Le fusil Lebel, adopté en 1887, est une arme mythique, reconnue comme la plus célèbre de celles ayant équipé les armées françaises.
Au cours du 19ème siècle, la révolution armurière affecte d’abord le fusil, arme principale du combattant.
Le Mauser M71, adopté par le nouvel Empire allemand, puis le fusil Gras de 1874 en France, tous deux avec cartouches métalliques de calibre 11 mm, marquent l’apogée du fusil tirant au coup-par-coup.
Suivant l’exemple américain, des fusils Spencer et des carabines Winchester, l’attention se tourne en effet vers des armes à répétition, où l’on peut tirer plusieurs coups sans rechargement, en déplaçant successivement des cartouches placées dans un magasin, dans la crosse ou sous le canon.
Venant après les affrontements de la guerre de 1870, le siège de Plevna mettait en effet l’accent sur l’importance de la vitesse du tir.
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La piste privilégiée est celle d’une transformation en arme à répétition des fusils existants.
Le rééquipement de l’armée représentant un enjeu beaucoup plus important suscite un long programme d’essais.
La perspective d’être devancé par l’Allemagne qui devait adopter en 1884 son premier fusil à répétition, un modèle 71/84 modifié par Mauser en 1884, conduisait à accélérer le processus.
La Manufacture de Châtellerault présentait en 1884 et 1885 des modèles adaptés du Kropatschek de la marine.
Au terme d’essais comparatifs approfondis de ce fusil et du Châtellerault avec le fusil Gras réglementaire, menés au Camp de Chalons, l’École Normale de Tir concluait : « En résumé, [ces fusils] n’ont sur le fusil 1874 d’autre avantage que celui d’être pourvus d’un mécanisme de répétition. ».
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Ironie de l’histoire, la commission qui s’exprime en ces termes le 10 décembre 1885 est présidée par un certain colonel Lebel !
La réduction du calibre, qui avait permis au Chassepot de prendre l’avantage sur les Dreyse prussiens, se poursuit.
Au début des années 1880, deux suisses sont les pionniers de ce mouvement: Hebler, professeur à Zurich, propose des armes de 7, puis de 8,6 mm et le major Rubin, directeur de l’arsenal fédéral, fait essayer avec plus de succès un fusil de 7,5 dont l’intérêt reste cependant limité par l’emploi de la poudre noire.
Dans un rapport de décembre 1884, l’École Normale de tir fait état de l’évaluation de 36 fusils différents tant par leur calibre, échelonné de 10 à 8 mm que par leur construction.
L’amélioration des qualités balistiques du fusil exige une augmentation de la vitesse initiale, couteuse en termes de poids et de force du recul, sauf à réduire le calibre, ce qui permet de diminuer le poids du projectile et/ou d’augmenter sa densité de section.
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Amorcée avec le Chassepot, puis le Mauser M.71 et le Gras, cette réduction venait buter sur la qualité de poudres disponibles, variétés de poudre noire plus ou moins améliorées dans leur texture.
L’invention d’une poudre sans fumée répondant aux exigences d’une utilisation opérationnelle est un cas unique, pour l’époque considérée, d’innovation armurière résultant directement d’un protocole scientifique.
Polytechnicien, ingénieur des poudres et salpêtres, Paul Vieille (1837-1904) était ce que l’on appelait un savant, tôt associé aux travaux des grands chimistes Berthelot et Sarrau.
Sa découverte de la poudre sans fumée ne fut qu’une résultante de ses apports à la thermochimie.
Plutôt que de se limiter à considérer la composition chimique des poudres, il peut alors expliquer comment la vivacité de l’explosion du fulmi-coton tient à sa structure géométrique et concevoir le moyen de maitriser cette explosion en « gélatinisant » cette substance par dissolution dans un mélange d’éther et d’alcool.
Dès lors, relatera le général Challéat, sur la base des souvenirs du général Desaleux, les archives de l’Artillerie étant discrètes sur cette période, « la commission cherche aussitôt les moyens d’exécuter cet ordre.
Le colonel Gras estime que l’on pourrait prendre le mécanisme à répétition du fusil modèle 1885, dont le calibre serait réduit à 8 mm […] ».
Notons que la forme de la cartouche, qui constituera un sérieux handicap pour le développement de toutes les armes ultérieures, est tout à fait adaptée au système de répétition, faisant du Lebel une arme homogène.
Bien que précipités, les choix de 1886 étaient cohérents.
Finalement, après quelques essais en corps de troupe, le nouveau fusil est adopté par note ministérielle du 22 avril 1887, sous le nom de modèle 1886.
La production du Lebel est l’occasion d’une rationalisation des méthodes et des équipements, avec un soin particulier porté à l’interchangeabilité des pièces entre les manufactures.
Le Lebel devait connaître ses premiers engagements au combat lors d’opérations coloniales et de l’expédition dite des Boxers en Chine.
Il n’est donc pas surprenant que « lorsque la question des petits calibres vint à l’ordre du jour chez toutes les puissances européennes le gouvernement allemand chargea la commission d’expérience d’étudier les conditions dans lesquelles on pourrait doter l’armée d’un fusil de petit calibre à tir rapide […] ».
En effet, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les conditions de conception du Mle1888 ne sont pas sans rappeler celles du Lebel.
Le fusil Lebel a été employé avant 1914 dans les colonies françaises d'Afrique, mais aussi pour la répression de quelques grèves ouvrières : le Lebel connut son baptême du feu lors de la fusillade de Fourmies le 1er mai 1891 (neuf morts parmi les manifestants).
Le Lebel servit aussi lors de la révolte des Boxers en Chine, en 1900-1901.
L’armée française se trouve particulièrement peu préparée à la guerre de position qui s’installe fin 1914 et se caractérise alors par le creusement de tranchées.
Contrairement aux Allemands, elle n’a ni renouvelé ni développé son fonds d’armes. Les fantassins sont munis de fusils Lebel, mis au point entre 1886 et 1893.
Dans un premier temps, face au manque de matériel, les soldats vont recourir au « système D » pour améliorer eux-mêmes leur équipement.
Avec le concours d’un binôme d’étudiants de l’EXIA.CESI en stage, l’équipe du LF2, a réalisé une copie numérique en 3D d’un fusil d’époque pour reconstituer cette partie.
Grâce au prêt d’un fusil modèle Lebel 1886 par le Musée de la Guerre de 1870 et de l’Annexion de Gravelotte et à l’utilisation du Scanner Artec EVA du Lorraine Fab Living Lab®, après la numérisation et le traitement des images, le fusil a été fabriqué par impression 3D.
L’objet imprimé a été ensuite peint pour donner un aspect similaire à la statue originale.
Les passionnés de tir aux armes réglementaires seront ravis de découvrir les offres de fusils Lebel affichées sur notre site.
Ce fusil est sûrement l'un des plus célèbres.
Il fut utilisé notamment lors de la Première Guerre mondiale et était alors produit dans les célèbres usines de Tulle et de Saint-Étienne.
Les armes en bon état de fonctionnement se vendent à un bon prix en occasion.
Des discussions sur des forums mettent en évidence l'intérêt pour les crosses et fûts de réplique du fusil Lebel.
Un certain monsieur Vanegue Hubert est mentionné comme fabricant de crosses réglementaires, apprécié pour la qualité de son travail et la finition noyer réussie sur du hêtre.
Il est également noté que certains fabricants proposent des crosses avec matricule et canal de cartouches percé, facilitant ainsi le remontage du fusil.
Date | Événement | Description |
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1886 | Adoption du fusil Lebel Modèle 1886 | Le fusil est officiellement adopté par l'armée française. |
1893 | Améliorations par la manufacture de Saint-Étienne | Adjonction d'un bouchon de culasse et d'un tampon masque. |
1898 | Nouvelle planchette de hausse | Le fusil est équipé d'une nouvelle planchette de hausse pour améliorer la précision. |
1914-1918 | Utilisation massive pendant la Première Guerre mondiale | Le fusil Lebel est l'arme principale de l'infanterie française. |
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