Yusuf Dikeç, le tireur turc, a marqué les esprits aux Jeux olympiques de Paris 2024, en remportant la médaille d'argent de l'épreuve mixte de tir au pistolet à 10 mètres. Ce n’est pas un inconnu dans le milieu : le tireur détient plusieurs titres aux championnats du monde et d’Europe dans diverses épreuves de pistolet. Mais c'est surtout son style décontracté et son attitude nonchalante qui ont fait sensation sur Internet, générant un nombre incalculable de mèmes et attirant de nouveaux fans à travers le monde.
Vêtu d'un simple T-shirt adidas blanc frappé du drapeau de la Turquie, sans lunettes de protection ni casque antibruit, Yusuf Dikeç a opté pour un look bien éloigné de celui des autres compétiteurs. Lors des épreuves olympiques de tir, les athlètes utilisent des équipements tels qu’une protection auditive pour la concentration, un cache œil pour éviter les distractions, une lentille pour une meilleure précision… Ici, Yusuf n’a rien d’autre que son arme.
Malgré son style minimal, un détail a particulièrement attiré l'attention : la montre qu'il portait au poignet. Il s'agit d'une montre de plongée Nacar couleur vert militaire, très probablement la Nacar 07-290699-BNS6. Le dernier prix connu était de 1 386 ₺ (lires turques), ce qui équivaut à environ 37 euros. Et d'après nos déductions, il semble que ce soit la montre fétiche de Yusuf Dikeç depuis un certain temps. On a retrouvé un cliché datant de 2022 où on peut apercevoir cette montre à son poignet, mais aussi un autre de 2023.
Un petit point historique s’impose : la marque Nacar a été créée spécifiquement pour le marché de Turquie et semble être une pièce souvent cédée en héritage dans les familles turques. La marque a été fondée par les frères arméniens turcs Nacaroglu, Ohannes et Kevork. La Nacar a fait son apparition en Turquie en 1929 et sa popularité n’a jamais faibli.
Mais c’est de sa main glissée dans la poche dont on se souviendra longtemps, témoin de son calme et de son attitude totalement détendue, ce qui est plutôt inhabituel lorsqu'on participe à l'événement sportif le plus important de la planète. En fait, Yusuf Dikeç explique : « Je le fais uniquement pour tenir mon corps plus stable, pour être en équilibre. Il ne faut pas chercher plus loin ». Ancien officier de la gendarmerie à la retraite depuis un an, Yusuf Dikeç préfère tirer sans matériel de protection. « Comme je tire les deux yeux ouverts, je ne me sens pas à l’aise avec les lunettes de protection, les casques ou tout autre accessoire. C’est pour cela que je ne les utilise pas », explique-t-il.
Lire aussi: L'ascension de Yusuf Dikeç
La décontraction de Yusuf Dikeç a inspiré de nombreux athlètes, qui ont reproduit sa pose lors de leurs propres célébrations de victoire. Le perchiste suédois Armand Duplantis, champion olympique et recordman du monde, a célébré son succès en reproduisant l’attitude du tireur médaillé d’argent Yusuf Dikec. Même le patron du réseau social X, Elon Musk, a partagé une vidéo de lui, vue 170 millions de fois.
Mieux, sa pose décontractée est même devenue un symbole de victoire. De nombreux sportifs des JO l’ont imité après avoir remporté une médaille, comme la star de la perche, le Suédois Armand Duplantis.
Ancien sous-officier de la gendarmerie turque, l’athlète de 51 ans s’est lancé dans le tir professionnel courant 2008. Il participe dans la foulée aux Jeux de Pékin. Yusuf Dikeç représentera par la suite son pays à Londres, Rio, Tokyo puis Paris. Diplômé de l’École militaire de gendarmerie d’Ankara, il a gravi les échelons dans l’armée de son pays en devenant caporal dans la ville de Mardin, avant d’exercer en tant que sergent à Istanbul. Sa carrière sportive débutait alors dans les années 2000 au sein du club sportif de la gendarmerie turque de Jandarma Gücü à Ankara, où il était sous-officier. Un parcours qui le mènera à rejoindre l’équipe nationale militaire avant d’être appelé à représenter la Turquie sur la scène internationale.
« Les autres tireurs voient les choses d’un seul œil alors que je les vois des deux yeux ». « S'il n'a pas d'équipement, c'est qu'il tire ''naturel'', parce qu'il aime ça, et qu'il est d'un très haut niveau aussi ! »
Face à l'engouement suscité par sa pose, Yusuf Dikeç a décidé de protéger son image en déposant une demande auprès de l'institut turc de la propriété intellectuelle pour protéger l'utilisation commerciale de la pose qui l'a rendu célèbre aux Jeux olympiques de Paris 2024. "Après avoir été informés de nombreuses initiatives de dépôt de marque effectuées à l'insu de Yusuf Dikeç, nous avons soumis une demande il y a environ une semaine (...). D'autres demandes ont ainsi été rejetées", a déclaré l'entraîneur de l'athlète, Erdinç Bilgili.
Lire aussi: En savoir plus sur le Championnat du Monde de Tir Longue Distance
De nombreux produits, parmi lesquels des t-shirts, des tasses ou des coques de téléphone portable, reprenant sa pose semblant mêler nonchalance et confiance en soi, ont été mis en vente, a rapporté la chaîne d'information publique turque TRT Haber.
Pour Yusuf Dikeç, plus que la confiance en soi, sa pose symbolise l’esprit olympique. « Le fair-play, le refus du dopage et la mise à l’épreuve du talent et de l’anatomie humaine à l’état naturel font partie de l’esprit olympique. Il y a quelque chose de beau, de naturel dans ce mouvement. Les gens l’ont apprécié, ce qui me fait plaisir », affirme-t-il.
De plus, il souhaite promouvoir le fair-play et les valeurs de l'olympisme. Sa parole est pourtant devenue très chère, loin de la simplicité et du détachement avec lesquels il a remporté sa médaille d'argent.
Autre coqueluche des réseaux sociaux, la coréenne Kim Yeji, médaillée d’or au tir au pistolet à air comprimé à 10 m individuel, s’est elle aussi fait remarquer pour son style en toute décontraction cette fois-ci à l’opposé totale de son homologue turc. Bras droit tendu, main gauche dans la poche, tête penchée, casquette, lunettes futuristes… Et doudou de sa fille accroché à sa ceinture, la vice-championne olympique est elle aussi devenue une star d’Internet lors de ces JO de Paris 2024. Entre l’aura de personnage principal de Kim Yeji et la simplicité de Yusuf Dikeç, il ne reste plus qu’à choisir son camp.
Yusuf Dikec est aujourd'hui très populaire. Élu sportif de l'année par GQ Turquie, Dikec disait cet été à l'AFP vouloir « rester le même », en promouvant le fair-play et les valeurs de l'olympisme.
Lire aussi: Analyse des performances des tireurs
Les images de Yusuf Dikeç et sa partenaire Şevval İlayda Tarhan remportant l’argent ont fait sensation. Ou plutôt sa façon de gagner : il est apparu en tee-shirt et short, lunette de vue sur le nez, sans autre équipement que son arme. Une apparente nonchalance qui a fait le tour du globe, devenant une référence chez les athlètes olympiques.
tags: #champion #olympique #tir #pistolet #turc