Les armes font partie intégrante de l'histoire de l'humanité. L'imagination des hominidés en matière d'adaptation et d'innovation a été prolifique dans ce domaine. En effet, partant d'une simple pierre ou d'un bâton, l'arsenal s'est considérablement développé depuis la préhistoire.
Les armes les plus anciennes sont généralement fabriquées à l'aide de matériaux organiques comme le bois, les os et tendons d'animaux, les bois de cervidés, les défenses de Mammouth etc. L'utilisation de lances et d'épieux pour la chasse est avérée au Paléolithique inférieur. L'utilisation de propulseurs est attestée aux environs de - 19 000 après la découverte à Combe-Saunière et celle des harpons aux environs de - 17 000. Dès les origines préhistoriques, l’homme se saisit d’un bâton et le lança en direction d’une cible.
Au début, les lames des armes et les pointes de flèches étaient faites en silex. Autour de 4000 avant J.C., le travail du métal se développa et les lames, les hampes et pointes de flèches ainsi que les harpons furent faits en bronze. Le fer apparut vers 2000. Cette période vit aussi le développement de machines de guerre hors normes capables d’envoyer des projectiles de plus en plus lourds, comme les balistes, les trébuchets et les catapultes.
Les armes continuèrent d’évoluer avec le développement des techniques guerrières. L’apprivoisement du cheval permet, durant l’antiquité, l’apparition des chariots de combat et des premières cavaleries constituées. Durant la Grèce antique, puis la période Romaine les techniques de sièges s’améliorèrent. Le moyen âge vit l’apparition de l’arbalète. Bien qu’avec une cadence de tir assez lente (1 à 3 coups par minute), elle devint une arme importante. Sa courte flèche appelé « carreau » pouvait percer n’importe quelle armure. Pendant la guerre de cent ans l’arc long Anglais (une évolution de l’arc gallois), est très présent sur les champs de bataille. Il avait une cadence de tir rapide ainsi qu’une longue portée. A Crécy (1346) et Azincourt (1415). J.C. projeté vers une cible comme l’était une pierre. furent les armes les plus utilisées jusqu’à la fin du Moyen Age. arbalètes.
On ne peut savoir avec certitude qui a inventé la poudre à canon, bien que beaucoup de pays la revendique. Il est généralement admis que la première mention écrite de la recette de la poudre soit apparue en Angleterre vers 1260. Inventée par les Chinois vers le VIe siècle, la poudre à canon s’est propagée depuis la Chine dans les pays arabes entre le VIIIe et IXe siècle. La poudre à canon, appelée aujourd’hui « poudre noire », est relativement peu explosive. Enflammée à l’air libre, elle n’explose pas, mais brûle violemment. Enflammée dans un milieu clos, elle produit une pression modérée.
Lire aussi: Créations DIY avec un pistolet à colle chaude
Au cours de la mise à feu, la poudre noire produit, en raison des impuretés contenues dans le matériau de base, beaucoup de flammes et d’étincelles ainsi qu’un gros nuage de fumée grise. L’expression « le brouillard de la guerre » vient du fait de cet immense nuage de fumée qui s’élève au dessus des champs de bataille. La poudre d’artifice a été inventée par les chinois pour produire du bruit et de la lumière, elle ne comportait que deux ingrédients. Il fallu attendre vers 1300 pour qu’elle soit composée de trois éléments : le souffre, le charbon et le salpètre. C’est alors que les premiers canons sont apparus. Les armes à feu prennent leurs origines au moyen-âge avec le développement des canons.
Ces premiers canons avaient une facture grossière. Il s’agissait d’un objet en forme de vase placé sur un support en bois, mais, rapidement, on trouve des fûts faits de barres en fer soudées et placées sur ce que l’on pourrait appeler un affut. La poudre était enflammée en introduisant un fer rougi dans un petit trou sur le côté du canon (la lumière). Le projectile n’était pas vraiment aux dimensions du canon (d’où la présence du sabot de bois pour le bloquer) et rendait l’arme peu précise. On pouvait ainsi dire que le boulet allait « dans la direction générale de l’ennemi ». exclusivement à chargement par la gueule. par l’arrière du canon, grâce à une culasse amovible. château et de tirer rapidement plusieurs coups successifs. une chambre amovible contenant la poudre et le boulet. En raison de leur manque inhérent de précision, les premiers canons ne pouvaient seulement être utilisés avec succès que contre de grandes cibles.
Les premières armes à feu portables ne furent rien d’autre que des canons miniatures. Ils furent introduits vers 1380 et généralement appelés « bâtons à feu ». Ces armes étaient faites d’un canon en fer coulé (ou de douves de fer assemblées) fixé au bout d’une perche. Ces premiers traits à poudre n’étaient pas d’un maniement aisé et furent vite remplacés par une arme pourvue d’un fût : une pièce de bois pouvant supporter l’arme et être appuyée sur le corps lors du tir. On l’appela « arquebuse ». Vers 1411, le système de mise à feu fut aussi modifié en remplaçant le fer rougi par une mèche se consumant lentement (une amorce en amadou) maintenue dans un serpentin fixé sur le côté du canon. Un mécanisme à ressort fut ajouté à ce serpentin quelques années plus tard. De cette manière, le tireur pouvait viser la cible et faire feu en même temps en poussant sur un levier.
Bien que les découvertes initiales en matière d’armes à feu concernent plutôt les grandes armes (les canons), c’est à partir de ce moment que les plus grands développements techniques furent apportés aux armes portatives. La rayure des canons et les différents systèmes de mise à feu apparurent d’abord sur les armes portatives avant d’être appliqués aux canons. Les premières armes à feu à mèche, à mécanisme à serpentin, étaient d’assez grandes dimensions. Leur utilisation requérait beaucoup d’habileté (notamment pour le chargement) et un certain courage. L’utilisation de la mèche lente (ou incandescente) pour déclencher le tir n’avait pas que des avantages. En premier, le tireur était immédiatement repéré. L’ennemi pouvait facilement voir l’extrémité rougie de la mèche en combustion ou sentir son odeur. L’expression hollandaise « flairer une allumette » (qui veut dire « sentir le danger ») tire son origine lorsque les espagnols utilisaient des armes à mèche.
Avec la poudre noire, l’apparition de la Couleuvrine, l’Arquebuse et le Mousquet, remplacèrent petit à petit l’arc et l’arbalète. Des corps d’armés équipés de Mousquets furent rendu célèbres. En dépit de ses inconvénients, le fusil à mèche était extrémement simple à fabriquer et à réparer et, de ce fait, très économique. Au reste, une balle de 2 cm de diamètre permettait de percer une solide cuirasse à la distance d’une centaine de mètres environ.
Lire aussi: Le SIA Tireur Sportif : Comment l'obtenir ?
La solution à ce problème fut apportée en Italie, au début du XVIe siècle, par Léonard de Vinci. Un mécanisme avec un ressort fut fixé contre l’arme. Les étincelles sont produites par le frottement d’un morceau de pyrite frottant sur une roue mise en mouvement par le relâchement d’un ressort. Ces étincelles mettent le feu à la poudre contenue dans le bassinet qui, à son tour enflamme la poudre principale en passant par la lumière du canon. Cette importante innovation permit de transporter une arme chargée et prête à faire feu n’importe quand. Cette invention permit désormais aux cavaliers de tirer d’une seule main. Il existe un grand nombre de variantes d’armes à rouet. Beaucoup d’inventions furent expérimentées lors de son apogée comme par exemple le tir en rafale (une arme capable de tirer plusieurs coups en même temps ou très rapprochés, notre fusil d’assaut moderne, en quelque sorte). Cependant, le mécanisme à rouet était difficile à réaliser et couteux.
Les premières arquebuses à pierre sont dites « arquebuses à rouet» parce que l’étincelle de mise à feu est produite par le frottement d’une roue dentée, actionnée par un mouvement d’horlogerie, sur une pierre à feu serrée entre les mâchoires d’un «chien». Quelle évolution remplace le mécanisme à pierre ?Les armes à capsule.
La solution à ces problèmes fut inventée en Italie vers 1547 : la platine à chenapan. La platine à silex utilise toujours un bassinet rempli de poudre d’amorçage qui communique le feu à la charge principale par la lumière du canon. Cependant, ce n’est plus le frottement de la pyrite sur la roue qui produit les étincelles, mais le raclement d’un silex contre une plaque d’acier. La platine à silex est de conception plus simple que le rouet et donc, plus économique à produire. Sa fabrication ne nécessite pas le concours d’armuriers hautement qualifiés et expérimentés. Ainsi, il devint possible d’équiper une armée entière de mousquets à platine à silex. Cette platine était plus fiable, d’un entretien facilité et passablement plus étanche à l’humidité. Cette platine constitua une importante amélioration et les armes à feu commencèrent à être produites en grandes quantités et déclinées en beaucoup de variations, depuis les petits pistolets de poche jusqu’aux armes à multiples canons. Toutes les armées du monde commencèrent alors à équiper leurs soldats avec ce type d’armes et ils furent produits par dizaines de milliers.
Si initialement, les armes à feu s’enclenchent via une mèche, l’arrivée de la platine à silex enterrera cet ancien système de mise à feu. Ni plus ni moins qu’un système de briquet à silex, les fusils utilisant ce système possède de nombreux avantages : une arme plus légère (car moins d’éléments), un système plus compact et plus résistant à des conditions climatiques plus rudes (notamment les temps humides). Le pistolet à silex était généralement utilisé par les officiers.
Durant le XIXème siècle, un nouveau système de mise à feu a vu le jour : le système à percussion (marteau frappant l’arrière de la munition). Comblant les lacunes de la platine à silex, le système à percussion va également modifier les standards des armes à feu ; là où le système à silex fonctionnait avec des cartouches en papier, le nouveau mode de mise à feu fonctionne uniquement avec des cartouches en laiton.
Lire aussi: Maîtriser le pistolet à colle : Tutoriel
Le XIXe siècle apporta son lot d’amélioration. En 1836 l’inventeur Samuel Colt imagina le premier revolver à cinq coups. Il représentait une évolution importante sur les poivrières qui possédaient plusieurs canons tournants, en général de faible puissance. Samuel Colt aimait dire : « Dieu a crée des hommes grands et d’autres petits, je les ai rendus égaux. »
L’évolution continuera au XXe siècle avec l’arrivée des armes automatiques comme les mitrailleuses, pistolets mitrailleurs ou autre fusils d’assauts de plus en plus performants. Le canon rayé a été inventé par l'officier français Claude-Étienne Minié au XIXe siècle. Son modèle emblématique, le "Colt Single Action Army" ou "Peacemaker", a été introduit en 1873. L'AK-47, également appelé Kalachnikov, est souvent considéré comme l'une des armes les plus connues au monde.
L’invention de l’arme eut un impact immense sur ses conditions de vie. Elle lui permit de satisfaire deux besoins vitaux indispensables après l’eau et la respiration : la nourriture et la protection. Lorsqu’un homme vigoureux vit venir vers lui un homme ingénieux utilisant habilement une arme de son invention, il s’opposa violemment à lui, le forçant à perfectionner son invention. La course aux armes était lancée et, il faut bien dire qu’elle a dirigé jusqu’à aujourd’hui l’histoire de l’humanité.
Le rôle des armes et technologies militaires dans le développement des empires européens constitue un sujet d’étude consacré à la fin des années 1980 par les travaux de l’historien Geoffrey Parker. Selon lui, l’amélioration des capacités de tir au canon sur mer, l’apparition du mousquet et d’une artillerie de campagne plus efficace, et la construction de forteresses entre 1500 et 1800 avaient été à l’origine d’une véritable « révolution militaire ». C’est cette « révolution » qui aurait donné aux Européens les moyens de la conquête impériale.
Au cours de ce siècle, la fabrication d’armes à feu augmente tout d’abord pour satisfaire les besoins de l’échange colonial. Dans les Amériques, aux Indes et en Afrique, les Anglais offrent des fusils aux populations locales et les troquent contre des esclaves afin de s’en faire des alliées politiques. La production d’armes s’accroît ensuite dans le contexte des guerres qui opposent les Européens entre eux, telles que la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), la guerre de Sept Ans (1756-1763), la guerre d’indépendance en Amérique du Nord (1775-1783) et les guerres napoléoniennes (1803-1815).
Pour les Britanniques, les enjeux de ces conflits sont surtout liés à la conservation ou l’agrandissement du domaine colonial. La production d’armes est vue comme nécessaire à la protection des intérêts britanniques : « Les Britanniques ordinaires font le lien entre l’industrialisation et l’urbanisation ambiante et l’implication plus étroite de leur nation dans l’économie mondiale ; d’où leur volonté de payer pour le développement des moyens de défendre leurs intérêts à l’étranger » (p. 175). Lorsqu’il commande du matériel militaire, l’État n’est pas perçu comme un parasite mais comme un agent actif du changement économique. Pour le dire autrement, les commandes militaires constituent des opportunités économiques pour l’industrie. C’est dans ces circonstances guerrières qu’émerge une industrie dispersée qui opère sous la houlette de l’État, alors que la production tend à reposer sur des processus et composants de plus en plus standardisés [2].
Dans les colonies d’Afrique de l’Ouest, où les armes à feu exportées sont souvent de qualité moindre, les armes ne jouent pas qu’un rôle guerrier : ce sont des objets cérémoniaux, des emblèmes de pouvoir et une monnaie d’échange, notamment pour acheter des esclaves. Ce processus n’est pas sans conséquence sur le développement des États africains : « L’augmentation des expéditions européennes de fusils a été corrélée à l’augmentation des exportations d’esclaves après 1750. Le rassemblement d’esclaves a provoqué la montée d’« États esclavagistes » hautement militarisés » (p. 186). Cela étant, le rôle de ces armes dans les guerres locales reste limité, car la faible qualité, le manque de précision et l’obsolescence rapide qui les caractérise (souvent moins d’un an) réduit leur utilité. Ceci explique d’ailleurs pourquoi plusieurs millions de ces armes ont été distribuées et vendues dans ces régions.
En métropole, l’image sociale de l’arme à feu est très différente. Elle est associée à l’idée d’auto-défense et de refus de la violence : l’arme à feu permet à l’individu de rester à distance de ce qu’il appréhende comme une menace. La violence de l’arme à feu est perçue comme impersonnelle et ce d’autant plus que le manque de précision des armes à feu rend difficile d’atteindre la personne visée. En appuyant sur la détente, le tireur déclenche des mécanismes dont l’effet ultime est difficile à prédire. Le tireur va-t-il tuer, blesser ou « simplement » effrayer ? Au niveau des représentations sociales, cette imprévisibilité se traduit par l’idée selon laquelle le tireur n’est pas totalement responsable des effets qu’il cause. L’arme à feu est en ce sens le revers du couteau, arme du crime passionnel ou du règlement de compte. À la violence froide de l’arme à feu s’opposerait la violence chaude du couteau qui ne manque pas sa cible. Pour ces raisons, l’arme à feu, selon la vision qu’on en a au XVIIIe siècle, est plus « humaine ».
Ces représentations doivent se comprendre à la lueur du clivage possédants-travailleurs au sein de la société britannique. La possession d’armes à feu devient un privilège réservé aux nobles, aux riches et à ceux qui les servent. Avec les clous, les charnières et les serrures, les armes à feu sont une technologie au service de la protection de la propriété. À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, les autorités vont aussi mettre en place une législation destinée à restreindre la possession d’armes par la population par crainte de leur usage lors de révoltes. Ces lois concernent non seulement les Anglais mais aussi les Écossais et les Irlandais entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle.
Au sein des forces armées, des changements surviennent également aux XVIIIe et XIXe siècles. L’élévation de la cadence de tir, plus que la précision, est au cœur des règlements tactiques, français puis européens, produits à partir des guerres napoléoniennes. Il en résulte une augmentation de la mortalité par armes à feu sur les champs de bataille. Au même moment, on assiste à une augmentation du nombre d’homicides causés par armes à feu dans la société civile, ce qui pose la question d’une brutalisation de la société britannique liée à l’expérience des guerres de la Révolution [6].
Du fait de la disponibilité d’armes de meilleure qualité que celles fabriquées aux XVIIe siècle, les luttes entre les colons et les communautés indigènes deviennent plus âpres, notamment dans les Amériques. En Océanie, les armes à feu aux mains des colons servent aussi à mener des chasses à l’homme qui se terminent par des homicides d’aborigènes [7]. Les armes sont par ailleurs utilisées dans des conflits qui opposent les colons entre eux [8].
Au cours du XIXe siècle, un changement s’opère dans la politique britannique de contrôle des armes. La Grande-Bretagne cherche à consolider sa position impériale dominante et son intérêt consiste parfois à ne pas vendre d’armes à l’étranger pour ne pas mettre de l’huile sur le feu de conflits locaux déstabilisants.
Période | Événement/Innovation | Impact |
---|---|---|
Préhistoire | Utilisation de pierres et de bois comme armes | Premières formes d'armement pour la chasse et la défense |
Antiquité | Apprivoisement du cheval et développement des chariots de combat | Nouvelles stratégies militaires et mobilité accrue |
Moyen Âge | Invention de l'arbalète | Arme capable de percer les armures |
XIVe siècle | Invention de la poudre à canon et des premiers canons | Révolution dans l'art de la guerre |
XVe-XVIe siècles | Développement de l'arquebuse, du mousquet et des systèmes de mise à feu (mèche, roue, silex) | Armes à feu portables plus efficaces et accessibles |
XIXe siècle | Invention du revolver par Samuel Colt et développement des systèmes à percussion | Armes plus fiables et maniables |
XXe siècle | Apparition des armes automatiques (mitrailleuses, fusils d'assaut) | Augmentation de la puissance de feu et de la cadence de tir |
tags: #création #des #armes #à #feu #histoire