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Au handball, il est courant qu'un tireur de penalty qui échoue cède sa place à d'autres. Mais Hugo Descat n'est pas de cet avis.

Mercredi soir face au Danemark, lorsque Kevin Möller a détourné son jet de 7 mètres, et que les Bleus balbutiaient leur handball, l'ailier de Montpellier ne s'est pas démonté. Pour, au final, planter 8 buts (dont 7 penalties) aux Danois, battus sur le fil (30-29).

« Les penalties, c'est un match dans le match. Dans cet exercice, il n'y a pas d'excuse, pas d'arbitre, c'est toi contre le gardien. Une sorte de poker menteur que j'adore, » s'amuse-t-il.

Un Parcours Atypique

Cette force de caractère, exprimée par son poing rageur en direction de son banc de touche chaque fois qu'il fait mouche, Descat (29 ans) la puise dans un parcours atypique où, finalement, rien ne lui fut épargné.

Plus jeune, l'ailier gauche, au caractère déjà bien affirmé, a fait ses premières armes sous les couleurs de Créteil. Ses prestations abouties parmi l'élite lui offrent ses premières apparitions dans le groupe France. Deux sélections en avril 2013, malheureusement sans suite.

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Après dix années passées à Créteil, Descat décide de sortir de sa zone de confort. Mais son côté chambreur, parfois exubérant, lui forge une mauvaise réputation dans le milieu.

« On le disait ingérable mais ce n'était vraiment pas le cas, assure Kamel Remili, le directeur général de l'US Créteil qui l'a vu grandir. Joueur dans l'âme, Hugo dégage simplement quelque chose de différent. Un peu comme Greg Anquetil du temps des Barjots. Sauf qu'à l'époque, personne ne s'en offusquait.

Faute de propositions françaises en adéquation avec ses ambitions, il s'exile en Roumanie pour vivre son rêve : disputer la Ligue des champions avec le Dinamo Bucarest.

« Je n'ai jamais été "border", insistait Descat avant le début de l'Euro. Je ne sais pas d'où venaient toutes ces fausses rumeurs. Mais c'est sûr qu'elles m'ont beaucoup desservi. À l'époque, j'aurais bien aimé recevoir une offre d'un club français ambitieux. Cela n'a pas été le cas. Je ne me suis pas morfondu. Au contraire, j'ai continué à travailler. Je n'ai jamais lâché dans ma tête. »

Et cet exil forcé, ponctué de deux titres de champion de Roumanie, va s'avérer déterminant pour la suite de sa carrière. Car ses prestations ont tapé dans l'oeil de Patrice Canayer, alors en quête d'un ailier suffisamment costaud et talentueux pour prendre la suite de l'irremplaçable Michaël Guigou.

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La Confiance de Montpellier

« On a créé ensemble les conditions qui lui ont permis de s'exprimer. » Patrice Canayer, manager général de Montpellier.

Mais avant d'engager le bouillant ailier, Canayer tient absolument à le rencontrer en personne lors d'un déjeuner à Montpellier.

« Quand on ne le connaît pas, c'est un joueur qui peut intriguer par rapport à son parcours et à sa personnalité, explique le manager général du MHB. Je voulais surtout me faire une opinion par moi-même. L'important, c'était surtout de savoir dans quel état d'esprit il était vis-à-vis de l'équipe. On a créé ensemble les conditions qui lui ont permis de s'exprimer. Hugo avait compris un certain nombre de choses. Il avait besoin d'un contexte favorable pour pouvoir les exprimer. »

Plus constant, plus mature aussi, Descat revient logiquement dans la lumière fin 2020. Après sept années loin des radars internationaux, Guillaume Gille le relance en bleu pour les qualifs de l'Euro 2022 et le Mondial en Égypte, l'an dernier.

« Je ne cache pas que c'était une période compliquée car j'avais encore en moi ce rêve de l'équipe de France, » confie-t-il sans détour à propos de cette longue traversée du désert.

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La suite, on la connaît. À Tokyo, il participe à son premier tournoi olympique, où il partage son temps de jeu avec Michaël Guigou. À l'issue d'un parcours sans accroc, où il affole les statistiques à chacune de ses sorties, la victoire en finale face au Danemark (25-23) lui procure la plus belle émotion de sa carrière. « Un truc de fou », s'emballe-t-il encore.

Un Joueur Indispensable

Il puise sa rage de vaincre dans les climats hostiles « Depuis qu'il est arrivé, il a pris une place forte au sein de l'équipe, dans le jeu, par l'énergie qu'il diffuse, admire le sélectionneur Guillaume Gille. Sa capacité à réussir de telles séries de penalties face à d'excellents gardiens a été un élément déterminant dans notre début d'Euro. Je le trouve très concerné, propre, avec l'envie d'en découdre, dans de très bonnes dispositions. »

Devenu indispensable en bleu (deuxième meilleur buteur français du tournoi, 29 buts à 74 %, derrière Dika Mem, 31), Descat sait aussi puiser sa rage de vaincre dans n'importe quel climat hostile, et la transmettre ostensiblement à ses partenaires.

« Il a su se relancer et peut-être qu'aujourd'hui, le plus dur commence pour lui, prévient toutefois Patrice Canayer. Il faut qu'Hugo soit dans cette stabilité en permanence. C'est tout l'enjeu qui s'ouvre à lui désormais. » Et le manager du MHB de rappeler que la grande force de Michaël Guigou fut d'évoluer au très haut niveau durant plus de 15 ans.

Au moment de croiser le fer avec les Suédois pour une place en finale de l'Euro, une première pour lui, Descat a bien reçu le message.

tags: #tireur #penalty #équipe #du #Danemark

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