L'histoire de l'armurerie à Paris, et notamment à Saint-Denis, est intimement liée à l'évolution de la guerre, de l'industrie et de la société française. Pendant des siècles, l'Europe a été le théâtre de conflits constants, façonnant les États-nations et contribuant aux révolutions industrielles et à l'émergence du capitalisme.
Dès le XVIIe siècle, le nombre de soldats a connu une croissance exponentielle, passant de dizaines de milliers à des centaines de milliers. Louis XIV lui-même a fait appel au peuple pour défendre l'honneur de la France. Cette ère a conduit à la théorisation de "l'armement du peuple" par Clausewitz, soulignant l'importance de l'utilisation judicieuse des ressources nationales pour acquérir une supériorité militaire.
La France, à la veille de 1789, comptait environ 150 000 hommes sous les armes, un chiffre qui pouvait atteindre 500 000 en temps de guerre. Même après 1815, l'armée du Second Empire comprenait 650 000 hommes, dont 250 000 prêts à entrer en campagne.
Les régiments étaient organisés, uniformisés et contrôlés, et la guerre était la prérogative d'un petit nombre autour du souverain. Une intense mise en ordre par les textes a eu lieu, notamment après 1673, sous l'impulsion de Vauban. Le droit a contribué à mettre la guerre en forme, et la stratégie a trouvé ses principes universels grâce à l'apparition d'écoles d'officiers.
L'artillerie de campagne et le fusil à baïonnette ont marqué une évolution significative de la puissance de feu. En France, le Régiment des fusiliers du Roi a eu une fonction expérimentale au XVIIe siècle, et l'usage du fusil a été initialement interdit. Cependant, après la guerre de Sept Ans, Gribeauval a proposé un système d'artillerie légère, mettant l'accent sur la mobilité et la portée de tir.
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Jusqu'à la guerre de Trente Ans, le modèle du corps d'infanterie était celui du carré de piquiers, avec des arquebusiers ou mousquetaires. Le mousquet, malgré sa complexité de chargement, assurait la puissance de feu des corps d'infanterie.
Le fusil, avec sa platine à silex, a permis de tirer 2 coups par minute, avec une portée utile de 200 à 300 mètres. L'ordonnance de 1689 a doté toute l'infanterie française du fusil à baïonnette, changeant radicalement la tactique militaire.
La constitution du système étatique a été marquée par l'œuvre de Maximilien Titon, entrepreneur général. Après avoir vendu des armes sur le pont Notre Dame, il a rédigé un mémoire adressé au Roi, suggérant de se doter de fabriques et de magasins d'armes. En 1665, la création du Magasin royal de la Bastille visait à uniformiser l'équipement, avec Maximilien Titon à sa direction.
Les métiers de l'armement recouvraient une variété de situations professionnelles. Les armuriers et les fourbisseurs d'épées étaient liés par une certaine proximité dans le travail et l'appartenance au marché des biens de luxe. Les statuts écrits des armuriers et des fourbisseurs remontent au XIIIe siècle, permettant d'appréhender les évolutions affectant l'exercice du métier.
Les sources mobilisées pour l'étude des armuriers et des fourbisseurs comprennent les statuts de métier, les sources judiciaires, les sources foncières et fiscales, et les sources comptables. La confrontation de ces différentes sources a permis de constituer un corpus de population.
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Environ 382 armuriers et fourbisseurs d'épées sont attestés à Paris de la fin du XIIIe siècle aux premières années du XVIe siècle. Les XIIIe et XIVe siècles semblent marquer un apogée pour ces artisans.
Les armuriers et les fourbisseurs d'épées étaient massivement localisés sur la rive droite de Paris, principalement regroupés autour de la rue de la Heaumerie et de la rue Saint-Denis. Une proximité avec les métiers du cuir est également observée.
Les armuriers et les fourbisseurs d'épées formaient deux communautés distinctes, régies par des statuts. Ces métiers étaient hiérarchisés, avec une tripartition entre apprenti, valet et maître. Une confrérie servait de réceptacle à la piété collective des membres du métier.
Les armuriers et les fourbisseurs utilisaient principalement du fer et de l'acier, ainsi que du cuir et du textile. La question du circuit d'approvisionnement, notamment en métal, est plus floue. Paris dépendait largement de l'importation du fer et de l'acier.
L'examen des commandes a mis en lumière l'identité de la clientèle de ces artisans, à savoir les rois et les grands princes du temps. Les moyens de production, l'organisation des ateliers, les partenariats professionnels et la diversité des pièces produites étaient particuliers à ces métiers.
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L'organisation professionnelle des armuriers et des fourbisseurs était strictement régie par les statuts. Ces statuts visaient à encadrer la production et à assurer une production rigoureusement normée. Cependant, ils n'offraient pas un reflet exact de la réalité et portaient peu d'intérêt aux aspects techniques des métiers.
Un marché entre Raouland 'd'Ambrozum', armurier du Roi, et François de Carnazet, écuyer, pour réparer une cuirasse, illustre les activités de ces artisans.
Nom | Période d'Activité | Spécialité | Localisation | Remarques |
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Raouland 'd'Ambrozum' | XVIe siècle | Armurier du Roi | Rue Saint-Denis | Marché avec François de Carnazet pour réparer une cuirasse. |
Devisme | XIXe siècle | Fabricant d'armes innovantes | Paris | Proposa des modèles à l'armée. |
Casimir Lefaucheux | XIXe siècle | Fabricant de cartouches et de révolvers | Paris | Déposa le brevet de la cartouche à broche. |
Cartoucherie Gévelot | XIXe-XXe siècles | Fabricant de munitions | Paris | Employait 500 ouvriers en 1867. |
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