L'expression "la fleur au fusil" évoque une attitude insouciante et optimiste, souvent en dépit des circonstances difficiles.
Elle fait référence à une personne qui, malgré les dangers ou les défis, aborde la vie avec légèreté et joie.
Cette expression est souvent utilisée pour décrire quelqu'un qui semble ignorer les risques ou qui choisit de rester positif même dans des situations préoccupantes. Elle peut aussi suggérer un manque de préparation ou de sérieux face aux enjeux.
L'expression "la fleur au fusil" trouve ses origines dans le contexte militaire et guerrier.
Historiquement, elle évoque l'idée d'un soldat qui se rend au combat avec une attitude insouciante ou optimiste, souvent en dépit du danger.
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L'image de la fleur, symbole de beauté et de légèreté, associée au fusil, un outil de guerre, crée un contraste fort, soulignant l'innocence face à la brutalité.
Dès les premiers jours d’août 1914, les soldats défilent dans les villes pour se rendre dans les gares, d’où des trains les emmèneront au front. Sur le parcours, une foule les acclame.
Des femmes, notamment à Paris, les embrassent et leur offrent des fleurs, qui finissent accrochées au fusil ou logées dans le bout du canon.
L'expression restera pour désigner, dans tout engagement (militaire ou autre), ce qui relève de l’assurance et de la joie, mais aussi de la vantardise et de l’illusion, de la naïveté et du déni des réalités.
Partis la fleur au fusil, les poilus rencontrèrent vite la mort. Cela dit, les vivats de la foule étaient surtout destinés à encourager la troupe.
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Étymologiquement, l'expression peut être décomposée en deux parties : "fleur" et "fusil".
Le mot "fleur" provient du latin "florem", signifiant la partie reproductive des plantes, souvent associée à la jeunesse et à la vie.
Le terme "fusil" vient du latin "fusilis", qui signifie "fondre", en référence à la fabrication des armes à feu. La juxtaposition de ces deux termes reflète un état d'esprit naïf ou optimiste dans des situations périlleuses.
Géographiquement, l'expression est principalement utilisée en France, mais elle peut avoir des résonances dans d'autres pays francophones.
Elle a pris une connotation particulière après la Première Guerre mondiale, où elle a été popularisée pour décrire l'attitude des jeunes soldats qui rejoignaient le front, souvent enthousiastes et pleins d'espoir, sans réaliser pleinement l'horreur de la guerre.
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Un autre exemple frappant de l'utilisation de fleurs dans un contexte de conflit est la Révolution des Œillets au Portugal.
Épisode marquant de l’histoire du Portugal, ce que l’on appelle la révolution des Œillets vint signifier le passage à la démocratie pour le pays.
La révolution des Œillets est ainsi le nom donné à l’opération militaire qui permit de rétablir la démocratie au Portugal, alors en proie à une dictature depuis près de 48 années.
En l’espace d’une seule journée, sans effusion de sang, de jeunes officiers, las de l’austérité instaurée par la dictature d’alors et des guerres meurtrières menées par le Portugal pour maintenir ses colonies en place, renversèrent le régime autoritaire en place.
Une organisation secrète se constituera en amont par les militaires pour réaliser ce coup d’État historique : le MFA (Mouvement des Forces armées).
Le 25 avril 1974, l’insurrection est déclenchée.
Le signe de ralliement des membres participant à l’opération, soit les jeunes officiers du MFA, était justement un œillet rouge, placé au niveau de la boutonnière. Certains racontent que ces fleurs alors de saison ont été offertes aux soldats par une vendeuse de la grande avenue de Lisbonne.
Cet œillet rouge fut ensuite introduit dans le canon de leurs armes, et c’est « la fleur au fusil » dans son sens le plus littéral que ces militaires mirent fin de manière pacifique à ce régime autoritaire qui gouvernait le Portugal depuis plusieurs décennies déjà.
L’œillet rouge symbolisa cette insurrection militaire et la libération du pays, cet événement majeur portera ensuite le nom de cette fleur devenue emblématique pour le Portugal.
Le lendemain de ce coup d’État, le journal parisien Le Monde titrait d’ailleurs en première page : « La révolution des Œillets triomphe au Portugal ! »
En 1974, Marcelo Caetano est à la tête de la présidence du Conseil portugais. Celui-ci poursuit en effet depuis 1968 la politique autocratique de son prédécesseur, le tristement célèbre Salazar qui gouvernait le pays depuis 1932.
La maladie écarta Salazar du pouvoir en septembre 1968, mais le flambeau de la dictature qu’il avait instaurée depuis plusieurs décennies fut repris sans difficulté par Caetano, qui était ainsi la personnalité politique au pouvoir en place lors de la révolution des Œillets.
Le salazarisme marqua en effet l’histoire du peuple portugais qui a subi pendant plusieurs décennies le poids de cette dictature.
Les esquisses de ce qui sera une des dictatures les plus longues d’Europe démarrent le 28 mai 1926, à la suite d’un coup d’État qui mit fin à la première République du Portugal, instaurée 16 ans plus tôt.
La lutte des classes, la paupérisation d’une partie de la population et les guerres intestines au sein des différents courants politiques de l’époque donnèrent en effet lieu à de multiples conflits au sein de la société portugaise.
Plusieurs mouvements de rébellion agitent en effet le pays depuis l’avènement de cette République, et ce coup d’État permit l’ascension de Salazar, qui entra alors dans la vie politique portugaise en tant que ministre des Finances.
Son intelligence et sa finesse tactique lui permirent quelques années plus tard de réaliser des ententes politiques stratégiques qui marquèrent le début de sa dictature. La révolution des Œillets mit fin à cette dictature.
L'image de la fleur, symbole de beauté et de paix, contrastant avec le fusil, un objet de guerre et de violence, renforce cette notion de naïveté face à la réalité.
Par extension, en oubliant le côté insouciant et en mettant l'accent sur l'enthousiasme et le courage qu'il faut pour partir aussi volontairement dans un conflit, la locution a également pris le deuxième sens plus commun aujourd'hui.
FLEUR, subst. fém. Partie de certains végétaux contenant les organes reproducteurs, souvent odorante et ornée de vives couleurs.Fleur au fusil. De nos jours, cela désigne une attitude courageuse.
Le mot "fleur" possède de nombreuses significations et est utilisé dans diverses expressions françaises :
Prise en octobre 1967, l’image, parfaitement composée par le photographe Marc Riboud, montre une adolescente de 17 ans tenir tête à une armée de soldats.
Le samedi 21 octobre 1967, Jan Rose Kasmir décide de ne pas faire la grasse matinée. Ce jour-là, la jeune fille de 17 ans se rend plutôt à la grande marche organisée en protestation de la guerre du Vietnam.
La lycéenne rejoint le cortège d’une centaine de milliers de personnes qui s’élance du mémorial de Lincoln jusqu’au Pentagone, à Washington D.C.
Sur le parking de ce bâtiment symbolisant la Défense états-unienne, la foule nombreuse revendique la paix, en réaction directe au sang versé depuis plus de 13 ans par l’armée états-unienne au Vietnam.
Face aux rangées de soldats et leurs armes pointées vers l’avant, les pacifistes ne se démontent pas, brandissent des fleurs et soutiennent le regard des militaires.
C’est le cas de Jan Rose Kasmir, qui s’avance vers les baïonnettes tendues et place, face à son visage, un chrysanthème - une fleur symbolisant la mort en France.
L’instant, immortalisé par le photographe français Marc Riboud, devient un des symboles de cette contestation pacifique qui grandit outre-Atlantique. Cette opposition entre deux États-Unis est magistralement représentée par une composition symétrique, où les lignes de fuite marquées par les baïonnettes convergent vers la fleur.
En 1969, la photographie fait la une d’une édition spéciale du magazine Look, et fait ensuite le tour du monde.
Devenue un symbole de cette jeunesse pacifique, Jan Rose Kasmir a rapporté a posteriori les sentiments d’effroi et d’incompréhension - plus que de peur - qui l’ont traversée à ce moment-là.
Lors de cette même journée, une image intitulée « Flower Power« , prise par le photographe Bernie Boston, est également devenue un symbole de la résistance pacifique - jusqu’à être nommée pour un Prix Pulitzer la même année. On y voit le jeune George Harris insérer des fleurs dans le canon de fusils.
Le temps passant, Jan Rose Kasmir n’a rien perdu de son militantisme et continue de courir les manifestations. En 2003, Marc Riboud l’a de nouveau photographiée en pleine protestation contre la guerre en Irak et, en 2017, elle était présente à la Women’s March de Washington D.C.
Marc Riboud est décédé en 2016 mais son œuvre, résistante, engagée et politique, lui survit et continue d’éclairer notre actualité, à la lumière du passé.
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