L'ex-plus grande armurerie de France, située à un jet de pierre de la cité sensible des Tarterêts, aura finalement été victime de sa taille et des moyens déployés pour sa sécurité.
Le poids des charges vient d'obliger les responsables du magasin Kettner de Corbeil-Essonnes à fermer boutique, sept ans et demi après son ouverture sous les feux des projecteurs.
En janvier 2001, ce supermarché des armes, comme le surnommaient ses opposants, avait été inauguré en pleine polémique avec manifestations de riverains et d'élus locaux.
Ils trouvaient peu opportune la présence de centaines de fusils au pied des tours des Tarterêts.
« Comment éviter des attaques à la voiture-bélier pour s'emparer des trois cents armes qui se trouveront à l'intérieur ? », s'alarmait alors un élu d'opposition.
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Une agitation qui contraste avec la fermeture opérée il y a quelques jours dans la plus grande discrétion.
TROIS SEMAINES après son ouverture, l'armurerie de Corbeil-Essonnes a bel et bien tenté le diable.
Jeudi soir, peu avant 23 heures, le magasin de chasse Kettner France a servi de cible aux casseurs.
Embarqués dans une 405 break volée à Savigny-sur-Orge, deux hommes ont tenté d'enfoncer une porte latérale du magasin.
L'acier a résisté, l'alarme a fonctionné et les malfaiteurs ont pris la fuite, abandonnant sur place leur voiture-bélier.
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Même avortée, cette tentative ne fait que raviver la polémique soulevée par l'ouverture de cette grande surface installée à deux pas de la cité sensible des Tarterêts.
Guère plus de 300 mètres et un petit tunnel séparent les tours des Tarterêts du numéro un allemand de l'équipement de chasse, dont les 1 200 m 2 de vêtements et accessoires comprennent aussi un stock de trois cents armes, de la carabine au couteau de poche.
Interdit aux mineurs « non accompagnés » et très surveillé, le rayon armes n'en reste pas moins une mine d'or pour ceux que les armes fascinent.
Son installation en bord de RN 7, entre un McDonald's et quelques grandes surfaces vestimentaires, a d'emblée soulevé l'inquiétude de la plupart des associations du quartier, d'élus d'opposition et des policiers, tous syndicats confondus.
« Cette tentative de cambriolage montre que le risque existe bien, déplore aujourd'hui l'élu communiste Bruno Piriou.
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Cela prouve que Corbeil, et plus encore les Tarterêts, n'ont pas besoin de magasins d'armes mais de services, de petits commerces, de supermarchés ! »
Pour le président de Kettner France, cette tentative avortée prouve que l'entreprise ne lésine pas sur la sécurité.
« Une mouche n'entrerait pas, rassure Bruno Miele.
Alarme, matériau, éclairage instantané du magasin, intervention des policiers... d'un bout à l'autre de la chaîne, notre système de sécurité a parfaitement fonctionné, insiste-t-il.
Et s'il en fallait une, c'est une preuve de son efficacité ! »
C'est aussi l'avis du maire RPR, dont la commune attend près d'un 1,5 million de francs de taxe professionnelle de la part de Kettner.
« Cet incident est une provocation, estime Serge Dassault.
Le geste de quelques irresponsables, qui profitent du battage médiatique fait autour de Kettner. Il ne faut pas faire d'amalgame, or tout cela ne peut que nuire à l'image du quartier, de la ville.
Loin de l'image sulfureuse de ses débuts, l'armurerie de 1 200 m 2 visible depuis la Francilienne avait réussi à se fondre tranquillement dans le paysage.
Même les manifestants de la première heure avaient fini par changer d'avis.
« C'est bien triste de voir ce magasin fermer, constate aujourd'hui Jacques Picard, conseiller municipal (Verts).
Pour nous, à l'époque, il y avait un risque à implanter ce magasin ici. Mais les faits ont donné raison aux responsables du magasin. »
Une seule tentative de braquage a été à déplorer en plus de sept ans d'activité.
Les commerçants voisins qui craignaient d'être assis sur une poudrière sont eux aussi unanimes : « C'est dommage, une partie de leur clientèle venait chez nous ensuite », soupire Nicolas Vandenborre, le directeur de Pacific Adventure, un espace dédié à la pêche.
« On a fait tout un scandale sur l'ouverture de Kettner, mais il ne s'est jamais rien passé, poursuit Tony Escuain, le responsable de Culture Vélo, implanté juste en face.
Sans l'armurerie, certains clients ne seraient jamais venus ici de l'Yonne ou du Loiret. Ã?a vide un peu plus cette zone d'activitéâ?¦ »
Autre point noir, avec le départ des étals de fusils, ce sont près de 230 000 â?¬ de taxe professionnelle qui s'envolent au détriment de Corbeil et des villes voisines.
« Ce magasin était surdimensionné, nous avions surévalué le potentiel de chasseurs dans le bassin du Sud parisien, juge aujourd'hui Hugues Iffli, le directeur exécutif de Kettner, qui dispose de six autres antennes en France.
Il n'était plus rentable ces deux dernières années, malgré la très bonne campagne publicitaire dont nous avions bénéficié grâce aux manifestations lors de l'ouverture !
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