Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands équipaient leurs soldats de deux types d'armes aux principes opposés : le pistolet mitrailleur MP 40 et le fusil 98K. Le MP40 était léger, compact, automatique et tirait à une cadence élevée une munition de faible puissance qui limitait sa précision et sa portée. Le 98K était un fusil à verrou, puissant et précis à longue distance mais lourd, à cadence de tir faible et à très fort recul.
L'idée est venue de combiner les qualités des deux types d'armes dans un fusil d'assaut léger plus polyvalent, ce qui donna dans un premier temps une arme ratée, le FG 42. La seconde tentative fut beaucoup plus réussie : le Sturmgewehr 44, ou MP 44, mis en service à la fin de la guerre, était un fusil mitrailleur léger, utilisant la munition de 7,92 mm du 98K mais enserrée dans un étui beaucoup plus court contenant deux fois moins de poudre.
Après la Seconde Guerre mondiale, un ingénieur militaire russe, Mikhaïl Kalachnikov, s'est inspiré du Sturmgewehr 44 allemand pour dessiner une nouvelle arme, sur les mêmes principes. Physiquement, les deux fusils se ressemblent beaucoup. Kalachnikov a repris beaucoup des idées des Allemands : la munition amoindrie, la crosse droite et la poignée pistolet, un canon assez court, le chargeur courbe, la récupération de gaz sur le haut du canon pour réarmer le percuteur (ce système, qui permet de limiter la tendance du fusil à se soulever en tir continu, est la cause de la silhouette particulière des deux armes).
Mécaniquement, le fusil de Kalachnikov était en revanche d'une conception différente, s'inspirant davantage de la culasse rotative du M1 Garand américain. Les autorités soviétiques s'y intéressent très vite et l'adoptèrent tout d'abord pour ses unités d'infanterie motorisée, sous la dénomination AK-47. Le nouveau fusil se révéla très bon et les modifications commencèrent à pleuvoir, surtout dans le but de faciliter sa production industrielle à faible coût. Plus que toute autre arme, l'AK-47 connue un nombre faramineux de versions différentes.
Aujourd'hui, l'AK 47 continue à évoluer et à donner naissance à de nouvelles versions (AK12 de 2012, AK15 de 2015...) sans beaucoup s'éloigner toutefois de la conception initiale.
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De toute évidence la "Kalash" aura été d'une conception géniale, associant efficacité avec simplicité, facilité de production, facilité d'entretien, fiabilité exceptionnelle et solidité. Sa réputation n'est plus à faire : l'arme est connue pour résister aux environnements les plus durs, supportant mieux que toute autre le sable, la poussière, l'eau et la boue. Elle se contente d'un entretien sommaire et ne s'enraye que rarement. Facile à produire, elle ne coûte pas cher, une autre de ses qualités. Tout cela fait que la Kalash est devenue l'arme emblématique des mouvements de résistance et des pays pauvres.
Cette incroyable rusticité, assez typique de la culture technique russe, n'est toutefois pas sans contrepartie en matière de performances. Sur le plan purement militaire, les capacités de l'arme sont assez moyennes. Elle n'est pas très précise - les organes de visée sont d'ailleurs toujours restés très rudimentaires - et la portée pratique est nettement moins bonne que, par exemple, celle du M16.
L'absence de frein de bouche sur la plupart des Kalash, sauf les plus récentes (à partir de l'AK74), a été un choix délibéré. Il n'y a rien de plus facile à mettre en place sur une arme qu'un frein de bouche, qui consiste à percer des lumières dans la partie terminale du canon, afin de diriger sur les côtés une partie des gaz d'éjection. L'avantage est de diminuer le recul, pour un tir en rafale plus précis.
Par contre le frein de bouche a de nombreux inconvénients. Il augmente sensiblement le bruit, provoque une éclat lumineux très visible (cf le spectaculaire éclat en étoile du M16) et remue la poussière du sol, gênant le tireur couché et dévoilant sa position. Enfin, il équivaut à un raccourcissement du canon, entraînant chute de vélocité et de précision, deux domaines où la Kalash est justement déjà très médiocre. Si l'AK74 est dotée d'un frein de bouche c'est d'abord parce que sa munition de 5,45 mm, plus moderne, le permet.
L’ingénieur soviétique, ancien député de la Douma et général de l’Armée rouge parmi les plus décorés de Russie, aurait pourtant exprimé quelques regrets à propos de « l’utilité » de son invention, lors d’une exposition récente sur « son » arme. Originellement associée à l’Armée Rouge sous Staline et au Pacte de Varsovie, la Kalachnikov est devenue, au fil du temps et de sa diffusion incontrôlée, l’arme symbole des mouvements révolutionnaires, toutes tendances confondues.
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Le mouvement indépendantiste FRELIMO au Mozambique, d’obédience marxiste-léniniste, fera d’ailleurs figurer l’arme sur son drapeau, devenu emblème national officiel depuis 1983. Avec le Guatemala, le Mozambique est ainsi le seul pays à faire figurer une arme sur son drapeau (même si la Kalachnikov se retrouve aussi sur les armoiries du Timor-Oriental).
Mais aujourd’hui, au grand dam de son inventeur, l’arme est désormais plus volontiers associée au grand banditisme et aux mouvements terroristes. Une raison évidente à cela : du fait d’une licence libre, d’une relative facilité de fabrication et de stocks gigantesques issus pour partie de l’ex-URSS, l’arme est la plus diffusée au monde : il existe une Kalachnikov pour 70 habitants sur Terre, soit 100 à 110 millions d’exemplaires environ. Du coup, l’arme est l’un des carburants principaux de tous les trafics d’armes de la planète.
Si en France, une ‘Kalach’ en bon état peut se négocier entre 500 et 2 000 euros dans certaines banlieues, il est toujours possible de s’en procurer une pour quelques centaines de dollars sur le marché de Bakara à Mogadiscio.
Au-delà des caractéristiques économiques de sa diffusion, qui porte plus à considérer la Kalachnikov comme un legs empoisonné de l’URSS stalinienne, l’arme a naturellement des caractéristiques techniques qui ont très largement contribué à son succès. Le fusil d’assaut, dénommé Avtomat Kalashnikova et officiellement mis en service dans l’Armée Rouge en 1947 (d’où AK-47) est une arme simple d’emploi, rustique, facile à démonter et à entretenir. C’est l’arme idéale du fantassin.
Bien que son cran de mire puisse être réglé en hausse pour des tirs jusqu’à 1 000 mètres, la portée pratique maximale est d’environ 400 mètres, pour une cadence de tir théorique de 600 coups par minute, limitée, comme toutes les armes, par les risques d’échauffement et d’usure prématurée du canon (la cadence pratique plus proche des 150 coups par minute). Il mesure 86 cm de long, pèse 4,3 kg, autorise une cadence de tir théorique de 600 coups par minute - dans la pratique, on peut vider trois chargeurs en soixante secondes - et sa portée peut atteindre 300 mètres.
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Doté d’une culasse et d’un piston inoxydables, il résiste aux conditions climatiques les plus extrêmes, telles que le gel ou la canicule, ainsi qu’aux utilisations prolongées sans risquer de s’échauffer.
L’AK-47 se décline en plusieurs versions : fusil-mitrailleur lorsqu’il est monté sur un bipied ; mitrailleuse sur un trépied ; utilisé sur des tourelles de chars et divers véhicules blindés, il permet aussi bien le tir au coup par coup que par rafales. Performant à courte distance, il convient moins bien aux tirs de précision et longue distance.
Les origines de l’AK-47 n’ont rien de mystérieuses, puisque l’arme s’inspire très ouvertement du fusil d’assaut Sturmgewehr 44, aussi appelé STG-44 (ou MP-43 et 44 dans ses premières versions). Le concepteur du STG-44, l’ingénieur allemand Hugo Schmeisser deviendra d’ailleurs, après sa capture par l’Armée Rouge, un des adjoints de Mikhaïl Kalachnikov. Mais l’arme s’inspire également d’un autre produit de l’arsenal soviétique : la carabine semi-automatique Simonov, ou SKS, dont les mécanismes de verrouillage, d’approvisionnement par lames-chargeurs et de détente seraient apparemment copiés sur le fusil M1 Garand et la carabine USM1.
Mais le véritable coup de génie de l’AK-47, ce n’est pas tant l’arme que sa munition : la prolifique 7,62 x 39 mm, modèle 1943, dérivée (elle-aussi) de la munition allemande du STG-44, la 7,92 x 33 mm Kurz, diffusée à partir de 1941. Le premier chiffre correspond (en théorie) au calibre, c'est- à-dire au diamètre du projectile, le deuxième à la longueur de l’étui, ce dernier souvent et improprement appelé douille (on ne parle en réalité de douille qu’à partir du calibre 20 mm).
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’armement d’infanterie présente un défaut tactique et technique qui donne du fil à retordre aux ingénieurs de tous les camps : il n’existe pas encore d’armes individuelles intermédiaires réunissant les avantages de pistolet-mitrailleur (légèreté, praticité, faible encombrement et bonne cadence de tir) et ceux du fusil (portée et puissance d’impact). En bref, le fusil d’assaut reste à inventer.
Mais avant de songer à l’arme en elle-même, il faut commencer par trouver une munition qui soit le meilleur compromis possible entre encombrement, poids, précision et puissance, tout en permettant une cadence de tir élevée avec un faible recul. La solution prend tout d’abord la forme de la 7,92 x 33 mm Kurz allemande, déclinaison raccourcie de la 7,92 × 57 mm Mauser, utilisé aussi bien dans le fusil Kar-98k que dans la célèbre MG-42. Une fois récupérée et copiée par le camp soviétique, elle donne naissance à la 7,62 x 39 mm M43. Seules ces versions raccourcies permettent un tir en rafales courtes, sans que l’arme ne pointe vers le ciel, sous l’effet du recul et du mouvement de la culasse.
Les fusils d’assaut ne sont pas conçus de toute façon pour des rafales soutenues, même si l’arme peut techniquement le faire. Mais elles conservent tout de même une puissance et une précision suffisantes pour des tirs 'efficaces' jusqu’à 400 mètres. L’arme polyvalente que l’infanterie attendait peut désormais naitre.
Comparativement à sa grande rivale plus tardive, la munition 5,56 x 45 mm OTAN, la munition soviétique a une vitesse initiale relativement lente (720 m/s contre 960 m/s pour la munition OTAN) mais un poids d’ogive supérieur. L’énergie cinétique étant une combinaison du poids et de la vitesse, c’est la munition soviétique qui l’emporte avec près de 2000 joules de puissance initiale contre 1700 environ pour la munition OTAN. Le poids de la munition soviétique implique aussi qu’elle conserve plus longtemps cette énergie sur trajectoire, avec à l’arrivée une puissance d’impact très supérieure à la munition OTAN à distance équivalente. C’est entre autres cette différence de puissance qui expliquera le succès de l’arme par rapport à la très prolifique famille M-16 américaine.
Mais d’après l’agence TASS, Kalachnikov risque d’en surprendre plus d’un. En effet, l’industriel russe a indiqué, via Instagram, qu’il va présenter un nouveau fusil « expérimental » qui, appelé AK-19, sera une évolution de l’AK-12. Et il aura la particularité d’être chambré pour des cartouches de 5,56x45mm. Cela étant, ce n’est pas la première fois que Kalachnikov conçoit une arme pouvant tirer des cartouches répondant aux normes de l’Otan. Reste à voir la raison qui a conduit l’industriel dans cette voie… étant donné qu’il est difficilement concevable de voir les forces russes changer de calibre pour celui en vigueur au sein de l’Otan. Sans doute que de telles armes sont susceptibles d’intéresser des pays qui ont changé d’alliances politiques, comme le Venezuela, dont les forces armées utilisent toujours des fusils d’assaut FN FNC, chambrés pour des cartouches 5,56x45mm.
Dans le même temps, l’US Army fait la démarche opposée. En juillet, elle a en effet publié un avis pour se procurer des munitions ne répondant pas aux normes de l’Otan, dans le cadre d’un programme appelé « Special Ammunition and Weapon Systems » [SAWS]. « Les munitions du standard SAWS se réfèrent principalement à celles produites et utilisées par les pays de l’ex-Union soviétique ou du bloc de l’Est », était-il expliqué dans l’avis.
Comparant son fusil au fameux M-16 américain, Mikhaïl T. Kalachnikov explique : « Vous pouvez laisser l’AK-47 dans l’eau toute une nuit, vous le sortez de là, vous l’armez et tatata. Avec un M-16, c’est impossible : il serait rouillé, grippé, donc inutilisable. » Autre différence : il ne s’enraye pas en environnement poussiéreux.
Caractéristique | AK-47 |
---|---|
Calibre | 7.62 x 39 mm |
Portée pratique maximale | 400 mètres |
Cadence de tir théorique | 600 coups par minute |
Cadence de tir pratique | 150 coups par minute |
Poids | 4.3 kg |
Longueur | 86 cm |
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