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Plusieurs incidents impliquant des tirs ont marqué l'histoire de Saint-Denis, suscitant des enquêtes et des réactions diverses.

Tirs de Mortiers près d'un Commissariat

Une vidéo, filmée dans la nuit du 30 avril au 1er mai, a révélé des détonations et des feux d'artifice près d'un commissariat. L'auteur de la vidéo, un habitant de Saint-Denis, a relaté avoir vu des hommes sortir du commissariat et s'allumer mutuellement avec des mortiers d'artifice. Quelques secondes plus tard, deux hommes à moto ont tiré une chandelle romaine en direction de la façade du bâtiment.

Selon les riverains, il s’agirait de policiers. Une source policière a exprimé son embarras : «Il semblerait bien que ce soit des policiers qui ont fait les tirs de mortiers.» Elle a ajouté : «Je pense que c’était une blague entre collègues.»

Une enquête administrative a été ouverte pour déterminer si les motards sont des policiers ou des citoyens, si les faits filmés ont bien eu lieu dans la nuit du 30 avril au 1er mai, et s'il s'agit d'un montage. L‘IGPN n’a pas été saisie à ce stade.

Assaut du RAID à Saint-Denis en Novembre 2015

L'assaut du RAID à Saint-Denis en novembre dernier a également fait l'objet de controverses. Le 18 novembre, les forces du RAID sont intervenues pour neutraliser Abdelhamid Abaaoud, un des cerveaux présumés des attentats, qui s'était réfugié dans un squat de la banlieue parisienne. À ses côtés se trouvaient sa cousine, Hasna Aït Boulhacen, et un deuxième terroriste, Chakib Akrouh.

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Les policiers avaient justifié cette opération par la nécessité de ne prendre aucun risque, face à la menace d'un surattentat. Ils avaient également expliqué avoir fait l'objet d'un tir nourri de la part de leurs cibles.

Selon un rapport de la police scientifique, il semblerait que les policiers aient pris pour des tirs ennemis des balles provenant de leurs propres rangs. Les experts ont retrouvé 1 576 munitions « provenant vraisemblablement (...) des tirs effectués par les effectifs de police du Raid » dans les parties communes de l'immeuble. Aucune AK-47 n'a été retrouvée sur les lieux, mais seul un pistolet automatique Browning a été découvert.

Face à ce constat, les policiers du RAID sont évidemment très embarrassés. Le 21 novembre, le numéro 3 de l'unité d'élite est entendu et est invité à remettre à la police scientifique les « éléments de protection balistique » ayant servi lors de l'assaut.

Les résultats des autopsies indiquent également que Abdelhamid Abaaoud, Chakib Akrouh et Hasna Aït Boulhacen n'ont pas été tués par les forces de l'ordre. Les deux premiers sont décédés dans l'explosion de la ceinture d'explosif, la troisième d'asphyxie. Il se pourrait qu'aucun des 1 536 tirs du Raid n'ait atteint sa cible.

La cible du Raid était un appartement rue Corbillon à Saint-Denis dans lequel étaient retranchés Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts, sa cousine Hasna Aitboulahcen et un complice toujours non identifié.

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Les autorités parleront d'abord d'une "porte blindée". Un blindage qui n'apparaît pas dans l'enquête, selon une source proche du dossier. Une des trois charges n'a pas fonctionné, selon une source policière. Conséquence, "nous avons perdu l'effet de surprise", reconnaîtra Jean-Michel Fauvergue, le chef du RAID. "On a été rapidement ensuite accueilli à coup de kalachnikov", dira-t-il encore. Les enquêteurs n'ont pas retrouvé de kalachnikov. Seul un pistolet semi-automatique belge sera exhumé des gravats. Les jihadistes étaient également armés de grenades et de deux ceintures explosives.

Les habitants du quartier continuent d'entendre de fortes détonations ponctuées d'intenses fusillades. Un voisin enregistre un échange entre une femme et les policiers qui sera diffusé sur TF1. "J'ai envie de partir", hurle la voix féminine, "lève tes deux mains, tu fermes ta bouche, il est où ton copain ?" lui répond une voix masculine. "C'est pas mon copain ! Est-ce que je peux sortir? Laissez moi sortir" hurle-t-elle. "Qui est-ce que t'appelles ?", demande alors le policier. Il y a ensuite une explosion, selon le RAID qui croira dans un premier temps que c'est Hasna Aitboulahcen qui a actionné sa ceinture d'explosif. L'enquête révèle que c'est le complice d'Abdelhamid Abaaoud, encore non identifié, qui a explosé provoquant l'effondrement d'un mur sous lequel sera retrouvé le corps de la jeune femme.

Lors des constatations, les enquêteurs trouveront dans la rue "une partie de tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale", "une partie de visage", "des dents", des téléphones portables, des écrous, des clés...

Avant de pénétrer dans ce que les autorités désigneront comme « l’appartement conspiratif », le brigadier Philippe M. doit patienter deux bonnes heures. Le temps nécessaire pour que des ouvriers mènent les travaux d’étayage afin d’éviter que l’immeuble ne s’effondre.

Les façades blanches de l'immeuble assiégé sont balayées par la lumière de puissants projecteurs et les faisceaux des rayons laser d'une demi-douzaine de tireurs d'élite postés sur les toits. À 4 h 16, l'assaut est déclenché lorsque les policiers tentent de faire sauter la porte. Mais le blindage de celle-ci résiste. L'effet de surprise n'est plus dans le camp de la police. Embusqués, les terroristes commencent à faire parler leurs kalachnikovs, ouvrant un feu nourri sur les colonnes des policiers qui ont lancé des grenades assourdissantes pour « sidérer » leurs adversaires.

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Au prix d'une interminable progression méthodique dans les décombres, susceptibles d'être piégés, les policiers du Raid ont gagné jusqu'au plus près les lieux de la fusillade, avant de maîtriser les ultimes forcenés vers 11 heures.

Tableau Récapitulatif de l'Assaut du RAID

Événement Détails
Date de l'assaut 18 novembre 2015
Cible Appartement rue Corbillon, Saint-Denis
Personnes neutralisées Abdelhamid Abaaoud, Hasna Aitboulahcen, Chakib Akrouh
Munitions retrouvées provenant de la police 1 576
Armes retrouvées sur les terroristes Pistolet automatique Browning, grenades, ceintures explosives

Réactions et Conséquences

La chasse à l'homme s'est accélérée mardi, a révélé le procureur de la République de Paris, François Molins: «Beaucoup de travail a été effectué et a permis d'obtenir par la téléphonie, les surveillances ainsi qu'un témoignage recoupé par données bancaires, les éléments qui pouvaient laisser penser que le nommé Abaaoud était susceptible de se trouver dans un appartement conspiratif, à Saint-Denis.»

Sur place, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a évoqué «des conditions jusqu'à présent jamais rencontrées». Le chef de l'État allant même jusqu'à considérer, devant l'Association des maires de France, que les policiers auraient «sous-estimé la violence qu'ils allaient affronter».

Jawad, le locataire de l'appartement assiégé, a reconnu avoir offert l'hospitalité «pour quelques jours à deux potes d'un ami qui venaient de Belgique». Placé en garde à vue, il avait été condamné pour «coups mortels» à huit ans de prison par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis en novembre 2008. Il était sorti en septembre 2013.

Tandis que la police scientifique inspecte toujours à la nuit tombée l'immeuble criblé de balles et d'éclats et menaçant de s'effondrer, 830 limiers de la brigade criminelle et de la sous-direction antiterroriste, mais aussi ceux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ne relâchent rien de leur traque pour retrouver les derniers membres de la nébuleuse terroriste.

«Grâce à une logistique d'ampleur minutieusement mise en œuvre, selon le procureur de la République François Molins, les terroristes étaient programmés dans une logique jusqu'au-boutiste. Tout laisse à penser que le commando neutralisé à Saint-Denis pouvait passer à l'acte» pour un nouvel attentat, a ajouté le haut magistrat.

Autres Incidents

La fusillade a été d'une rare intensité selon les témoins présents en milieu de soirée. Des étuis de calibre de 7,62 mm, pouvant correspondre à des tirs de kalachnikov ainsi que des douilles de 9 mm, ont été retrouvés sur place.

Selon nos informations, L. venait de sortir de foyer où il avait été placé par un juge. Il faisait l'objet d'une enquête pour une affaire de vols pour laquelle il n'avait pas été jugé. Il n'a jamais été condamné par la justice. « Rien n'exclut à ce stade qu'il ait pris une balle qui ne lui était pas destinée », nuance une source proche de l'affaire.

D'après l'entourage de L., scolarisé dans un lycée d'une ville voisine et seul garçon d'une fratrie, sa mort tragique n'aurait rien à voir avec des histoires liées au trafic.

Mardi matin, à quelques dizaines de mètres des lieux du décès de L. et de traces de sang recouvertes de sable, le maire (PCF) de Saint-Denis, Laurent Russier et Stéphane Peu, député (PCF) de Seine-Saint-Denis, ont lancé un SOS : « Voir un jeune de 16 ans mourir sous les balles de kalachnikov est intolérable », enchaînent-ils.

tags: #tirs #saint #denis #histoire

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