Quel Palois ne s’est jamais aventuré sous le porche du 15 rue d’Orléans ? Cet immeuble situé à quelques mètres de la place Verdun, sur le trottoir de l’armurerie royale et du cabinet de radiologie, est on ne peut plus intrigant.
Dans un secteur urbain sans charme où se confondent les flots de circulation, la cour en fer à cheval et les voûtes en briquettes semblables aux thermes de Salies ou de Dax composent un bel anachronisme.
Le lieu a forcément une histoire. Mais laquelle ?
« Quand je suis venu ici pour la première fois, j’étais comme tous les gens qui arrivent depuis la rue. Comme hypnotisé. » Georges Maysounabe est un peu l’âme des lieux.
Ce restaurateur d’art, spécialiste de la feuille d’or, occupe le rez-de-chaussée de la branche Est du fer à cheval. « Je me suis installé ici en 1993. C’est mieux d’être dans un endroit comme ça que dans une maison neuve ! »
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Aujourd’hui transformé en cabinets d’avocats et appartements privés, le 15 a longtemps eu une tout autre vocation. « C’est le premier établissement où l’on pratiquait l’hydrothérapie à Pau », révèle Georges Maysounabe, après ouverture d’une pochette aux trésors.
Le classeur contient des coupures de journaux du XIXe siècle chargées de phrases désuètes.
« Toutes les personnes qui passent rue d’Orléans ont pu remarquer le magnifique établissement que fait construire M. Pitté », commence le « Mémorial des Pyrénées », en octobre 1967.
« Cette intelligente fondation aura pour effet de doter la ville de Pau d’un établissement hydrothérapique et comblera une lacune très remarquée par nos hôtes d’hiver. » L’inauguration a lieu en mai 1868.
« L’édifice en lui-même présente un certain cachet d’élégance qui attire et qui plaît, écrit le journal. Le style décoratif adopté par l’architecte est de bon goût. C’est une suite de hautes arcades mauresques supportées par des colonnettes en fonte. »
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Les autres éléments ont tous disparu. Comme la fontaine au centre de ce qui constitue le parking d’aujourd’hui. Les bains à cercles, douches à cloches et autres boîtes cabinets à fumigation...
À la limite de l’argumentaire publicitaire, le journaliste conclut par de fieffés encouragements. Mais cela ne suffira pas.
« Le centre hydrothérapique a été transformé en bains douches , explique Georges Maysounabe. Les curistes sont partis à la fin du XIXe siècle et l’affaire a capoté au début des années 1900. »
Les bains auront marqué des générations de Palois à une époque où tous n’avaient pas le confort moderne à la maison. « Ils sont restés ouverts au moins jusqu’à la fin des années 1960, continue le restaurateur d’art. Mes parents se souviennent y être allés. »
Les bains douches ont ensuite plusieurs fois changé de mains. Un tapissier, un brocanteur, un réparateur de frigo qui travaillait au noir… Les propriétaires ont défilé et les tuyauteries ont disparu.
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Pas les seuils de douches et les arrivées d’eau qui sont encore bien visibles au sol de l’atelier Maysounabe.
Ces dernières années, les avocats ont investi la place . L’ancien bâtonnier Emmanuèle Legrand-Bogdan est arrivé il y a deux ans.
« Je cherchais des nouveaux locaux, place du Tribunal. Quand mon associée m’a parlé de la rue d’Orléans, je ne voulais même pas visiter. Elle m’a dit ‘‘On va voir ça !’’ J’ai vu la photo et j’ai trouvé ça extraordinaire. »
L’avocate qui vivait dans un réduit un peu sombre a tout révolutionné et mis de la couleur sur tous les murs. Face à elle, les clients peuvent s’attarder sur les arcades mauresques aux tons rouges et violines.
« C’est un gros coup de cœur, confesse la pénaliste. L’immeuble est apaisant et plein d’histoire. J’ai même inscrit “Les bains douches” sur ma carte de visite ! »
Son voisin et confrère Stéphane Lopez n’est pas allé jusque-là. Même s’il est tout autant imprégné de la magie des lieux.
« J’avais découvert ce bâtiment en arrivant à Pau, il y a 20 ans. J’ai eu l’occasion d’acheter ici et je n’ai pas hésité. Georges m’a convaincu que l’immeuble avait une âme.
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