Le grand tétras (Tetrao urogallus), également appelé coq de bruyère, est un oiseau appartenant à l’ordre des galliformes et à la famille des phasianidés dont il est le plus grand représentant. Oiseau emblématique des reliefs et forêts, le grand tétras se reconnaît facilement avec sa paupière rouge et sa queue noire en éventail.
Chez cette espèce, un dimorphisme sexuel important s’observe sur le gabarit : le mâle mesure entre 75 et 100 cm, pèse jusqu’à 4kg et son envergure peut atteindre 130 cm. Chez le grand tétras, les deux sexes se distinguent également par des couleurs très contrastées. Le mâle (ou coq) est sombre, avec un cou gris, un menton noir, des caroncules rouges, un bec blanc et un plastron verdâtre (parfois bleuté). Son dos est brun-gris, ses ailes marron avec une tache blanche à l’épaule, son ventre sombre et ses flancs noirs, puis blancs vers l’arrière. La queue est noire avec des taches blanches dont la densité varie selon les régions. Plus terne, la femelle (ou poule) revêt une livrée rousse barrée de noir et de blanc, avec une poitrine rousse, des caroncules rouges (peu visibles) et un bec gris. Son dos et ses ailes sont marron barrés de noir et de blanc, son ventre et ses flancs blancs tachetés de roux et de noir. Sa queue est rousse, barrée de noir.
Le grand tétras vit en Europe et en Asie, dans les zones de relief et boisées. Forêts de conifères des zones montagneuses, collines et plaines du Nord, de l'Ouest et du Sud de l'Europe ainsi qu'en Russie et en Asie centrale constituent son habitat. Il s’établit de préférence dans les milieux riches en conifères ou mixtes, dès l’instant où ceux-ci comprennent une strate arbustive riche en baies, comme la taïga. Cet oiseau des montagnes occupe les régions froides, situées à la lisière supérieure des forêts (entre 700 à 2 200 mètres d’altitude) et recherche les pentes ensoleillées ou pousse sa nourriture. En France coexistent 2 sous-espèces du grand tétras : une que l'on trouve dans le Jura et les Vosges, l'autre dans les Pyrénées. Le tétras lyre est lui présent dans les Alpes.
Répartition géographique :
Le régime alimentaire du coq de bruyère se compose essentiellement de végétaux : bourgeons de conifères et d’autres essences, aiguilles de pins, feuilles vertes, graines et surtout baies car le gallinacé est très friand de myrtilles, airelles et framboises. L’été, l’oiseau complète son menu avec des invertébrés : fourmis, coléoptères, vers, limaces, divers insectes et leurs larves. Durant le premier mois de sa vie, le grand tétras est quasi exclusivement insectivore avant de devenir végétarien à l’automne. Si son régime alimentaire varie en fonction des saisons, le Grand Tétras est avant tout un amateur de végétaux. Les poussins sont essentiellement insectivores jusqu’à l’âge d’un mois. Leurs besoins en protéines va décroître au fur et à mesure et leur régime alimentaire va être similaire à celui des adultes à partir de 11 semaines. De novembre à avril, le Grand Tétras va se nourrir d’aiguilles de conifères qu’il peut assimiler grâce à un système digestif à la faune bactérienne particulière. La neige recouvrant le sol, il passe la majeure partie de son temps dans les arbres.
Lire aussi: Tout savoir sur les paris tirs cadrés
Espèce diurne, le grand tétras passe la majeure partie de la journée au sol, fouillant les broussailles et l'humus pour trouver sa nourriture. La nuit, il se perche sur un arbre pour dormir à l’abri des prédateurs. Le mâle, peu grégaire, vit principalement en solitaire ou en couple tandis que les femelles se regroupent en petites bandes de 3 à 7 individus. Le grand tétras, également appelé coq de bruyère, est très farouche en temps normal. Farouche et prudent, le coq de bruyère ne vient au sol que pour manger, en particulier les myrtilles dont il raffole !
En période de reproduction, les coqs se montrent territoriaux et agressifs, n’hésitant pas à engager de violents combats entre eux. Au printemps, les mâles paradent sur des « places de chants » où ils sont repérés par les femelles. Ils ajoutent à leur parade des chants et peuvent parfois se battre avec un autre mâle pour gagner les faveurs d’une femelle. Ils chantent comme un fou au point d'en devenir aveugle et sourd pendant quelques secondes et se battent furieusement avec ses rivaux pour séduire les femelles. Parallèlement, les rivaux se réunissent dans un endroit spécifique appelé “place de chant” où ils s’adonnent à la parade nuptiale : qu’ils soient deux ou trente, chacun déploie sa queue en d’éventail, redresse la tête et étend ses ailes pour séduire les poules à grand renfort de cris gutturaux. Placé au sol, souvent au pied d’un arbre ou caché dans la végétation, le nid consiste en un simple creux tapissé d'herbes, de feuillages, de brindilles, d’épines de conifères et parfois de duvet et de plumes. Quelques jours après l’accouplement, la femelle pondra entre 6 et 9 œufs qu’elle couvera dans un nid sommaire. En juin-juillet, la femelle pond entre 5 et 9 œufs qu’elle couve pendant 4 semaines. Quand elle s’absente pour se nourrir, la poule recouvre sa ponte avec des feuilles. À l’éclosion, les petits sont nidifuges : ils portent des plumes, leurs yeux et leurs oreilles sont ouverts et fonctionnels. Leur mère les emmène très tôt dans les landes et prairies alentours pour leur montrer comment se nourrir avec des insectes et des baies.
Les menaces sont nombreuses sur cet oiseau de montagne. Le loup gris et le lynx sont les premiers ennemis du coq de bruyère. L'aigle royal profite parfois de la parade nuptiale, lorsque les gallinacés sont réunis en nombre, pour attaquer. Quant aux sangliers, renards, martres et autres rapaces, ils représentent les plus redoutables prédateurs des jeunes tétras. L’animal reste toutefois principalement menacé par la modification de son habitat et le braconnage. La dégradation et la modification des habitats sont des facteurs majeurs de son déclin, comme pour de nombreuses espèces. Ainsi, la fermeture des milieux due à un pâturage moindre et l’intensification de la sylviculture perturbe les exigences écologiques du Grand Tétras. La création de pistes de ski et les travaux forestiers comptent parmi les facteurs aggravant son fort déclin. L’implantation d’infrastructures afin de développer les domaines skiables fractionnent les habitats favorables. Le développement des activités touristiques en montagne entraîne de forts dérangements sur cette espèce sensible. Or, en hiver, le Grand Tétras ne peut se permettre de dépenser de l’énergie inutilement. Les conditions météorologiques le contraignent, comme d’autres espèces de montagne, à un rythme de vie plus « ralenti ». Tout dérangement met directement en péril la survie d’un oiseau. Le braconnage et la chasse dans certaines zones impactent également la densité des populations. En France, le grand tétras est classé vulnérable sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ayant disparu des Alpes et du Jura, l’oiseau a vu des effectifs fortement régresser dans les Pyrénées. Le Grand Tétras a fini par disparaître des Alpes françaises en 2000 et ses populations connaissent un déclin important dans les autres massifs (Cévennes, Jura, Vosges et Pyrénées). Depuis 30 ans, les effectifs régressent de façon continue.
Principales menaces :
Statut de sauvegarde :
Lire aussi: Le déroulement des tirs au but
Pour tenter de contrer la diminution de ses populations, une stratégie nationale en faveur du Grand Tétras a été mise en place et est en cours depuis 2012 et ce, pour 10 ans. En France, le Parc national des Pyrénées constitue un des derniers bastions de la présence du Grand tétras. Ainsi, diverses actions sont menées en faveur de sa protection notamment avec les gardes-moniteurs du parc qui, tout au long de l'année, mènent des actions de suivi et de conservation. L'hiver notamment, des "zones de tranquillité" ont été mises en place. Définie pour une durée de 10 ans (2012-2021), la SNGT visait à répondre à des objectifs de court terme, qui s'inscrivent dans un objectif à plus long terme (40 ans). À court terme (10 ans), cette stratégie doit permettre d'augmenter la survie des adultes et de favoriser le recrutement. Les mesures d'éducation à l'environnement et de sensibilisation visent à prendre en compte les besoins vitaux du Grand tétras dans tout projet d'aménagement, et, d'une façon plus générale, une appropriation croissante de cet enjeu par les populations concernées. La surface d'habitats favorables ainsi que l'aire de présence actuelle doivent être maintenues. On espère ainsi un infléchissement de la régression des populations voire une stabilisation des effectifs. À moyen terme (20 ans), la gestion courante et les travaux d'amélioration de l'habitat doivent permettre de réduire la fragmentation du milieu, et d'augmenter la surface d'habitats favorables. L'application de mesures en faveur du Grand tétras doit permettre aux effectifs d'augmenter et d'étendre leur aire de présence. À long terme (40 ans), des habitats de recolonisation potentielle deviendront favorables et pourraient être colonisés par le Grand tétras. Les effectifs retrouveraient alors des niveaux proches de ceux de 1975 soit environ 5 000 individus dans les Pyrénées. Une nouvelle stratégie est en cours de rédaction.
Le statut de protection du Grand Tétras est pour le moins incongru. Il est totalement protégé dans les Cévennes où il a été réintroduit. Sa chasse a été suspendue en Haute-Savoie en 1967, en 1973 dans le Jura et en 1974 dans les Vosges. Depuis 2022, et l’arrêté ministériel du 1er septembre, le Grand Tétras est protégé par un moratoire de 5 ans, sa chasse ayant été jugée incompatible avec le mauvais état de conservation de ses populations.
Lire aussi: Comprendre les tirs en l'air