La Russie a toujours investi massivement dans les armements et les armures pour faire face à ses adversaires. Dans cette optique, elle a conçu une armure pare-balles nommée « Sotnik » qui sera déployée auprès des soldats russes à partir de 2025. Ses capacités et ses performances sont exceptionnelles.
L’IDEX 2025, salon international de la défense, se tiendra à Abu Dhabi du 17 au 21 février 2025, il s’agit de l’une des plus grandes vitrines pour les innovations en matière de défense. Rosoboronexport, l’agence d’exportation des armements russes, mettra en avant une gamme variée de nouveaux systèmes d’armement, de véhicules blindés, de drones et de technologies de défense aérienne. Cette édition 2025 est importante pour l’industrie de défense russe, avec des équipements de nouvelle génération spécialement conçus pour répondre aux défis des conflits modernes et surtout conçus pour la plupart avec les retours d’expérience de la guerre.
Malgré les turbulences géopolitiques et les sanctions internationales, l’industrie militaire russe reste vigoureuse et agressive. L’exposition de produits comme le T-90MS à Abu Dhabi, le Su-57 à Zhuhai et AeroIndia, ainsi que le Forpost-RE à IDEX 2025, incarne cette approche affirmée. Cette présence à ces événements souligne l’engagement de la Russie à maintenir sa compétitivité sur le marché mondial des armements, malgré l’isolement diplomatique croissant dû à la guerre en Ukraine.
De plus, ces démonstrations ont un impact stratégique considérable, non seulement en termes de relations commerciales mais aussi en matière de protection contre les sanctions. Les équipements russes, de plus en plus locaux et autonomes en termes de composants, bénéficient d’un avantage compétitif, car ils échappent en grande partie aux sanctions économiques et technologiques qui frappent les entreprises occidentales.
Le T-90MS, développé par Uralvagonzavod, est un char de combat principal qui fait l’objet d’une modernisation approfondie issus des enseignements de la guerre en Ukraine.
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Le Pantsir-SMD-E est un système de défense aérienne à très courte portée conçu pour contrer les menaces aériennes, notamment les drones et les avions de faible altitude. Cette flexibilité, couplée à une capacité d’attaque simultanée, permet au Pantsir-SMD-E de répondre efficacement aux menaces multiples, tout en réduisant les coûts opérationnels par rapport à d’autres systèmes de défense aérienne plus lourds.
Le Kornet-EM est un missile antichar qui a été amélioré pour permettre une utilisation plus sûre et plus flexible sur le terrain.
Les KUB-2-1E et KUB-2-2-2E, des munitions planantes de la société Kalashnikov, représentent une innovation dans les armes de précision modernes.
Le Forpost-RE est un drone de moyenne portée conçu pour réaliser des missions de reconnaissance et de frappe de précision.
La Russie se met en route pour développer une armure de combat futuriste qui pourrait bien changer la donne pour l’armement d’aujourd’hui. Baptisée Sotnik (c’est-à-dire « Centurion »), cette armure high-tech a pour but de repousser les limites de la protection sur le terrain. La Sotnik, de quatrième génération, se distingue par l’utilisation de fibre de polyéthylène super légère, qui lui confère une résistance hors norme sans alourdir le tout, tout comme le système d’artillerie développé par le Royaume-Uni. (Pour vous donner une idée, elle pèse environ 20 kilogrammes, soit une réduction de 20%.)
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Malgré ce poids plume, elle est bâtie pour encaisser des tirs directs, notamment ceux du calibre .50 M2 Browning. Selon Sergey Chemezov, PDG de Rostec, « grâce à l’usage de matériaux innovants et à la combinaison des fonctions d’éléments individuels, le poids de l’ensemble sera réduit ». Pour l’instant, le développement en est à une phase initiale, concentrée sur la définition des besoins tactiques et techniques.
Cette armure de quatrième génération a des composantes telles qu’une fibre de polyéthylène (de poids moléculaire) et des plaques céramiques hyper dures connues également sous le nom de « UHMWPE » ou « UHMW ». Grâce à cette composition, l’armure peut résister à une bale de calibre .50 BMG. Or, ce calibre est souvent utilisé pour les mitrailleuses lourdes notamment la M2 Browning.
L’exosquelette est constitué de titane et de plusieurs mini-moteurs électriques. Les concepteurs ont opté pour le titane, car il est plus résistant et plus léger que l’acier. En effet, la résistance et la légèreté d’une armure innovante comme celle-ci sont importantes. Spécifiquement, ces deux qualités sont favorables pour la sécurité et la facilité des mouvements. Avec les matériaux utilisés et les différentes combinaisons qui ont été faites, cette armure à un poids raisonnable de 20 kg.
Cette armure est une créativité inédite. Premièrement, il faut préciser que cette armure est un équipement robotique très bien conçu. Sa résistance et sa capacité de sécurité le prouvent assez. Cette armure est confectionnée de sorte que les soldats russes puissent échanger ou communiquer entre eux. Ce système de communication est assez puissant et innovant, car il ne nécessite pas le rapprochement des soldats. Cette innovation assure l’absorption des chocs d’un tir. À l’issue d’un tir, un soldat peut perdre sa vie même si la balle n’a pas pénétré le pare-brise.
Au cours des batailles, des mines sont souvent placées pour piéger et détruire massivement les adversaires. La Russie a anticipé sur cette attaque maligne. Le costume est aussi fait de sorte à protéger les soldats contre n’importe quel capteur infrarouge. Il est également un « costume de camouflage caméléonesque antiradar ». Cette armure est également équipée d’excellentes lunettes de protection. Celles-ci ont la capacité de faire des projections des ordres techniques et des cartes géographiques.
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La Sotnik succède à l’armure Ratnik, surnommée aussi « Warrior », qui équipe l’armée russe depuis plus d’une dizaine d’années. Au cours des huit dernières années, le ministère russe de la Défense a reçu plus de 300 000 ensembles de Ratnik. Cette armure se compose de dix sous‑systèmes et de cinquante‑neuf composants, comme un gilet pare-balles modernisé résistant aux obus de 7.62 mm et un casque doté d’un moniteur oculaire spécial.
La troisième génération Sotnik a déjà apporté son lot d’améliorations en matière de protection individuelle, avec de nouvelles munitions et un blindage léger qui booste l’armement du soldat. Un des aspects vraiment intéressants du projet, c’est l’ajout d’exosquelettes pour renforcer les capacités physiques des soldats. Rostec a déjà présenté un exosquelette pour la combinaison Ratnik, capable de supporter jusqu’à 80 kilogrammes. En parallèle, un nouvel exosquelette baptisé « Stormer » est en cours de développement afin de transporter 60 kilogrammes lors des opérations d’assaut.
L’évolution des casques de combat russes est marquée par une transition des modèles en acier aux matériaux composites, offrant une meilleure protection et un confort accru. Voici un aperçu des principaux développements :
Le casque Ssh 68 (en cyrillique CШ-68) est le dernier casque conçu durant la période soviétique pour l'infanterie et également le dernier entièrement fabriqué en acier pour l'armée soviétique. Il a été conçu pour offrir une protection optimale contre les projectiles d'armes automatiques à fort pouvoir de pénétration, à une époque marquée par la généralisation des fusils d'assaut, comme le fusil "Kalachnikov" AK-47 de calibre 7,62 mm, suivi par l'AK-74 de calibre 5,45 mm.
À partir de la fin des années 1970 et du début des années 1980, l'introduction de casques en matériaux composites a attiré l'attention des forces armées soviétiques, qui ont commencé à étudier ce type de protection au cours des années 1980 pour concevoir des casques en polymères et abandonner progressivement l'acier. Cependant, ces recherches ont été interrompues avec la chute de l'Union soviétique en 1991 et n'ont repris qu'au cours des années 1990.
Dans la première moitié des années 1990, des recherches pour de nouveaux équipements de combat ont été lancées au sein du bureau de conception Barmitsa de l'institut de recherche scientifique de l'acier de Moscou, NII Stali. En 1994, les travaux de recherche et développement, connus sous le nom de code "Zabro", ont abouti à la conception de gilets pare-balles prometteurs.
La première série d'essais concerne les casques 6Б6 fabriqués en titane renforcé par une doublure en matière composite. Désignés comme "общевойсковой титановый защитный шлем 6Б6" (casque de protection en titane pour toutes armes 6Б6), ces casques ont été produits en cinq variantes : К6-0, К6-1, К6-2, К6-3A et К6-4. Leur développement s'est achevé à la fin des années 1990, et ils ont été officiellement acceptés pour un usage au sein de l'armée en 2000. Cependant, en raison de leur coût de production élevé, seuls un nombre limité d'exemplaires ont été mis en service.
Parallèlement aux recherches sur les casques 6Б6, un programme de développement nommé "Borit-M" a été lancé, basé sur un ancien projet appelé "Borit", pour concevoir un casque en matériau composite : "общевойсковой тканево-полимерный защитный шлем 6Б7 Борит-М" (casque de protection militaire en tissu-polymère Borit-M 6Б7). Cette série de casques (comprenant trois déclinaisons : 6Б7М1, 6Б7М2 et 6Б7М3) est entièrement fabriquée en matière composite.
La série 6Б7 voit sa première version apparaître en 1995, avec une forme finalisée en 1998. Elle a été officiellement acceptée pour l'équipement des forces armées de la Fédération de Russie par l'arrêté n° 370 du ministre de la Défense, daté du 14 juillet 2000.
En 1998, parallèlement aux programmes de recherche pour un nouveau modèle de casque, une mission de modernisation est lancée sous le code "Thulium". Conçu en 1998, ce casque amélioré est connu sous le nom de casque de protection des armes combinées Ssh 68M (en cyrillique "общевойсковой защитный шлем СШ-68М") et possède l'index GRAU 6Б14. En 2000, une amélioration est apportée avec l'installation d'une jugulaire en trois points, offrant un meilleur maintien. Ce casque est officiellement accepté pour l'équipement des forces armées de la Fédération de Russie par l'arrêté n° 408 du ministère de la Défense, daté du 7 décembre 2004.
Bien que le casque 6Б7, premier casque en matière composite, soit officiellement adopté par les forces armées russe en 2000, la capacité de production de l'institut NII Stali est jugée insuffisante. Une requête est formulée en 2000 à l'Institut central de recherche sur les machines spéciales afin d'accélérer le processus de fabrication.
Armokom, dans le cadre d'un projet de recherche et développement sous le code "Cowboy", a financé sous fond propre de nouvelles procédures de production donnant naissance au casque 6Б7-1 : Casque de protection militaire général en tissu-polymère 6Б7-1 ("общевойсковой тканево-полимерный защитный шлем 6Б7-1").
Dans le cadre d'un projet de recherche et développement nommé "Kolpak-G", mené entre 2002 et 2005, l'institut NII Stali a créé, en 2006, une série de casques répondant aux besoins diversifiés des forces armées de la Fédération de Russie. Le premier modèle issu de ce projet est le casque léger de protection 6Б26 en tissu-polymère ("облегченный общевойсковой тканево-полимерный защитный шлем 6Б26"). Conçu pour des situations où le port d'un casque lourd n'est pas nécessaire, ce modèle est spécifiquement destiné aux unités d'opérations spéciales (à l'exclusion des unités parachutistes). Pesant seulement 950 grammes, le casque 6Б26 offre une protection balistique V50, capable de résister à des projectiles atteignant une vitesse de 580 m/s.
Parallèlement à l'adoption du casque 6Б26, un modèle renforcé a été développé : le casque blindé de protection générale 6Б27 ("защитный бронешлем общевойсковой (усиленный) тканево-полимерный шлем 6Б27"). Ce casque, d'une forme similaire à celle du 6Б26, est plus lourd et offre une résistance balistique accrue. Le dernier modèle de la série "Kolpak-G" est le casque 6Б28, conçu spécifiquement pour les troupes aéroportées.
Depuis la conception du casque 6Б7-1, des travaux de modernisation ont été entrepris, aboutissant à la création du casque militaire général renforcé en tissu-polymère 6Б7-1М ("общевойсковой тканево-полимерный защитный шлем усиленный 6Б7-1М"). Conçu sur la base du casque américain PASGT, le 6Б7-1М conserve une forme proche des anciens casques soviétiques afin d'éviter d'éventuels problèmes d'identification sur le champ de bataille. Fabriqué à partir de nouvelles fibres d'aramide appelées "Rusar", ce casque offre une espérance de vie de 12 ans et une protection balistique de type V50, capable de résister à des projectiles atteignant une vitesse de 630 m/s.
L'ensemble des modèles de casques en matière composite développés pour l'armée russe a été utilisé simultanément, comme l'attestent des photos prises lors de la seconde guerre d'Ossétie du Sud, en août 2008, qui opposa la Géorgie à sa province séparatiste d'Ossétie du Sud et à la Russie. Bien que ces modèles aient progressivement été remplacés à partir de 2010 par le casque 6Б47 du programme "Ratnik", ils ont réapparu lors du conflit russo-ukrainien qui a débuté avec l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022.
Le casque 6Б7 présente les caractéristiques de poids et balistiques suivantes :
Les essais sont menés dans une plage de température de -50 jusqu'à +50 degrés Celsius et une humidité de 98 % à une température de +25 degrés Celsius.
La bombe du casque 6Б7 est formée par succession de couches de toiles (de couleur jaune) de fibres aramides tissées pour former un tissu d'armure toile (ou taffetas). Ces couches de toiles de kevlar sont noyées dans une résine balistique thermoformable puis mises en forme dans un moule sous vide. Une fois matricé, les excès de fibres aramides noyées dans la résine sont ébavurés afin d'obtenir la silhouette du casque. Les côtés présentent une protubérance pour permettre le port d'équipement de radiocommunication.
L'extérieur reçoit une couche de peinture vert olive mat (référence couleur XB-518) et est camouflé à l'aide de taches de forme et de taille diverse appliquées au pochoir. Enfin la bombe est numérotée avec son index GRAU 6Б7, suivi de la taille de la bombe indiquée en chiffre romain (I, II ou III), d'une numérotation d'exemplaire, ainsi que d'un numéro de lot. Ce marquage est terminé par le mois et les deux derniers chiffres de l'année de fabrication.
En complément de ces marquages peut être présent un marquage OTK suivi d'un numéro (pour "Отдел Технического Контроля", soit "Otdyel Tekhnicheskovo Kontrolya" en alphabet latin). Cette marque est appliquée par le département de contrôle technique en charge d'inspecter la bonne fabrication, et dont l'application est commune à l'ensemble des effets de l'armée russe.
À partir de 1998, la forme du casque 6Б7 est revue. La partie arrière du casque assez plane est relevée afin de dégager la nuque et ainsi éviter les désagréments en position allongée ou simplement en levant la tête. Le casque 6Б7 affecte désormais sa forme définitive jusqu'à l'arrêt de sa production en 2005.
Les armées russes ont entamé depuis la fin des années 2000 une véritable révolution : elles s'orientent vers un modèle moins nombreux, plus professionnel, mieux entraîné, mieux équipé, plus mobile et plus proche des standards occidentaux.
Autrefois très majoritairement constituée de conscrits, l'armée russe est en passe d'être constituée en majorité de kontratniki (professionnels sous contrat). Ces derniers ont dépassé la part des appelés en 2015. L'objectif fixé ces dernières années était d'atteindre 60% de ces militaires professionnels dans l'infanterie terrestre, et 80% dans les troupes aéroportées, deux objectifs qui sont en passe d'être atteints au moment d'écrire ces lignes.
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