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La série "Vie de Carabin", commencée en 2013, compte plus de 100 000 lecteurs et une vaste communauté de fidèles sur les réseaux sociaux. Dans ce quatrième tome, l'auteur - dont le pseudonyme, Védécé, correspond aux initiales de Vie de carabin - narre sa dernière année d'internat.

Anonymat et Liberté d'Expression

Védécé explique qu'il tient à son anonymat pour garantir sa liberté de ton. Il peut témoigner de sa vie et de ses expériences sans risquer de se faire taper sur les doigts. Au début, il était certain d'être démasqué à cause de sa description des conditions de vie dans l'hôpital. En réalité, il a eu énormément de témoignages d'autres étudiants en médecine, un peu partout en France, qui lui disaient : « Ce que vous décrivez correspond exactement à ce que je vis. »

Même si, aujourd'hui, les langues commencent un peu à se délier, la médecine reste un milieu où règne une certaine omerta. Si l'un d'eux sort trop du rang, il risque de se faire rappeler rapidement à l'ordre et de se faire sanctionner. Il garde donc précieusement son anonymat.

Conditions de Travail et Désillusion

Dans sa BD, on découvre qu'entre les gardes et la rédaction de sa thèse, il travaille quatre-vingts heures par semaine. Quand quelque chose d'intéressant lui arrive dans la journée, il le note sur son téléphone. Tout ce qu'il raconte dans ses livres est inspiré de son expérience, même des scènes très choquantes ou délirantes.

Lorsqu'il a commencé à travailler à l'hôpital, il était un peu naïf. J'avais vraiment l'image d'une certaine excellence de l'hôpital français, avec des couloirs immaculés et lumineux à l'image des séries américaines. Il a voulu en témoigner sans épargner les médecins, qui ne sont pas toujours à l'écoute, ni les malades, parfois agressifs ou totalement irresponsables.

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Du côté du personnel soignant, il disait dans le tome précédent qu'il y avait quatre profils de soignants à l'hôpital :

  • l'idéaliste, qui a la vocation du service public ;
  • le carriériste, qui rêve d'être professeur ;
  • l'incompétent, plus protégé dans la structure publique que dans le libéral ;
  • le glandeur, parce que, si on a envie de se planquer, c'est plus facile dans les couloirs d'un hôpital.

Ces trois derniers profils n'ont pas disparu. En revanche, depuis le Covid-19, les idéalistes sont de plus en plus nombreux à jeter l’éponge. Ils se rendent compte qu’ils sont beaucoup trop bridés dans leur pratique.

La grande différence en comparaison avec les années précédentes, ce sont ces confrères qui n'auraient jamais pensé une seule seconde à aller s'installer en libéral et qui, finalement, ont franchi le pas, sans regret.

L'Expérience au SAMU

Dans le dernier tome de Vie de Carabin, l'interne Védécé se voit contraint, après le suicide de deux médecins, d'effectuer son dernier stage au Samu. Il débarque dans un univers mouvementé où il doit rapidement apprendre à faire le tri entre vraies et fausses urgences.

Il va vite se rendre compte que travailler dans le centre 15 est bien différent de sa vie à l’hôpital. Comme lui dit le docteur Emma, sa mentore, lorsqu’on est dans l’ambulance “on est seul avec son cerveau et son stétho”. Très vite Védécé se rend compte que beaucoup d’appels reçus par le 15 sont de fausses alertes, de personnes qui n’ont pas besoin d’urgence, ou alors des personnes qui veulent abuser du système et profiter d’un tour en ambulance. Et lorsqu’arrive le moment d’intervenir, Védécé peut compter sur ses deux collègues. Chaque sortie est une vraie aventure.

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L'État de l'Hôpital et les Mesures Post-COVID

Les mesures prises depuis le Covid n'ont-elles eu aucun effet ? Non, ça ne va pas mieux. Il y a une dichotomie entre le son de cloche du Gouvernement, la parole publique, et la réalité de terrain. C'est de la communication. Il n'y a eu aucun changement, et ce n'est pas seulement lui qui le dit mais la quasi-totalité des professionnels de santé. On arrive à un stade où il faudrait renverser la table et tout reconstruire. Ce ne sont pas des mesurettes qui vont régler le problème. Le Ségur a été un pansement sur une hémorragie.

Concernant l'hôpital délabré, il faut remettre dans le contexte : c'est une bande dessinée pas une photo. Mais il n'y a rien qui est inventé : le crépi qui tombe des murs, les mégots de cigarette, les tags, les souris… tout ça c'est du vu et revu. Les bâtiments sont vétustes, complètement laissés dans leur jus. Il faudrait reconstruire en repartant de zéro.

Solutions et Perspectives

Dans ce tome 4, Védécé effectue son dernier semestre d'internat au Samu, l'occasion d'aborder des thématiques comme la surconsommation des services d'urgences, la difficulté de réguler entre les abus et les insultes. Comment sortir de cette spirale ? Le 15 est déjà débordé, les surcharger encore davantage, ce n'est pas une solution ! Il évoque la nécessité de responsabiliser chacun pour réguler un petit peu, mais la solution, c'est de se donner les moyens face aux besoins qui augmentent. Jusqu'à présent, ça tenait sur la vocation des professionnels qui compensait le manque de moyens. Mais pour beaucoup de soignants, le Covid a été la goutte d'eau. Ils ont vu qu'après les applaudissements, rien n'avait changé. Beaucoup sont partis, voire ont complètement changé de branche et ont quitté le soin. On a atteint le maximum de ce que peut supporter le personnel soignant. Pour lui, il faut un grand plan très ambitieux pour l'hôpital, et se donner les moyens - ça vaut aussi pour beaucoup de services publics. Quand une maison s'écroule, on fait des efforts pour la retaper.

La BD "Vie de Carabin" offre un regard humoristique mais réaliste sur la vie des internes en médecine, en particulier pendant la période difficile du COVID-19. Elle met en lumière les défis, les désillusions et la nécessité de réformer le système de santé pour soutenir les professionnels de la santé et améliorer les conditions de travail.

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