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La commodité des chaînes de Telegram permet aux criminels et à ceux qui souhaitent débuter dans la criminalité, même sans compétences particulières, de communiquer aisément et de manière plus sécurisée. Telegram prend la relève des places de marché du « Dark Web », notamment Hansa Market et Alpha Bay, démantelées aux États-Unis et en Europe. Le « Dark Web » est un pôle d’activités illicites.

L'essor de Telegram comme Plateforme Criminelle

Les forums de piratage ont longtemps été un moyen de communication pour les pirates, car ils leur permettent de publier des offres d’emploi, de commercialiser leurs produits et de se concerter. Certaines opérations nécessitent la formation d’une équipe pour répartir la charge de travail. Dans d’autres cas, des logiciels malveillants sont échangés ou vendus à des affiliés afin de générer des revenus, sans que le développeur ait besoin d’être impliqué dans l’attaque. Au cours des dernières années, les autorités ont mieux compris les enjeux, et leur emprise sur certains de ces forums s’est resserrée. Des chercheurs en sécurité ont été en mesure de retrouver plusieurs pirates grâce à leurs activités sur ces sites, et les autorités ont réussi à démanteler des forums. Bien qu’il existe encore de nombreux sites web fonctionnant selon le même principe dans Clearnet et Darknet, ces sites peuvent être vulnérables.

C’est la messagerie Telegram qui regroupe les suffrages. Cette application de messagerie instantanée chiffrée a été lancée en 2013. Ce qui distingue Telegram, ce sont ses fonctions de sécurité améliorées. Les groupes de discussion de Telegram sont appelés des « chaînes ». La discrétion procurée par ces chaînes sert à déguiser leur malveillance. Dans le passé, plusieurs étapes étaient nécessaires pour assurer une connexion anonyme à Tor.

Exemples de Chaînes et Activités Illégales

Ces chaînes douteuses prospèrent en Russie. « Dark Jobs », « Dark Work » et « Black Markets » en sont des exemples. Les messages échangés dans la chaîne « Dark Jobs » proposent des offres d’emploi associées à un code couleur. Côté emplois, des exemples d’annonces souvent utilisées dans de tels messages pour inciter des candidats à prendre ce genre d’emplois sont « Vous en avez assez de vivre chez vos parents ? », « Les filles préfèrent les types qui ont de l’argent », et d’autres accroches similaires. Certains messages recherchent des employés de certaines entreprises ou de banques. Les criminels cherchent à profiter de ces employés afin d’obtenir des informations privilégiées et confidentielles. Ces informations internes pourraient ensuite être utilisées à des fins personnelles, ou vendues, ou pour lancer une attaque. Les employés des opérateurs de téléphonie mobile sont très recherchés.

Le personnel de ces entreprises peut être utilisé pour acquérir une grande quantité de numéros de téléphone. Autre exemple, une offre d’emploi accrocheuse recherche des employés de Western Union ou de MoneyGram qui ont accès à certains systèmes. « Recherche pour un projet : Chiffreur fonctionnant sur tous les systèmes Windows de XP à 10. Ces messages sont un parfait exemple de la façon dont une personne sans expérience préalable peut mener entièrement ses activités à l’aide des chaînes de Telegram. Des utilisateurs novices peuvent également trouver des messages faisant la promotion d’outils furtifs d’extraction de crypto-monnaie qui s’exécutent à l’insu des victimes en échange de 600 roubles, ou encore des outils de vol d’informations qui recueillent des documents, des captures d’écran et des mots de passe en échange de 1 000 roubles. D’autres services dans certaines des chaînes les plus malhonnêtes de Telegram comprennent la falsification de documents officiels. Les documents contrefaits comprennent des pièces d’identité, des passeports, des documents bancaires, etc. Des scans de passeports du monde entier sont également disponibles pour ceux « qui souhaitent contracter un emprunt » et ont besoin de documents à des fins de vérification.

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La Russie n’est pas le seul pays dans lequel ces chaînes gagnent en popularité. Certaines chaînes dans le monde arabe et en Iran, telle que la chaîne iranienne « AmirHack », possèdent plus de 100 000 abonnés. Ces chaînes semblent cependant plus se focaliser sur la diffusion d’outils de piratage et de comptes compromis que leurs équivalentes russes.

Implication dans des Affaires Criminelles en France

Un groupe Telegram a été repéré par les enquêteurs dans l'affaire des prisons attaquées. Des véhicules d’agents pénitentiaires ont été brûlés, ici à Tarascon. 16 avr. Un groupe revendiquant la « défense des droits des prisonniers français », ou DDPF, sigle retrouvé aux abords de prisons prises pour cibles ces derniers jours, a publié ce mercredi 16 avril 2025 une vidéo sur Telegram montrant un agent pénitentiaire et un véhicule en feu, accompagnée de menaces. Sur ce canal, créé le 12 avril, a été publiée mercredi une vidéo de 18 secondes - depuis retirée par la messagerie cryptée -, montrant un agent pénitentiaire en uniforme sortant d’une voiture, une boîte aux lettres avec un zoom sur le nom inscrit dessus, puis un plan d’une voiture. Elle se termine par un plan de nuit d’une plaque noire portant le sigle « DDPF » avec en arrière fond des flammes dévorant un véhicule.

Sous cette vidéo est publié un extrait d’une interview donnée par ce même agent, présenté comme étant affecté au centre pénitentiaire d’Aix - Luynes 2, avec ce commentaire comportant des fautes d’orthographe : « voiture en feu », puis le nom de l’agent qui « abusent de leur pouvoir ». S’ensuit un court texte menaçant les proches de l’agent et enjoignant le personnel à « changer de cap ». Ces éléments ont été supprimés par Telegram, qui indique dans un communiqué publié à la mi-journée que « la publication d’appels à la violence et de menaces est explicitement interdite par les conditions d’utilisation » et que ses « modérateurs ont supprimé tous les messages concernés immédiatement après avoir été alertés et continuent de surveiller la situation ».

Une série d’attaques, parfois accompagnées de mystérieuses inscriptions, visent depuis dimanche des prisons françaises, via des incendies de véhicules et des tirs à l’arme automatique. De nouvelles attaques ont ciblé mercredi l’institution pénitentiaire, avec notamment l’incendie de trois véhicules dans un parking sécurisé de la prison de Tarascon, mais aussi deux attaques contre des agents aux abords même de leur domicile, l’une en Seine-et-Marne, l’autre à Aix. Dans sa chaîne Telegram, le groupe présenté comme DDPF indique qu’il « ce (NDLR, orthographe du texte conservée) déploiera dans toute la France pour mettre en lumière notre cause et notre combat « .

Les Défis de la Modération et de la Régulation

Pavel Durov, le fondateur de la plateforme, a été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants et diffusion d’images pédopornographiques. Sur l’application, ces trafics en tout genre se poursuivent comme si de rien n’était. Publié le 30/08/2024 à 18:32. L’arrestation puis la mise en examen le 28 août de Pavel Durov, le fondateur de Telegram, par la justice française, ont mis en émoi le monde de la tech. Certains se félicitent de le voir obligé de répondre aux juges, d’autres s’alarment de l’avenir de la créature qu’il a enfantée, mi-réseau social, mi-messagerie. Il y a pourtant un endroit où les déboires de Pavel Durov n’ont guère modifié le quotidien : Telegram. Dans les groupes les plus sordides de la plateforme, ventes de drogue et arnaques continuent de s’organiser.

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L’Express a pu consulter différentes chaînes où, malgré le sort du patron, des trafiquants chassent le client, des groupes de plusieurs milliers de personnes partagent du revenge porn et des complotistes poursuivent leur entreprise de désinformation. Sur les chaînes que L’Express a infiltrées, peu d’internautes s’inquiètent du futur de la plateforme, ou d’un durcissement de la modération. C’est business as usual. Dans un groupe de plus de 1 500 membres, le vendeur se vante ainsi de proposer les "meilleurs faux billets", et d’être "Numéro 1 du marché en Europe". Il prétend que ses billets ont les mêmes papiers, les mêmes effets de lumières et les mêmes reliefs que de véritables euros, et sont difficilement traçables grâce à des numéros de séries différents.

Les trafics sur Telegram continuent. Des vendeurs de drogues et de faux billets font leur promotion sur la messagerie de Pavel Durov. Dans un groupe rassemblant 1 500 membres, un pistolet semi-automatique Arsenal Firearms Strike One Mark 2, d’un calibre de 9x19mm, était mis aux enchères au prix de 850 euros. Le vendeur proposait également des fusils de chasse, à 1 200 euros pièce. Quelques jours plus tard, le 28 août, le même vendeur présentait de nouvelles armes, parmi lesquelles L’Express a pu identifier un Glock 48 FS et d’autres armes de poing semi-automatiques.

Un troisième type de trafic gangrène Telegram : celui de la drogue. À la différence de la vente d’armes et de faux billets, qui se tient dans des groupes fermés pour lesquels il faut être invité, le narcotrafic a presque lieu au grand jour, grâce à une fonctionnalité appelée "A Proximité", accessible à tous. Elle met en relation des utilisateurs géolocalisés dans le même périmètre et leur permet ainsi de se parler physiquement, sans qu’ils aient à échanger leurs informations ou leurs numéros de téléphone. Telegram l’avait au départ présentée comme une fonction pour se faire des amis ou discuter avec ses voisins. Mais elle a très vite été détournée par les dealers. En activant l’option, la majorité des profils que l’on voit sont ceux de trafiquants, proposant ouvertement de la cocaïne, du cannabis, de la MD, de l’héroïne, et même du GHB - la "drogue des violeurs".

L’Express a fait le test et constaté que quelques secondes suffisent pour trouver des profils de revendeurs. Plusieurs indiquaient faire des livraisons. Cet immense marché, signalé depuis plusieurs années par des internautes, n’a jamais été fermé par Telegram. Le réseau pèche également dans la modération des groupes partageant du revenge porn et d’autres types de contenus pornographiques. L’Express a accédé à plusieurs chaînes où s’échangent explicitement des photos intimes volées. D’autres proposent des vidéos prises par des caméras cachées, à l’insu des femmes apparaissant dans les séquences. Ces groupes, composés de plusieurs dizaines de milliers de personnes, sont connus depuis plusieurs années par les services de Telegram. Leur existence a été révélée dans plusieurs enquêtes et par des victimes qui ont fait des demandes de retrait ou des signalements auprès de Telegram, sans que rien ne soit jamais fait.

Les canaux mis en place par certains groupes complotistes se sont davantage agités après l’arrestation de Pavel Durov. Silvano Trotta, l’un des théoriciens du complot les plus populaires de France, suivi par plus de 151 000 personnes sur Telegram, a partagé plusieurs messages à ce propos. Un autre groupe de milliers d’adeptes QAnon voit dans l’affaire la preuve de la véracité de sa délirante théorie du complot selon laquelle Brigitte Macron serait une femme trans. Au moment où L’Express a pu consulter ces chaînes, aucun des utilisateurs ne semblait redouter que la modération de la plateforme s’accentue réellement, et personne ne suggérait de changer de service.

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C’est pourtant en grande partie à cause de ces groupes que la messagerie est dans le viseur de la justice. Malgré les demandes de modération, de retrait de contenus et de coopération dans des affaires de trafic de drogue ou de contenus pédopornographiques, Pavel Durov a quasiment toujours refusé de fournir des informations sur les utilisateurs. Rassurés par l’anonymat promis par la plateforme, de nombreux groupes y ont recréé une sorte de dark web bis, plus facilement accessible, très versatile et actif. Comme l’expliquait à L’Express Julien Nocetti, spécialiste de l’Internet russe, Telegram a, dès sa naissance, "été prisée des groupes terroristes, notamment djihadistes, pour lever des fonds et diffuser de la propagande". Sa popularité dans les milieux criminels s’explique par la nature particulière de l’appli. Plus qu’une messagerie cryptée, elle permet de créer de vastes groupes de discussion accueillant jusqu’à 200 000 personnes, d’acheter des cryptomonnaies, et fait office de place de marché.

Un Cas Concret : Vente de Munitions via Telegram

L’irruption des policiers de Choisy-le-Roi n’a pas dû passer inaperçue dans les paisibles villages de Mandres-les-Roses et Périgny-sur-Yerres. C’est là, depuis le bucolique plateau briard, qu’agissait un jeune de 25 ans passionné d’armes à feu, qui revendait illégalement des centaines de munitions d’armes à feu, via le réseau social Telegram. Le jeune suspect, un livreur sans histoire qui vit chez ses parents à Périgny, profitait de sa licence de tireur sportif pour acheter en armurerie des cartouches et munitions de tous calibres : du 22 long rifle, du 9 mm, des cartouches pour fusil de chasse… Grâce à plusieurs boucles de conversation sur Telegram, il trouvait des clients à qui les revendre. Il leur donnait souvent rendez-vous près d’un fast-food de Mandres-les-Roses. Mais début février, vers 22h45, alors qu’il y retrouvait un client parisien, des policiers de la brigade anticriminalité de Choisy-le-Roi l’attendaient aussi.

Ils retrouvent le jeune en possession de 500 cartouches de 22 long rifle. Son client, lui, était venu avec près de 5 000 euros en argent liquide. « Ça fait autant de munitions destinées à des criminels qui se retrouvent retirées du marché noir », se réjouit une source proche de l’affaire. Une goutte d’eau dans un océan de transactions litigieuses. Car ces boucles Telegram, dont nous avons pu consulter plusieurs échanges, sont la caverne d’Ali Baba du parfait délinquant. Elles proposent à la vente des armes en tous genres, des cartouches, des gilets pare-balles… On peut même y acheter de l’explosif. Le tout à des prix relativement accessibles. Compter 900 euros les 2 000 munitions pour fusil semi-automatique, par exemple. « Ils se servent de Telegram comme le Bon Coin du banditisme », souffle un policier, dépité.

Le suspect de Périgny allait plus loin en fabriquant lui-même des morceaux d’armes de poing à l’aide de son imprimante 3D. Les enquêteurs, qui ont travaillé en concertation avec le commissariat de Boissy-Saint-Léger, découvriront à son domicile un revolver 9 mm, un pistolet à billes, des cartouches, un chargeur… Placé en garde à vue, il a reconnu les faits et a été déféré devant la justice pour détention, port et cession d’armes ou munitions.

Nouvelles Tendances : Armes Imprimées en 3D et Cryptomonnaies

Des armes vendues sur Telegram, livrées sur Vinted, payées en cryptomonnaie. Afin d'échapper aux contrôles, les armes fabriquées à l'aide d'une imprimante 3D, étaient commercialisées en pièces détachées via le réseau social Télégram, avec "des procédés de livraison Vinted très classiques qui peuvent servir dans l'économie légale à la livraison de différents biens et produits, et le paiement se fait en cryptomonnaie", a précisé le procureur. Ces armes, difficilement traçables, fournissent aussi bien des libertariens, que des collectionneurs et des trafiquants de stupéfiants. Une arme semi-automatique, FGC-9, tirant des balles de 9 mm, a été utilisée en juin dernier à Marseille, lors d'une tentative d'assassinat près du Vieux Port.

L'Action des Forces de l'Ordre

Plus de 700 annonces de ventes d’armes, de drogues, de munitions et de voitures ont été découvertes par la Section de recherches de Caen sur la messagerie cryptée Telegram. Ils appartiennent à la plateforme cybercriminalité de la section de recherches de Caen. Une de leurs missions : traquer les criminels ou autres délinquants sur le web. Des armes de guerre, des voitures, 2 500 € de tickets de jeux gagnants, 39 g de cannabis et de la cocaïne. Cet important butin a été découvert par la Section de recherches de Caen (Calvados) lors d’une perquisition réalisée le 14 mai 2024 au domicile d’un jeune homme. Il n’aurait pas œuvré seul.

Voici un tableau récapitulatif des types de biens illégaux trouvés sur Telegram et des actions entreprises par les forces de l'ordre :

Type de Bien Illégal Exemples Actions des Forces de l'Ordre
Armes Armes de guerre, fusils de chasse, pistolets semi-automatiques, munitions, explosifs Saisies, arrestations, démantèlement de réseaux
Drogues Cocaïne, cannabis, MD, héroïne, GHB Saisies, arrestations, surveillance des canaux de vente
Documents Contrefaits Pièces d'identité, passeports, documents bancaires Enquêtes, arrestations des faussaires
Biens Volés Voitures, tickets de jeux gagnants Récupération des biens, arrestations

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