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L'histoire de Farid Tir est une saga complexe, mêlant criminalité, famille et quête de rédemption. Cet article explore les différents aspects de sa vie, de ses condamnations pour trafic de drogue aux tragiques événements qui ont frappé sa famille.

L'Imposition Absurde d'un Détenu sur le Point d'Être Libéré

C'est une histoire singulière rapportée par Le Monde : celle de Farid, un homme condamné à trois ans de prison pour trafic de drogue. À seulement 15 jours de sa libération, Farid reçoit un courrier surprenant de la direction générale des finances publiques.

Il ne s'agit ni d'une erreur, ni d'une plaisanterie, mais d'une mise en demeure : le fisc lui réclame 23 933 euros d'impôts sur le revenu et 15 227 euros de prélèvements sociaux. Cette imposition est basée sur les biens saisis lors de son arrestation, à savoir 305 grammes de résine de cannabis, 60 700 euros en liquide, sa voiture et son scooter.

Cette démarche s'appuie sur une loi de 2009 visant à supprimer un "paradoxe" : les activités occultes licites (non déclarées) sont soumises à un régime fiscal plus rigoureux que les activités illicites. Toutefois, les sénateurs reconnaissaient à l'époque que "cette imposition est souvent très difficile à mettre en œuvre au plan pratique".

Dans le cas de Farid, les biens ont été saisis, permettant ainsi aux services fiscaux d'établir leur note. Cependant, en prison, Farid ne s'est guère enrichi. À sa sortie, il décroche un contrat aidé dans une entreprise d'insertion, gagnant le SMIC, ce qui le rend incapable de payer cette dette qui ne cesse d'enfler.

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L'Observatoire international des prisons qualifie cet acharnement fiscal d'absurde, soulignant qu'il "entrave ses nombreuses démarches de réinsertion".

La Guerre des Clans et les Règlements de Comptes

Une scène improbable s'est déroulée dans les couloirs de l’Évêché à Marseille, où les enquêteurs de la brigade criminelle ont réuni les meurtriers présumés de Karim Tir et les auteurs présumés de l’assassinat de Lakhdar Medjou.

Ces équipes de tueurs présumés sont soupçonnées d’être affiliées à deux clans - celui des Remadnia et celui des Tir et des Berrebouh - qui s’affrontent pour le contrôle du trafic de drogue de quatre points de vente de la cité Font-Vert.

Policiers et magistrats estiment que cette lutte sanglante serait à l’origine de 17 règlements de comptes et 5 tentatives, ayant entraîné la mort de 18 personnes et fait 10 blessés depuis 2010. Finalement, dix suspects ont été mis en examen et écroués, faisant naître l’espoir d’un début d’accalmie.

Considérée comme un des points de deal les plus rentables de la ville, Font-Vert fait l’objet d’une « concurrence » acharnée depuis plusieurs années, avec son cortège d’assassinats et de représailles.

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Voici une chronologie des événements tragiques liés à cette guerre des clans :

  • 27 avril 2011 : Saïd Tir, 60 ans, est abattu.
  • 5 avril 2012 : Ilias Remadnia, 25 ans, est tué.
  • 6 jours plus tard : Farid Tir est exécuté.
  • 26 mars 2014 : Hichem Tir est la cible d’une tentative de meurtre à Beauvais.
  • Quelques semaines plus tard : Mehdi Berrebouh, 27 ans, est abattu sur l’A7.
  • Dans la foulée : Karim Tir, frère aîné d’Hichem, est assassiné à Asnières.
  • 18 juillet 2014 : Zackary Remadnia, 24 ans, est tué.

Eddy Tir, cousin de feu Karim Tir, a été mis en examen pour ces faits qu’il aurait commandités depuis sa cellule de prison. Les policiers marseillais s’attendent encore au pire avec la libération prochaine de Mehdi Remadnia, 33 ans.

Les Condamnations et les Braquages de Farid Tir

En mars 2001, lourdement armé, le visage découvert et le plus souvent seul, Farid Tir braque au moins huit banques. En juillet 2008, une saga judiciaire commence pour lui, qui le conduit d'un tribunal à l'autre.

Les jurés lui ont fait grâce de trois braquages. Le Roubaisien Farid Tir a tout de même été condamné, hier, à dix ans de réclusion criminelle pour cinq braquages et deux car-jackings commis en 2001 et 2002 dans le Nord et en Belgique.

La cour d'assises du Nord a revu à la baisse la condamnation de dix-huit ans de prison, prononcée par contumace en 2006 : l'homme était en cavale depuis son évasion, en mai 2005, de l'hôpital d'Amiens. Les jurés ont suivi les réquisitions du procureur, mais Me Laura Campisano, l'avocate de Farid Tir, ne se montrait pas déçue : « Le jury a suivi mon raisonnement en relaxant mon client pour trois braquages. »

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Agé d'une quarantaine d'années, Farid Tir est quand même loin d'être tiré d'affaire malgré les trois ans de détention provisoire déjà effectués : suite à son évasion de 2005, aidé par un commando de trois hommes armés et cagoulés, il avait également été condamné à quinze ans de prison par la cour d'assises d'Amiens. Une peine dont il a fait appel.

Le Clan Tir : Intégration Réussie et Dérive Délinquante

Le clan Tir pleure l'un des siens, une fois de plus. Dans la nuit du 24 au 25 juin, une rafale d'arme automatique a foudroyé Yanis, 24 ans, sur le parking de la Consolat, dans les quartiers Nord de Marseille. Depuis 2010, cette famille de Chaouis, des Berbères débarqués d'Algérie après 1945, a enterré quatre de ses fils. Tués par balle, tous: Saïd Tir, 59 ans, abattu au volant de sa Renault Clio dans le quartier de la Cabucelle, près du port, le 27 avril 2011; son beau-frère Akim Grabsi, 42 ans, fauché devant une boucherie du boulevard National, deux mois plus tard; Farid Tir, 39 ans, criblé de balles alors qu'il rentrait chez lui dans le secteur de Saint-Mauront, le 11 avril 2012; son frère Karim, alias Charlie, exécuté d'une balle en pleine poitrine à Asnières (Hauts-de-Seine), voilà deux ans.

Hichem Tir, l'un des frères de Farid et de Karim, a eu plus de chance: à deux reprises, la mort l'a frôlé. Et épargné. Au printemps dernier, une visite à sa mère dans la cité phocéenne manque de lui coûter la vie, mais les tueurs à ses trousses sont interpellés avant de passer à l'action. En mars 2014, à Beauvais (Oise), deux tueurs à moto avaient ouvert le feu sur sa voiture - sans le toucher.

Son cousin Eddy l'a échappé belle, lui aussi: le 24 septembre 2011, il est visé par des tirs de kalachnikov dans un snack de la cité des Flamants, à Marseille. Miraculeusement, il s'en sort sans une égratignure. Les enquêtes ouvertes à la suite de ces drames sont au point mort. Toutes, sauf une: en avril 2016, huit personnes soupçonnées d'avoir participé à l'assassinat de Karim Tir ont été arrêtées et mises en examen, à Paris et à Marseille.

L'histoire des Tir ne s'écrit pas seulement à la rubrique des faits divers, cruelle litanie de sang et de larmes sur fond de trafic de stupéfiants et de féroces règlements de comptes. C'est aussi un formidable roman marseillais dont les chapitres mêlent intégration réussie et dérive délinquante, destins tranquilles et trépas violents, ombre et lumière.

La saga familiale plonge ses racines dans les âpres montagnes des Aurès, dans l'est de l'Algérie. Son héros s'appelle Mahboubi - "bien aimé", en arabe. Né en 1915 à Bouderhem, près de la ville de Khenchela, il est le fils d'un notable local, le "cadi", à la fois juge de paix et notaire. Sur ces terres fières et rudes, on voue un culte passionné à la vaillante Kahina, reine berbère qui a bataillé contre les envahisseurs arabes au VIIe siècle. Mais l'Histoire ne nourrit pas son homme. Cadet d'une fratrie de 11 enfants, Mahboubi Tir est successivement serveur, garde forestier et contremaître avant de se résoudre, comme beaucoup de Chaouis, à franchir la Méditerranée en quête de travail.

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