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Le terme "pétoire" est un terme populaire désignant une arme à feu, souvent vieille ou de mauvaise qualité. L'histoire des armes à feu remonte à plusieurs siècles et a connu de nombreuses évolutions.

Les origines de la poudre noire et des premières armes à feu

Au VIIIe siècle après Jésus-Christ, les Chinois inventent la poudre noire, un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois. Le salpêtre agit comme comburant, activant la combustion du charbon de bois et du soufre. Lorsqu'il est de qualité et comprimé dans un canon, ce mélange brûle à une vitesse d'environ 300 à 600 mètres par seconde, produisant une explosion de type "déflagration".

Vers 1150-1200, les Arabes utilisent la poudre noire, qu'ils ont empruntée aux Chinois via le Moyen-Orient. Ils l'utilisent sous la forme d'un canon rudimentaire à main, le "Madfaa", qui propulse une flèche trapue à courte distance.

Vers 1280, la poudre est redécouverte en Europe, et des pots de fer sont créés pour "traire garrot". Ce type de canon primitif propulse une grosse flèche appelée "Garrot", cherchant à concurrencer l'espingale, une grosse arbalète sur roues.

En août 1324, une des premières utilisations d'une bombarde en France est recensée lors de l'attaque de la ville de la Réole (Gironde). La bombarde est montée sur un fût en bois et posée à même le sol, avec un pointage rudimentaire réalisé à l'aide de cales de bois glissées sous le fût.

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La balistique de ce type d'arme est faible, mais son effet psychologique est important. En effet, le bruit rappelle le tonnerre de source divine, et l'odeur de soufre, le diable !

Vers 1380, la bombarde devient une arme plus efficace lorsqu'on lui adjoint une culasse mobile (boîte à feu) permettant un chargement plus rapide, et la charge à la place du boulet d'une centaine de balles de plomb, la "plommée", en guise de projectiles.

L'évolution des armes portatives : hacquebute et arquebuse

Vers 1370, l'hacquebute primitive apparaît, littéralement "canon à croc" du germanique "hakenbüchse". Elle est destinée à être utilisée en crochetant un mur ou une palissade avec son croc de fer situé en dessous de l'arme, pour que le mur encaisse le recul à la place du tireur. Elle comporte un long fût de bois (ou parfois de fer), à l'avant duquel est fixé un canon de fer de courte dimension (20 à 25 cm). Son calibre fait généralement de 18 à 28 mm.

Une balle ronde en plomb, de 18 mm de diamètre, part à la vitesse de 130 mètres par seconde, avec une charge de 4 grammes (7 grammes au Moyen Âge) de poudre noire. L'allumage se fait au boutefeu à mèche ou par un ringard chauffé au rouge.

A partir de cette époque, les balles rondes en plomb pour armes portatives à canon lisse seront enveloppées dans un petit carré de tissu graissé appelé "Canepin", destiné à les caler. On verra également rapidement vers 1450 apparaitre les "gargousses", ancêtres de la cartouche, doses de poudre préparées à l'avance dans un tissu ou du parchemin, et les "apôtres" dont le rôle est identique mais en bois vers 1480.

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Le "Pétard" est décrit depuis le 13ème siècle dans le "Liber ignium" de Marcus Graecus. Le 15 Août 1443, Louis XI, alors dauphin, va avec ses troupes libérer la ville de Dieppe tenue et assiégée par les Anglais. Il aurait utilisé des pétards, ancêtre de la dynamite, pour faire sauter des portes. Cette "bombe", remplie de poudre noire (souvent de 5 à 50 kg), se fixe discrètement en appui contre une porte, une palissade en bois, ou sous une muraille minée par une galerie souterraine étayée. Un soldat met le feu à la mèche courte. En explosant, le pétard pulvérise l'obstacle (porte, palissade ou étais), permettant de s'introduire dans l'enceinte convoitée.

Vers 1460 jusqu'à 1660, l'arquebuse, mot découlant d'hacquebute, est une arme à feu à fût de bois, véritable ancêtre des carabines, mousquets et fusils, que l'on tient sous l'aisselle ou que l'on commence à épauler. La mise à feu est faite par un "serpentin" en fer fixé sur le côté du fût et tenant une mèche.

Vers 1510-15, la platine à "rouet" (peut-être inventée par Léonard de Vinci, ou Johan Kuhfuss) permet un allumage sans mèche, sur le principe d'une roue rainurée (le rouet) entraînée par un ressort, et qui frotte sur une pyrite de fer mordue (tenue) par un "chien", produisant ainsi des étincelles, qui allument la poudre. Ce mécanisme fiable mais coûteux et fragile sera principalement réservé aux arquebuses de chasse, et aux pistolets. L'arquebuse restera le plus souvent à allumage à mèche pour les usages militaires. Son calibre fait environ de 14 à 16 mm, pour une longueur de canon de 60 à 90 centimètres.

En 1520, l'arquebuse à canon rayé (rainuré) hélicoïdalement apparaît. Auguste Kotter, remarquant que les "viretons d'arbalète" avaient une plus grande précision, inventa le "rayage (rainurage) hélicoïdal" de l'intérieur des canons d'arquebuses. Cela apporta une précision nettement plus efficace de l'arme par stabilisation gyroscopique de la balle dans l'espace, et une augmentation de puissance en supprimant les fuites de gaz propulseurs des armes à canon lisse dont la balle était plus petite que l'âme du canon.

Le mousquet et l'évolution des platines

L'arquebuse étant assez courte, se prêtait mal au tir de guerre sur plusieurs rangs, l'embouchure du canon se retrouvant au niveau de l'oreille du rang précédant. Il fut donc décidé de rallonger l'arquebuse et d'en augmenter le calibre, donc le poids du projectile et la puissance destructrice. Le mousquet était né.

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Pour des raisons de vitesse et de facilité de rechargement, le canon resta lisse, et la balle inférieure d'un à deux mm environ au calibre de ce dernier. Cette balle était enveloppée d'un "canepin", pièce de tissu graissé au suif, pour la caler dans le canon. Le nom canepin sera déformé en "calepin" à partir du 17è siècle.

Vers 1520, apparition d'une forme très réduite de l'arquebuse à rouet, le pistolet. Le pistolet, arme tenue à la main, est rendu possible grâce à la platine à rouet, qui permet de le porter dans des fontes fixées à l'avant de la selle du cheval, et prêt à faire feu.

Puis vint la platine dite à "Miquelet" inventée vers 1600 en Espagne, dont le mécanisme est extérieur.

Initiée par Louvois, ministre d'état, et sur le conseil du maréchal de Vauban, Louis XIV généralisera par ordonnance la platine à silex à la française sur les mousquets en allégeant leur poids en 1703. Les piquiers seront aussi supprimés et la baïonnette à douille généralisée sur les "mousquets à silex".

Un "mousquet à fusil" plus court destiné à la cavalerie, mais utilisant généralement la même cartouche au 2/3 de sa charge de poudre que le "fusil" (le reste de poudre de la cartouche est jeté), sera aussi inventé et prendra le nom de "mousqueton". Il sera généralement attaché par un anneau à la selle des cavaliers.

L'uniformisation des munitions et les améliorations du fusil

1728-40 : Généralisation en France de la cartouche de guerre en papier, comportant 10 à 12 grammes de poudre noire (suivant la qualité de la poudre) et une balle de 16,3 mm en général. La balle est plus petite d'environ 1,2 mm que le calibre de 17,5 mm, pour qu'elle rentre facilement lors du rechargement, même si le canon est un peu encrassé par le tir précédent. Il n'y a plus de calepin de tissu graissé avec la cartouche, le papier de celle-ci en faisant office, tassé avec elle lors du rechargement.

En revanche, ce type de chargement nuit à la précision, car la balle rebondit sur les parois internes du canon et c'est le dernier rebond avant sa sortie qui définit sa direction.

1763 : Modification définitive de la crosse à l'origine en pied de vache (crosse courbée) du fusil réglementaire français, en la transformant en crosse droite.

1766 : Allègement important du poids et renforcement du chien.

1777, puis an IX, et enfin le dernier modèle de fusil de guerre à platine à silex, le 1822….qui sera modifié en platine à percussion vers 1830, puis son canon rayé vers 1848. Il prendra alors l'appellation de "fusil 1822 T bis" ("T" pour transformé et bis, 2 fois).

Les travaux sur les agents chimiques explosant suite à un choc, réalisés par le chimiste français Bertholet, comme le fulminate de mercure et le muriate de potassium, amenèrent le pasteur écossais Alexandre John Forsyth en 1808 à concevoir la première platine à percussion par chien (sans pierre) dite à "flacon de parfum", n'utilisant pas le silex, mais le fulminate de mercure, sur un fusil de chasse.

Tableau récapitulatif des principales étapes de l'évolution des armes à feu

Date Événement Description
VIIIe siècle Invention de la poudre noire Mélange de salpêtre, soufre et charbon de bois par les Chinois.
Vers 1150-1200 Utilisation du "Madfaa" Canon rudimentaire à main utilisé par les Arabes pour propulser des flèches.
Vers 1280 Redécouverte de la poudre en Europe Création de canons primitifs pour propulser des flèches.
Vers 1370 Apparition de l'hacquebute Canon à croc destiné à être utilisé en s'appuyant sur un mur.
Vers 1460-1660 Développement de l'arquebuse Arme à feu à fût de bois, ancêtre des carabines et fusils.
Vers 1510-15 Platine à rouet Mécanisme d'allumage sans mèche, utilisé principalement pour la chasse.
Vers 1520 Canon rayé Amélioration de la précision et de la puissance des armes.
Vers 1703 Platine à silex Généralisation de la platine à silex sur les mousquets.
1728-40 Cartouche de guerre en papier Uniformisation des munitions avec une cartouche contenant poudre et balle.
Vers 1830 Platine à percussion Transition vers la platine à percussion, améliorant la fiabilité et la facilité d'utilisation.

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