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Calibrer son écran est une étape essentielle mais souvent négligée qui permet d'obtenir un rendu des couleurs fidèle à la réalité. Au fil des années, les fabricants ont réalisé d'importants progrès : les écrans de milieu de gamme bénéficient désormais d'une calibration d'usine bien supérieure à celle des moniteurs d'il y a une décennie. Mais ne vous y trompez pas : même avec ces améliorations, un réglage manuel reste indispensable. La calibration d'usine reste générique et ne tient pas compte de votre environnement spécifique, de l'éclairage ambiant, ou des particularités de votre exemplaire. Même un écran flambant neuf peut décevoir avec des verts fluorescents, des blancs bleutés façon néon, ou des noirs grisâtres.

Ce guide s'adresse particulièrement aux passionnés qui souhaitent améliorer significativement leur affichage sans nécessairement maîtriser tous les aspects techniques de la colorimétrie.

Pourquoi calibrer son écran ?

Pendant longtemps, calibrer son écran était indispensable pour les professionnels de l'image. Même s'il ne me viendrait pas à l'idée de ne pas calibrer mes écrans, je peux comprendre que l'on soit tenté de s'en passer à l'heure où de nombreuses images sont partagées uniquement sur les réseaux sociaux c'est-à-dire dans des conditions de visionnages tellement différentes (de sombres à en plein soleil). Je note également que la qualité des couleurs affichées a singulièrement progressé.

Calibrer (étalonner) son écran d’ordinateur permet d’afficher les images telles qu’elles sont réellement (afin d’avoir un juste rendu sur tous les écrans qui diffuseront vos images). Parce que vous pouvez avoir un écran qui affiche des couleurs plus contrastées et saturées, tandis qu’un autre affiche des images désaturées et lumineuses. Si vous ne calibrez pas votre écran, vous risquez de faire des retouches que vous n’auriez pas dû faire en temps normal, et d’avoir un rendu faussé lorsque vous envoyez votre vidéo finale. Rien ne vous assure que l’écran de votre client sera étalonné lui aussi (même si la plupart des écrans sont assez bien calibrés en sortie d’usine aujourd’hui), mais s’il vous répond que la vidéo est surexposée sur son ordi alors que sur le vôtre non, vous pourrez lui dire que vous êtes à jour et que c’est son écran le problème. Cela permet d’assurer votre professionnalisme aussi (même s’il faut parfois réussir à éduquer ses clients dans un domaine qui n’est pas le leur.)

L’ère d’internet a permis de montrer notre travail comme jamais auparavant mais l’inconvénient est qu’on ne peut pas vérifier l’écran sur lequel il sera regardé. En d’autres termes, calibrer son écran n’est pas très important pour un particulier lambda, mais pour un professionnel de l’audiovisuel, ça devient vite un problème si notre écran n’est pas correctement étalonné. Si votre moniteur est mal calibré, votre regard sera donc faussé !

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Calibrer son écran, c'est s'assurer que l'appareil de reproduction des couleurs qu'est un écran fonctionne dans des conditions optimales. Il faut d'abord le calibrer ou plutôt l'étalonner, c'est-à-dire qu'il faut optimiser son fonctionnement de base et le placer dans des conditions de travail connues et si possible stables. On calibre son écran pour qu'il soit "bien" régler (luminosité, contraste, etc.). On dit "étalonné".

  • Faire en sorte qu'il affiche la plus large gamme de couleurs possible (son gamut).
  • Le régler en contraste et luminosité.

Même si on objectera de plus en plus que les écrans sont meilleurs maintenant et que les smartphones et les tablettes ne peuvent pas être calibrés, je vous assure qu'il sera impossible de faire une comparaison sérieuse entre une image affichée sur son écran et un tirage ou pire, l'échantillon d'un nuancier, sur un écran entrée ou moyen de gamme, qui plus est non calibré. Tant que l'on a pas besoin de faire une comparaison entre deux choses, effectivement, j'en conviens volontiers, on pourrait se passer de calibration.

Oui, mais il y a tous les autres cas et, accessoirement, le plaisir de voir s'afficher des gris parfaitement neutres et un ciel bleu "naturel". Pour ses "irréductibles", passionnés ou tout simplement les professionnels, il faut bien entendu calibrer !

Les étapes de la calibration

La calibration de votre écran se déroule en réalité en deux étapes.

  1. Dans un premier temps, à l’aide du logiciel et du menu de votre écran, il y a une première phase d’étalonnage qui permet de régler correctement votre moniteur selon des paramètres.
  2. Ensuite, à l’aide de la sonde, le logiciel va afficher différentes pastilles de couleur et voir comment votre écran les interprète, puis les corriger.

Dans ce domaine, nous retrouvons deux termes qui sont calibrage et caractérisation (ou étalonnage). La différence est en fait assez simple puisqu’il s’agit de deux étapes complémentaires. Grossièrement, la calibration réside dans le principe de « préparer » son écran, on fixe la luminosité, le contraste, le gamma, mais aussi la température de couleurs. Cela se fait directement dans l’OSD de l’écran selon ce que l’on souhaite obtenir pour que la caractérisation puisse se faire. Changer une de ces valeurs dans l’OSD nécessitera à nouveau une caractérisation afin d’établir un nouveau profil ICC. La caractérisation c’est l’étape qui va passer une multitude de couleurs sur l’écran afin que la sonde les mesure et définisse ainsi la carte d’identité colorimétrique du moniteur.

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Étalonnage

Pour s'assurer que l'appareil de reproduction des couleurs qu'est un écran fonctionne dans des conditions optimales, il faut d'abord le calibrer ou plutôt l'étalonner, c'est-à-dire qu'il faut optimiser son fonctionnement de base et le placer dans des conditions de travail connues et si possible stables.

Avec un écran qualifié de non "art-graphique" c'est-à-dire presque tous les écrans, cela se fait par l'intermédiaire des touches Menu OSD de l'écran et de la sonde qui sert pendant cette étape d'outil d'étalonnage. Une série de fenêtres colorées (RVB + d'autres mélanges de couleurs) apparaît à l'écran pour permettre cet étalonnage.

Réglage de la luminosité

Puisqu'un écran peut être réglé entre 0 et 400 cd/m² (le plus souvent), à quel niveau de luminosité faut-il le régler ? Est-ce que cela dépend de la luminosité de la pièce ? Peut-on le faire à l’œil ? De ce que l'on fait comme travail sur nos images ?

Un des points les plus importants est de savoir si le logiciel offre la possibilité de contrôler précisément la quantité de lumière qu'il doit émettre, au maximum et au minimum. On observe deux cas de figures : si vous imprimez vos photos et si vous diffusez vos photos uniquement sur Internet. Dans le premier cas, celle-ci devrait être idéalement proche de 80/100 candelas au m², (Cela va dépendre de votre environnement lumineux et de la lampe qui éclaire votre tirage), afin que la luminosité de votre tirage soit très proche de la luminosité de votre photo sur votre écran. Or ceci ne peut se faire qu'à l'aide d'un appareil de mesure.

Un point souvent négligé est le réglage de la luminosité de l'écran de telle sorte que la luminosité de la photo à l'écran soit proche de celle de la photo imprimée. Ce réglage ne peut se faire à l'œil nu, comme pour la correction des dominantes colorées, et nécessite donc une sonde de calibration qui va mesurer précisément le vrai niveau de luminosité de l'écran selon les directives que vous aurez données au logiciel.

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De la même manière, si vous ne faites que partager vos photos en ligne (site Internet, blog, réseaux sociaux, etc.) alors il ne faut pas non plus être trop éloigné des réglages écran de ceux qui admirent vos photos.

Réglage du contraste

Ce point, presque tout le temps négligé, devient crucial si vous faites des comparaisons écran / tirages. Le réglage du contraste de l'écran se fait en réglant le niveau du noir le plus sombre de votre écran. Cela peut donc poser problème pour la calibration des écrans d'ordinateurs portables qui ne possèdent jamais ce réglage. La sonde doit donc automatiquement s'en charger... normalement !

Si vous travaillez essentiellement pour Internet ou que vous ne rechignez pas à regarder un épisode de votre série préférée sur Netflix, choisissez toujours : "Contraste natif" qui vous offrira le contraste maximum qu'est capable de fournir votre écran donc le noir le plus profond que votre écran est capable "d'afficher".

En revanche, si vous imprimez régulièrement ou que vous cherchez une bonne correspondance écran / tirage, alors choisissez un contraste pas trop élevé. Exemple : un contraste de 300 : 1 correspond à un papier qui possède une Dmax de 2,5. Vous voyez ainsi que même sur un papier Gloss, elle n'est pas très importante et il n'est donc pas nécessaire que votre écran affiche un contraste trop important.

Choix et réglage du gamma

Le gamma idéal, situé entre 1,8 et 2,6 et souvent réglé à 2,2 va dépendre de nombreux critères comme votre environnent de travail, sa luminosité, la nature de votre travail (photo ou vidéo Youtube, vidéo Broadcast), etc.

À noter qu'une fois l'écran caractérisé - c'est-à-dire "profilé" -, il ne faudra pas toucher à ces réglages d'étalonnage sinon, il faudrait refaire la caractérisation, donc recréer un autre profil ICC pour ces nouvelles conditions de calibrage / d'étalonnage.

Caractérisation

Comme on l'a vu sur les pages consacrées aux généralités de la gestion des couleurs, tous les appareils de reproduction des couleurs les reproduisent avec des dérives qui leur sont propres. On voudrait que l'écran affiche un gris parfaitement neutre et il affiche un gris avec une très légère dominante, sans compter les défauts de l'imprimante, etc.

Prenons un exemple : si j'envoie un signal RVB du type 128, 128, 128 vers un écran non calibré, il y a très peu de chance qu'il affiche un gris parfaitement neutre (même s'il y a du progrès depuis dix ans). Il est fort probable qu'il affichera un gris avec une très légère dominante colorée (rougeâtre, verdâtre etc.).

La sonde va mesurer cette "vraie" couleur affichée (donc sa valeur L*a*b*) et placer l'information dans un petit fichier spécial : le profil ICC de cet écran. Avec ce profil ICC ainsi créé, Photoshop, par exemple, saura quel signal RVB corrigé donc R'B'V' envoyer vers cet écran pour qu'il affiche la bonne couleur L*a*b*, ici un gris vraiment neutre, en tenant compte de ses défauts.

Quand je voudrai afficher ce gris neutre sur cet écran, dorénavant, la carte graphique devra lui envoyer un signal du genre - 124, 128, 126 - pour tenir compte de sa caractéristique colorimétrique dans cette valeur de gris (de son défaut sur CE gris), qui est, en l'occurrence, un défaut très léger dans les rouges et verts.

C'est donc pendant cette deuxième étape qu'est réellement créé le profil ICC de l'écran, compte tenu des réglages qui ont été optimisés à l'étape précédente, c'est-à-dire pendant l'étalonnage. On va maintenant mesurer les caractéristiques couleurs du moniteur placé dans des conditions de fonctionnement "idéales" ou en tout cas connues et précises (Idéales sous entend que l'on aurait alors plus besoin de "profiler" l'écran).

Toutes les dérives des couleurs affichées à l'écran par rapport aux couleurs L*a*b* idéales vont être soigneusement notées dans ce fichier spécial, le profil ICC de cet écran. Quand la carte graphique voudra afficher telle ou telle couleur L*a*b*, de votre photo elle saura exactement quel signal RVB "corrigé" lui envoyer afin qu'il les affiche correctement, en tenant compte de ses fameuses caractéristiques (ce que j'appelle trivialement ses défauts).

Un fichier ICC peut donc être un fichier assez lourd car il peut contenir un nombre impressionnant d'informations. Les couleurs que peut afficher un écran sont effectivement très nombreuses - un très bon œil peut distinguer, je le rappelle près de 8 millions de couleurs dans le meilleur des cas ou pour les meilleurs paires d'yeux !

Les outils de calibration

En aucun cas ces réglages ne peuvent se faire à l'œil nu car l'œil, s'il est un excellent comparateur, est très mauvais dans l'absolu. Avec l'œil, ce réglage ne peut-être qu'approximatif même si cela fait parfois illusion car le gamut d'un écran n'est pas très large - même s'il augmente avec les nouvelles technologies d'affichage par LED.

Il existe des sites qui vont vous proposer de calibrer à l’oeil, mais c’est trop aléatoire, et vous pourriez même empirer le résultat. Il y a également parfois un profil générique disponible avec l’écran, ou téléchargeable sur internet.

Autant annoncer la couleur tout de suite, la seule et unique solution crédible pour étalonner votre écran, c’est d’utiliser une sonde de calibrage.

Les sondes de calibration

Si vous avez déjà fait une ou deux recherches sur le sujet, vous avez dû tomber sur les sondes Spyder de Datacolor, qui sont les plus connues. Datacolor m’avait gentiment prêté une Spyder 4 Elite à l’époque, l’exemple est donc effectué avec cette sonde, mais le processus de calibrage est de toute manière très simple et se ressemble beaucoup entre les sondes.

Dans nos tests nous aimons utiliser ces deux sondes qui sont à nos yeux complémentaires, chacune ayant ses spécificités. Dans le cadre d’une calibration standard, l’une ou l’autre sont déjà des références haut de gamme. Nous vous rassurons, pour calibrer votre écran une seule bonne sonde suffira amplement, nous n’avons pas les mêmes besoins.

Pour les écrans OLED, je recommande au minimum un Datacolor SpyderX Pro récent ou, idéalement, un modèle compatible HDR comme le Calibrite ColorChecker Display Pro ou le X-Rite i1Display Pro Plus.

Type d'écran Sonde recommandée
Écran d'entrée de gamme (< 200€) Pas d'investissement disproportionné
Écran OLED Datacolor SpyderX Pro ou Calibrite ColorChecker Display Pro / X-Rite i1Display Pro Plus (HDR)

Logiciels de calibration

Pour cette démonstration, j'utilise DisplayCAL, un logiciel gratuit mais puissant, compatible avec la plupart des sondes du marché.

La première étape est d’installer le logiciel fourni avec la sonde. Ensuite, vous allez brancher la sonde à votre ordinateur, démarrer le logiciel, et suivre les instructions.

Conseils et astuces

  • Réinitialiser les couleurs de votre écran: Pour faire court, réinitialisez les couleurs de votre écran directement dans le menu OSD.
  • Ajuster la luminosité et le contraste: La fenêtre suivante nous demande si nous possédons des réglages de luminosité et contraste sur notre écran. Puis apparaît nous nouvelle fenêtre qui va nous permettre de régler la luminosité de l'écran approximativement. Il faut bien reconnaître que l'on est là dans un réglage à la louche mais cela peut faire la blague comme on dit ! Ensuite, nous allons nous occuper du contraste, si ce réglage est disponible sur votre écran.
  • Calibrer régulièrement: Si vous publiez vos travaux sur internet je vous conseille de calibrer votre écran une fois tous les trois mois, ou avant chaque projet. Certains vous proposeront de faire l’étalonnage de votre écran deux fois par an ou une fois par semaine ; cela dépendra vraiment de votre écran et du travail que vous faites.
  • Tenir compte de la lumière ambiante: Enfin les sondes récentes savent tenir compte de la lumière ambiante de la pièce pour ajuster en temps réel les réglages, c’est un avantage si la lumière dans la pièce varie (par exemple entre le matin et le soir).

Cas spécifiques

Écrans de laptops

Les écrans de laptops présentent souvent des écarts colorimétriques importants. Utilisez votre sonde et son logiciel pour calibrer cet écran en indiquant bien au logiciel qu’il s’agit d’un écran de portable. Les logiciels experts savent faire la différence et adopter des réglages qui vous donneront de meilleurs résultats.

Écrans HDR

Les écrans HDR nécessitent idéalement deux calibrations distinctes : une pour le mode SDR standard et une pour le mode HDR.

Fréquence de calibration

Même sans jamais retoucher aux réglages, il est inévitable que l’interprétation des couleurs de votre moniteur change avec le temps. Si certains conseillent de répéter l’opération toutes les semaines, il n’y a en réalité aucune fréquence à respecter systématiquement. Tout va dépendre de la qualité de votre matériel, car en vieillissant certains écrans ont du mal à tenir les couleurs, et de vos besoins.

Pour un usage standard, tous les 3-6 mois. Pour les écrans gaming, recalibrez tous les 3-6 mois, car l'utilisation intense peut modifier les performances colorimétriques plus rapidement.

Il est possible qu’à la fin de la caractérisation, vous trouviez que votre écran affiche des couleurs trop jaunes, trop bleues, etc. En réalité, c’est votre œil qui s’était habitué à voir les couleurs d’une mauvaise manière.

Problèmes courants

  • Jeux ignorant le profil ICC: Privilégiez la calibration matérielle via l'OSD.

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