La question des armes à feu est un sujet central dans la société américaine, faisant régulièrement l’objet de débats animés, notamment dans le cadre de la course à la Maison Blanche.
Entre deux audiences à son procès pénal à New York, l'ancien président des États-Unis (2017-2021) et candidat des républicains met à profit le week-end pour faire campagne devant les plus fervents partisans du droit à posséder des armes à feu, consacré par le 2e amendement de la Constitution américaine.
Le milliardaire républicain de 77 ans entretient des relations privilégiées avec la NRA, qui lui a versé des dizaines de millions de dollars pour sa campagne victorieuse en 2016.
Donald Trump intervient devant la NRA dans un contexte trouble pour l'association.
Donald Trump se veut le candidat des propriétaires d'armes à feu, promettant le statu quo.
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«Les démocrates veulent leur prendre leurs armes, et ils les prendront», a-t-il assuré vendredi dans le Minnesota.
Donald Trump s’est de nouveau positionné comme le «meilleur ami que les propriétaires d’armes aient jamais eu à la Maison-Blanche» et s’est engagé à continuer de défendre le deuxième amendement qu’il a dit être «assiégé».
«Toutes les attaques de Joe Biden contre les propriétaires et les fabricants d'armes à feu seront annulées dès ma première semaine au pouvoir, voire dès mon premier jour», a ensuite affirmé le milliardaire de 77 ans lors d’un salon en Pennsylvanie en février 2024, un événement organisé par la NRA.
Donald Trump et la NRA ont tissé des liens depuis plusieurs années.
Le lobby a financé à hauteur de 54 millions de dollars la campagne électorale de l’ex-président en 2016 selon l’association Brady qui lutte contre la violence des armes.
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Sur son site Internet, la NRA note les élus américains de A à F selon le degré d’opposition au port d’armes.
L’association revendique 6 millions de membres à travers les Etats-Unis et appelle régulièrement aux dons.
Outre le vivier d'électeurs que l'Amérique pro-arme lui promet, Donald Trump a raison de courtiser la toute-puissante NRA : l'association lui a versé des dizaines de millions de dollars pour sa campagne victorieuse en 2016, rappelait récemment l'AFP.
Tandis que Joe Biden promet d'agir pour interdire les fusils semi-automatiques, utilisés lors des tueries les plus meurtrières, Donald Trump promet le statu quo et se veut le candidat des propriétaires d'armes à feu.
Depuis le début de la campagne pour l'élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024, Joe Biden, le démocrate, et Donald Trump, le républicain, s'opposent notamment sur le port d'armes.
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Joe Biden se rend lui samedi dans l'État de Géorgie, qu'il a remporté de justesse en 2020, notamment pour faire campagne auprès des électeurs afro-américains, cruciaux dans sa victoire en 2020.
Il s'adresse dimanche à des étudiants de Morehouse, une célèbre université de la communauté noire américaine.
L’actuel président des Etats-Unis mène depuis son arrivée à la tête du pays une campagne de prévention des tueries de masse.
L’administration Biden a notamment mis en place un renforcement du contrôle des armes à feu en obligeant les vendeurs à vérifier le profil des acheteurs.
La règle a été durcie en août 2023 : désormais, toutes les personnes «impliquées dans le commerce» d’armes sont concernées et pas seulement les magasins spécialisés et enregistrés.
Cette loi renforce également le contrôle du commerce d’armes de collection.
En parallèle, plusieurs Etats américains ont pris des mesures pour interdire la vente de fusils semi-automatiques aux citoyens de moins de 21 ans ainsi que la vente de chargeurs de grande capacité.
Le président américain a par ailleurs créé le Bureau de prévention de la violence armée de la Maison Blanche, supervisé par Kamala Harris, vice-président des Etats-Unis.
Au cours de la campagne électorale, Joe Biden a redit son souhait d’interdire les armes dites d’assauts et en particulier l’AR-15, régulièrement utilisé dans les tueries de masse.
Il s’est aussi prononcé pour l’application des lois dites de «drapeau rouge» visant à autoriser une confiscation temporaire de l’arme d'une personne considérée comme menaçante.
Les États-Unis comptent davantage d'armes individuelles en circulation que d'habitants, une prolifération qui a pour conséquence un taux très élevé de décès par arme à feu aux États-Unis, sans comparaison avec celui des autres pays développés.
Aux Etats-Unis, on compte davantage d’armes que d’habitants.
Selon l’observatoire Small Arms Survey, 393 millions d’armes à feu étaient en circulation en 2017 pour 325 millions d’Américains, ce qui fait 120 armes pour 100 habitants.
C’est le pays où ce ratio est le plus important au monde, loin derrière le Yémen avec 52,8 armes pour 100 habitants et le Monténégro avec 39,1 pour 100 habitants.
Ces armes sont de plus en plus fabriquées sur le territoire américain : 13,4 millions d'entre elles ont été produits dans le pays en 2022 contre 3,4 millions en 2002, statue le ministère de la Justice américain.
En 2023, plus de 43 000 Américains ont été victimes d’armes à feu, estime l’association Gun Violence Archive qui recense 655 fusillades (ayant fait au moins quatre morts et/ou blessés) et 40 tueries de masse.
C’est le deuxième amendement de la Déclaration des droits qui autorise les Américains à «porter et détenir des armes» ou encore à se «constituer en milice bien organisée».
Ce droit reste central dans la société états-unienne et fait régulièrement l’objet de débats animés notamment dans le cadre de la course à la Maison Blanche.
L’assaillant a été abattu dans la foulée.
Un AR-556, un fusil semi-automatique de type AR-15 a été retrouvé près de son corps.
L'AR-15 a été conçue à Los Angeles dans les années 1950 pour la société ArmaLite, à laquelle renvoie le sigle «AR».
En 1959, les droits sont vendus à Colt qui vend le fusil à l'armée américaine qui le renomme «M16», un nom plus connu du grand public.
Son développement dans le civil n’est intervenu que bien plus tard.
L’AR-15 a été utilisé par la police aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni.
En 2020, une étude de la National Shooting Sports Foundation estime que 24,4 millions d'AR-15 circulent actuellement dans le civil aux États-Unis.
Un sondage de l'université de Georgetown réalisé en 2021 sur les détenteurs d'armes donne peu ou prou les mêmes chiffres.
À noter qu’elle est utilisée par de nombreux chasseurs.
Cette arme est devenue le symbole du débat sur le port d’armes aux États-Unis.
Pour les partisans de la régulation, elle est l’arme préférée des auteurs de fusillade.
De fait, elle a été utilisée dans un très grand nombre de tueries de masse ces dernières années : Uvalde en 2022, Parkland en 2018, Las Vegas en 2017, Orlando en 2016, ou dans la tuerie de l'école primaire Sandy Hook en 2012.
Pour les inconditionnels du deuxième amendement, elle est aussi le symbole de la liberté du port d’arme.
En 2023, des élus républicains ont par exemple suscité l’indignation de leurs adversaires démocrates en arborant au Congrès un pins en forme d'AR-15.
En outre, les tentatives de régulation se heurtent systématiquement à la puissance du lobby de l'armement.
Le président sortant Joe Biden est toutefois parvenu à obliger les vendeurs à vérifier le profil des acheteurs depuis 2022.
L’année dernière, la mise sur le marché du JR-15, un fusil spécialement conçu pour les enfants sur le modèle de l'AR-15, a provoqué l’ire des associations favorables à la régulation des armes.
La société de fabrication WEE1 Tactical notait sur son site que c’était «la première de nombreuses armes qui aideront les adultes à faire découvrir aux enfants le sport de tir en toute sécurité».