Conformément aux orientations de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] devra doubler le nombre de ses réservistes opérationnels dans les années à venir. Seulement, atteindre cet objectif ne sera pas forcément facile étant donné qu’elle est une armée de spécialistes, dont la formation prend du temps. Par exemple, il faut pas loin de quinze mois pour former un sous-officier technicien de maintenance aéronautique.
Aussi, l’AAE mise sur ses anciens militaires ainsi que sur des spécialistes issus du secteur civil [comme le spationaute Thomas Pesquet] ayant souscrit un engagement à servir dans la réserve. Pour autant, 40 % de ses réservistes sont dits « ab initio », c’est-à-dire qu’ils n’avaient aucune expérience militaire au moment de leur recrutement. Aussi doivent-ils suivre une « Formation militaire initiale du réserviste » [FMIR] pour ensuite être le plus souvent affectés dans des unités chargées d’assurer la protection des bases et/ou la sécurité d’événements.
« La FMIR se découpe aujourd’hui en deux périodes, d’une vingtaine de jours, au cours desquelles on apprend tous les fondamentaux de la vie militaire. La première phase se concentre sur la culture militaire [grades, droits et devoirs du militaire, marcher au pas, l’armement, etc.]. La deuxième phase est qualifiée de protection défense. Les stagiaires effectuent des exercices de légitime défense, des parcours d’obstacles, etc. », avait expliqué un sous-lieutenant de la section d’instruction militaire de la base aérienne de Vélizy-Villacoublay, dans les pages d’Air Actualités, en décembre dernier.
Cela étant, en avril, via les réseaux sociaux, l’AAE a fait savoir qu’elle recrutait des volontaires en vue de leur proposer une FMIR spécifique à la spécialité « commando parachutiste de l’Air » [CPA], sur la base aérienne d’Orléans-Bricy, laquelle abrite le CPA 10 et le CPA 30. Ce qui, a priori, était inédit. Les places étaient limitées à une trentaine de recrues, âgés de 17 à 35 ans. Visiblement, le recrutement n’a posé aucune difficulté et cette FMIR a tenu toutes ses promesses étant donné que la réserve commando parachutiste Air vient d’intégrer les 36 volontaires qui l’ont suivie pendant trois semaines. Dispensée par des opérateurs des CPA 10 et 30, elle s’est conclue par le saut en parachute, sous l’égide des instructeurs des CPA 10 et 30.
C’est une première dans l’armée de l’Air et de l’Espace : 36 jeunes intègrent la réserve commando parachutiste air (CPA) après une formation inédite de 3 semaines sur la base aérienne 123 d’Orléans. « L’objectif était de former des volontaires, âgés de 18 à 32 ans, aux compétences requises dans les forces spéciales Air. Un monde ultra-cloisonné, exigeant… et que très peu peuvent approcher d’aussi près. Discipline stricte, entraînements physiques intenses, tir, combat etc. : un défi qui a sollicité autant le mental que le physique de ces nouvelles recrues qui appuieront à l’avenir les CPA dans des missions spécifiques et très variées sur la base » d’Orléans-Bricy, s’est félicitée l’AAE, via le réseau social X, le 13 août.
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Plus précisément, ces réservistes seront amenés servir au sein d’une « force adverse cohérente, crédible et sérieuse » lors des entraînements tactiques des CPA. Actuellement, l’AAE compte environ 6 000 réservistes, ce qui représente 15 % de son effectif total. Elle devra donc en recruter 6 000 de plus. « Pourquoi doubler ? Parce que la réserve est un dispositif essentiel dans le cadre d’un conflit de haute intensité car il permet de diffuser l’esprit de défense dans l’ensemble de la population. L’autre objectif est de travailler aux côtés des militaires d’active afin de les renforcer dans la réalisation des contrats opérationnels », avait expliqué l’officier adjoint à la sous-direction recrutement, réserve, jeunesse [SDRRJ] de l’AAE, à Air Actualités.
Comme annoncé dans mon dernier post, voici le Retex complet de ma PMP (Préparation Militaire Parachutiste). En espérant que cela soit utile ! N'hésitez pas à me corriger si vous remarquez une erreur ou si vous souhaitez apporter une précision.
En théorie (et comme nous allons le voir plus bas, c'est bien seulement en théorie), 2 sauts en parachute sont prévus durant celle-ci, sous réserve de la validation des conditions que je vais détailler ensuite. A l'issue, une PMP réussie débouche sur l'obtention du "Brevet PRÉmilitaire de parachutiste", aussi appelé "Brevet de PMP". Il est important de savoir ceci car de nombreux conseillers CIRFA ont une idée assez vague du contenu de la PMP, notamment concernant le nombre et la nature des sauts. Cela débouche sur le fait qu'au sein de ma PMP, certains pensaient que nous allions faire 0 saut, d'autres 1, 2 voire 6.
Le nombre de PMP est assez limité chaque année. Cela étant, j'ai entendu un cadre s'occupant des sauts à l'ETAP dire qu'ils recevaient 4 PMP par an. A voir donc si certains sont prévues durant l'automne 2024. Je tiens en premier lieu à contredire l'affirmation que j'ai souvent lue selon laquelle les PMP sont réservées aux élèves des lycées militaires. Dans ma PMP, moins du tiers de la section (30 stagiaires) était issu de ce type d'établissement. La plupart n'avait aucune expérience militaire.
La première étape va logiquement consister à prendre rendez-vous en CIRFA. Le nombre de places étant tout de même limité (pas de stress là-dessus, il s'agit d'une formation qui reste largement accessible) et la tenue d'une telle PM engendrant un coût significatif pour le budget de l'armée de Terre (et donc pour nos finances publiques), à vous de montrer votre motivation, votre connaissance de l'institution, des TAP et d'inscrire cette opportunité de PMP dans votre parcours. Dans mon cas, j'ai parlé de mon intérêt à participer à une PMP à mon conseiller CIRFA fin octobre 2023, il m'a ensuite dit qu'il se renseignerait. Il m'est revenu quelques jours plus tard pour m'informer que deux PMP étaient prévues comme mentionné plus haut.
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Il faudra ensuite obligatoirement réaliser une radio complète du rachis (la colonne vertébrale en gros) dans une clinique civile avec les commentaires (pas d'anomalies de telle ou telle partie) du radiologiste. Il faudra envoyer le tout à votre CIRFA qui le transmettra au régiment de la PMP ou le présenter au format papier lors de votre arrivée à la PMP. Il faudra ultérieurement convenir de votre horaire d'arrivée à la gare avec le régiment une fois que le CIRFA vous aura envoyer les billets de train. Des navettes sont organisées pour vous conduire au régiment depuis la gare.
A partir d'ici, il s'agit de mon expérience propre. Aussi, les éléments peuvent varier d'une PMP à l'autre (notamment sur la question centrales des sauts...) bien qu'un tronc commun existe entre elles.
Voici les activités typiques d'une PMP :
A la fin de la première semaine, réalisation des tests physiques pour pouvoir sauter la semaine d'après. Tout le monde a validé ces tests, malheureusement un stagiaire s'est luxé le bras à la boxe (qui avait lieu juste après les tests physiques) et a dû arrêter le stage. Nous arrivons donc à l'ETAP en fin de journée. Installation dans les chambres.
Il faut savoir que toutes les unités qui doivent faire valider le brevet militaire parachutiste à leur personnel passent par l'ETAP.
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Une fois l'instruction terminée, il faut valider une dernière étape avant de prétendre pouvoir sauter : réussir l'agrée de synthèse (je vous laisse chercher sur internet, une image vaut mille mots) ou la tour de saut si ce dernier n'est pas fonctionnel. Il s'agit de simuler l'atterrissage en conditions proches du réel. Nous avons fait la tour de saut : suspendu à 15 mètres du sol, on vous suspend dans les air, vous chutez en diagonale comme si vous aviez le vent dans le dos et les instructeurs doivent valider votre atterrissage.
Seulement, arrivé le mardi en milieu d'après-midi, une fois la dernière instruction accomplie (simulation dans maquette d'avion au sol), l'instructeur nous dit "profitez bien car je crois que ça sera sûrement votre dernier saut". Il venait d'apprendre que l'avion (un CASA CN-235) qui devait nous faire sauter le lendemain devait finalement partir plus tôt que prévu (12h00 au lieu de 17h00 le mercredi), que la programmation des vols avait pris du retard et que donc des unités devaient encore sauter pour valider leur brevet, ce qui faisait que nous ne pouvions plus sauter...Le moral de la section s'est effondré. On nous a dit que nous ferions malgré tout la tour de saut mercredi matin au lieu de mardi en fin d'après-midi, pour que nous ayons suivi la formation dans son ensemble.
Nous nous réveillons donc le mercredi dans une profonde amertume. Le matin nous faisons ainsi la tour de saut et nous partons déjeuner en se demandant même si nous n'allons pas rentrer à Pamiers directement. Les cadres nous conduisent néanmoins sur l'aérodrome pour que nous puissions voir les unités s'équiper, puis nous partons sur la zone de saut de Wright voir les parachutistes atterrir et rejoindre la zone de rassemblement. Nous sommes ensuite allé visiter le musée de l'ETAP, très intéressant. Nous avons même rencontré un ancien colonel de 90 ans qui a sauté sur Suez en 1956 !!
Le sergent nous rassemble à la sortie du musée, et nous dit "Je vous avais expliqué que la vie d'un para est faite d'imprévus, et bien c'est encore le cas pour vous. Finalement, l'avion ne part plus, vous allez donc pouvoir réaliser le saut qui était prévu aujourd'hui dès demain matin à la première heure et vous allez pouvoir en faire un deuxième l'après-midi". La section est gonflée à bloc, nous savons que rien n'est fait et que tout peut encore changer (pluie, vent, disponibilité de l'appareil), mais nous voulons y croire.
On repart percevoir nos casques, le premier saut est prévu le lendemain à 8h00. Retour au bâtiment vie, nous faisons nos sacs et les TIG pour être prêts à rentrer à Pamiers jeudi en fin de journée.
Nous voilà donc arrivé en ce jeudi 14 mars 2024. Petit déjeuner, puis direction l'aérodrome. Quelle satisfaction d'y revenir dans un contexte opposé à celui de la veille. Nous nous équipons (le parachute dorsal pèse 15 kg, le ventral 7), 4 moniteurs différents vérifient notre équipement. Une fois cela fait, nous nous dirigeons en colonne vers le tarmac. Entrée dans l'appareil, nous nous asseyons, les moteurs vrombissent de plus en plus fort, les visages se font plus silencieux, chacun a sa réaction. L'avion s'élance enfin sur la piste, c'est le décollage (certains petit gars de ma section n'avaient jamais pris l'avion avant ça).
Au bout d'un petit moment, détachement et rangement des ceintures, tout le monde debout, attachement du harnais avec une main le saisissant et l'autre en protection du ventral. Premier passage sur la zone de saut, ouverture des portes, largage d'un mannequin (pour évaluer la vitesse du vent entre autre). Lumière rouge, saut dans 30 secondes à 400 mètres d'altitude. Un camarade avait sa montre connectée sur lui, 188 battement par minute ! Lumière verte, l'alarme retentit, cette fois c'est parti pour de bon. Impressionnant de voir ses amis se faire happés par la porte, qui se rapproche de plus en plus et très vite !
C'est mon tour, il s'agit d'un saut dit "en position", donc je donne mon harnais au largeur, je me mets en position à la porte en la saisissant des deux mains, le regard vers l'horizon comme on nous a appris. Je reçois au bout de 1.5 seconde la tape du largeur dans le dos, je m'élance dans les airs en m'éjectant le plus loin possible de l'avion. Je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre cet instant précis une fois dans une vie, car c'est réellement indescriptible. Contraste saisissant entre le bruit sourd de l'avion et le silence des cieux une fois sorti. Le parachute dorsal s'ouvre automatiquement en 3 secondes (on vous apprend à compter 331, 332, 333 dans la tête pour marquer ces 3 secondes, une fois passé ce délai il faut commencer à regarder s'il y a un problème et potentiellement déclencher le parachute de secours ventral à la main, mais ce cas reste très rare). Bref vous l'aurez compris, sacré moment de soulagement une fois que le dorsal s'ouvre.
Je fais les vérifications qu'on m'a apprises, et je profite un instant de la vue (les Pyrénées sont magnifiques depuis Pau) et de la sensation fabuleuse. Arrivé à environ 50 mètres du sol, position d'atterrissage (pensez à bien serrer les jambes).
Vient ensuite le moment de plier et ranger sa toile, de rejoindre un camarade pour aller à la zone de ralliement en binôme en trottinant (sympa quand vous avez les 23kg à porter et que vous avez été largués au début ou à la fin du câble, vous pouvez en avoir pour presque 1.5km, les plus chanceux du milieu sont à 300m). Une fois la zone atteinte, compte rendu oral du saut à l'instructeur qui vous accueille (nom, unité, numéro de câble, état sanitaire). Vous devrez alors ranger votre équipement en position de réhabilitation (vu pendant l'instruction comme tout le reste bien sûr) et faire le compte rendu du saut par écrit sur une petite fiche. Ensuite, rendre votre matériel à l'instructeur avec nouveau compte rendu oral.
Si le premier saut est mémorable car vous découvrez plein de sensations nouvelles en moins d'une minute, le deuxième est génial aussi car on a le temps de se poser et d'appliquer correctement ce que l'on nous a appris (par exemple je n'ai presque rien senti à l'atterrissage du deuxième saut car j'avais fait ce qu'il fallait alors que pour le premier je me suis bien ramassé sur la jambe gauche, heureusement sans conséquence). On m'a souvent dit que le deuxième saut faisait plus peur que le premier car on savait ce qui nous attendait cette fois et que donc le cerveau avait un réflexe d'anticipation, mais personnellement je n'ai pas eu cette sensation.
A l'issue du deuxième saut, cérémonie directement sur la zone de ralliement où l'on nous remet l'insigne de la PMP, un moment très fort surtout pour nous qui avions bien failli ne pas sauter.
Arrivés au 1er RCP, nettoyage du bus, rangement des chambres, cirage des rangers, la PMP se finit le lendemain en fin de matinée.
Vendredi matin, nous sommes donc les seuls à nous présenter avec nos chapeaux de brousse face à plusieurs centaines de bérets rouges, nous avons d'ailleurs été mélangés dans les rangs avec les paras de notre compagnie, geste qui m'a beaucoup touché. Cérémonie poignante, les compagnies défilent sur la place les unes après les autres en chantant, le colonel du régiment prononce un discours dans lequel il mentionne notre PMP et le fait qu'il était ravi que nous ayons pu sauter deux fois. Il a poursuivi avec un volet historique : le 13 mars 1954, débutait la bataille de Diên Biên Phu, soit quasiment 70 ans jour pour jour, événement primordial dans l'histoire des régiments paras et du 1er RCP.
Voilà donc mon témoignage sur la PMP. Je m'estime extrêmement privilégié d'avoir pu y participer et d'avoir réalisé 2 sauts.
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