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La pratique de la chasse, bien qu'encadrée par des règles strictes, suscite régulièrement des controverses et des incidents tragiques. Des cas récents mettent en lumière les enjeux liés à la sécurité, à l'identification des espèces et au respect de l'environnement.

Incidents impliquant des animaux domestiques

Le 17 février dernier, un incident tragique s'est produit dans une forêt de Peille (Alpes-Maritimes). Aslan, un chien-loup tchécoslovaque âgé de 7 ans, a été abattu lors d'une promenade. Un chasseur a tiré deux coups de feu, dont l'un a été fatal pour l'animal, expliquant l’avoir confondu… avec un loup.

Sa mort a suscité une plainte et l’indignation des défenseurs des animaux. Auprès de France 3 Côte d’Azur, sa propriétaire exprimait son désarroi à l'époque: "Je n'arrive pas à y croire.

Contacté par France 3 Côte d'Azur, le parquet de Nice nous précise qu'il s'agit d'un homme de 55 ans. L’individu, titulaire du permis de chasse et sans antécédent judiciaire relatif à cette pratique, était selon lui accompagné de son fils le 17 février lorsque l’animal surgissait derrière eux.

Compte-tenu de la taille de l’animal et du secteur dans lequel la présence de loups est reconnue, il déclarait avoir cru qu’il s’agissait d’un loup et effectuait un premier tir afin de l’effrayer. L’animal poursuivant sa course dans sa direction et celle de son fils, le mis en cause procédait à un second tir, fatal pour l’animal.

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Un autre incident similaire s'est produit où Titou, un chien de 3 ans tenu en laisse par son maître, s’est fait tirer dessus par un chasseur (28/9/2020). Une plainte a été déposée et la Fondation 30 Millions d'Amis s'est portée partie civile.

« Je le tenais en laisse à côté de moi, raconte Pedro, le maître de 85 ans à 30millionsdamis.fr. Nous faisions notre promenade quotidienne de 3, 4 kilomètres. Titou adore ce type de promenade. Vu qu’il avait froid, il s'est mis au soleil puis je l’ai mis dans mon blouson pour le réchauffer. Je le repose et on marche. Et là, j'entends la détonation. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je regarde sur le côté et Titou était à côté de moi. Il avait le corps et la tête avec du sang partout. J'avais peur. Je savais qu'il pouvait mourir.

« Je ne comprends pas comment il n'a pas pu voir que j'étais là, s’émeut Pedro pour 30millionsdamis.fr. C'est une faute impardonnable d'avoir tiré comme ça à dix mètres de nous. Il aurait tout aussi bien pu me toucher.

Entendu par la gendarmerie, le tireur aurait affirmé avoir visé un faisan… Ce que dément formellement le maître de Titou. Une enquête a été ouverte et le maître a déposé plainte pour « atteinte volontaire ou involontaire à la vie d’un animal ».

L’association de protection animale « Un Gîte, Une Gamelle » Rivesaltes a appuyé la plainte du maître tout comme la Fondation 30 Millions d’Amis qui se porte partie civile.

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« Nous étions tellement attristés quand nous avons appris la nouvelle, évoque Corinne Legrand, la présidente de l’association, à 30millionsdamis.fr. Nous avons beau retourner cette histoire dans tous les sens, c’est incompréhensible. Il faut lui enlever le fusil et le permis de chasse. Le maître était dévasté.

Chasse et espèces protégées : le cas de l'ourse Caramelles

Un autre cas emblématique est celui d'un chasseur de 81 ans qui a comparu devant le tribunal correctionnel de Foix pour avoir abattu une ourse qui venait de l’attaquer, en 2021, lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées. Il est jugé pour «destruction d’espèce protégée», l’ours étant un animal en voie d’extinction dans le massif pyrénéen, malgré un programme de restauration de la population.

L’accident de chasse est survenu en Ariège, un département rural et montagneux, où vivent la majorité des 83 ours des Pyrénées, selon une estimation de 2023. Le 20 novembre 2021, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès à 1 300 mètres d’altitude, le tireur a d’abord été surpris d’apercevoir deux oursons, fait rare, avant d’être chargé par leur mère, qui l’a blessé aux jambes et traîné sur plusieurs mètres.

Une participante à la chasse, sapeur-pompier de métier, lui a donné les premiers soins et contenu une hémorragie, le temps qu’il soit évacué par hélicoptère, puis hospitalisé.

Quinze autres chasseurs ayant également participé à la battue sont poursuivis pour diverses infractions, notamment la chasse dans une zone interdite, la réserve naturelle du Mont-Valier, sur les hauteurs du village de Seix.

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L’auteur du tir mortel «était en état de légitime défense, il a tiré, […] il a sauvé sa peau», estime Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.

Une vingtaine d’associations se sont portées partie civile, dont Pays de l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), One Voice. Dans leur camp, la notion de légitime défense, avancée par les chasseurs, passe mal.

«Dans quelle mesure peut-on faire valoir l’état de nécessité, alors qu’on a commis une série d’infractions qui ont conduit à la mort de l’ourse Caramelles», interroge Alain Reynes, de l’association Pays de l’ours, pionnière dans la défense du pachyderme dans les Pyrénées.

«Par ce procès c’est la présence de l’homme dans nos territoires de montagne qui est en question», ironise le président de la chambre d’agriculture d’Ariège, Philippe Lacube. «Nous tenons à exprimer la solidarité de la profession agricole aux chasseurs et tout particulièrement au chasseur qui a déjà été marqué dans sa chair par la sauvagerie de l’ours qui l’a attaqué, et qui doit subir aujourd’hui la pression psychologique de ce procès», a ajouté cette figure emblématique du mouvement anti-ours.

Alors que les chasseurs invoquent qu’ils chassaient à cet endroit depuis des années, Julie Rover, avocate de 12 associations parties civiles, leur rétorque que l’usage ne fait pas loi. Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone «n’enlève rien à la caractérisation du délit».

Plusieurs pièces du dossier «démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres», souligne l’avocate. «Les parties civiles […] ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles. Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable» pour la survie de l’espèce, ajoute-t-elle.

Pour l’association écologiste One Voice, «ces hommes ne devaient pas aller sur le territoire de Caramelles».

Le tribunal de Foix (Ariège) s’est prononcé sur la peine du chasseur de 81 ans ayant abattu la femelle, entourée de ses deux petits, lors d’une battue aux sangliers organisée en 2021 dans les Pyrénées. Le tireur, âgé de 81 ans, se trouvait à ce moment précis dans une zone de montagne où la chasse est interdite : la réserve domaniale du Mont-Valier. Un territoire de l’ours. Un fait qu’il ne pouvait ignorer selon la vingtaine d’associations qui s’étaient constituées partie civile.

Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis une peine conforme à ce qu’avait requis le procureur, lors du procès le 19 mars, au tribunal de Foix, selon l’AFP. L’auteur des tirs, blessé, a toujours plaidé la légitime défense, expliquant avoir ouvert le feu après s’être retrouvé entre la femelle de 150 kg et ses petits.

L’ensemble des prévenus devra par ailleurs verser collectivement plus de 60 000 € aux associations environnementales constituées parties civiles.

Le chasseur qui avait tué l'ourse Caramelles lors d'une battue illicite dans les Pyrénées en 2021 a été condamné mardi à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Foix. Il a aussitôt annoncé faire appel de la décision.

«L’appel a été relevé instantanément», a annoncé Charles Lagier, l’avocat de l’auteur du tir. «Le combat judiciaire doit continuer, car le tribunal de Foix n’a pas pris en compte l’existence non régulière de la réserve de chasse du Mont Vallier. (...) Mon client s’est simplement défendu, c’était lui ou l’ours. Il a évoqué l’état de nécessité», a-t-il dit.

Pour l'association Pays de l'ours, qui participe avec l'Office français de la biodiversité (OFB) au suivi de l'ours, le délibéré est «satisfaisant». «Tous les chasseurs ont été reconnus coupables, c'est le plus important pour nous.

«On espère que ce jugement sera suivi d'une prise de conscience dans le milieu de la chasse», a-t-elle ajouté en sortant de la salle d'audience.

En 2008, un autre chasseur avait été jugé pour avoir abattu une ourse dans les Pyrénées-Atlantiques quatre ans plus tôt. Relaxé en première instance, il avait été condamné en appel à indemniser diverses associations de protection de la nature à hauteur de 10 000 €.

Accidents de chasse impliquant des victimes humaines

Les accidents de chasse peuvent également avoir des conséquences dramatiques pour les êtres humains. Le cas de Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans tué alors qu'il coupait du bois près de chez lui, en est une triste illustration.

Julien F., un chasseur aveyronnais de 35 ans, a été jugé pour avoir blessé mortellement Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans qui coupait du bois à quelques dizaines de mètres de sa maison de Calvignac, dans le Lot.

A la demande du magistrat, parfois gauchement, il se remémore le moment où il a tiré, en fin d’après-midi, peu après 16h30, alors que la luminosité faiblissait. « Je me poste. Je charge mon arme. Je vois d’abord une masse sombre à la lisière. Dans ma tête je me dis que c’est le sanglier que j’ai loupé. La masse remonte le sous-bois, je la mets en joue, puis je rabaisse mon arme. Je l’ai vu redescendre un peu et s’arrêter. Ce n’était pas plus haut que ça », mime-t-il en désignant le niveau de son genou. Avant d’ajouter ; « J’ai attendu, j’ai visé et j’ai tiré. Je n’ai pas bien identifié la cible, je suis d’accord avec vous », répond-il au président du tribunal, sans chercher d’échappatoire.

Le lien de causalité est clairement établi et reconnu. Mais cela reste nettement plus compliqué lorsqu’on aborde la question des conditions de chasse.

Le président s’échine à déterminer si les consignes de sécurité ont bien été données le matin du drame, avant le début de la traque du gibier. « Certains disent qu’elles n’ont pas été redites, des chasseurs disent que, comme ils sont aguerris, ils les connaissent et n’ont pas besoin d’explications. Mais, quand on leur demande qui étaient leurs voisins sur le terrain, c’est la cacophonie. Ils disent qu’ils connaissent le territoire de chasse, mais personne ne sait quelles sont les parcelles signées », pose le président lorsque le directeur de la battue est interrogé.

Ce dernier, Laurent L., un Lotois de 52 ans, affirme qu’il a bien énoncé les règles ce matin-là, « comme à chaque fois ». Mais « certains n’écoutent pas » et parfois n’arrivent pas à les répéter lorsqu’on les interroge, reconnaît cet agriculteur. « Mais pourquoi les faire chasser ? Quand on accepte d’être directeur de battue, on se doit d’appliquer les règles. Il n’y a jamais de fatalité pour les accidents, ils ne sont dus qu’à des erreurs humaines », sermonne encore le président. Mais engueuler un chasseur, lui interdire de participer, s’il est propriétaire de terrains de chasse, c’est en quelque sorte se tirer une balle dans le pied et se priver de parcelles ouvertes à la chasse.

D’autant plus délicat que lorsque Philippe Clarissou présente le plan des lieux, on se rend compte rapidement que seul le petit terrain où se trouvait le chasseur était autorisé. Il était par contre cerné par des parcelles interdites, y compris celle de la famille Keane qui, au cours des années, avait clairement demandé aux chasseurs de s’éloigner.

« La chasse a été réalisée quasi exclusivement sur des terres non signées avec les propriétaires, à l’exception du timbre-poste où se trouvait le tireur », a dénoncé le procureur de la République de Cahors, Alexandre Rossi, n’épargnant pas le directeur de battue dans ses réquisitions, en relevant « plusieurs fautes caractérisées ».

Quelques heures avant la mort de Morgan Keane, le principal prévenu avait déjà tiré à quatre reprises « en direction d’une route départementale », « dans des conditions délirantes au niveau de la sécurité », lâche le président. « Et il y avait deux personnes en face de lui », charge à son tour le directeur de la battue.

« Il ne connaissait pas le terrain, il a compris à la reconstitution que les parcelles qui l’entouraient étaient interdites à la chasse. Il ne savait pas qu’il y avait une maison. Ce qui a manqué le plus ce sont des consignes claires et simples », a reconnu Sylvie Bros. « Aujourd’hui, il est détesté des anti-chasse et des chasseurs aussi », a-t-elle assuré.

« Dans le Lot, il n’y a pas de barrière, on va où on veut, c’est difficile parce que les chasseurs n’ont plus de limites. La mort de Morgan n’est pas une histoire avec laquelle on joue. La vie de Morgan ne vaut pas grand-chose si rien ne change.

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