Le fusil russe de la Seconde Guerre mondiale est un symbole de résilience et d'ingéniosité. Cet article explore l'histoire et l'héritage de cette arme emblématique.
Au cours du conflit russo-turc de 1877 à 1878, les troupes russes étaient principalement équipées de fusils Berdan à un coup, tandis que les forces turques disposaient de fusils à répétition Winchester. Face à cette disparité, le ministère de l'armement russe a pris la décision, en 1882, de concevoir une arme capable de tirer plusieurs cartouches.
En 1889, un jeune capitaine du nom de Sergueï Mossine présenta son projet de fusil à 3 lignes (une ancienne mesure russe équivalant à 7,62 mm) en concurrence avec le fusil à 3,5 lignes de Léon Nagant, un concepteur belge.
Après une période d'essais en 1891, les évaluateurs ont initialement préféré le fusil de Nagant. Toutefois, lors du vote de la commission d'approbation, le fusil de Mossine a recueilli 14 voix contre 10. Des officiers plus influents ont ensuite poussé à un compromis : les fusils Mosin seraient utilisés avec le système d'approvisionnement de Nagant. La production a débuté en 1892 dans les arsenaux de Toula, Sestroretsk et Ijevsk. En raison des capacités limitées de ces usines, 500 000 de ces armes ont été fabriquées à la Manufacture Nationale d'Armes de Châtellerault en France.
Le Mosin-Nagant, souvent orthographié Mossine-Nagant en français, est un fusil militaire à répétition manuelle d'une capacité de 5 cartouches. Il a été utilisé par les forces armées de la Russie impériale, puis par l'Union soviétique et divers pays du bloc de l'Est. Il a été le premier à utiliser la cartouche de 7,62 x 54 mm R et est resté en service sous différentes formes de 1891 aux années 1960.
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Entre son adoption en 1891 et 1910, plusieurs variantes et modifications ont été apportées aux fusils existants. Parmi ces modifications, on note le changement des organes de visée, l'implantation d'une culasse renforcée, la suppression des doigts d'acier derrière le pontet, un nouveau canon et l'installation d'un montage à galets.
Avec l'entrée en guerre de la Russie en 1914, la production a été restreinte au M1891 cavalerie et au M1891 infanterie pour des raisons de simplicité. Un grand nombre de Mosin-Nagant capturés par les forces allemandes et austro-hongroises ont été utilisés dans les lignes arrière du front et dans la marine allemande.
Pendant la guerre civile russe, les versions cavalerie et infanterie ont été produites, bien qu'en nombre extrêmement réduit. Après la victoire de l'Armée rouge, un département a été créé en 1924 pour moderniser le fusil, qui a ensuite été utilisé pendant trente années supplémentaires. Cela a conduit au développement du modèle 1891/30, basé sur la conception du modèle cavalerie original.
Les changements incluent la réintroduction d'organes de visée arrières plats, le rééchelonnement de la hausse en mètres à la place de l'antique archine sur les armes du tsar, et le raccourcissement du canon de 5 mm. De plus, une nouvelle baïonnette à ressort a été conçue pour ce nouveau modèle. Le fusil est conçu pour tirer avec la baïonnette déployée, ce qui augmente sa précision grâce aux vibrations harmoniques créées quand une balle est tirée.
Dans les années 1930, le Mosin-Nagant a connu une version de précision (en 1932) et a été utilisé par les tireurs d'élite soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a notamment servi pendant la bataille de Stalingrad, qui a fait des snipers russes des héros comme Vassili Zaïtsev ou Roza Chanina. Ces fusils étaient réputés pour leur résistance, leur fiabilité, leur précision et leur facilité d'entretien.
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Dans les années de l'après-guerre, l'Union Soviétique a arrêté la production de tous les Mosin-Nagant pour les remplacer progressivement par la série des SKS et des AK. Malgré cela, le Mosin-Nagant a été utilisé dans le bloc de l'Est et dans le reste du monde pendant plusieurs dizaines d'années, notamment pendant la guerre froide au Vietnam, en Corée, en Afghanistan et tout le long du rideau de fer.
Récemment, une grande quantité de Mosin-Nagant a été retrouvée sur les marchés américains d'antiquités et de collectionneurs, car c'est aussi une arme fiable pour la chasse, assez précise et bon marché. On peut actuellement trouver des modèles standard à des prix aux environs de 80 dollars, grâce aux immenses excédents créés par les industries soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale. Il existe de nombreux modèles pour snipers, mais ils sont beaucoup plus chers.
Le Mosin-Nagant a été largement utilisé dans le monde entier, souvent modifié ou adapté aux besoins spécifiques de chaque pays. Voici quelques exemples :
Les exploits de Simo Häyhä se répandent comme une traînée de poudre, et la crainte qu’il suscite dans l’Armée rouge devient telle que les Frontoviki lui donnent un surnom : « Belaya Smert », la « Mort blanche ». Son tableau de chasse hallucinant exaspère les généraux soviétiques, car il risque de miner le moral déjà bien bas d’une Armée rouge qui n’arrive toujours pas à percer le front finlandais et qui souffre de la tactique des « motti » (qui consiste successivement à dresser une embuscade contre une unité soviétique, à tronçonner ses éléments, à encercler ceux‑ci et finalement à les détruire un par un) imposée par les défenseurs.
En une centaine de jours, le Finlandais abat 259 soldats russes avec son fusil, un chiffre porté à 542 si l’on comptabilise les ennemis tués au pistolet-mitrailleur lorsqu’il est engagé comme simple fantassin lors de la bataille de Kollaa. Certes, le palmarès de Simo Häyhä est impressionnant, mais il est à relativiser pour ce fait précis, car la distinction entre les deux modes opératoires est à prendre en compte.
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Le 6 mars 1940, la chance abandonne Simo Häyhä. Un sniper soviétique qui le traque finit par le débusquer et l’avoir dans sa mire. L’homme ne rate pas sa cible : sa balle frappe Häyhä en plein visage. Elle lui arrache la moitié gauche de la mâchoire et, déviée, ressort sous l’oreille, sans toucher le cerveau ni la carotide. Inconscient, baignant dans une mare de sang parsemée de fragments d’os, « Belaya Smert » est ramassé par des soldats finnois qui s’étonnent de le trouver encore en vie alors que, selon leurs propos, « il lui manque la moitié de la tête ».
Quelques semaines après la guerre d’Hiver, en récompense de ses formidables états de service, le maréchal Mannerheim le promeut directement au grade de Luutnantti (sous-lieutenant) ! Il est couvert d’honneurs et décoré notamment des quatre classes de la Croix de la Liberté, la plus haute distinction du pays.
Parmi les cartouches les plus emblématiques et durables de l’histoire de l’armement, le 7,62x54 mm R occupe une place de choix. Développée à la fin du XIXᵉ siècle pour l’armée impériale russe, cette munition a traversé plus d’un siècle d’évolutions technologiques, de guerres mondiales et de changements géopolitiques.
L’histoire du 7,62x54 mm R commence en 1891, lorsque l'Empire russe cherche à moderniser son armement après l’invention de la poudre sans fumée. À cette époque, les grandes puissances militaires s'équipent de fusils à répétition modernes et la Russie impériale ne veut pas être en reste. Cette cartouche présente un calibre de 7,62 mm et une longueur totale de 54 mm. À l’origine, la cartouche utilise une ogive ronde qui était courante pour l'époque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, diverses variantes ont vu le jour, y compris des cartouches avec des projectiles perforants, traçants, incendiaires et à blanc, adaptées à des usages spécifiques.
Une caractéristique notable de cette cartouche est l’utilisation généralisée de l’étui en acier, introduit par l’Union soviétique pour réduire les coûts de production et les besoins en matières premières stratégiques comme le laiton.
Voici une liste non exhaustive d'armes utilisant la cartouche de 7,62x54 mm R :
L’apparition du premier calibre intermédiaire en Union Soviétique, adopté sous sa première forme 7,62×41 mm M43 en 1943, puis sous sa version définitive 7,62×39 mm M43 en 1945, aboutira à la mise en service de 3 armes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Repéré dès 1918 par V.A. Degtyarev alors qu’il travaillait sur des pièces des armes conçues par V.G. Fedorov, Sergei Gavrilovich Simonov sera très rapidement associé à la conception de fusil et de carabine semi-automatique et automatique. Il présentera de nombreux prototypes à partir de 1926 et connaitra une première consécration avec l’adoption de l’AVS-36 en 1936.
C’est donc en toute logique que S.G.Simonov fera partie des personnes sollicitées pour le développement d’une carabine semi-automatique pour le tout nouveau calibre intermédiaire adopté en 1943 : la 7,62×41 mm. Parmi les autres concepteurs d’armes qui furent sollicités, on trouve V.A. Degtyarev, N.V. Rukavishnikov, F.V. Tokarev (selon Maxim Popenker), mais aussi de façon très documentée, M.T.
Ce travail, qui n’est pas « simple » à proprement parler, est cependant plus aisé dans ce sens : les contraintes mécaniques étant moindres, et le nouveau calibre étant dépourvu de bourrelet comme la 7,62×54 mm R. Ses travaux débutent vraisemblablement en 1944 et permettent de rapidement proposer une carabine qui sera testée sur le premier front Biélorusse au printemps de cette même année et par l’école d’entrainement des officiers « Vistrel » (« Выстрел », littértalement « tir »).
En conséquence, après quelques modifications qui donneront naissance à l’arme que nous connaissons, la carabine de S.G.Simonov est « validée » avant la fin de la guerre par l’Armée Rouge et sera officiellement adopté 1949. Son appellation sera « 7,62-мм Самозарядный Карабин системы Симонова образец 1945 года » (« Samozaryadny Karabin sistemy Simonova, obrazerts 1945 goda » soit « Carabine Semi-automatique système Simonov, modèle de l’année 1945). La dénomination abrégée officielle sera « СКС », en cyrillique, soit SKS en alphabet latin.
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