L'expérimentation de munitions exige des visées très précises, idem pour tester des armes anciennes et évaluer l'amélioration obtenue en retouchant les bouches esquintées. La lunette serait parfaite car elle s'affranchit des problèmes visuels, mais trop coûteuse pour en affecter une à chaque arme, et exigeant un simblotage fastidieux si on la promène d'arme en arme. De plus, son poids impose une fixation très robuste.
Le dioptre serait un peu moins précis, mais sa légèreté s'accommode d'attaches plus légères. Essentiellement mécanique, il pourrait être auto-fabriqué à bon compte, en nombre suffisant pour équiper chaque arme testée. Il nécessite un guidon séparé, mais celui-ci est plutôt facile à réaliser.
L'objectif était donc de mettre au point :
La séparation dioptre / interface, appliquée sur 2 prototypes, a vite révélé des inconvénients : plus de pièces, donc plus de travail, de poids et d'encombrement. Je n'ai ensuite retenu qu'une séparation théorique, le premier élément du dioptre étant soudé sur la plaque de base ; les pièces mobiles devant cependant rester interchangeables.
Le levier de manœuvre du Berthier est devant le pont AR, comme sur les Mosin-Nagant, Gras, Chassepot, etc. Or la position optimale du dioptre est au niveau du pont ! Il faut une disposition particulière pour laisser passer le levier de culasse lors du rechargement, le déport de la visée à gauche n'étant pas une option (d'autant que je suis gaucher).
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L'évidence était d'utiliser les rainures supérieures du pont AR en guise d'accrochage, et de mouler un bedding en résine sur les reliefs du pont AR pour assurer la stabilité. Quant au passage du levier lors du rechargement... Et bien on enlève tout ! C'est à dire que pour manœuvrer la culasse on démonte le dioptre, et une fois l'arme chargée on le remonte.
L'idée peut surprendre, mais avec le crochetage dans les rainures et le bedding en résine il suffit d'un élastique ou d'un ressort passant sous le pontet pour maintenir le dioptre, et la pose / dépose sont rapides. La réalisation fut tout de même compliquée et longue, bien que les coulissements aient été étudiés pour éluder glissières et queues d'aronde, mais en évitant les calages branlants (tout "isostatique", par appui sur 3 points). Et c'est lourd (135 g) donc ça tressaute sous le recul car le ressort de fixation ne peut être bien fort, sinon il deviendrait trop difficile à accrocher ; il est à craindre que le bedding ne s'esquinte assez vite sous les chocs. Le réglage est plus ou moins pratique, mais acceptable.
Ce qui est réellement gênant est de décrocher - raccrocher le dioptre à chaque rechargement, d'autant que le montage est plus stable en passant le ressort dans le pontet plutôt qu'entre pontet et magasin ; et bidouiller devant la détente alors que l'arme est chargée, c'est toujours inquiétant !
Le porte-guidon ne pose aucun problème : tôle de 1.5 mm enroulée ou pliée avec soudures autogène ou brasures, le tunnel étant tiré d'un rebut de décolletage (tube déjà moleté extérieurement et alésé avec épaulement intérieur). Un tube fendu avec 1 ou 2 vis de serrage enserre le canon avec une découpe laissant passer l'embase de guidon, qui se trouve encadrée par les 2 montants verticaux soutenant le tunnel.
Entre mousquetons et 07-15 le diamètre du tube fendu diffère ; entre les divers types de guidon trouvés sur Berthiers (j'en ai déjà dénombré 4) la hauteur des montants verticaux peut changer (afin d'abaisser au maximum la ligne de mire, tout en laissant le guidon d'origine utilisable pour le simblotage).
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Les guidons des prototypes successifs sont analogues, avec simplement des variations de hauteur et un assemblage progressivement simplifié. Le guidon à trou est un disque de plexiglas (ou polycarbonate) foré d'un trou chanfreiné de 2.0, 2.5 ou 3 mm. Le chanfrein dépoli suffit à donner l'impression d'un cercle noir, que l'on peut accentuer en le badigeonnant au feutre noir (de qualité médiocre, afin que les bavures sur la surface lisse s'effacent d'un coup de chiffon). Ce disque est bloqué contre l'épaulement interne du tunnel par un joint torique "un peu trop gros" forcé par derrière.
Même principe pour l'oeilleton, cette fois un petit disque de circuit imprimé bakélite percé d'un trou chanfreiné de 0.8 ou 1.0 mm, puis noirci au feutre. Rentré à force dans un mamelon de 1/8 BSP (air comprimé) et collé là avec du vernis à ongles noir ; ce mamelon fileté servant en même temps de blocage pour le curseur de hausse. Les oeilletons des prototypes suivants sont analogues, mais montés différement (calés par un petit joint torique, comme les guidons).
Pour l'instant non terminés, car une meilleure idée a pris forme durant leur réalisation.
Ils sont réalisés sur la même plaque de base que le n° 3, et fixés par la même griffe ; le premier élément du dioptre (statif vertical) est une colonne cylindrique, ce qui permet la rotation du bras transversal portant l'oeilleton afin de laisser passer le levier de culasse. L'effacement / remise en place du bras est manuel, un cliquet à ressort assurant les deux positions.
Hauteur et dérive sont ajustées par simple coulissement sur une tige ronde, jusqu'à buter contre une jauge de réglage amovible. Les graduations se trouvent sur ces jauges séparées, simplifiant et allègeant notablement le dioptre, qui comporte simplement 2 vis pour bloquer les coulissements.
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La plaque de base comporte 2 ergots, l'un prenant dans la rainure gauche, l'autre devant le pont AR dans le passage du chargeur (sans pour autant le gêner). Elle est ajustée par un bedding à la résine sur le côté gauche du pont, et serrée par une griffe (un genre de serre-joint) prenant dessous, avec un talon d'appui en nylon (la griffe a fait quelques progrès, le dernier tracé serrant l'arme de bien plus près).
Aucun problème de fixation, aucun ébranlement au tir ; l'effacement latéral de la traverse est parfait (le levier se charge même de l'ouvrir en passant), et le retour en position de tir clique franchement. Grâce au bedding on peut compter sur une bonne conservation des réglages si on démonte le dioptre pour le transport ; mais il est spécifique à une arme donnée...
Seul point noir le réglage par jauges séparées, qui n'est franchement pas commode ! Le n° 5 est une version allégée du n° 4, et de fabrication simplifiée ; à l'usage les deux sont absolument identiques.
En cours de réalisation ; toujours dans le même principe que les n° 4 et 5, il devrait inclure les dispositifs de réglage. Ceci complique la fabrication, mais quelques points actuellement délicats sont simplifiés, adoucissant ainsi la "facture".
Les assemblages laissent un choix entre soudure autogène ou brasure : la soudure impose un certain travail de finition à la lime, mais ceci fait elle prend le bronzage et donne aux ensembles finis une apparence régulière.
Alors que la brasure s'étale souvent exagérément : même en ôtant l'excédent à la lime (qui mord mal) il reste des zones jaunes ne prenant pas le bronzage, très préjudiciables à l'esthétique (sauf à tout peindre en noir). Cependant la soudure autogène ne convient pas partout, et seule la brasure arrive à s'infiltrer dans les recoins de certains assemblages...
S'agissant de dioptres destinés à l'expérimentation, j'en viens progressivement à tout braser ; procédé d'ailleurs plus à la portée des bricoleurs (n'importe quel chalumeau simpliste le permet, même un "brûle-cochons" au propane), alors que l'autogène exige presque l'acétylène.
Les métaux proviennent de petites tôles bien propres (souvent peintes) de 1.5 et 2 mm. Peut-être des supports ou des intercalaires d'armoires de classement... Les tiges rondes viennent pour la plupart d'imprimantes informatiques ; il y a aussi des chutes de tube hydraulique 6/10, de la visserie diverse, etc.
La résine de bedding est malaxée à partir d'une rondelle coupée dans une grosse cheville de "scellement chimique" qui a "passé la date" depuis des années. Même ouverte elle se conserve ... bien plus d'un an pour l'instant ; c'est à dire que la conservation totale paraît infiniment supérieure aux produits grand public genre Araldite ou Syntofer. Et ça peut sans doute s'acheter à la pièce, en très petit volume. C'est costaud, ça se lime, se perce et se taraude ; un peu cassant, peut-être !
Lorsque ce sera jugé parfaitement au point des détails cotés seront donnés, sur les pièces et les montages d'assemblage ; la rédaction est commencée pour la griffe et le guidon, qui ne sont plus guère susceptibles d'évoluer...
Les prototypes intermédiaires seront aussi présentés sommairement, au cas où des points particuliers intéressent l'un ou l'autre amateur.
Le réglage du dioptre est crucial pour obtenir une visée précise. Voici quelques astuces et conseils basés sur l'expérience des utilisateurs :
Il est essentiel de bien repérer les graduations verticales sur le dioptre pour ajuster la hauteur. En effet, l'absence de visibilité de ces graduations peut entraîner des erreurs de réglage importantes.
Pour un dioptre Parker Hale n° 7, il faut généralement 4 clics pour 1 MoA (Minute of Angle). Un MoA équivaut à environ 14.55mm à 50m, donc ¼ MoA équivaut à environ 3.64mm à 50m. Pour un décalage en cible de 65mm à 50m, il faut donc 65/3.64 = 18 clics.
Commencer le réglage en élévation en mettant l’index 0 du curseur entre 15 et 20 MOA d’élévation sur le vernier. En latéral, mettre la dérive sur les indexes Zéro face à face. Effectuer une série de 3 tirs puis relever les écarts en élévations et en latéral, et effectuer les corrections pour affiner les réglages par 3 tirs jusqu’à satisfaction.
La minute d'angle généralement donnée en valeur anglo-saxonne, elle vaut 1 pouce à 100 yards soit 1 MoA (minute of angle) soit 2,54cm à 91,44m. Pour nous continentaux nos pas de tir sont de 50m puis de 100m en 100m et ce n’est pas valable et nous devons effectuer une convention. Ce que nous savons c’est que la minute d'angle est égale à un soixantième de degré (1/60° = 0,016666666°) et que la valeur de la tangente correspond à 0.000290887, donc par calcul on en déduit pour 100m qu'un MoA vaut 2,909cm à 100m (tg (0,016666666°)x 10000cm= 2,909cm). On peu en déduit que 1 MoA vaut ~29.1mm à 100m et ~14.55mm à 50m.
Il est utile de faire un croquis du sens des molettes pour le réglage de la hausse (élévation et descente du curseur) et pour le réglage de la dérive (vers la droite et la gauche).
Pour convertir une mesure à 100 yards en une mesure à 100m, rajouter simplement 10%, c'est très facile et largement suffisant en terme de de précision.
Il existe 3 largeurs de lame et de ring qu'il faut adapter aux dimensions des différentes cibles. Vérifier la référence du tunnel, normalement pour du Parker Hale le n° du modèle est gravé dessus. Pour le TAR, la lame est obligatoire.
Outre le dioptre, il existe d'autres systèmes de visée pour carabines :
Quel que soit l’organe de visée choisi, veiller à prendre un modèle de qualité.
Le dioptre est un système de visée passif, sans grossissement et sans électronique, qui offre une grande précision. Il est particulièrement adapté aux tireurs ayant des problèmes de vision, car il augmente la profondeur de champ et permet une visée nette avec une correction oculaire minimale.
Le principe est le même que pour la visée ouverte, mais un tunnel remplace le guidon, et un iris (dioptre) remplace la hausse. Cela simplifie l'alignement et facilite la visée, même pour les personnes ayant des difficultés à accommoder.
En conclusion, le dioptre est un excellent choix pour ceux qui recherchent la précision et la simplicité dans leur système de visée, tout en étant adaptable à différentes armes et aux besoins spécifiques de chaque tireur.
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