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Dans les grandes salles désaffectées du site Désandrouins de l’hôpital Saint-Nicolas, d’immenses tables recouvertes de tissu vert hôpital sont constellées de milliers d’ossements terreux disposés en vrac. Parmi eux, le squelette dispersé de Jean Peyrelongue, né le 23 avril 1881, simple soldat du 49e régiment d’infanterie, déclaré mort en mai 1916 et porté disparu en juillet 1920.

Avec lui, Jules Letellier, Jean Caillou, Albert Le Bœuf, Charles-Louis Desplanques, « un gars du Nord », Albert Hennequin, André Giansily, originaire de Haute-Corse, et dix-huit autres inconnus qui, près de cent ans après leur volatilisation, viennent de ressortir de terre. Tous font partie de ces centaines de milliers de soldats de la Grande Guerre qui ne sont jamais rentrés chez eux, et que les familles continuent de rechercher.

Jean Peyrelongue aurait aujourd’hui 132 ans. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Briscous, son village natal dans les Pyrénées-Atlantiques. Famille de cultivateurs, les Peyrelongue ont toujours habité le Pays Basque. C’est là que Jean a épousé Célestine, quelques semaines avant de partir pour le front avec ses deux frères, Michel et Sauveur. La « guerre de 14 » venait de commencer.

Un Déluge de Feu et des Milliers de Disparus

Printemps 1916, la bataille de Verdun fait rage. Dans le village de Fleury-devant-Douaumont, c’est l’enfer. Le 23 mai, Jean est blessé comme plus de deux cents de ses compagnons d’armes. L’officier en charge du journal de marche et des opérations du régiment décrit une journée meurtrière. Il parle d’un déluge de feu, d’une percée des ennemis, de lourdes pertes, de déferlement d’artillerie, de tirs de barrage, d’obus et de gaz asphyxiants, de confusion après la mort de nombreux gradés.

Alors que l’ordre est donné de transformer les boyaux en tranchées, le journal de marche relate : « Le 23 mai à 23 heures, la 7e compagnie dont l’effectif était de vingt hommes reçoit l’ordre de renforcer les 2e et 3e compagnies du 129e commandé par le capitaine Guyot qui se trouve en bordure du boyau de La Fontaine. Elle y arrive presque à l’heure du matin. La 5e et la 8e compagnies restent sur leurs emplacements, mais un trou existant entre le 29e et le 36e par lequel l’ennemi s’était infiltré en masse pousse le capitaine Guyot du 129e à se replier sur la tranchée Douaumont. »

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Transféré dans un poste de secours, Jean est déclaré mort le 31 mai.

Il n’a jamais connu son fils, Léon, conçu lors d’une permission en 1914, ni sa petite-fille, Josette, âgée de 68 ans. Célestine, sa femme, se remarie en 1926 avec un rescapé de la guerre, un chanceux. Jean s’efface de la mémoire familiale. Son absence pèse sur son fils, Léon, et sa petite-fille, Josette.

« Quand j’étais petite et que j’allais chez ma grand-mère dans le Pays Basque, on n’en parlais pas du grand-père. On n’en parlait qu’avec mon père. On voyait son nom sur le monument aux morts, ma grand-mère était remariée et le grand-père était oublié… Mais moi, je voyais ce nom et je me demandais toujours où était mon grand-père. »

À deux, le fils et la petite-fille consacrent une partie de leur vie à rechercher Jean. En vain. À la mort de son père, Josette poursuit sa quête comme un vœu pieux, un sacerdoce. Passionnée de généalogie, elle épuise les documents consacrés aux disparus de la Grande Guerre. Et arpente, inlassablement, comme elle l’a fait maintes et maintes fois avec Léon, les cimetières militaires et les nécropoles. Pendant de longues années, Jean reste introuvable… Jusqu’au jour où le soldat Peyrelongue refait surface.

Fin mai 2013, des pluies diluviennes arrosent le village meusien de Fleury-devant-Douaumont. L’eau ravine la terre, la fait dévaler, la creuse. Dans un trou d’à peine dix mètres carrés, deux randonneurs allemands tombent par hasard sur des ossements humains de la Première Guerre mondiale : vingt-six corps entassés les uns sur les autres. Certains sont complets, d’autres ont été démantelés sans doute par l’explosion qui les a tués.

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L’annonce de la découverte provoque une grande émotion. Jean-Pierre Laparra, le maire de Fleury-devant-Douaumont : « J’ai tout de suite pensé à ceux à qui on allait dire qu’on avait retrouvé leur parent. Vous imaginez… Des gens que les descendants recherchent pendant près d’un siècle ? Et tout d’un coup… La guerre de 14 a marqué les familles. Toutes ont eu un mort, un blessé ou un disparu. La Grande Guerre, dans la symbolique, c’est Verdun. Retrouver un disparu, c’est le Graal. »

Des centaines de lettres affluent de toute la France, pleines d’espoir et de doutes. « Je vous adresse ce courrier à la suite d’une information du journal télévisé de ce jour. Mon oncle a été porté disparu lors de la Grande Guerre de 14‑18. Ses frères et ses sœurs étant actuellement décédés et au vu des nouvelles découvertes relatées aux informations, j’ai décidé de vous contacter. Mon oncle, dont la famille a longtemps espéré avoir des nouvelles, s’appelait Pierre-Henri Sahores, domicilié au bourg à Audaux (64). Il est né le 12 septembre 1896 à Audaux. Soldat du 51e d’infanterie, il est porté disparu le 17 juillet 1917 à la côte 304. Je m’en remets à vous. Dans l’attente de votre réponse. »

Fleury-devant-Douaumont, le Village Fantôme

De passage quelque temps plus tard à Fleury, je tombe sur Jean-Pierre Laparra. Le maire explique au directeur de l’ossuaire de Douaumont, Olivier Gérard, les travaux engagés dans le cadre de la préparation du centenaire : « Nous sommes en pleine restructuration. Nous venons de refaire la rue principale pour la rendre accessible, notamment aux personnes à mobilité réduite. »

Je cherche la rue dont parle le maire. Je suis au bord d’une route, en pleine forêt. Je ne vois pas de village, juste un chemin de gravillons menant à une petite chapelle au milieu d’une clairière. De quelle rue parle-t-il ? Je l’interromps : « Dites-moi, monsieur le maire, j’imagine que la découverte des corps a été commentée par vos administrés ? » La question le fait sursauter : « Quels administrés ? À part les morts autour, j’ai personne, moi. J’ai zéro habitant. Fleury, c’est Oradour, mais sans village reconstitué. »

L’adjectif « disparu » accolé au nom de Fleury-devant-Douaumont m’avait échappé. Jean-Pierre Laparra est maire d’un village dont les habitants et les maisons ont totalement disparu au printemps 1916. « Le préfet m’a nommé, mais je ne suis ici que le porte-parole de l’histoire. Le terrain est géré par l’État et par l’Office national des forêts. »

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C’est en juin 1916 que les Allemands passent à l’offensive à Fleury. Deux régiments attaquent. 180 000 tonnes d’obus, un obus au centimètre carré, ont raison du village. La commune désolée de 15 000 hectares est décrétée « zone rouge » en 1919. L’Office national des forêts y plante des essences choisies, à même de pousser sur une terre bouleversée et pulvérisée. Sur le terrain, tout en crevasses et cratères, la nature reprend ses droits.

Près de 300 000 « poilus », feldgrau et autres alliés - Néo-Zélandais, Anglais, Australiens - sont morts dans la bataille. Seuls 90 000 disposent d’une sépulture, 135 000 inconnus et disparus reposent pêle-mêle à l’ossuaire de Douaumont dans quarante-deux tombeaux de quatorze mètres cubes chacun, 80 000 parsèment les forêts. Pour dépolluer le terrain, il faudrait près de cinq cents ans : cinquante tonnes de munitions sont récupérées chaque année par les services de déminage. Près du tiers des obus tirés pendant la bataille n’ont jamais explosé.

Mais le temps fait son œuvre. Et l’érosion naturelle exhume peu à peu les ossements des disparus. Comme le 31 mai 2013, avec la découverte des vingt-six corps. Les autorités sont aussitôt alertées. Trois jours sont nécessaires pour excaver les restes. « Après la découverte du troisième corps, les gendarmes et le procureur de la République ont décidé d’apporter de plus gros moyens sur place », explique Olivier Gérard, le directeur de l’ossuaire de Douaumont. La zone est bouclée. Un à un, les ossements sont retirés de la cave d’une maison détruite, transformée en poste de secours ou en centre de tri de blessés. Sept plaques d’identité sont découvertes.

« Debout les Morts ! »

Jean Caillou est le premier identifié, Jean Peyrelongue le dernier déterré. Le maire en a encore la « chair de poule » : « Il est le symbole de ceux qui voulaient ressortir de terre avant le centenaire. Ici, on dit souvent : “Debout les morts !” Parfois, je me demande si ces soldats n’ont pas voulu se libérer de l’anonymat. Si eux l’ont fait, d’autres vont vouloir le faire. »

Les employés de l’ossuaire sont accompagnés de « garants du travail bien fait » : les techniciens d’investigations criminelles de la cellule d’investigations criminelles de Bar-le-Duc, à qui il revient d’établir qu’il s’agit bien d’ossements de la Grande Guerre. « Nous sommes dans un village qui a été totalement détruit. L’amoncellement d’ossements et d’objets est considérable. Nous avons fait venir une minipelle mécanique. Il fallait éviter les pillages. » Pas moins de trois mille fragments osseux, des morceaux de squelettes disséminés par le processus de décomposition des corps, sont exhumés et disposés dans des sacs numérotés.

Autour des tables de la morgue improvisée de Verdun, c’est l’effervescence. Brunot Frémont, médecin légiste, et Frédéric Adam, ethnoarchéologue, tous deux réquisitionnés par le procureur, entament un long et fastidieux travail d’enquête scientifique. Objectif : individualiser chacun des vingt-six squelettes découverts, faire parler les ossements. Une routine pour le légiste, à qui des « reliques » sont régulièrement apportées par les gendarmes, une réminiscence pour l’ethnoarchéologue. En 1991, Frédéric Adam avait participé à l’identification des restes d’Alain-Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes disparu à l’âge de 27 ans, le 22 septembre 1914, avec vingt de ses hommes du 288e régiment d’infanterie de Mirande, dans la forêt des Éparges au sud de Verdun.

Cette découverte d’une tombe collective avait été la première du genre. L’officier Alain-Fournier et ses vingt compagnons étaient tombés au même moment, dans un même combat et au même endroit. Leurs corps avaient été disposés dans une sépulture, creusée par les Allemands qui l’avaient ensuite refermée. Le mystère de la disparition de l’écrivain avait tenu soixante-dix-sept ans.

Depuis, Frédéric Adam a exhumé une cinquantaine de corps, « ce qui est peu, d’où le caractère historique de la découverte de Fleury-devant-Douaumont, la plus grande tombe en nombre d’individus mise à jour ». Jean Peyrelongue reposait dans une sépulture avec des soldats de différents régiments, morts à des moments différents, mais regroupés dans un poste de secours.

Comment les disparus avaient-ils pu s’évaporer, alors que leurs camarades les ont vus morts ou blessés et qu’ils ont été ramenés à l’arrière ? « Quand les familles viennent à Fleury et qu’elles voient le terrain, elles comprennent. Ici, les soldats de passage finissaient inéluctablement par recevoir un obus », explique le maire. Sur la fiche d’identité MPF, « mort pour la France », des sept soldats identifiés sur le groupe de vingt-six, une rubrique précise le « genre de mort ». Les énoncés sont vagues : « Blessure de guerre », « Tué à l’ennemi »… Que s’est-il passé ? La science devrait pouvoir en dire plus. C’est le début de l’enquête.

Le légiste, Bruno Frémont, est le premier à œuvrer. « Il a d’abord fallu déterminer si nous avions bien affaire à des ossements humains. Ici, les chevaux sont morts en nombre, plus encore que les hommes. Ensuite, il a fallu vérifier si l’état des os était compatible avec la bataille de 1916. Cela acquis, nous avons entamé les procédures d’identification grâce aux effets personnels trouvés autour des ossements, comme les boutons d’uniformes qui permettent de déterminer la nationalité du soldat. Enfin, nous avons cherché la plaque d’immatriculation que les soldats portaient au poignet ou autour du cou. »

Deux Montres Arrêtées, à 11 h 07 et 11 h 14

En s’extirpant de la terre tourmentée, les morts ne parlent pas que de la guerre : l’étude de leurs ossements et des objets retrouvés raconte leur vie. Plusieurs des vingt-six n’avaient plus de plaque d’immatriculation. Sans doute s’en sont-ils débarrassés : « Les soldats pensaient que cela pouvait leur porter malheur. » D’autres avaient été déchiquetés par les obus, et leurs restes projetés à des centaines de mètres alentour. À la différence de la fosse préservée d’Alain-Fournier et de ses vingt compagnons, le site de Fleury-devant-Douaumont, au cœur de la bataille de Verdun, fut haché par un déluge ininterrompu d’obus pendant des mois. « C’est pour ça qu’on y trouve des fragments épars et des squelettes incomplets. »

Première phase donc, trier les objets qui entourent les corps : les morceaux d’uniformes, les munitions, les balles de Lebel et de Mauser, les éclats d’obus, les brodequins, le clou de la porte de la maison, les fragments de porteries, les vêtements civils conservés dans la glaise, les deux montres arrêtées l’une à 11 h 07, l’autre à 11 h 14 (ou 23 h 07 et 23 h 14), les porte-monnaie, les morceaux de pipes, les médailles religieuses, les crayons, les calepins, un petit livre, les portefeuilles, les bouteilles d’alcool de menthe Ricqlès distribuées aux soldats, la fourchette du poste de secours, les peignes, les bagues, les clefs, des ouvre-boîtes, les couteaux de poche, les pièces de monnaie…

Plutôt que d’être des soldats, les hommes morts étaient surtout des civils en uniforme. En 14-18, c’est une armée de conscription qui est lancée dans la bataille. « Les hommes emportent avec eux leur quotidien », explique Frédéric Adam, l’ethnoarchéologue. Certains prennent leurs outils pour fabriquer de petits objets qu’ils vendent à leurs compagnons de tranchées ou à l’arrière. Un autre porte une croix de guerre, il a été décoré peu avant.

Identification d'un Fusil G98

La plupart des G98 sortant de grenier sur le territoire Français sont des trophées de guerre ramenés par des poilus, si vous l'avez trouvé dans la maison, la meilleure chose que vous puissiez faire pour retracer son histoire est d'essayer de mettre la main au cadastre sur le nom du propriétaire de la maison entre 1914 et 1920. Et à partir du moment où vous aurez le nom, vous aurez le dossier militaire, et vous pourrez faire une petite enquête historique : d'abord quel était son unité, il sera possible de savoir approximativement où son unité se trouvait à quel moment, et quels étaient les unités allemandes en face.

L'Art Poilu et l'Artisanat de Tranchées

Pendant une bonne centaine d’années, ces souvenirs militaires ont figuré dans le mobilier de très nombreuses familles en France. Au fil du temps l’Art poilu ou l’Artisanat de tranchées est devenu un thème de collection incontournable pour les amateurs d’Art militaire. De nombreux musées ont ouvert des vitrines entières consacrées à ce thème et les collectionneurs n’ont pas été les derniers à s’y intéresser.

La chose était d’autant plus familière que d’innombrables monuments aux morts participaient, à leur façon, à la vulgarisation de ce thème, encadrés qu’ils étaient par une ou deux paires d’obus de fort calibre, dûment neutralisés, qui renforçaient l’aspect martial de la décoration du monument.

Recherche des Disparus : Dossier Médical et Photos

Consulter le dossier médical est très utile lorsqu’on recherche un conscrit de 1914 1918. En effet, les fiches matricules sont souvent incomplètes sur les blessures et les maladies, y compris quand il s’agit de longues hospitalisations.

Les photographies de soldats peuvent vous donner des informations sur le parcours d’un conscrit. En effet, au début du 20ème siècle, les jeunes hommes étaient souvent pris en photo au cours de leur service.

Certains membres de votre famille connaissent donc peut-être des anecdotes sur votre famille durant le conflit. Ces histoires sont d’une grande importance, car elles ont été transmises directement par ceux qui les ont vécues. C’est pourquoi il est essentiel de les noter, afin qu’elles ne soient pas oubliées.

En utilisant les nombreuses ressources que nous venons de voir, vous allez pouvoir retrouver vos ancêtres mobilisés durant la Première Guerre mondiale. Si vous le souhaitez, vous pourrez alors écrire leur parcours durant la Grande Guerre, afin raconter ce qu’ils ont vécu. Vous pourrez ainsi transmettre leur histoire et honorer leur mémoire.

Quelques Parcours Singuliers

Puisés parmi la trentaine de témoignages de combattants retenus, six parcours à la fois typiques et différenciés incarnent la diversité des expériences combattantes. Le premier est celui de Joseph Rassat, mis au jour grâce à sa correspondance de guerre. Ce cultivateur célibataire originaire du village de Gruffy représente l’archétype du soldat français, c’est-à-dire un jeune fantassin-paysan.

René Germain est originaire de Thonon-les-Bains. Fils d’institutrice, cette recrue de la classe 1915 a rédigé ses Mémoires de guerre 1914-1918 durant l’entre-deux-guerres à partir de notes de guerre quotidiennes.

Paul Tapponnier appartient à la petite bourgeoisie de Collonges-sous-Salève. Cet agent d’assurance et militant catholique (président de l’union départementale de l’Association catholique de la jeunesse française), célibataire, est âgé de 30 ans lors de sa mobilisation en août 1914.

En août 1914, Claudius Gallet est médecin et conseiller municipal annécien sous l’étiquette radical-socialiste. La mobilisation le touche à l’âge de 40 ans, avec deux enfants en bas-âge. Cette situation lui permet d’être nommé officier de santé du dépôt du 30e RI à Annecy avec le grade de médecin aide-major de 1re classe (lieutenant).

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