Alors que de multiples incidents éclatent à l’intérieur et aux abords des prisons, le début des années 2000 ouvre une période d’inédite remise en cause des rôles, règles et modes de fonctionnement de l’institution carcérale. De la tentative d’évasion par hélicoptère de la maison d’arrêt de Fresnes en mai 2001, à celle accomplie par un commando armé au sein du quartier disciplinaire du même établissement en mars 2003, en passant par les dizaines de mouvements collectifs - parfois violents - de prisonniers, l’administration pénitentiaire vit trois années sensibles en termes de sécurité.
Dos au mur, exceptionnellement fragilisée, l’institution n’a alors d’autres choix que d’évoluer. Pour Dominique Perben, ministre de la Justice, et Didier Lallement, préfet et directeur de l’administration pénitentiaire, les orientations ne font pas débat ; sans surprise, c’est une véritable riposte sécuritaire qui s’organise entre la place Vendôme et la rue du Renard.
Créées en 2003, les équipes régionales d’intervention et de sécurité (Éris), sorte de GIGN de la pénitentiaire, sont les unités spéciales chargées d’intervenir en cas de tension dans un établissement. Réparties en dix équipes (neuf strictement régionales et une à vocation nationale) aujourd’hui composées d’une quarantaine d’agents, les Éris sont spécialement préparées à la gestion des incidents de grande ampleur et à l’encadrement de diverses opérations de maintien de l’ordre.
Leurs membres, qui doivent incarner une « nouvelle génération de surveillants », sont recrutés en interne sur la base quasi-exclusive d’aptitudes physiques. Avant d’intégrer ces équipes, ils reçoivent une formation de dix semaines dispensée par l’École nationale de l’administration pénitentiaire et décomposée en cinq blocs. En sus des modules « gestion du stress », « tir et armement », « techniques d’intervention » et « maintien de l’ordre et transfèrements », les élèves effectuent un stage de plusieurs jours au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie à Saint-Astier, connu pour être le lieu de formation du GIGN.
Ce département - qui deviendra rapidement sous-direction - marque un palier dans la politique pénitentiaire en ce qu’il entérine une nouvelle appréhension des enjeux de maintien de l’ordre en prison. Le matériel dont sont dotées les Éris témoigne plus clairement encore de ces orientations. Elles disposent d’une tenue spécifique (une combinaison bleu nuit) et d’équipements particuliers : boucliers, casques, gilets pare-coups, gilets pare-balles, chasubles d’intervention, gants et bottes adaptés, menottes et cagoules.
L’administration pénitentiaire jouissant d’une surprenante liberté en la matière, elle dote les Éris d’un important armement : tonfas, bâtons télescopiques BTP, grenades lacrymogènes, grenades de désencerclement, LBD40, HK G36C, fusils à pompe calibre 12, SIG SAUER SP 2022, fusils à pompe Remington 870 police et fusils d’assaut à tir automatique.
Destinées à intervenir en cas de crise, l’administration pénitentiaire a pensé ces équipes comme une « force de frappe » vive et puissante. Laurent Ridel, directeur des services pénitentiaires, explique ainsi qu’avant 2003, « cette capacité d’anticipation ou de réaction très rapide manquait cruellement à une administration pénitentiaire par définition statique qui, dès qu’elle était confrontée à une crise ou à une situation délicate pouvant déboucher sur une crise, devait solliciter l’autorité préfectorale pour obtenir l’intervention des forces de l’ordre ».
Obnubilées par le risque d’embrasement et de perte de contrôle, les Éris se sont construites sur un cadre extrêmement coercitif. De même, ce n’est qu’en 2008, à la suite de plusieurs plaintes et sous la pression des organes de contrôle français et européens, que l’administration pénitentiaire a accepté quelques outils de contrôle, en l’espèce l’enregistrement vidéo des interventions. Il importe de relever que cette concession est autant motivée par « un souci de protection […] des personnes détenues contre d’éventuelles digressions » que « des agents contre les allégations formulées » par les prisonniers.
Pour certains membres de l’administration pénitentiaire, malgré tous leurs défauts, les Éris « ont quand même amené des techniques d’intervention beaucoup plus pertinentes que celles employées avant ». Ils vantent alors l’heureuse « normalisation » des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en prison. « Avant, il n’y avait pas de techniques, on y allait comme ça, avec un matelas, avec un truc, enfin c’était n’importe quoi. […] Là, on a une théorie, des moyens, des tenues d’intervention. »
Si le terme renvoie dans un sens à la construction d’un corpus de règles applicables, il doit aussi se comprendre dans l’autre comme une forme de banalisation de méthodes d’intervention violentes. C’était d’ailleurs tout l’enjeu de l’alerte émise par l’OIP en 2005 : « La création des Éris n’est pas sans apparaître comme un signal émis par la Chancellerie en direction des personnels de l’administration pénitentiaire ; un signal susceptible d’être perçu localement comme un blanc-seing au regard de la mise en œuvre de méthodes musclées. »
Dans son avis relatif à la prise d’otage de la maison centrale de Moulins, la Commission nationale de la déontologie de la sécurité a souligné le lien existant entre les méthodes coercitives des Éris, leur cadre d’intervention nébuleux et les violences exercées ensuite par le personnel local à l’encontre des personnes détenues. S’il est difficile d’établir l’impact réel de la création des Éris en termes d’accommodement des personnels pénitentiaires à la violence, l’administration assure qu’après un « certain scepticisme quant à leur intérêt », « les Éris ont trouvé leur place ».
De fait, les Éris ont participé à la diffusion de techniques et pratiques de maintien de l’ordre au sein des établissements. L’annonce, en 2016, de la création de nouvelles « équipes de sécurité pénitentiaire » (ESP) bénéficiant d’un armement et de prérogatives spécifiques illustre très clairement cette évolution. Ces équipes doivent par ailleurs être complétées par des « équipes locales de sécurité pénitentiaire » (ELSP), en remplacement des actuelles « équipes locales d’appui et de contrôle » (Élac).
La banalisation des outils et méthodes d’intervention des Éris au sein de l’administration pénitentiaire a entraîné une libération et une acceptation de la violence : les récents incidents intervenus à la maison centrale de Condé-sur-Sarthe autant que les suites qui leur ont été réservées sont l’occasion de s’en convaincre. D’une part, c’est sans émotion que le contrôle total de l’établissement a été confié à des Éris armées et cagoulées pendant les vingt jours de blocage. D’autre part, c’est sans difficulté que la direction centrale de l’administration pénitentiaire a validé le principe de dotation des surveillants en menottes et des gradés en bombes lacrymogènes.
Depuis plusieurs années, l’administration pénitentiaire nous confronte ainsi à de nouvelles affirmations de sa force. Nul ne peut dire où s’arrêtera ce mouvement de transformation policière. En incarnant l’une des expressions les plus tranchantes de la violence en prison, les Éris en occultent aujourd’hui les milliers d’autres manifestations quotidiennes.
Il est important de noter que la sécurité périmétrique peut être renforcée par des miradors. Chaque surveillance dispose d’un jeton qui lui est propre. Un même surveillant ne peut pas prendre plusieurs trousseaux. Le PCI est la jonction entre la zone détention et la zone de non-détention. Tant que l’effectif n’est pas validé, l’équipe ne peut pas partir.
Par exemple, il peut y avoir des caméras à détection pour pallier cette absence. Les surveillants doivent vérifier que les barreaux ne sont pas sciés ou cassés. La fouille intégrale est un déshabillage complet du détenu. Les surveillants ne doivent pas être armés sauf ordre exprès dans des circonstances exceptionnelles. L’intervention des forces de l’ordre se fait en cas de crise.
Une série d'attaques contre des prisons s'est déroulée depuis dimanche soir. L'enquête penche davantage sur des mouvements anarchistes. Plusieurs prisons ont été visées par des incendies, des tags, et même des tirs à Toulon. Tout laisse à croire que ces attaques sont coordonnées.
Selon les premiers éléments de l’enquête, la piste anarchiste semble prendre le pas dans la vaste majorité des faits, en raison des tags qui ont été réalisés sur ou près de plusieurs établissements visés. DDPF, quatre lettres issues des mouvances d’ultragauche pour Droits Des Prisonniers Français. Ce « mouvement », revendique sur un canal de la messagerie cryptée Telegram avoir commandité les attaques coordonnées qui frappent les prisons depuis trois jours.
La culture carcérale est un élément essentiel à comprendre dans le contexte des prisons. Il existe une porosité entre l’extérieur et l’intérieur de la prison. Les détenus doivent s'approprier la culture de la prison par l'apprentissage et la socialisation. Parmi ces configurations culturelles, on retrouve l’usage du « yo-yo », des bandes de drap utilisées pour échanger des biens interdits entre les cellules.
Les détenus utilisent plusieurs méthodes pour se relier entre eux, comme la méthode de la « baguette », la technique du « sac-poubelle » ou encore la confection de « systèmes de harpons » à partir de la grille. Ces techniques font partie de la culture carcérale et se transmettent oralement et par imitation.
Des normes culturelles existent également, comme le port du caleçon à la douche. Les détenus doivent faire preuve de loyauté, de solidarité et de respect. La violence est présente, et les détenus doivent montrer leur capacité à se défendre. Ils peuvent aussi se servir de leurs corps comme cachette pour des objets interdits. Il existe des techniques spécifiques pour franchir la douane, notamment en dissimulant des objets dans le pli inter-fessier.
Les détenus sont classés et catégorisés en fonction de plusieurs critères. Le premier critère est les faits commis par la personne incarcérée. Le deuxième critère est le lieu de provenance. Les détenus se constituent un « réseau d’interconnaissance » et se répertorient en fonction de leur capacité à fournir en stupéfiants ou à passer une détention agréable. Une structure hiérarchique se met en place, avec des dominants et des dominés. Tout au long de son incarcération, chaque détenu va se créer un réseau et sa réputation va le suivre.
Grade | Effectif |
---|---|
Surveillants | 318 |
Premiers surveillants | 34 |
Officiers | 15 |
Total | 367 (sur un effectif théorique de 409) |
tags: #tir #sur #les #prisons #definition