Le monde marin est loin du silence souvent imaginé. Le paysage acoustique du grand bleu est riche, varié et omniprésent. Parmi les habitants les plus bruyants de cet univers sonore, on trouve un petit crustacé surprenant : la crevette pistolet.
La crevette-pistolet, également connue sous le nom de crevette alphéide, appartient à la famille des Alpheidae. Ces crevettes présentent la particularité d'avoir des pinces élargies, dont l'une est souvent beaucoup plus grosse que l'autre. Ce nom commun est partagé avec toutes les espèces de la famille Alpheidae.
La crevette pistolet peut, comme son nom l'indique, utiliser une de ses pinces comme d'un pistolet pour tuer ou étourdir ses proies. La crevette pistolet possède une pince surdimensionnée dont un simple claquement produit une véritable déflagration sonore. BANG.
Lorsque la crevette-pistolet fait claquer sa grosse pince, une véritable vague déferlante apparaît et se propage à plus de 100 kilomètres par heure ! La pince hypertrophiée de l'animal produit un claquement d'une telle force qu'il forme une bulle de cavitation dont la déflagration équivaut à plus de 210 dBs (à titre de comparaison un coup de feu dépasse rarement les 150 dBs).
Le bruit que font les crevettes pistolet est par ailleurs tellement important et puissant (on peut l’entendre à des kilomètres à la ronde), que ce sont les militaires les premiers qui ont commencé à étudier ces invertébrés, les craquements qu’elles produisaient gênant le bon fonctionnement des sonars des sous-marins.
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Quel est le point commun entre une hélice de hors-bord, le théorème de Bernoulli et une crevette ? Réponse : la cavitation ! La crevette-pistolet possède une pince hypertrophiée et munie d'une excroissance en vis-à-vis d'une cavité, ce qui lui permet, en la claquant très rapidement, d'expulser soudainement l'eau de la cavité, ce qui crée un phénomène de cavitation !
Sur notre gauche, la crevette pistolet toute pince dehors ; sur notre droite, placée à quelques millimètres, la future victime. Zoom sur la crevette qui brandit sa grande pince : on découvre alors que la fermeture très rapide de la pince provoque un jet d’eau puissant qui crée un décalage de pression avec l’extérieur de la pince.
L’eau est composée de microscopiques bulles d’air et c’est l’une de ces petites bulles qui, capturée dans la région de basse pression située à l’intérieur de la pince, grandit d’un coup et implose. Le bruit que l’on entend provient de cette implosion et non de la fermeture de la pince : c’est une onde de choc qui pulvérise tout sur son passage ! Imaginez la chose : fermeture de la pince à la vitesse de 20 mètres par seconde, jet qui se projette à plus de 30 mètres par seconde. L’effet pistolet, de notre crevette!
Lors de la détonation, qui génère un "bang" sonore (à plus de 200 décibels), la température de l'eau peut localement atteindre plus de 4000 °C ! Ils disent que ça atteint pendant très peu de temps une température proche de celle du soleil (qui est au maximum de 5000°C au maximum). Dans la vidéo la température des bulles est de 4000°C (c'est ce qu'ils disent).
Selon les calculs du modèle, une bulle de cavitation toroïdale se forme à l'interface du jet d'eau avec l'eau environnante, lors de l'effondrement dont une impulsion de pression de 10 bars (dans le voisinage immédiat 80 bars) est créée. Cela conduit à un phénomène de sonoluminescence (appelé poluminescence de crevettes par Detlef Lohse et ses coauteurs), qui génère un flash de lumière par implosion des bulles de cavitation, avec des températures de plus de 5 000 Kelvin mesurées.
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Cette capacité lui sert à deux choses : premièrement, l'onde de choc créée par la cavitation va assommer le plancton et les petites crevettes environnantes qui lui servent de repas. Deuxièmement, le son émis peut être entendu de très loin, et permet ainsi aux crevettes-pistolet de communiquer.
Chez les crevettes pistolet, le claquement a plusieurs fonctions : la communication entre les deux sexes, l’affirmation sexuelle au moment de la reproduction mais aussi la défense du territoire, la défense du partenaire face à un danger et bien sûr le fameux claquement pistolet utilisé pour chasser et assommer la proie. Que de messages délivrés dans ces claquements… Des messages dont se servent d’ailleurs les scientifiques pour étudier le paysage acoustique de la mer.
Mais le plus bruyant de tous les crustacés, la crevette pistolet, pourrait bien sombrer dans un profond silence avec l'acidification des océans. C'est ce que semble démontrer une étude menée par deux chercheurs australiens.
Les conséquences d'un tel changement n'ont rien de trivial : la plupart des jeunes poissons ou larves dépendent largement de ce genre de signaux afin de s'orienter. Or les chœurs de crevettes pistolets constituent l'une des sources les plus fiables de l'océans.
Tout comme l’oursin et la coquille Saint-Jacques, la crevette pistolet peut aussi être une sentinelle environnementale : elle est facile à détecter, le rythme de ses craquements varie en fonction du jour et de la nuit, tout comme la fréquence de fermeture de sa pince en fonction de la température et l’oxygène. De précieuses informations qui permettent ainsi sur la durée de sonder le moral et l’humeur de l’océan.
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Alpheus ochrostriatus, la crevette-pistolet striée de jaune, présente un comportement spécifique. Le mâle effectue une danse élaborée, se positionnant au-dessus de la femelle et plaçant les spermatozoïdes dans une poche spéciale pour une libération ultérieure dans la femelle. Les ovules sont fécondés peu après ce stockage des gamètes mâles, et les œufs sont pondus en adhérant au revers du ventre de la femelle. Les jeunes larves de crevette éclosent et continuent de vivre attachées à la femelle pendant environ six semaines avant de nager puis de se laisser aller dans la colonne d'eau supérieure pour consommer le plancton seules. Il faut environ une douzaine de semaines avant d'obtenir, après plusieurs exuviations, des crevettes-pistolets "complètes".
Alpheus ochrostriatus possède toutes les caractéristiques d'une crevette pistolet pour l'aquariophile. Tous les invertébrés vagiles comme les crevettes demandent une eau de qualité récifale, avec un taux de calcium maîtrisé. Alpheus ochrostriatus creuse un terrier dans lequel elle s'abrite et se poste fréquemment à son entrée (ses entrées, il y en a toujours au moins 2).
Les crevettes pistolets sont carnivores, et il faudra nourrir Alpheus ochrostriatus avec des morceaux de poisson, des morceaux de moules, de crevettes (roses), etc.
La reproduction de l'espèce (élevage de Alpheus ochrostriatus) n'est pas encore en ligne (pour des raisons historiques d'édition souvent). Référez-vous à la description ci-dessus et aux caractéristiques des rangs taxonomiques supérieurs comme ceux de la famille Alpheidae.
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