Afin de conserver son indépendance d'accès à l'espace et répondre à ses besoins institutionnels, l'Agence Spatiale Européenne (ESA) a lancé le programme Ariane 6 lors de la Conférence ministérielle qui s'est tenue au Luxembourg en décembre 2014.
Afin de donner de la flexibilité à l’opérateur Arianespace pour répondre aux besoins de ses clients, qu’ils soient commerciaux ou institutionnels, il a été décidé de décliner le lanceur en 2 versions : Ariane 62 et Ariane 64.
L'Agence Spatiale Européenne (ESA) est maître d'ouvrage du programme Ariane 6 et architecte du système de lancement. Elle bénéficie dans ce cadre de l’expertise du CNES via des équipes mixtes de projets et via sa direction technique dans toutes les composantes lanceur et ensemble de lancement.
Maître d'œuvre du lanceur, ArianeGroup a baissé significativement le coût de production d'Ariane 6 par rapport à Ariane 5.
Pour accueillir Ariane 6, le CSG a construit un pas de tir innovant équipé d’un imposant portique mobile.
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C’est depuis l’Ensemble de lancement 4 (ELA4), 9e ensemble de lancement du Centre Spatial Guyanais, qu’Ariane 6 prend son envol. Aménagé sur 170 hectares, le chantier a nécessité le travail de 600 personnes dont 75% d’emplois locaux.
Le pas de tir s'étend sur 170 hectares et se compose d'un bâtiment d'assemblage du lanceur, d'une zone de lancement, d'une route qui relie les différents bâtiments ou encore de zones logistiques et de stockage.
L’ELA4 ne présente que deux zones d’opérations éloignées de 900 mètres : le bâtiment d’assemblage à l’horizontale du lanceur (BAL), et la zone de lancement.
Frédéric Munoz du Centre national d'Etudes spatiales (CNES) est responsable de site pour le nouvel Ensemble de Lancement dédié à Ariane 6 (ELA 4). Il nous précise que les travaux d'infrastructure sont en cours.
"Actuellement, environ 500 personnes opèrent pour construire le génie civil, c'est-à-dire le béton qui va permettre de lancer la fusée Ariane 6," indique-t-il.
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Les opérations d’Ariane 6 sont finalisées dans un portique mobile de 90 mètres de haut et de 8 000 tonnes, l’équivalent du poids de la Tour Eiffel.
Visible à des kilomètres à la ronde, un grand cube en treillis métallique domine les étendues côtières au nord-ouest de Kourou.
Sur le pas de tir d'Ariane 6 s'érige un immense bâtiment. Il s'agit d'un portique qui protège Ariane 6 des intempéries jusqu'au moment du décollage. Ses dimensions : 89 mètres de haut et 49 mètres de large.
Les portes supérieures font 42 mètres de haut, celles du bas en font 30. L'ensemble, qui pèse 8 200 tonnes, se déplace sur des rails à la vitesse de 7 mètres par minute.
Avant le lancement, le portique doit s'écarter du lanceur, se plaçant à 120 mètres de lui. C'est l'édifice mobile le plus grand du monde, selon le Cnes.
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«Le bâtiment fait 50 mètres de côté au sol, la moitié de la surface d'un terrain de football et culmine à 100 mètres de hauteur», explique Frédéric Munos, responsable au Cnes, l'agence spatiale française, du chantier du futur pas de tir d'Ariane 6 en Guyane. «C'est la plus grande structure métallique d'Amérique du Sud, qui une fois terminée pèsera 7 000 tonnes et sera, en plus, mobile! Dans le jargon des spécialistes du spatial, ce bâtiment hors du commun est un portique mobile.
Le cocon n'est pas une coquille vide. L'intérieur est un dédale qui compte 48 plateformes, présente le Cnes, permettant aux équipes d'assembler les boosters, d'intégrer la partie supérieure où se logent les satellites, d'approvisionner le lanceur en carburant et de surveiller tous les paramètres de la fusée avant son décollage.
Ce système innovant est propre à Ariane 6 et diffère de celui d'Ariane 5.
Actuellement, elles réalisent le dispositif d'évacuation des jets des moteurs. "Quand le lanceur décolle, les jets des moteurs vont impacter un déflecteur de jets au fond du carneau, précise Frédéric Munoz.
Et les flammes, les gaz en fait, vont pouvoir s'échapper par les deux tunnels, la grande structure en béton qui fait 200 mètres de long par 20 mètres de haut et 20 mètres de large," ajoute-t-il.
Tout a été pensé pour réduire la durée et le coût des procédures de lancement. Par exemple, la construction des fusées elles-mêmes évolue: elles seront assemblées horizontalement et non plus verticalement comme Ariane 5.
Didier Coulon, responsable du programme pour l'Ensemble de lancement ELA4, nous en dit plus : "On a un assemblage à l'horizontale du lanceur qui permet d'avoir des bâtiments de dimensions beaucoup plus réduites, donc en termes de climatisation, on diminue les coûts d'exploitation, etc.
Et une fois qu'on a assemblé ce lanceur, il est mis sur un transbordeur et on l’envoie en zone de lancement, poursuit-il.
Sur place, il sera érigé à la verticale et on viendra approcher les booster: à ce moment-là, on fera un contrôle global du lanceur et cela donnera le feu vert d'apporter le composite supérieur avec les satellites, dit-il.
Une fois qu'on a fait tout cela, indique-t-il, on retirera le grand portique mobile de 90 mètres de haut et on pourra procéder au lancement."
Ariane 6 a été conçu pour offrir le même niveau de précision et de fiabilité qu’Ariane 5, avec des performances et une polyvalence sans équivalent.
Les choix techniques ont reposé sur les analyses de concepts menées conjointement durant 2 ans par le CNES, l'ESA et l'industrie, en particulier le Prime lanceur qui allait devenir ArianeGroup.
Elle a confié à ArianeGroup le développement des 2 versions du lanceur Ariane 6 ainsi que leur commercialisation via sa filiale Arianespace.
Afin de rassembler toutes les compétences nécessaires au succès du programme Ariane 6, des salariés CNES et ESA ont été intégrés au sein d'ArianeGroup.
ArianeGroup pilote l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement du lanceur Ariane 6 et a mis en place un processus industriel à l’état de l’art, conçu pour produire sans défaut en réduisant les temps de cycle.
Ariane 6 peut effectuer un vol tous les 15 jours grâce à des campagnes de lancement de courte durée, permises par des cycles de production et d’assemblage optimisés et la configuration des installations au sol.
Dans sa catégorie, Ariane 6 a une rivale principale. Elle est américaine et s’appelle Falcon 9.
Avant même d’avoir décollé, le nouveau lanceur lourd européen connaît déjà le nom de son principal concurrent… La fusée Falcon 9 de SpaceX.
Les deux versions disposent d’un avantage non négligeable par rapport à leur rivale de SpaceX. Leur étage supérieur est en effet équipé du moteur Vinci qui peut être redémarré à quatre reprises.
Avec ses deux versions, l’Agence est aussi en mesure de s’adapter à la demande. Avec l’essor du New Space et des constellations de nanosatellites en orbite basse, l’A62 répond davantage aux attentes actuelles du marché.
Caractéristique | Ariane 64 | Falcon 9 |
---|---|---|
Charge utile en LEO | 21 tonnes | 22 tonnes |
Charge utile en GEO | 12 tonnes | 8 tonnes |
Moteur réallumable | Oui (Vinci) | Non |
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