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Dans le domaine du sport, le formateur, tout comme l’entraîneur, devrait aider les joueurs à s’appuyer sur les facteurs favorables impliqués dans les configurations du jeu pour décider de la suite à donner au jeu. Au lieu d’élaborer des plans compliqués, il est plus judicieux d'aider les joueurs, à partir d’une évaluation minutieuse du rapport des forces en jeu, à définir les moyens les plus adéquats pour les réaliser. Ces facteurs sont souvent inédits voire imprévisibles et il faut de la disponibilité, de l’expérience et de la clairvoyance afin d’en tirer profit. La tactique du joueur efficace en possession du ballon (ou non) consiste à faire évoluer une situation momentanée du jeu en équilibre en exerçant une pression sur les configurations du jeu en vue de voir apparaître une opportunité prometteuse pour l’attaque. Le potentiel de la situation, une fois bien exploité, doit aboutir à une situation où il est possible de marquer.

Dans ce cadre, la gestion d’une activité complexe comme un match de sport collectif ne se ramène pas à suivre une procédure établie pour maintenir le système d’affrontement dans un état acceptable d’équilibre en faisant des compromis entre des critères flous et divergents. Les experts sont orientés vers des objectifs précis et se fondent sur des images opératives, partielles, déformées, mais directement tournées vers l’action, comme nous l’avons déjà exposé (Gréhaigne, 2009). Cela implique, ici, une recherche consciente et active des informations en vue de les catégoriser et de les hiérarchiser. Toutefois, ce processus ne précède pas la prise de décision. Ce sont les schémas que le sujet s’est forgé par son entraînement et son expérience qui élaborent une sorte de réservoir de décisions types en relation avec ses ressources disponibles : c’est cette véritable base de données qui sera utilisée par le joueur pour décider des actions à suivre.

Base d’orientation et activité du joueur

Bouthier et Savoyant (1984) soutiennent que, dans toute action individuelle, on doit distinguer, à la suite de Galpérine (1980) des opérations d’exécution et des opérations d’organisation - celles qui assurent le repérage de la situation et conduisent à une décision - en rapport avec la base d’orientation du sujet. Pour Galpérine (1965), la structure interne de l’action est complexe car, outre un but et un mobile, elle suppose la présence d’un objet et, aussi, chez le sujet, d’une base d’orientation. Cette dernière comprend l’ensemble de ses connaissances, à propos de l’action elle-même aussi bien que des conditions dans lesquelles elle est accomplie. En d’autres termes, ce sont les représentations qu’a le sujet du milieu et de l’action. Enfin, toute action est composée d’un ensemble d’opérations. C’est l’ordre dans lequel celles-ci sont exécutées qui constitue le mécanisme de l’accomplissement de l’action. Quant à l’analyse fonctionnelle, elle distingue dans l’action trois parties : orientation, exécution et contrôle.

Le succès de l’action dépend de sa partie d’orientation. En se servant de celle-ci (représentations du milieu et de l’action), le sujet essaie de s’orienter dans l’une comme dans l’autre. II a été démontré que ce sont la réussite de l’accomplissement de l’action dans son ensemble et son efficacité ultérieure qui donnent à cette partie précisément son caractère (Galperine, 1965). Si les conditions qui déterminent objectivement la réussite de l’action sont données dans la base d’orientation, alors non seulement le joueur construit correctement la partie d’exécution, mais il comprend pourquoi il doit le faire justement de telle façon et non de telle autre. En d’autres termes, le joueur donne, telle ou telle réponse, non seulement parce qu’elle a été construite mais aussi parce que cette réponse contient la logique du jeu et les conditions dans lesquelles se réalise l’action. La base d’orientation est l’élément central dans l’élaboration de toutes les formes d’action. C’est en particulier du contenu de cette base d’orientation de l’action que dépend, pour le joueur, son niveau de compréhension de la nature de la situation de jeu et de l’action elle-même. Dans cette conception fondée sur l’activité, le joueur ne réagit pas passivement et aveuglément ; il raisonne à propos des conditions de jeu.

Darnis-Paraboschi, Lafont et Menaut (2006) soulignent dans leur étude, l’importance accordée à l’analyse des bases de connaissances des pratiquants et positionnent leur travail sur l’apport des interlocutions dans des dyades dans une perspective de l’enseignement des jeux par la compréhension (Gréhaigne, Godbout & Mahut, 1999). Bien que Vygotski (1933) signale parfois des discordances entre la formation d’un concept et sa restitution verbale, les auteurs considèrent la formulation de règles d’action comme un outil au service de la prise de décision.

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Nous sommes bien en présence de processus qui dissimulent un système de construction complexe, hiérarchisé en fonction des formes et des variétés de l’action, que nous allons essayer de décrypter plus avant.

S’organiser en équipe

Dans son ouvrage « le football », Frantz (1975) défendait l’idée, que dans une équipe de football, en défense, on s’organise alors qu’en attaque, on improvise. Robert, (1985, p. 5), à propos de la dynamique du jeu, affirmait « que les conditions réglementaires conduisent à définir le jeu comme une dualité dynamique où chaque équipe oppose à l’autre le nombre au nombre, l’action offensive à l’action défensive en vue d’obtenir un résultat : gagner ou ne pas perdre ».

Établir l’équilibre entre l’attaque et la défense

Pour continuer notre réflexion, nous allons envisager successivement les points de règlement concernant être en jeu ou hors du jeu et les éléments assurant ou non la continuité du jeu. Le but de l’équipe attaquante est d’assurer la continuité de la possession de la balle et sa circulation en vue de s’approcher du but adverse et, surtout, de marquer des buts.

Limiter l’espace

Au football ou au rugby, les lois sur le hors-jeu limitent le positionnement et la circulation des joueurs. Au handball, devant chaque but, il existe une surface interdite aux joueurs sauf au gardien. La zone, un demi-cercle de 6 m de rayon, est quand même largement utilisée dans les airs. Au basket-ball, devant le panier, se trouve une raquette où l’on ne peut pas stationner plus de trois secondes. Enfin, au hockey sur glace, on retrouve dans le tiers avant de la patinoire une zone tenant toute la largeur où la rondelle doit pénétrer avant tout attaquant lors d’une montée offensive. Ces lois sur le hors-jeu ou sur les zones interdites de façon permanente ou temporaire, visent, en fait, à établir ou rétablir un équilibre entre les droits de l’attaque et ceux de la défense. Cela correspond également à un aspect très moral à savoir que « dans le jeu, nul ne peut s’approprier un avantage immérité ». Le but de l’ensemble de ces règles est le même dans tous les sports collectifs, c’est empêcher les avants piquets (loafers en bon québécois) de camper à proximité du but de l’autre équipe.

Sans la règle du hors-jeu, le football serait, sur un grand champ, un jeu sans échange de balle, fait de coups de pieds vers l’avant ou de passes longues d’un bout du champ à l’autre. En empêchant toute position trop avancée la règle privilégie donc la conduite de balle et la passe, plutôt que des coups de pieds longs. Cela favorise le jeu collectif qui, à son tour, encourage de passer rapidement d’un côté du champ à l’autre et comprime l’action sur une plus petite superficie du terrain, habituellement environ 30 ou 40 mètres de long. Le résultat final est que tous les joueurs doivent rester proches de l’action, ce qui permet à chacun de participer aux différentes configurations du jeu. Les premières traces de cette règle datent des années 1870, où après de longues discussions entre les clubs, la règle fut établie à seulement trois défenseurs. En 1925, la règle du hors-jeu a évolué. Le changement avait été rendu inévitable pour les instances dirigeantes du football par la trouvaille des défenseurs du club de Newcastle qui avaient inventé le premier piège du hors-jeu de l’histoire. Remontant le terrain très vite, ils mettaient les attaquants en position de hors-jeu. Les arbitres étaient continuellement en train de siffler. Dès lors, les spectateurs devinrent moins assidus au stade. La nouvelle règle, qui prenait en compte seulement deux joueurs entre le ballon et la ligne de but « au moment où le ballon est joué », était censée donner aux attaquants une plus grande latitude dans le jeu. Ce fut efficace : après 1925, le nombre de buts marqués augmenta de façon spectaculaire.

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En ce qui concerne le rugby, Deleplace (1966, p. 342) remarque que « l’idée de départ qui amène la règle du hors-jeu est le parti pris athlétique ». Les gains de terrain que réalise le ballon tantôt vers un but tantôt vers l’autre doivent être parcourus par un ou plusieurs joueurs. Le rugby veut que ce soit les hommes qui courent et non le ballon. Le mouvement du ballon par rapport à la profondeur du terrain ne doit être que le témoin du mouvement des hommes selon cette dimension.

Or, pour faire courir tous les joueurs, il suffit d’obliger les attaquants à courir. Ceci oblige les défenseurs à se déplacer pour éviter de se faire déborder tout en protégeant leur cible. L’ensemble de ces règles et de ces modalités de jeu donnent une tonalité particulière à chaque jeu collectif.

Continuité / discontinuité du jeu

Pour les sports collectifs en général, le terme de continuité est employé à propos du passage d’une situation tactique à une autre (attaque / défense). Ici, les règlements ou les options tactiques du moment assurent ou non la continuité du jeu, du football américain au football. La durée moyenne d’une séquence devient un indicateur pertinent des choix effectués. Plus la durée d’une séquence est courte plus tactiquement elle est faite pour éviter le désordre. Plus la séquence dure, plus le désordre peut s’installer dans le jeu. Dans ce cas, le schéma tactique représente une forme de jeu rigide et stéréotypé. On l’utilise d’habitude en attaque, dans les moments fixes du match comme par exemple les différentes remises en jeu. Le schéma tactique est : « exécution d’un dispositif préétabli (établi à l’avance) dans lequel les joueurs et le ballon circulent et agissent de façon stéréotypée, conformément aux indications établies à l’avance, afin de réaliser une tâche partielle du jeu » (Teodorescu, 1965, p. 2). Ce type d’action est caractéristique du volleyball ou du football américain où l’on choisit et annonce le schéma que l’on va utiliser lors de la prochaine mise en jeu. Dans ces jeux, les conditions qui autorisent une circulation de la balle sont très restrictives.

La circulation tactique est appliquée sur tout le terrain et constitue une forme supérieure au schéma tactique. Dans la circulation tactique participe un grand nombre de joueurs. Elle est utilisée contre une défense déjà organisée. « La circulation tactique représente une suite d’actions individuelles et de combinaisons tactiques effectuées suivant un certain plan d’organisation, le ballon et les joueurs circulant successivement vers des endroits du terrain établis à l’avance » (Teodorescu, 1965, p. 5). Une attaque avec ses différents temps et les déplacements des défenseurs entre les lignes illustrent bien ce type de phénomènes. Enfin, avec un peu des deux aspects, on trouve les jeux où le temps d’attaque est limité par le règlement comme au handball ou au basket-ball.

Par opposition au schéma tactique, la circulation tactique est élastique, supposant la détermination à l’avance non seulement de certains principes de circulation du ballon et des joueurs, mais aussi le sens et le rythme de ces déplacements. Ainsi, à l’intérieur d’une même situation tactique, on utilise le terme de continuité lorsqu’il y a enchaînement de plusieurs phases collectives. On peut utiliser également ce concept à propos de l’enchaînement des actions par le joueur (capture du ballon, conduite et tir). Si le désordre apparaît, on peut considérer que le premier temps de jeu a été efficace, pour provoquer un déséquilibre défensif. Le temps qui suit a pour but d’exploiter ce déséquilibre en choisissant la forme de jeu la plus adaptée. Assurer la continuité de l’attaque exige un replacement offensif anticipé dans les espaces disponibles et une lecture efficiente du placement et des déplacements des partenaires et adversaires.

L’organisation

Pour sa part, l’organisation, a été bien étudiée par Crozier et Friedberg (1977) qui soutiennent l’idée d’une sociologie de l’action organisée. Cette méthode, basée sur l’analyse stratégique, se positionne sur le plan des relations de pouvoir entre les acteurs et des règles implicites qui gouvernent leurs interactions. Chaque organisation est avant tout un système relationnel. L’observation permet de révéler de nombreux problèmes que l’on peut regrouper en deux grandes catégories, les stratégies des personnes et les relations de pouvoir entre elles. L’un des apports fondamentaux de Crozier (2000) a été de rejeter l’idée selon laquelle le pouvoir est détenu uniquement par les décideurs (meneurs du jeu ou entraîneurs, dans notre cas). Sur la base des travaux menés, on peut considérer que tout le monde, quelle que soit sa position dans l’équipe, dispose de pouvoir, ne serait-ce qu’en bloquant ou facilitant la collaboration.

La dynamique du jeu, c’est l’organisation du jeu et ses aspects d’auto-organisation avec l’imprévu, le hasard et les bons coups à jouer qui ne relèvent pas d’une structure pré-établie qu’il suffirait de bien animer pour réussir. Donc, ni animation car les joueurs ne sont pas des pantins, ni système dynamique puisque les joueurs ne sont pas des particules. L’organisation de jeu constitue la base d’évolution des joueurs ; elle répartit les rôles sur le terrain pour obtenir une efficacité de l’ensemble. En effet, il est bien évident qu’une équipe ne peut jouer sans une organisation collective. Chaque joueur effectue un travail en fonction de celui des autres. Son sens tactique lui permet de s’adapter pour résoudre les situations de jeu dans l’intérêt de l’équipe. Les éléments varient et l’élévation du niveau technique, physique, tactique des joueurs fait modifier les dispositions.

L’organisation de jeu s’adapte. Les équipes s’organisent en fonction de dominantes, en tenant compte de leurs propres valeurs (qualités et faiblesses) ainsi que de celles de l’adversaire. L’organisation du jeu est permanente alors que le plan de jeu (tactique) est temporaire et relatif à un seul match. Pour le joueur, elle correspond à une situation. On attend d’une organisation bien construite qu’elle permette 1) de couvrir de façon optimale le terrain, 2) d’occuper les espaces entre les défenseurs pour faciliter l’attaque ainsi que de rester en barrage en défense pour empêcher la progression des adversaires et, enfin, 3) de tenter d’accéder ... fonction de la tranche d'âge.

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