Envie de participer ?
Bandeau

Kirk Douglas, né il y a 102 ans, a marqué le cinéma, y compris le genre western, malgré ses nombreuses incursions dans d'autres domaines. Après des débuts dans le film noir, Douglas se tourne vers le western en 1951.

Les Premières Incursions dans le Western

« Le Désert de la peur », connu aussi sous le titre de « Une Corde pour te pendre », est son 12ème film. En France, Douglas a la faveur des journalistes, mais curieusement sa première incursion dans le western ne les fait pas vibrer.

La prestation de Douglas, en shérif torturé par les remords, est appréciée. Onze ans après, alors que le film est repris en salles à Paris et que Douglas est devenu une immense star, l’accueil de ce film reste mitigé : « Raoul Walsh s’endort en même temps que son héros. Les péripéties s’étirent, se répètent. » (Paris-presse, 3 juillet 1963).

Les Années 1950 : Une Décennie Clé

Kirk Douglas tourne sept westerns au cours des années 1950 (sur 23 films au total), une minorité certes, mais qui laisse un souvenir très fort dans les mémoires. Douglas restera comme l’un des acteurs phares du genre hollywoodien.

En attendant les œuvres majeures, « L’Homme qui n’a pas d’étoile », « Règlement de comptes à OK Corral » et « Seuls sont les indomptés », les cinéphiles français peuvent retrouver Kirk Douglas dans « La Vallée des géants », à l’automne 1952. « Le détail de cette histoire est aussi compliquée qu’ennuyeux (…) il n’y a aucune ligne dramatique », déplore Jean Quéval (toujours dans les pages de Radio Cinéma Télévision,l’ancêtre de Télérama, 12 octobre 1952).

Lire aussi: Types de ceintures de pistolet western

Le scénario est pourtant intéressant qui dénonce l’avidité des capitalistes, en plus de développer une fibre écologiste avant l’heure. Dans ce film, Douglas, patron d’une scierie, rêve de faire fortune en exploitant des forêts de séquoias ; « Les affaires, c’est pragmatique et froid », y expose le cynique. Si avec « Le Désert de la peur »,Douglas tourne un film mineur de Walsh ; en 1952, il figure dans un film majeur de Hawks, « La Captive aux yeux clairs ».

En trappeur jovial (« avec son visage de renard et sa démarche d’athlète nonchalant », écrit Marcel Huret, Radio Cinéma Télévision, 25 octobre 1953), Douglas crève l’écran ; il peut tout jouer : le tragique et le comique ; « il faut le voir pleurant et rampant dans l’herbe à la recherche du doigt dont il vient d’être amputé, obsédé par la coutume indienne qui veut qu’un homme soit enterré entier », écrira beaucoup plus tard Gérard Camy (Télérama, 2009).

« L’Homme qui n’a pas d’étoile » : Un Rôle Marquant

Dur, intransigeant, féroce même dans « Histoire de détective », Kirk Douglas revient dans un grand rôle, assez proche de celui de « La Captive aux yeux clairs », sous la houlette de King Vidor : « L’Homme qui n’a pas d’étoile » est une date très importante dans la filmographie de la star ; Douglas y impose une figure d’homme libre, indépendant, amoureux des grands espaces, mais aussi capable d’accès de violence.

« Sa silhouette aigüe et musclée d’Écossais aux yeux pétillants domine le récit », note Jean d’Yvoire (Radio Cinéma Télévision, 13 avril 1955). Cet homme-là déteste le cattle baron,propriétaire de troupeaux capitaliste qui entrave sa liberté de circuler en griffant les prairies de barrières et de barbelés - le fil de fer, il en garde les stigmates dans sa chair.

Dans « La Rivière de nos amours », qui lui fait suite, le dialogue de Douglas est explicite : « A mes yeux, l’Ouest ressemble à une belle femme, ma femme, alors je l’aime telle qu’elle est, je ne tiens pas à ce qu’elle change (…), j’aurais horreur qu’elle soit civilisée. » Douglas reprendra encore ce personnage fétiche dans« Seuls sont les indomptés »et « El Perdido ».

Lire aussi: Recommandations concernant les fusils turcs

« Seuls sont les indomptés » et « Règlement de comptes à OK Corral »

D’un côté, un western très contemporain apparemment anodin et en noir et blanc - mais qui se bonifie avec le temps -, de l’autre, une superproduction sacrifiée - un grand film malade, pour reprendre une formule célèbre. Dans « Seuls sont les indomptés », Douglas est un « Don Quichotte qui s’est trompé de siècle » (Michel Aubriant, Paris Jour, 18 septembre 1962), un cow-boy désuet qui chevauche où cela lui plaît, à l’heure de l’automobile et se retrouve traqué par un shérif dans un hélicoptère.

Parlant de « Seuls sont les indomptés », dans Cinéma 62,Yves Boisset (futur réalisateur de polars) ne s’y trompe pas : « il s’agit à mon avis d’une des plus belles et d’une des plus courageuses histoires qu’Hollywood ait jamais entrepris de raconter ». Entretemps, Kirk Douglas retrouve son alter egode « l’Homme aux abois », le sculptural Burt Lancaster, dans « Règlement de comptes à OK Corral », l’un des westerns de la star à la fossette sans doute les plus diffusés à la télévision française.

S’il n’est pas rare que les films qui sont aujourd’hui considérés comme des classiques se soldent à leur sortie en salles par des flops au box-office, en octobre 1957, la critique est toutefois unanime concernant « Règlement de comptes à OK Corral ». Cette « chanson de geste » (Franc-Tireur, 22 octobre) est un « très, très beau film » (Libération, 21 octobre) à « la mise en scène sans défauts » (L’Humanité, 19 octobre).

La prestation de Kirk Douglas est fort appréciée : « distingué et phtisique [il] campe à merveille Doc Holliday, joueur impassible et tireur dans égal. » (Franc-Tireur, 22 octobre) Pour André Lang, dans France-Soir, l’acteur « sort de l’inconsistance un personnage équivoque - criminel repenti, malgré soi, héros sans le vouloir. » (16 octobre)

Avec Douglas, le divertissement doit être plus que de l’entertainment… Au terme de la décennie, l’acteur libéral tourne deux westerns, dans lesquels, l’air de rien, il fait passer des messages forts : « Le Dernier Train de Gun Hill », qui traite d’amours interraciales dans une Amérique encore ségrégationniste et « El Perdido », dans lequel il s’affronte au douloureux problème de l’inceste ; dans ce dernier film, son personnage est amoureux d’une jeune femme dont il ignore qu’elle est en fait sa fille, sachant qu’il était déjà question de relations amoureuses avec des Indiennes dans « La Rivière de nos amours » (« J’aime les Indiens, j’aime les blancs aussi ») et « La Captive aux yeux clairs ».

Lire aussi: Fusil Darne Calibre 12 : Détails Techniques

Avec « Le Dernier Train de Gun Hill » (« réussite limitée » selon Paul-Louis Thirard, dans les Lettres françaises (4 février 1960), Kirk Douglas et Anthony Quinn sont débarrassés « de leurs grimaces et de leurs gesticulations habituelles », juge le critique de Arts(5 février 1960). Après cette histoire de vengeance, où Douglas se heurte à nouveau à un tyranneau capitaliste, patron de ranch omnipuissant, l’acteur ne retrouvera plus John Sturges, gloire montante du western alors porté au même niveau qu’Anthony Mann, Delmer Daves et Budd Boetticher (Roger Tailleur, Combat, 6 février 1960).

Les Années 1960 et 1970 : Évolution et Derniers Westerns

Dans les années 1960, Douglas suit l’évolution du cinéma hollywoodien : il déserte pratiquement le western. Après « El Perdido », en 1961, il ne tournera plus que deux autres films du genre, à la fin de la décennie : « La Route de l’Ouest » et « La Caravane de feu ».

Les deux films valent plus pour le casting que pour la qualité de la réalisation. Dans le premier, Douglas rivalise avec Robert Mitchum et Richard Widmark - rien que ça - et dans le second, il est au coude à coude avec le grand John Wayne, qui le toise presque d’une tête. Très imparfait, sans doute meurtri au montage, « La Route de l’Ouest » lui offre le rôle rare d’un autocrate, égoïste et cupide - les rôles qui revenaient auparavant à ses adversaires dans les films.

Il y donne libre cours à la propension masochiste qui caractérise nombre de ses personnages : en deux heures de film, le sénateur Tadlock est rossé, fouetté et manque être pendu, non sans provocation (« Pétris-moi bien le dos avec ce fouet ! »). Producteur indépendant capable de prendre des risques comme il l’avait démontré avec de grosses machines comme « Les Vikings » et « Spartacus », Douglas ne fait jamais les choses tout à fait comme tout le monde.

En 1975, il revient au western, genre moribond où seul triomphe désormais Clint Eastwood, autre acteur-réalisateur, et passe pour la circonstance derrière la caméra, en même temps qu’il s’arroge la tête d’affiche. Star plébéienne, Douglas se taille de nouveau un rôle d’édile, dominateur et ambitieux ; ancien sénateur de l’Illinois dans « La Route de l’Ouest », il aspire à devenir parlementaire dans « La Brigade du Texas ».

Par la suite, le déclin du western accompagne malheureusement le déclin de la carrière de Douglas. Après un étonnant western humoristique, « Le Reptile » (curieusement réalisé par John Mankiewicz, plus familier des drames sophistiqués, comme « Chaînes conjugales » et « Les Ensorcelés », avec le même Kirk Douglas), la star mature approfondit le filon - dans une comédie burlesque plus proche de la bande dessinée que du cinéma -, « Cactus Jack », dans laquelle débute un certain Arnold Schwarzenegger.

Au moins démontre-t-il, une nouvelle fois, un réel talent comique. Dernier baroud d’honneur, « Le Duel des héros », tourné pour la télévision, est l’occasion d’une nouvelle confrontation avec un poids lourd de l’âge d’or du western, James Coburn. Facétieux, Kirk Douglas fait encore quelques jongleries avec son pistolet (comme dans « L’Homme qui n’a pas d’étoile » et « Dialogue de feu »), mais les héros sont fatigués.

Au final, en soixante ans de carrière, surmontant les vicissitudes de la vie, Douglas a su en tout cas traduire en actes la prédiction de son personnage, dans « La Route de l’Ouest » : « L’homme a d’immenses ressources en lui. Le plus modeste d’entre nous sera peut-être à la taille de tout ce continent ». Pas mal pour un petit gars de l’Est des USA, fils d’immigrants juifs venu au monde le 9 décembre 1916 à Amsterdam dans l’Etat de New York il y a donc 102 ans aujourd’hui, loin d’être né sur un cheval et pourtant si à l’aise à l’écran juché sur la plus noble conquête de l’homme, lui le ‘’Dernier des Géants’’ pour reprendre le titre du chant du cygne de John Wayne !

Tableau des Westerns Marquants de Kirk Douglas

Titre du Film Année Réalisateur Notes
Le Désert de la peur (Une Corde pour te pendre) 1951 Raoul Walsh Première incursion de Douglas dans le western.
La Captive aux yeux clairs 1952 Howard Hawks Douglas en trappeur jovial.
L’Homme qui n’a pas d’étoile 1955 King Vidor Douglas en homme libre et indépendant.
Règlement de comptes à OK Corral 1957 John Sturges Avec Burt Lancaster.
Seuls sont les indomptés 1962 David Miller Douglas en cow-boy désuet.
El Perdido 1961 Robert Aldrich Douglas en westerner mélancolique.
La Route de l’Ouest 1967 Andrew V. McLaglen Douglas en autocrate égoïste.
La Caravane de feu 1967 Burt Kennedy Avec John Wayne.
La Brigade du Texas 1975 Kirk Douglas Douglas en réalisateur et acteur.

tags: #western #une #bible #et #un #fusil

Post popolari: