Le Rafale, fleuron de l'aviation militaire française, continue d'évoluer pour répondre aux défis opérationnels modernes. Après les standards F3 et F3-R, le Rafale F4 offre de nombreux atouts opérationnels à l’armée de l’Air et de l’Espace.
Présenté au Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) Paris Air Show, sur le stand du ministère des Armées, les nouveautés sont multiples. Si certaines sont invisibles à l’œil nu, comme la transformation des capteurs, d’autres le sont davantage, comme l’armement air-sol modulaire (AASM).
Auparavant, l’emport s’élevait à 250 kg, désormais l’AASM pèse 1 000 kilos. Il peut être situé de chaque côté de l’aéronef, avec la possibilité d’un troisième emport au centre de l’avion.
Du côté du cockpit, un travail a été fait avec l’intégration d’un viseur de casque. « Une lame se trouve devant l’œil du pilote dans laquelle sont projetées des informations sur la conduite de la mission et sur son environnement extérieur », explique le lieutenant-colonel Clément, architecte du Rafale F4 à la Direction générale de l’armement. Le viseur de casque permettra notamment aux pilotes de pointer les capteurs de l’avion vers un objet repéré par le pilote, qu’il soit au sol ou dans les airs.
Le standard F4.1 marque un jalon déterminant avec l’arrivée du viseur de casque Scorpion. Cet outil, connecté à l’avion, permet de faire remonter l’essentiel de la situation tactique jusque dans l’œil du pilote. Initialement développé pour le combattant terrestre, le viseur de casque Scorpion est parfaitement adapté à l’usage sur Rafale.
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La DGA a réalisé les 1ers essais en vol du futur viseur de casque du #Rafale F4 avec des parachutistes d’essais. Objectif: vérifier la compatibilité & la sécurité en cas d’éjection du #pilote, avant les 1ers vols sur Rafale.
Le Rafale recèle un fort potentiel d'évolution grâce à ses capacités matérielles et à l’architecture ouverte de son système. Le standard F1 ne disposait que d’une capacité air-air. Avec le standard F2 livré à l’armée de l’Air, l’aviation de chasse fait un pas décisif vers la polyvalence. L'avion possède dès lors des capacités air-air renforcées, des capteurs tels que l’optronique secteur frontal, une liaison de données tactiques 16 et la fusion des données, des missiles de croisière SCALP et des bombes AASM, ainsi que la fonction air-sol.
Avec le standard F3, le Rafale se dote de la capacité à réaliser toutes les missions pouvant être confiées à l’armée de l’Air, que ce soit la supériorité aérienne, la frappe tous temps dans la profondeur, l’appui aux troupes au sol ou encore le traitement d’objectifs d’opportunité. De même, grâce à l’ASMP-A, il assure les missions de dissuasion nucléaire et de reconnaissance avec la nacelle Reco NG.
L’amélioration du Rafale se poursuit avec l’arrivée du premier incrément du standard F4, en cours d’expérimentation au CEAM. Le Radar RBE2 AESA, aidé d’une optronique secteur frontal elle aussi améliorée, offrira aux équipages la capacité d’engager des cibles aériennes ou au sol avec une meilleure probabilité de détection et d’interception. Il se voit aussi perfectionné pour la détection et la poursuite de cibles, aériennes ou non. Les capacités de coercition du Rafale se voient considérablement améliorées avec l’arrivée de l’AASM d’une tonne.
Ainsi, qualifié en 2023 et mis en service un an plus tard, le Rafale F4.1 présente plusieurs évolutions majeures par rapport au précédent [le F3R, ndlr], comme l’intégration du viseur de casque Scorpion, la possibilité d’emporter la munition AASM [Armement Air Sol Modulaire] « Hammer » de 1 000 kg à guidage GPS/laser, une connectivité accrue et une meilleure protection contre les menaces dites « cyber ».
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Installé sur la BA 118 de Mont-de-Marsan (Landes), le CEAM a réceptionné le tout premier Rafale au standard 4.1 le 2 mars. Ce Rafale B d'un ancien standard, avait été au préalable envoyé au Centre d’essais en vol de la Direction générale de l’armement (DGA), à Istres, qui a opéré la transformation logicielle.
« Cette version 4.1 apporte beaucoup d’améliorations, notamment sur le radar et le système d’autoprotection qui protège l’avion contre des menaces électromagnétiques qui arriveraient de l’extérieur [Système de protection et d’évitement des conduites de tir du Rafale, Spectra], explique le colonel Christophe. Nous avons aussi de nouvelles capacités, je pense notamment au viseur de casque Scorpion [développé par Thales], qui peut désigner des cibles directement avec le casque, uniquement en les regardant. Cela se fait aujourd’hui avec des interfaces de cockpit, des écrans, là, il suffira de tourner la tête pour désigner des cibles, en l’air ou au sol. Ce système fonctionne via un capteur intégré à la visière, et qui peut voir aussi loin que les capteurs d’avions voient. »
Autre nouveauté : l’armement. « On va pouvoir utiliser de l’armement air-sol modulaire [AASM] d’une capacité d’une tonne, alors que l’avion ne peut emporter actuellement qu’une bombe AASM de 250 kg. » Dans sa version actuelle, le Rafale peut emporter une bombe d’une tonne, mais uniquement une GBU-24 (Guided Bomb Unit). « La GBU-24 est une fabrication américaine dont les capacités sont beaucoup plus courtes, explique le colonel Christophe. L’AASL est un armement propulsé, qui permet des allonges plus profondes, ce qui offrira donc une puissance de feu plus importante à distance. »
« En schématisant, jusqu’ici nos avions travaillaient un peu chacun dans leur coin, poursuit le directeur des expérimentations. Là, le but est d’avoir des avions qui travaillent de manière connectée, avec d’autres avions, des drones, des satellites… Nous aurons aussi des avions capables de guider l’armement d’autres avions, de mettre en collaboration les systèmes de guerre électronique de plusieurs avions. Plus on va vers la haute intensité, et c’est ce que nous montre entre autres le théâtre ukrainien, plus il faut adapter nos outils, ce qui veut dire travailler tous ensemble pour avoir des capteurs connectés et traiter l’information en temps réel. »
Après avoir réceptionné ce premier appareil « rétrofité » au standard F4.1, le CEAM va en recevoir dans quelques jours un second, mais cette fois-ci un neuf, tout droit sorti des usines de Dassault. « Celui-ci, en plus de sa nouvelle version, aura de nouvelles capacités et de nouveaux câblages » précise le colonel Christophe. Les pilotes de l’Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent vont procéder jusqu’à cet été à de multiples vols avec ces deux appareils.
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Viendra ensuite l’étape de « l’adoption. » C’est-à-dire que tous les escadrons de chasse de Mont-de-Marsan voleront à leur tour avec ce standard F4.1 pour se l'approprier. « En revanche, ils ne pourront pas encore partir au combat avec. »
D’ici à la fin de l’année 2023, le CEAM achèvera ses recommandations à l’Etat-Major, qui donnera ou pas son feu vert en vue de disposer d’une première « capacité opérationnelle » au standard F4.1. « A cette étape seulement, nous pourrons lancer ce nouveau standard sur un théâtre d’opérations. La mise en service opérationnelle sur le spectre complet des Rafale est quant à elle attendue pour fin 2024, début 2025 » estime le colonel Christophe. On parle là de la mise à jour de la centaine de Rafale de l’Armée de l’air et de l’Espace, en plus de la livraison attendue de 28 nouveaux appareils qui doivent sortir d’usine. « L’objectif est de disposer d’une seule flotte avec ce standard F4.1. »
« Ce standard F4 se découpe en trois sous-catégories : 4.1, 4.2 et 4.3, explique encore le colonel Christophe.
Conduits en même temps, les travaux portant sur la sous-version F4.2 visent à accroître les capacités du Rafale dans le domaine du combat collaboratif, avec l’intégration, entre autres, d’une capacité SATCOM [communication par satellite], de la Liaison 16 block 2 et des systèmes TRAGEDAC [pour la localisation passive de cibles grâce à une mise en réseau des avions d’une même patrouille] et CAPOEIRA [Connectivité améliorée pour les évolutions du Rafale]. Il s’agit également de doter son OSF d’une nouvelle « optique sur la voie infrarouge » [OSF-IRST pour « Infra Red Search and Track »] et de le doter d’un « émulateur » capable de simuler des adversaires lors des vols d’entraînement. Cette sous-version intègre également des aides à l’appontage pour les Rafale Marine, l’objectif étant de réduire la charge de travail du pilote lors de cette phase toujours délicate. Pour le moment, le Rafale F4.2 n’a pas encore été qualifié.
Pour autant, le développement de la sous-version F4.3 est déjà bien avancé. C’est en effet ce qu’a annoncé la DGA, à l’issue d’une première campagne de revue d’aptitude à l’utilisation [RAU] de ce nouveau standard, réalisée par le Centre d’expertise DGA Essais en vol, à Istres. « L’objectif de cette campagne était d’effectuer un constat du développement du standard F4.3 en l’état actuel, avant sa définition définitive », a en effet indiqué la DGA, le 29 juillet. « Les avions ont été mis dans des situations de missions opérationnelles afin de couvrir un large domaine d’utilisation de l’appareil tout en analysant les performances de ses différents systèmes avec les éléments de mesures adaptés, notamment centrés sur la connectivité et les systèmes d’armes », a-t-elle expliqué.
Ayant consisté à réaliser sept missions dans les domaines air-air, air-sol et air-mer, cette campagne a mobilisé de nombreux moyens, dont au moins huit Rafale [dont quatre pour tenir le rôle de plastron], la frégate de défense aérienne [FDA] Chevalier Paul, un avion de guet aérien E-2C Hawkeye, le système de défense aérienne SAMP/T « Mamba », des avions ravitailleurs et un E-3F AWACS. Mis au standard F4.3, le Rafale pourra emporter le missile air-air MICA de nouvelle génération [MICA NG] et sera équipé d’un système d’autoprotection SPECTRA rénové, de la radio logicielle CONTACT et d’une nacelle TALIOS qui, dotée d’algorithmes d’intelligence artificielle [IA], aura un mode « automatic target designation/recognition ».
Quoi qu’il en soit, menée avec le concours des industriels [Dassault Aviation, Thales, MBDA] et avec l’appui du Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] et du Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale [CEPA/10S], cette campagne d’essais a notamment permis de vérifier le « niveau de maturité des technologies essentielles aux dispositifs de connectivité et aux systèmes d’armes » et « d’établir un constat de performances du système du Rafale F4.3 sur lequel s’appuiera la suite du développement jusqu’à la qualification de ce standard », a conclu la DGA.
En France, la filière aéronautique concerne 4480 entreprises et 263000 emplois. Le salon du Bourget, c’est également l’occasion pour le public d’admirer la démonstration du Rafale Solo Display. Le Bourget, c’est également 2500 exposants de 46 pays, dont pas moins de 300 start-up ! La livraison du Rafale B359 s’effectue en décembre 2022. Elle symbolise la reprise des livraisons à la France après 4 ans d’interruption. En 2023, le Rafale dispose désormais d’une configuration à 8 missiles air/air. A fin 2022, 20% des Rafale français disposent d’une antenne AESA. L’objectif est de porter le parc à 50% en 2023. Le Rafale B301 à Mérignac en décembre 2021. Fin 2022, la DGA prononce la qualification de la munition AASM 1000 (Armement Air-Sol Modulaire de 1 000 kg). L’AASM 1000 se compose d’un kit de guidage GPS et inertiel et d’un kit d’augmentation de portée. Ce dernier utilise un propulseur et permet un allongement significatif du domaine de tir. Le Rafale au standard F4.1 emporte jusqu’à trois AASM 1000. C’est l’équipementier Safran Electronics & Defense qui développe cette munition, dans le cadre d’un marché de 85 millions d’euros datant de 2017. En configuration « deep strike », le Rafale emporte 2 bombes AASM de 1000 kg et 3 réservoirs de carburant de 2000 litres chacun.
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