En mars 2013, deux meurtres sont commis dans l'Aisne, à 40 km de distance et à 24 heures d'intervalle, selon des modes opératoires différents, sur des hommes qui ne se connaissaient pas : Dominique Laplace, 45 ans, et José Barreyre, 47 ans. Ces deux crimes, commis à 40 km de distance et à 24 heures d'intervalle, selon des modes opératoires différents, sur des hommes qui ne se connaissaient pas : difficile d'imaginer que les deux affaires puissent avoir un point commun !
Le premier survient le 15 mars. Vers 18h, Myriam rentre chez elle à Caumont retrouver son compagnon, Dominique Pascal, lorsqu'elle découvre le corps de ce dernier gisant dans une mare de sang. Il a été tué d'un coup de couteau dans le cœur et porte également des traces de coups sur la tête. Les techniciens en identification criminelle débarquent mais ne trouvent aucun indice, ni trace ADN, ni cheveu.
Reste que la sœur de Dominique Pascal a une piste. Elle est persuadée que Véronique Pierret, l'ex compagne de son frère, une infirmière séduisante avec qui il a vécu pendant treize ans, est impliquée dans le meurtre. Selon elle, la rupture s'est particulièrement mal passée et elle l'avait déjà menacé de mort. Quand ils la rencontre, les gendarmes sont toutefois sceptiques. Véronique Pierret les reçoit de façon très courtoise. Elle marche avec des béquilles et assure avoir tourné la page. Elle explique également avoir passé la soirée du 14 mars, soir où le crime a été commis, chez elle avec son neveu Mallory Kubel et la petite amie de celui-ci, Émilie Viseur.
Mais un autre meurtre commis le lendemain, à Laon, à 30 km de Caumont, relance l'enquête : celui de José Barreyre. Vers 1h du matin, cet homme prend une balle dans la tête après qu'une femme ait sonné à sa porte affirmant qu'elle avait rayé sa voiture et qu'elle souhaitait faire un constat. Mais il ne meurt pas sur le coup. A l'hôpital, il a le temps d'indiquer aux gendarmes un indice de taille, le prénom de sa meurtrière présumée : Émilie.
José Barreyre avait 47 ans lorsqu'il a été tué, devant chez lui, d'une balle en pleine tête. Tatoué de la tête aux pieds, l'homme ne passait pas inaperçu à Laon où il tenait un salon de tatouage ! Dominique Laplace, lui, se passionnait pour les pièces de monnaie antiques qu'il traquait inlassablement dans les champs avec sa poêle à métaux ! A 45 ans, lui aussi, il a été tué chez lui. Mais d'un coup de couteau en plein coeur.
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Les gendarmes font alors un lien entre les deux meurtres et placent Véronique Pierret et Émilie Viseur en garde à vue. Fragile, Émilie Viseur révèle rapidement que son compagnon, Mallory, le neveu de Véronique Pierret, a tué les deux hommes avec l'aide de Véronique. Arrêté, Mallory confirme. Il était le bras armé d'un pacte noué entre les deux femmes, sa petite-amie Émilie et sa tante Véronique. "Il bascule parce qu'il est influencé par la tante et sa petite amie", explique au micro de Christophe Hondelatte Me Cyrille Bouchaillou, qui défendait les intérêts de la famille José Barreyre lors du procès de cette affaire aux assises en 2016. Mais il ne supportera pas de vivre avec ces deux meurtres sur la conscience.
Le procès révélera que ces deux meurtres ont été largement préparés. "Nous avons un trio de meurtriers qui a organisé de manière machiavélique ces deux assassinats bien avant les 15 et 16 mars 2013", explique Me Cyrille Bouchaillou. "Ils se connaissaient depuis plusieurs semaines. Et c'est à l'occasion de plusieurs rencontres que ce mauvais film a été échafaudé par tous les trois". Ainsi, à chaque fois Véronique et Mallory se sont rendus au domicile de la future victime. L'un ou l'autre prétextait une panne de voiture ou un léger accident pour faire sortir la victime, puis Mallory tirait ou poignardait celle-ci. A chaque fois également, ils se munissaient de perruques, de gants, de bonnets pour éviter de laisser traîner des cheveux. Enfin, ils brûlaient leurs vêtements dans la forêt. Quant à Émilie, elle était chargée de fournir un alibi au groupe en envoyant des sms du portable de Mallory depuis l'appartement de Véronique, afin qu'il soit géolocalisé.
Selon Me Cyrille Bouchaillou, c'est sans doute Véronique Pierret qui a tiré les ficelles. "Elle avait une haine incommensurable envers Dominique Laplace. Et comme Émilie Viseur avait un démêlé avec José Barreyre, son ancien compagnon qui réclamait la garde de leur enfant, ils se sont dits à trois on va faire une pierre deux coups", détaille-t-il. E,M,L comme Emilie ? Son ex petite amie avec laquelle il se bat pour la garde d'un enfant ? Emilie Viseur, que la gendarmerie d'Amiens a placé sur écoutes dans le cadre de l'affaire Laplace ?
C'est un pacte que les enquêteurs vont découvrir sous ces deux crimes. Le pacte vengeur que deux femmes ont passé entre elles et qui relie Emilie Viseur et Véronique Pierret à un homme, Mallory Kubel, qui n'aurait jamais dû se retrouver mêlé à leurs affaires. En août 2014, le suspect s'est suicidé à la maison d'arrêt de Laon.
En novembre 2016, les deux femmes seront toutes les deux condamnées pour avoir commandité le meurtre de leurs ex-conjoints respectifs. Le verdict est tombé en début d'après-midi aux assises de l'Aisne, 20 ans pour Véronique Pierret, 10 ans pour Émilie Viseur. Les deux femmes sont jugées pour avoir commandité le meurtre de leurs ex-conjoints respectifs, Dominique Laplace à Caumont, le 14 mars 2013 et de José Barreyre, à Laon, le surlendemain.
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Les trois protagonistes de cette affaire, l'homme et les deux femmes originaires de Saint-Gobain (02) auraient prémédité les deux meurtres par vengeance.
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