Farid Tir, né en 1982, est une figure tristement célèbre du banditisme marseillais. Son nom est associé à des braquages audacieux et à une guerre de clans liée au trafic de stupéfiants qui a endeuillé sa famille.
En mars 2001, lourdement armé, le visage découvert et le plus souvent seul, Farid Tir braque au moins huit banques. En juillet 2008, une saga judiciaire commence pour lui, qui le conduit d'un tribunal à l'autre.
Quand les enquêteurs finissent par identifier l'un des hommes abattus dans un hôtel marseillais, son nom leur est familier. Dans le sud de la France, Farid Tir, 29 ans, est bien connu des services comme celui d'un caïd de la drogue. Il n'est pas le premier membre de sa famille à connaître une mort aussi violente.
Depuis huit ans, pas moins de cinq autres hommes ont fait les frais d'une guerre que tout relie au trafic de stupéfiants. Son grand-père Saïd Tir, surnommé « le Vieux », est le premier à tomber sous les balles le 27 avril 2011, à quelques semaines d'un procès où il devait comparaître pour sa participation à un trafic de cannabis et de cocaïne. Trois tueurs l'ont exécuté en plein jour alors qu'il conduisait dans les quartiers Nord de Marseille. Celui qui était aussi appelé « le parrain de Font-Vert », 59 ans, avait une arme chargée sur la cuisse.
Deux mois plus tard, c'est le beau-frère de Saïd, Akim Grabsi, 42 ans, qui est abattu de plusieurs tirs dans la tête alors qu'il circule sur le boulevard National, dans le troisième arrondissement de la cité phocéenne. Deux des oncles de Farid Tir sont ensuite assassinés. D'abord, Farid (son homonyme), le 11 avril 2012, dans sa voiture, alors que l'homme de 40 ans rentrait chez lui. Puis Karim Tir, 30 ans, tué en juin 2014 à Asnières (Hauts-de-Seine), d'une balle tirée en pleine poitrine.
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Condamné pour trafic de drogues en 2009, il avait monté un label de musiques et était connu pour être le manageur du rappeur Jul. D'autres membres du clan réchappent à des tentatives d'assassinat. Comme le frère de Farid Tir, Eddy, alias Barabas, visé par des coups de fusil d'assaut en septembre 2011. Trois mois plus tard, il est impliqué à son tour dans le meurtre d'un habitant de la Castellane, pour lequel il est condamné en appel, en mars dernier, à 20 ans de réclusion. En mars 2014, Hichem Tir (encore un oncle de Farid Tir), ressort indemne d'une série de tirs, à Beauvais, dans l'Oise.
En 2016, le parquet de Marseille avait publiquement prêté à cette famille une rivalité avec un autre clan, les Remadnia, dont certains tremperaient dans les « stups ». On soupçonne Eddy Tir d'avoir commandité depuis sa prison l'assassinat de Zakary Remadnia en 2014, mais ce crime reste pour l'heure irrésolu et un épais mystère entoure les autres, même si des équipes de tueurs ont été identifiées autour des deux familles et arrêtées.
Les Tir ne sont pas tous impliqués dans le banditisme, soulignait L'Express en 2016. « L'immense majorité des quelque 300 membres du vaste clan Tir est, en effet, totalement inconnue des services de police », écrivait l'hebdomadaire. Aux origines de l'histoire de cette famille à Marseille, il y a la venue dans les années 1950 de Mahboubi Tir, un Berbère algérien, bientôt propriétaire d'un commerce d'alimentation.
Scène improbable, début avril, dans les couloirs de l’Evêché, siège historique de la police judiciaire à Marseille. Ceux qui se « cherchaient » depuis de nombreux mois ont fini par être réunis par les enquêteurs de la brigade criminelle. A quelques mètres de distance, les auditions des meurtriers présumés de Karim Tir, 31 ans, surnommé Charly, abattu en juin 2014 à Asnières (Hauts-de-Seine) succèdent à celles des auteurs présumés de l’assassinat de Lakhdar Medjou, 40 ans, criblé de balles de kalachnikov sous les yeux de son fils, le 28 janvier 2014, dans une rue de la cité phocéenne.
Ces équipes de tueurs présumés sont soupçonnées d’être affiliées à deux clans - d’un côté celui des Remadnia, de l’autre celui constitué par les Tir et les Berrebouh - qui s’affronteraient dans une guerre sans merci pour le contrôle du juteux trafic de drogue de quatre points de vente de la cité Font-Vert, implantée dans le XIV e arrondissement, en plein cœur des quartiers Nord.
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Policiers et magistrats estiment que cette lutte sanglante serait à l’origine de 17 règlements de comptes et 5 tentatives, ayant entraîné la mort de 18 personnes et fait 10 blessés depuis 2010. Finalement, dix suspects ont été mis en examen et écroués, faisant naître l’espoir d’un début d’accalmie.
Considérée comme un des points de deal les plus rentables de la ville, Font-Vert fait l’objet d’une « concurrence » acharnée depuis plusieurs années. Avec son cortège d’assassinats et de représailles. Le 27 avril 2011, Saïd Tir, 60 ans, surnommé Tintin, est le premier à tomber sous les balles de ses rivaux. Le 5 avril 2012, Ilias Remadnia, alias Jojo, 25 ans, est tué de plusieurs balles de calibre 38. Le ping-pong sanglant continue. Six jours plus tard, c’est au tour de Farid Tir d’être exécuté, marquant ainsi la fin d’une première série de règlements de comptes des plus sanglants. Mais la « paix » ne dure guère. Le 26 mars 2014, Hichem Tir est la cible d’une tentative de meurtre alors qu’il a pris ses distances avec Marseille et se trouve à Beauvais (Oise). Quelques semaines plus tard, Mehdi Berrebouh, 27 ans, est abattu au fusil d’assaut kalachnikov, alors qu’il circule sur l’A 7, par un commando de quatre hommes. Dans la foulée, Karim Tir, frère aîné d’Hichem et manageur du rappeur marseillais Jul, est assassiné à Asnières.
Les événements clés liés à la famille Tir et à la guerre des clans sont résumés dans le tableau ci-dessous:
Date | Événement |
---|---|
27 avril 2011 | Assassinat de Saïd Tir (« le Vieux ») |
Avril 2012 | Assassinat de Farid Tir (homonyme) |
Juin 2014 | Assassinat de Karim Tir à Asnières |
Juillet 2014 | Assassinat de Zakary Remadnia |
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