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C'est sans aucun doute l'un des épisodes les plus célèbres de l'histoire de France. Et pour cause, sa date est devenue fête nationale. Chaque année, au 14 juillet, l'Hexagone se pare ainsi de bleu, blanc, rouge pour célébrer en grande pompe ce tournant emblématique survenu plus de deux siècles plus tôt : la prise de la Bastille.

Contexte Historique

Le 14 juillet 1789, une foule d'émeutiers prenait d'assaut la forteresse située à la porte Saint-Antoine, en plein Paris. La Bastille avait été édifiée au XIVe siècle pour protéger la capitale et avait depuis servi, tour à tour, de prison d'Etat et de coffre-fort royal. De construction protectrice, la forteresse était devenue un symbole de la tyrannie monarchique.

Or, en cette année 1789, la France était plongée dans une crise majeure. Et les tensions n'avaient fait que s'accentuer avec la réunion des Etats généraux décidée par Louis XVI entre mai et juin. Quelques semaines plus tard, le 11 juillet, le renvoi de Jacques Necker, principal ministre d'Etat, annoncé par le journaliste Camille Desmoulins, mettait le feu aux poudres. Dès le 13 juillet, l'insurrection s'étendait au tout-Paris et les émeutiers se rendaient aux Invalides pour demander des armes. La Bastille allait être leur prochaine cible.

Le soleil tape fort ce 14 juillet 1789. Paris bouillonne sous la chaleur. Le ministre Necker vient d'être renvoyé le 11 juillet par Louis XVI. 30 000 hommes sont massés dans les faubourgs prêts à marcher sur la capitale. Les rumeurs les plus folles parcourent les ruelles de la ville. Le 13, à une heure du matin, la foule a incendié 54 barrières d'octroi aux entrées de Paris, révoltée contre la hausse du grain et du pain qui atteint son niveau le plus élevé du siècle.

La Quête d'Armes

À l'aube de ce 14 juillet, les Parisiens veulent des armes pour se défendre. Ils s'emparent de 28 000 fusils et 24 canons aux Invalides. Mais pas de munitions ! Alors «tous à la Bastille !» pour trouver la poudre. Dès 8 h 30, les insurgés se massent devant la forteresse honnie. la Bastille, symbole de l'absolutisme, des lettres de cachets, sa manie de cultiver le secret… Elle est pourtant bien décatie et quasi vide la Bastille. Mais le symbole du «colosse effroyable du despotisme» reste vivace.

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Le 14 juillet, il ne reste plus que sept prisonniers gardés par 95 soldats dont une majorité d'invalides et 30 gardes suisses en renfort. Mais les murs de la forteresse sont épais. Son ombre hostile écrase le faubourg Saint-Antoine. À 8 h 30, le gouverneur Launay accepte de faire reculer les canons. La pression monte.

L'Assaut de la Bastille

À 12 h 30, c'est l'assaut. Mais la forteresse résiste à l'armée improvisée des boutiquiers et artisans. Le peuple reçoit alors le renfort des gardes françaises qui fraternisent avec la population. Le premier engagement fait plusieurs morts au sein du peuple, un cordonnier, un allumeur de réverbères. Les gardes françaises tirent au canon.

Après plus de quatre heures d'assaut, entrecoupées de négociations confuses, il est 17 heures, Launay capitule. Le gouverneur va être lynché par la foule et sa tête portée au bout d'une pique. Plusieurs soldats de la garnison sont poursuivis et tués. Le soir même, Louis XVI consigne un seul mot - célèbre - sur son journal de bord : «Rien».

Le lendemain 15 juillet, il est 8 heures quand le roi est informé de la chute de La Bastille par le duc de La Rochefoucauld : «C'est une émeute ?» demande-t-il.

Les Vainqueurs de la Bastille

Au lendemain du 14 juillet 1789, les preneurs de la Bastille vont se multiplier comme des petits pains. Mais combien étaient-ils au total ? Et qui étaient-ils ? Une dizaine de milliers de Parisiens sont rassemblés ce jour-là aux abords de la forteresse mais beaucoup vont rester spectateurs. On recense officiellement… de 863 à 954 «Vainqueurs de la Bastille», selon les sources et les documents.

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Pour la plupart des commerçants et artisans, essentiellement le peuple des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel, et aussi des halles, plus des éléments de l'armée et les fameux gardes-françaises très appréciés des Parisiens. Mais dans les jours qui suivent, les récits des héros de la 25e heure s'enflamment. Et beaucoup de vrais héros montés à l'assaut de la forteresse restent discrets. Alors, une commission spéciale va scrupuleusement vérifier les témoignages.

Le 19 juin 1790, sur proposition du député Armand Camus, l'Assemblée nationale vote par acclamation et dans l'enthousiasme un décret rendant honneur aux «vainqueurs de La Bastille». On connaît la profession de 661 «héros», rappelle «Le quotidien de 89» : 5 sur 6 sont artisans, maîtres ou compagnons, un sur six marchands, négociants, industriels, rentiers, et 80 sont militaires (dont le Gascon Antoine Labarthe, lire ci-contre) : «On oublie donc les hommes de peine, les chômeurs, et les femmes qui grossirent le rang des assaillants», relève le Quotidien.

Justement, la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, on ne sait pas trop comment l'a vécue Marie Charpentier, épouse Hanserne, blanchisseuse de son état. Ce n'est en effet que… le 19 décembre 1790 que Marie a officiellement acquis le titre d'héroïne donné par la Constituante qui l'incorpore dans les Vainqueurs de La Bastille, avec 200 livres de rente car elle a été blessée. C'est la seule femme à bénéficier de ce brevet de civisme ! Un comble.

Le Rôle d'Antoine Labarthe

«Il est environ 15 h 30 et les troupes improvisées du peuple des faubourgs s‘épuisent. Coup de théâtre ! Surgissent une soixantaine de gardes françaises commandés par les deux chefs Hulin et Elie. Antoine Labarthe de Castelnau-d'Arbieu (Gers), marche en tête de la troupe. Ce fringant sergent qui n'a pas trente ans (il est né le 27 avril 1750) prend alors le commandement des forces révolutionnaires avec un dénommé Wargnier, sergent-major. En gros, ces pros vont mettre un peu d'ordre dans l'assaut, sinon les insurgés y seraient encore.

Première décision, tout le monde à l'abri du feu des assiégés. Deuxième décision : que les soldats expérimentés prennent l'artillerie en main. Antoine Labarthe a ensuite l'immense honneur de voir son nom imprimé dans le Moniteur, journal officiel. Par la même occasion, le sergent Labarthe devient capitaine. Le point de départ d'une brillante carrière pour le jeune Gascon qui est de toutes les batailles de la Révolution puis napoléoniennes, nommé par le premier consul chef de bataillon en 1 800. Le 27 avril 1804, il termine sa carrière militaire vivant ce qui, avec la prise de La Bastille, reste sans doute son plus grand exploit» Extrait d'Histoires de la Révolution en Gascogne.

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Les Récits Épiques de l'Époque

Après la prise de la forteresse, la révolte des Parisiens fit logiquement couler beaucoup d'encre dans les journaux de l'époque et certains n'hésitèrent pas à publier des récits épiques de l'enchaînement des événements. Dans ce moment, un jeune homme (Camille Desmoulins) monte sur une table, crie aux armes ! tire l’épée, montre un pistolet et une cocarde verte. La foule qui le regarde et l’écoute en silence, électrisée par son courage, pousse tout-à-coup de violentes clameurs. On s’anime, on s’excite ; et les feuilles des arbres arrachées en un instant, servent de cocardes à plusieurs milliers d’hommes, et donnent le premier signal de l’insurrection dans tous les quartiers de la ville. Les cris redoublés aux armes ! aux armes !

Depuis vingt-quatre heures, les enclumes retentissaient sous les coups redoublés du marteau. Tout le fer est forgé en instrumens de carnage ; le plomb bout dans les chaudières, et arrondi en balles ; des batteries sont dressées dans les postes les plus exposés à l'attaque et les plus favorables à la défense ; des faulx tranchantes, des lames acérées sont fixées au bout de longues perches, des haches pesantes, de lourdes massues arment des bras nerveux ; dans les rues, dans les promenades et sur les places publiques, des guerriers de tous les âges, des machines de mort de toutes les formes [...] tel est l'horrible tableau de Paris offrait au 14 juillet.

La première expédition vers les Invalides permet aux émeutiers de s'armer de milliers de fusils et canons. Un nombre assez considérable de citoyens vint alors se présenter devant la Bastille pour demander des armes et des munitions de guerre. Comme ils étaient la plupart sans défense, et n'annonçaient aucune intention hostile, M. de Launay les accueille, et fait baisser le premier pont-levis pour les recevoir. Les plus déterminés s'avancent pour lui faire part du motif de leur mission.

Le Peuple se jette en foule dans la cour du gouvernement, et court au second pont pour s’en emparer, en faisant une décharge de mousqueterie sur la troupe. Jamais on ne vit plus de prodiges de bravoure dans l'armée la plus aguerrie, que n'en fit en ce jour cette multitude sans chef, d'individus de toutes classes, d'ouvriers de toute espece, qui, mal armés pour la plupart, et n'ayant jamais manié d'armes, affrontaient le feu des remparts, et semblaient insulter aux foudres que lançaient les ennemis.

Trompé dans son attente, effrayé des efforts incroyables et de l'acharnement de la multitude, tourmenté de remords, [De Launay] ne prend plus conseil que de son désespoir [...] Le gouverneur, hors de lui-même, demande alors par grâce un seul baril de poudre. Enfin, il s'adresse à la garnison, et lui demande s’il ne vaut pas mieux se faire sauter, que de s'exposer à être égorgés par le Peuple, à la fureur duquel on ne pouvait plus se promettre d’échapper. "Remontons, dit-il, sur les tours ; et s’il faut mourir, rendons notre mort funeste à nos ennemis ; écrasons-les sous les débris de la Bastille".

Le drapeau blanc ne suffira pas à arrêter les assauts des insurgés qui envahissent la forteresse, tuent les soldats et s'emparent de poudre et de balles. Ils libèrent les sept détenus qui se trouvaient dans la Bastille et font prisonniers tous les officiers avant de les conduire vers l'Hôtel-de-ville. De Launay n'y arrive pas en vie. Il est roué de coups, décapité et sa tête montée à l'extrémité d'une pique. Les dernières paroles qu'il prononça furent : "Ah ! mes amis, tuez-moi, tuez-moi sur-le-champ, ne me faites pas languir". Le Peuple, craignant qu'on ne lui enlevât sa victime, l'avait égorgé sur les marches de l'hôtel-de-ville.

La Démolition de la Bastille

C'en est fini de la Bastille. Quelques heures après la reddition, des ouvriers et bénévoles s'activent déjà pour détruire intégralement l'édifice, à l'initiative de Pierre-François Palloy, un entrepreneur de 34 ans. Le 16 juillet, il est nommé inspecteur général du chantier dont l'accès est peu après réservé aux ouvriers. Depuis la prise de la Bastille, on travaille sans relâche à la démolition de ce château, si longtemps l’objet de l’effroi public. La circulation est rétablie, les portes sont ouvertes, les voitures ont le passage libre, et les travaux reprennent leur cours ordinaire.

Si quelques vestiges ont été redécouverts au fil des siècles, notamment lors des travaux de la première ligne du métro parisien, il ne reste aujourd'hui plus de traces de la forteresse. Sur la place de la Bastille, un pavage particulier a cependant été installé pour marquer au sol les anciens contours de l'édifice.

Conséquences et Héritage

La prise de la Bastille constitue un tournant majeur et est considérée comme le point de départ de la Révolution française. De Paris, le soulèvement populaire va se propager à travers toute la France et mettre fin à l'Ancien régime et à la monarchie absolue. En 1790, le premier anniversaire de la Prise de la Bastille est célébré en grande pompe avec la Fête de la Fédération. C'est aujourd'hui ces deux événements qui sont commémorés le 14 juillet.

La prise de La Bastille le 14 juillet 1789 est devenue le symbole de la chute de l'absolutisme dans le monde entier.

Tableau Récapitulatif des Professions des "Vainqueurs de la Bastille"

Profession Proportion
Artisans, maîtres ou compagnons 5 sur 6
Marchands, négociants, industriels, rentiers 1 sur 6
Militaires 80

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