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L’arme est pour nous un objet usuel, parfois une œuvre d’art. Cependant, la perception que nos contemporains ont des armes a beaucoup évolué ces dernières décennies. L’arme, fut-elle de chasse, n’est pas un objet anodin. Si nous sommes les seuls à pouvoir utiliser des armes dans un milieu naturel, ce n’est pas un privilège. Toute activité, a fortiori de loisirs et de nature, comporte des risques et induit des dangers. La chasse ne fait pas exception à la règle. C’est pourquoi les chasseurs ont développé depuis de nombreuses années une véritable culture de la sécurité.

Si les actions des fédérations, de l’ONCFS (actuel OFB)et des associations, conjuguées à la prise de conscience individuelle ont fait baisser de moitié le nombre d’accidents en 10 ans, nos efforts ne doivent pas s’arrêter là. Nos sociétés modernes veillent à réduire au maximum les risques d’accidents et cherchent systématiquement des responsables. Dans une logique de responsabilité, la loi consacre plusieurs articles à la sécurité. Il ne s’agira pas d’un examen, mais d’une formation. Le but ? Reprendre les gestes de la sécurité, rappeler les situations d’accidents et les comportements à adopter lorsque l’on rencontre un usager de la nature non-chasseur, l’adaptation de l’arme au gibier chassé, etc.

Cette commission va permettre de demander au Préfet la rétention ou la suspension du permis de chasser d’une personne qui aurait commis un incident matériel grave ayant pu mettre en danger la vie d’autrui, ou en cas d’accident ayant entraîné la mort d’une personne ou involontairement causé une atteinte grave à l’intégrité physique d’une personne à l’occasion d’une action de chasse ou de destruction.

Statistiques des Accidents de Chasse

Comme chaque année, l’Office français de la biodiversité (OFB) a dressé le bilan de l’accidentologie à la chasse de la saison cynégétique écoulée. Le nombre d’accidents mortels est à la hausse cette dernière saison de chasse avec 11 décès de chasseurs, contre 6 les deux saisons précédentes. Il s’agit du chiffre le plus élevé enregistré depuis la saison 2019-2020. Bien que depuis vingt ans, la tendance globale du nombre des accidents ait été à la baisse (100 accidents aujourd’hui contre 169 lors de la saison 2005/2006), l’accidentologie est repartie à la hausse depuis 2021 (78 accidents sur la saison 2021-2022).

La chasse au grand gibier continue à générer la majorité des accidents (63 % contre 37 % pour la chasse au petit gibier). Ce chiffre est stable depuis vingt ans. Enfin, la part des auto-accidents reste élevée : 35 % des accidents enregistrés cette saison (tous gibiers chassés) impliquent une seule personne, avec 5 décès recensés dans ces circonstances.

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S’agissant des dommages matériels causés par l’utilisation d’une arme, sans blessure corporelle, l’OFB constate une augmentation significative des signalements : 135 incidents ont été recensés cette saison, contre 103 l’année précédente (+ 31 %). Cette augmentation se confirme sur les deux dernières saisons. Parmi ces incidents, 58 concernaient des tirs vers des habitations, 27 des tirs vers des véhicules et 50 des tirs ayant touché des animaux domestiques.

En tout état de cause, cette évolution souligne la réelle nécessité de poursuivre les efforts de formation et de sensibilisation des chasseurs, en particulier sur les risques liés aux tirs en direction des habitations, des routes, des chemins ouverts à la circulation, des véhicules, des animaux domestiques, etc...

D’une manière générale, la tendance à la baisse observée depuis 20 ans est liée, pour partie, à l’organisation de l’examen du permis de chasser organisé par l’OFB, avec le concours des fédérations départementales des chasseurs chargées de la formation. Depuis 2003, il comprend des exercices pratiques et des questions théoriques. Axé prioritairement sur la sécurité (et en particulier sur les manipulations et la tenue des armes en action de chasse), il sanctionne tout comportement dangereux par une élimination aussi bien en pratique qu’en théorie.

Comparaison Internationale

L’Allemagne qui ne compte que 351.000 chasseurs par rapport à nos 1.200.000 pratiquants s’est livrée à des calculs. Il en ressort que : « Avec 351.000 chasseurs, la probabilité d’être blessé mortellement au cours d’une chasse est de 0,00085%. Ceci doit être comparé au risque d’accident mortel domestique, environ 0,009% (7.500 accidents mortels pour 81 millions d’Allemand). En résumé : l’Allemand moyen vit, entre ses quatre murs, dix fois plus dangereusement que le chasseur à la chasse ».

En Allemagne, je cite l’article source : une personne meurt toute les deux heures sur la route. Conduire est 23 fois plus mortel que chasser. Faire de la haute-montagne est presque 5 fois plus dangereux que chasser : 45 alpinistes des 900.000 membres de l’Association Alpine Allemande ont eu un accident mortel en 2010 (0,004%) ».

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Dans un Tweet, Franc Aller a comparé les accidents de chasse, mortels ou non, chez nos voisins frontaliers. En Espagne, selon les chiffres officiels de Ministère de l’Agriculture, en 2020 il y a eu 554 accidents de chasse dont 51 mortels.

Extraits de l’article ci-dessus : « ….En 2020, en Espagne, sur près de 750.000 chasseurs, on a dénombré 605 accidents de chasse pour 51 cas mortels. Ces chiffres ont été récemment publiés par le gouvernement, qui dresse un bilan de la pratique dans le pays.

Autres Risques Comparés à la Chasse

Chaque été en France, les noyades sont responsables de près de 500 décès. Douze noyades accidentelles en moyenne par jour, dont trois mortelles. Tels sont les chiffres des accidents survenus entre le 1er juin et le 30 septembre 2018, selon la dernière enquête «Noyades» de Santé publique France.

A titre de comparaison, il est à souligner que le rugby a généré 400 décès sur les terrains au cours des dix dernières années (avec 4 fois moins de licenciés que la chasse). Notez par ailleurs que le ski engendre chaque année une moyenne de 40.000 accidents dont près de douze mortels.

On constate que dans 30 % des cas, le chasseur se blesse seul lors des manipulations de l’arme.

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Causes des Accidents

Le non-respect de l’angle des 30° continue, quant à lui, à constituer la principale cause d’accidents lors des chasses au grand gibier (33 % des cas).

Il s’il faut garder à l’esprit que ce n’est pas l’arme qui est dangereuse, mais l’usage qui en est fait, force est de reconnaître qu’elles sont plus adaptées aux chasses au poste, en solitaire, qu’aux chasses actives, en groupe.

Nombre de ces accidents pourraient être évités en respectant une règle de base : celle des 30°. Le chasseur ventre au bois, ne doit pas tirer dans la traque - du moins, c’est généralement énoncé lors des consignes - mais seulement lorsque le gibier aura sauté l’allée, au-delà d’un angle de 30° qui garantit la sécurité des voisins.

Pour matérialiser un angle de 30° vers la droite, le chasseur effectue 5 pas vers la droite puis 3 pas perpendiculairement et la même chose côté gauche. A la fin du troisième pas, il plante un repère (bâton ou autre). Parfois, le layon est très étroit ou le bois très sale, rendant le tir quasiment impossible. Dans ce cas, mieux vaut s’abstenir !

Selon Mila Sanchez, cofondatrice du collectif Un jour un chasseur, créé pour libérer la parole des personnes victimes d’abus de chasseurs, à la suite de la mort de Morgan Keane dans le Lot: « énormément de faits ne sont pas recensés, parce qu’ils ne font pas l’objet de plaintes ou de poursuites judiciaires », poursuit-elle, évoquant des faits classés sans suite, faute de preuve, mais aussi des réticences à dénoncer certains incidents. « Dans les campagnes, il y a encore un tabou à en parler, assure-t-elle. C’est petit, tout le monde se connaît… certains ont peur des représailles. »

S’ils montrent une évolution, « les chiffres restent clairement sous-estimés », selon Mila Sanchez, cofondatrice du collectif Un jour un chasseur.

Mesures de Prévention

Tenir compte de l’environnement, c’est aussi tout simplement ne pas se laisser aveugler par le gibier. Certains gibiers se font un malin plaisir à vous offrir les plus belles occasions… en volant à moins de 2 mètres de haut, pour des tirs à l’horizontale. Dans le premier cas, le tir est envisageable. La plaine est un milieu ouvert, offrant une bonne visibilité. Nous sommes ici dans les circonstances typiques où le chasseur devra particulièrement tenir compte de l’environnement. C’est la sécurité passive. Le fluo, pour le chasseur, est parfois un déchirement.

Tout acte de chasse pratiqué par plus d’une personne comporte forcément un responsable. En battue et en particulier au grand gibier, ce responsable doit énoncer clairement, à tous les participants, les consignes de sécurité et de tir. Ces consignes sont données lors d’un rituel précédant la chasse, celui du rond. Tous les participants, chasseurs et traqueurs sont conviés. Les consignes verbales sont, maintenant, de plus en plus souvent doublées par des consignes écrites. Celles-ci sont remises au chasseur.

En cas d’accident, la responsabilité du responsable de chasse n’ayant pas donné les consignes est systématiquement engagée.

Les autres usagers de la nature, de plus en plus nombreux, ne sont pas forcément informés des jours de chasse. Pour les prévenir, n’hésitez pas à poser des pancartes sur les chemins traversant les zones chassées avec un message du type « Aujourd’hui, nous chassons : ensemble, soyons vigilants ». Elles doivent être posées le matin de la chasse et enlevées dès la fin. Pour les grands massifs, c’est facile.

Règles de sécurité

  • Le respect de l’angle de sécurité : il doit être répété lors de chaque rond préparatoire à l’organisation des chasses collectives et imposé aux postés durant la battue (matérialisation et respect lors des manipulations et des tirs).
  • Lors du moindre doute, le chasseur doit s’abstenir de tirer.
  • L’utilisation des armes par les rabatteurs doit être mieux encadrée par les responsables des battues et limitée à des traqueurs spécialement formés.
  • Resserrer les chasseurs postés afin de limiter les tirs à grande distance.
  • Interdire les tirs en direction d’habitations ou de routes ouvertes à la circulation. Pour cela, positionner les postes en prenant en compte l’environnement et prohiber les chasseurs postés dans les endroits où des tirs peuvent être réalisés vers des habitations ou routes.
  • Prendre en compte les chemins utilisés par les promeneurs et favoriser l’utilisation des moyens de communication pour signaler la présence de personnes extérieures à la chasse.

Précédé d’une formation obligatoire réalisée par les fédérations départementales de chasseurs, l’examen permet à tous les futurs chasseurs d’être sensibilisés, formés et évalués sur l’ensemble des règles de sécurité.

Au-delà de l’examen du permis de chasser, l’OFB reste totalement mobilisé sur la sécurité à la chasse, priorité du Gouvernement, sous l’autorité des préfets et des parquets. A ce titre, de nombreuses opérations de police de la chasse ont été organisées durant cette saison 2020-2021 sur l’ensemble du territoire national.

Les chasseurs ont droit régulièrement à des contrôles en règle : permis de chasser, pose de panneaux, transport et déclaration des armes, tests alcoolémie etc..

Envoi à tous les chasseurs du compte rendu circonstancié de tous les accidents mortels ou pas, dans les quinze jours qui suivent l’acte. Le port du gilet orange doit faire l’objet d’une mesure nationale.

Inclure dans la formation des chasseurs, un module « comportemental ». Dans la chasse il y a des gens qui « passent au rouge » « roule à gauche » et « prennent les sens interdits » et pas que des chasseurs. Il faut en tenir compte et expliquer à quel comportement on peut se retrouver confronter.

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