Rares sont les maisons françaises qui peuvent s'enorgueillir d'un patrimoine tricentenaire. L'histoire de Fauré Le Page, arquebusier et fourbisseur des monarques depuis 1717, a de surcroît le privilège de se confondre avec la grande aventure de l'Histoire.
Fondée à Paris en 1717, la Maison Fauré Le Page s’est illustrée dès l’origine comme Arquebusier des Rois et des Princes. Les ateliers de la Maison ont notamment créé les fusils de chasse de Louis XV et de Louis XVI ainsi que le sabre de Napoléon Bonaparte. Ses Maîtres-Artisans, qui excellent dans de très nombreux métiers d’art, notamment la maroquinerie, créent des pièces d’exception pour les grandes cours d’Europe. Le Shah de Perse, les Tsars de Russie comptent parmi les clients les plus prestigieux de la Maison.
Il y a sept ans, un ancien spécialiste du retail, qui fut le vice-président de Christian Dior Couture aux États-Unis, décide de relancer la belle endormie. Avec un storytelling bien huilé, une bonne dose d'humour et un goût certain, ce fin lettré qui se plaît à explorer les archives débridées de la griffe imagine toutes sortes de complices du quotidien, des plus utiles (portes-monnaies, carnets, pochettes, sacs …) aux plus futiles (porte bouteilles à champagnes, étuis à bottes, flasques, médailles, carnets de bal…). Toutes les créations sont inédites mais font écho aux archives. L'idée est simple : exploiter le patrimoine en le décalant.
Le slogan de la boutique de la rue Cambon à Paris, aux airs de cabinets de curiosités, révèle toute la fantaisie du maître des lieux : « Armé pour séduire ». Fauré Le Page ne ressemble à aucune autre marque de maroquinerie. Elle s’inscrit aujourd’hui dans un univers à la fois raffiné, symbolique et audacieux. Sa devise, « Armé pour séduire », donne le ton. Autrefois fournisseur d’armes d’apparat pour l’aristocratie, Fauré Le Page a été acquise en 2009 par une famille française passionnée d’art et d’histoire. Cette reprise marque le début d’une relance ambitieuse, fondée sur la volonté de transposer l’héritage de l’ancienne Maison dans l’univers de la maroquinerie. « L’étui devient sac, le détail se fait signature », explique Augustin de Buffévent, son Directeur Artistique. Les sacs deviennent alors des compagnons de caractère, conçus comme des armures de style.
Tous les produits sont façonnés entre la France, l'Espagne et l'Italie, dans des toiles de coton enduites puis imprimées au cadre « à la lyonnaise ». Cette technique traditionnelle consiste à imprimer des décors sur une étoffe à l'aide d'un cadre sur lequel est tendue une fine gaze, dont les parties perméables correspondant au motif laissent passer la couleur, que l'on applique avec une racle.
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Toutes les créations sont ainsi flanquées d'écailles ciselées qui rappellent celles qui ornaient autrefois les armes. L’un de ses éléments emblématiques reste le motif écaille, inspiré des protections des armures d’époque. Symbole de défense autant que de séduction, ce motif illustre l’héritage martial de la marque tout en affirmant une élégance contemporaine. Saison après saison, ce dessin iconique est décliné avec subtilité, les contrastes et les teintes évoluent sans jamais rompre avec l’esprit originel.
Toutefois, l’imaginaire de la chasse affleure toujours dans chaque création, à travers des noms évocateurs comme « cartouchière », « giberne » ou « besace ». Ce vocabulaire martial se métamorphose en langage esthétique. Chaque création signée Fauré Le Page est le fruit d’un dialogue entre inspirations multiples et excellence artisanale. En effet, le processus créatif, guidé par une vision forte, s’appuie autant sur l’histoire de l’ancienne Maison que sur les musées, le théâtre, la danse contemporaine ou encore les ventes aux enchères. Ainsi, au cœur de ce processus : la rencontre. Celle d’idées qui n’étaient pas faites pour cohabiter, mais qui, en se confrontant, font naître une esthétique singulière. Aussi, l’équipe créative de la Maison travaille main dans la main avec des artisans d’exception. Ensemble, ils façonnent l’allure Fauré Le Page, reconnaissable entre toutes, à travers une signature graphique forte et cohérente.
Outre la production d'armes de séduction massive à l'attention des élégantes, Fauré Le Page soutient chaque année le travail d'un artiste. Le millésime 2017 met à l'honneur l'œuvre du photographe Mathieu Trautmann, dont les tirages - qui rendent sexy poivrons rouges, poires ou raisins - seront exposés à partir de novembre à la galerie Diane de Polignac. Dans un registre tout aussi créatif, le maroquinier réalise des commandes particulières, à l'instar de ce caddy ultra-chic fait pour une cliente du quartier ou d'un tabouret de battue commandé par un habitué des lieux. « Je serais honoré de réaliser l'épée d'un académicien », avoue Augustin de Buffévent.
Aujourd’hui, Fauré Le Page reprend les armes et la collection de maroquinerie ornée du motif écailles, porte la marque de son glorieux passé et de son éternelle modernité. Depuis 2010, le hit de la maison est le cabas « Daily Battle », pensé pour accueillir les objets du quotidien les plus ordinaires tout en boostant le panache de la silhouette. Bien vu ! L'autre best-seller a pour nom de baptême « calibre ».
L'article original contenait également des informations sur l'armurerie parisienne en général. Bien que non directement liées à Fauré Le Page, ces informations offrent un contexte intéressant sur l'histoire de la fabrication d'armes à Paris. Par exemple, il est mentionné que plus aucune arme de fabrication récente ne porte le poinçon de Paris.
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Fauré Le Page revendique un luxe durable, loin des logiques de fast fashion. Chaque création incarne donc une excellence artisanale minutieusement orchestrée. La toile, imprimée selon une technique lyonnaise parfaitement maîtrisée, se distingue par sa résistance et son imperméabilité pensées pour durer. Le jacquard, quant à lui, est tissé avec une précision remarquable, jusqu’à 21 000 points par centimètre carré, et témoigne d’un haut niveau d’exigence. Cependant, cette attention portée à chaque composant ne saurait exister sans une maîtrise irréprochable des étapes de production. La fabrication est alors confiée à des ateliers spécialisés en France, en Italie et en Espagne, tous reconnus pour leur savoir-faire haut de gamme. La durabilité guide ; de ce fait, chaque étape : pigments à base d’eau, absence de solvants toxiques, finitions d’une extrême précision, tests rigoureux de résistance. En fait, « au-delà de la matière, les codes esthétiques de la marque affirment une identité forte : symétrie soignée, point de jaune signature, miroir calibre, pochette calibre », précise Augustin de Buffévent.
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