Le hameau des Puisots, un lieu aujourd'hui paisible et bucolique, a été le théâtre d'un épisode tragique de l'histoire locale. Le 15 juin 1944, peu de temps avant la libération du département, il fut détruit et ses résidents assassinés.
L'inexistence de témoignages a rendu cette enquête difficile, car il s'agissait d'un crime commis il y a 70 ans. De plus, il est étonnant de constater qu'il n'y a aucune mention de l'événement dans les archives de l'autorité préfectorale de l'époque. Aucun compte rendu, aucun message, aucune protestation, alors même que le préfet est destinataire des documents de la police française qui intervient sous la pression des familles.
À Annecy, le 15 juin [1944], le ciel est d'un bleu limpide, annonçant une belle journée ensoleillée et très chaude. Mais elle commence dans le sang. Aux Puisots, les hommes se sont levés tôt et se mettent au travail.
Guidés par trois miliciens qui avoueront, lors de leur jugement par la cour martiale du Grand-Bornand le 25 août suivant, avoir attendu le départ du corps franc pour dénoncer les habitants, les Allemands encerclent la clairière. Avant de monter au hameau, la colonne allemande passe par la Grande-Jeanne où réside Paulette, la fille de Félix Machenaud. Elle doit négocier son passage pour aller chercher du lait pour son bébé.
L'opération est aux ordres du « Lieutenant » Rassi, commandant la 1ère compagnie. Sont engagées deux sections de la 1ère compagnie (la première du « Lieutenant » précité et la seconde aux ordres de l'adjudant-chef Szabados), renforcées de la section « mortier » de la 4e compagnie. Ainsi vers 10h, Joseph Petit arrive tout essoufflé et il crie aux autres « c'est sérieux, cette fois, vite, vite ! Les Allemands sont là ! ».
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S'adressant à Roger Carrier, il ajoute « Tu n'as pas entendu les camions ? F...s le camp ! ». Roger a bien entendu des bruits de moteur mais comme chaque jour Louis Dufournet de Cran a une coupe au Semnoz et y monte en camion, il n'y a pas prêté attention.
« Je décidais d'aller vérifier et me faufilais dans les buissons dominant la clairière... Rien ! Mais si les buissons se mouvaient. Les Allemands. Là-bas dans l'herbe haute, des hommes, torse nu, les casques recouverts de branchages, avançaient avec des précautions de Sioux. Deux d'entre eux venaient même d'arriver chez Petit avec une mitrailleuse qu'ils mirent aussitôt en batterie. Les Machenaud et Petit s'étaient rejoints devant le four. Loulou Machenaud... devait être au jardin derrière la maison de son père. Combien étaient les nazis ?... »
« Alors je me jetais dans la forêt comme un fou, sans me soucier de la griffure des ronces, sautant, escaladant les rochers. Je courrais à perdre haleine, droit devant moi... De temps à autre le tac-tac sinistre de la mitrailleuse me parvenait.
Fernand et Louis Machenaud (furent) laissés dans la maison ; Petit dans son garage. Tous furent alors liés à l'aide de fil de fer, et attachés, soit à une voiture, soit à des meubles, afin qu'ils ne puissent s'échapper. Les soldats vidèrent plusieurs bières et incendièrent les quatre maisons. Les prisonniers allemands, en dépit du crédit relatif qu'il faut accorder à leurs déclarations, confirment le fait que les hommes ont été tués puis jetés dans les maisons. Ils déclarent aussi que l'adjudant-chef Szabados, se rendant compte que les maquisards ont disparu, ordonne la mise à mort des quatre hommes qui ne sont accompagnés d'aucune présence féminine.
Les Allemands ne quittent le hameau qu'en fin d'après-midi après avoir festoyé, pillé la vaisselle, et tout ce qui est transportable, dont le petit bétail. Du fait de grenades incendiaires, le hameau est la proie des flammes vers 12h.
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Effrayée par les tirs d'armes et les grenades, les hurlements, l'incendie, la jument de Joseph Petit s'échappe de son écurie, et devenue enragée, ne pourra être maîtrisée par quiconque s'approchera d'elle. Les trois miliciens, leur forfait accompli, descendent par la route de Quintal. Leur car stoppe à la fruitière, où ils pillent le beurre, le fromage et le pain. Le même scénario se reproduit à la fruitière de Vieugy.
L'incendie du hameau est vu tout à la ronde et notamment d'Annecy, certains pensent à un feu de broussailles, pour d'autres et notamment les familles, il donne l'alerte. Informées d'une intervention des forces allemandes, les épouses de Félix et de Louis se précipitent aux Puisots. Mais les Allemands ne veulent aucun témoin, elles sont arrêtées et emprisonnées une semaine à l'école Saint-François.
Cette triste journée s'achève, comme elle avait commencé, dans le sang. Vers 21h, le sous-préfet de Bonneville Jacques Lespès, arrêté la veille car il s'était opposé physiquement au déplacement opérationnel d'un Groupe mobile de réserve, est fusillé par les Allemands dans la cour du quartier de Galbert à Annecy.
Entre 08h30 et 09h, quinze résistants sont fusillés par la 4e compagnie aux ordres de son capitaine Krist, au champ de tir de Sacconges, à Vieugy.
Le champ de tir de Sacconges a également une histoire liée à cette période. Des documents d'archives révèlent des informations sur l'acquisition de terrains pour le champ de tir, ainsi que des modifications ultérieures. Parmi les documents disponibles, on trouve de la correspondance, des décrets de déclaration d'utilité publique, des états et plans parcellaires, des actes de règlement d'indemnité, des jugements du tribunal de première instance d'Annecy, des articles de presse et des délibérations du conseil municipal. Ces documents couvrent la période de 1898 à 1900 pour l'acquisition initiale, et de 1912 à 1914 pour les modifications.
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Date | Événement |
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Juin 1944 | Destruction du hameau des Puisots et assassinat de ses résidents |
15 juin 1944 | Fusillade de quinze résistants au champ de tir de Sacconges |
1898-1900 | Acquisition de terrains pour le champ de tir de Sacconges |
1912-1914 | Modifications du champ de tir de Sacconges |
Le hameau des Puisots et le champ de tir de Sacconges témoignent des événements tragiques qui ont marqué la région pendant la Seconde Guerre mondiale, laissant une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
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