant d'armes à Saint-Étienne. La société Bergeron L. et Girodet V. s'installe au 14 rue Chapelon à Saint-Étienne. Durant la Première Guerre mondiale, la société Bergeron-Girodet disparaît.
Louis Bergeron est affecté spécial, au service des fabrications militaires à Saint-Étienne. Il sera fabricant d'armes, président de la Chambre syndicale, membre de la Chambre de commerce à partir de 1923 puis secrétaire en 1926, conseiller du commerce extérieur, conseiller municipal de Saint-Étienne en 1930. Enfin, il obtient un Grand prix à l'Exposition de Marseille en 1922. En 1914, en compagnie de monsieur Ferreol, il avait déposé un brevet sous le n° 473.360 pour des « perfectionnements aux fusils sans chiens à canons basculants ».
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le tir étant devenu obligatoire dans les écoles, Bergeron développe la production de carabines. Elle représentera jusqu'à 50% de la production dans les années 1950-1970. Dans son nouvel atelier des 5 et 7 rue Desflaches, où il s'installe vers 1925, Louis Bergeron a aménagé des « sous-ateliers » pour des travailleurs en fenêtre à qui il loue ces emplacements. En échange, les bronzeurs, quadrilleurs, rectifieurs, polisseurs... qui les occupent, travaillent en priorité pour lui. Cette adresse est complétée d'un atelier au 38 rue Lassaigne.
La société Bergeron est dans les premières en France à employer des pièces en microfusion dans la production de série de son modèle de fusil de chasse Fédéral. Pour prouver la solidité de ces pièces, les armes sont éprouvées à 1200 bars de pression, au lieu des 900 bars habituels. La fabrication du Fédéral nécessite 75 opérations de mécanique. À la veille de la Seconde Guerre, Bergeron travaille en sous-traitance pour la Manufacture nationale d'armes de Saint-Étienne.
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Sa fille Lucienne Bergeron, née à Saint-Étienne le 19 décembre 1914 épouse Philippe Maret en 1936. Vers 1950, la société évolue en nom collectif, associant Louis Bergeron et Philippe Maret. C'est à cette époque que Philippe Maret monte en parallèle, avec d'autres investisseurs et industriels, une société de production de matières plastiques : « La mondiale plastique ». Le 14 novembre 1962, dépôt d'un second brevet en compagnie de Jean Duchenet pour un « pistolet d'abattage à répétition, à tige captive, avec chargeur de cartouches ».
En 1966, la Ste Bergeron quitte l'ancien atelier de la rue Desflaches pour s'installer à l'Etrat, dans les dépendances du « château de la Bertrandière ». L'entreprise emploie alors une cinquantaine de personnes. En plus des ses productions d'armes de chasse et de carabines de tir, Bergeron produit un pistolet d'abattage, dont la mécanique est dérivée de la carabine Match, et vers 1975, un fusil hypodermique. Sous le nom de "multipropulseurs", cette activité est cédée à M. Le 28 décembre 1970 la SARL Bergeron devient SRL associée à la Ste d'Achat, Production et Vente (SACHA) à Paris.
Pour faire face aux difficultés du marché, en 1981 elle ajoute au but social de la vente, des articles de sport, de sellerie et des fournitures équestres. Bernard Maret nait le 12 août 1940 à Saint-Étienne (union entre Lucienne Bergeron et Philippe Maret). D'abord commercial et technicien de la Ste Bergeron, il en reprend la gérance au début de 1990. Mais face à la situation de plus en plus difficile, l'assemblée générale extraordinaire du 15 novembre 1990 décide la mise en dissolution anticipée et la liquidation de Bergeron. En 1992, travaillant avec les grandes surfaces qui paient avec beaucoup de décalage, Bergeron engendre de grosses difficultés de trésorerie. De plus, la législation sur la chasse et les armes devient de plus en plus contraignante. Sans successeurs, Bergeron (et sa quinzaine de salariés) cesse son activité.
Bergeron était une très vieille fabrique d'armes dont les produits étaient de très bonne qualité. Mais ça, c'était avant-guerre.
Certains témoignages soulignent l'importance de considérer l'origine des pièces et les collaborations entre fabricants pour comprendre la qualité et le prix des armes. Un armurier expérimenté mentionne avoir travaillé pour Bergeron à St Etienne, qui utilisait des pièces et canons de Stéfano Fausti. Il ajoute que ces fusils étaient prisés parce qu'ils n'étaient pas trop chers et surtout étaient marqués Bergeron !
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