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À l'invitation de l'association Saint-Lô 44 - Roanoke ce 29 mars 2024, Yves Fauvel a fait visiter le souterrain qui lui a servi de refuge le 6 juin 1944 à Saint-Lô (Manche).

Yves Fauvel avait 6 ans quand il a vécu les bombardements du 6 juin 1944. Pour la première fois, il raconte cette nuit et les jours suivants, qui l’ont marqué pour la vie.

À 86 ans, Yves Fauvel est aujourd’hui l’un des rares survivants parmi les réfugiés du souterrain de la rue de la Poterne, le 6 juin 1944. À l'occasion d'une visite organisée par l’association Saint-Lô 44 - Roanoke, il raconte les deux journées d'horreur qu'il a vécu dans ce souterrain, la mémoire intacte. "Je ne me souviens de rien avant mes six ans, je me souviens de tout à partir de là."Il avait alors 6 ans.

Long de 50 mètres, le souterrain de Saint-Lô (Manche) avait été creusé sous les remparts sur ordre des Allemands en 1943 pour y installer un hôpital militaire. Le 6 juin 1944, alors que les bombes américaines pleuvaient sur Saint-Lô, la famille Fauvel y a trouvé refuge en compagnie de plusieurs centaines de Saint-Lois.

En 1944, la famille Fauvel tenait une librairie à la Maison-Dieu, une superbe bâtisse face à l’église Notre-Dame détruite par les bombardements américains.

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Le récit d'Yves Fauvel

« J’ai toujours beaucoup de mal à revenir à Saint-Lô, une ville que j’ai quittée à l’âge de 14 ans. Les événements de l’été 1944 n’y sont évidemment pas étrangers car je n’ai aucun souvenir d’enfant avant cette soirée du 6 juin 1944. Né à L’Aigle, dans l’Orne, en 1938, j’arrive en 1942 à Saint-Lô, où mes parents doivent reprendre la Maison dieu. C’est le magasin de jouets de mes grands-parents, situé à peu près au niveau de la préfecture d’aujourd’hui.

« Ce soir-là, on est à table en famille, chez mes grands-parents, quand les premières bombes tombent. Vite, on descend à la cave. De là, on voit s’effondrer notre maison située en face, près de l’église Notre-Dame. Dehors, les gens hurlent. Les bombes continuent de tomber. On enjambe les cadavres et les blessés sans pouvoir leur porter secours. Au coin de la rue, je jette un œil vers Notre-Dame. Sur le parvis, je vois un homme à la jambe arrachée hurler de douleur. Il hantera toute ma vie. Depuis des dizaines d’années, je viens chaque 6 juin déposer une gerbe de fleurs à sa mémoire.

Dans notre fuite, ma grand-mère reçoit un éclat de bombe dans la jambe, mais on arrive quand même à trouver refuge dans le tunnel, sous les remparts. C’est plein à craquer. Un homme meurt sous nos yeux. Juste à côté, une femme met un enfant au monde. Et les bombes tombent toujours.

L'errance après le tunnel

Au bout de deux jours, les valides comme nous sont contraints de laisser la place aux blessés. Toujours en famille, on part en direction du Hutrel, sur la route de Tessy. On va de ferme en ferme pour avoir un peu de lait, du pain, des œufs.

Un jour, alors qu’on est quelque part dans la campagne de Saint-Lô, mon père pose son coude sur ma tête, comme il a l’habitude de le faire quand on est l’un à côté de l’autre. C’est à ce moment qu’un nouvel avion arrive. Mon père est touché au bras. Moi, j’ai du sang partout sur la tête, mais je suis indemne. Depuis ce jour-là, je me considère en sursis.

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On continue à errer comme ça pendant deux mois. Ma mère est très marquée et a du mal à s’occuper de nous. On est à Mortain quand l’un de mes oncles, habitant à Bayeux, nous récupère. On rentrera l’année suivante, pour habiter dans des baraquements, route de Tessy. Ma mère ouvrira un commerce de maroquinerie au Champ-de-Mars, puis place de l’hôtel de ville.

À 14 ans, j’ai été pris en charge par un oncle. J’ai appris le métier… d’armurier, que j’ai exercé jusqu’à l’an dernier. Après la guerre, Yves Fauvel fut un armurier, réputé, dans la Somme.

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tags: #yves #fauvel #armurier #histoire

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