Mercredi, un homme de 71 ans a tiré plusieurs fois sur le Premier ministre slovaque pro-russe, Robert Fico, qui était en déplacement à la maison de la culture d’Handlova dans le centre du pays.
La tentative d'assassinat est un véritable choc tant dans le pays et à l’international.
Un attentat que certains qualifient déjà de “politique”, dans un pays en proie à une très forte polarisation.
Si les partis s'accordent pour condamner unanimement cet attentat, certains membres de la majorité pointent déjà la véhémence de l’opposition de gauche, qui aurait attisé ce climat de violence.
Pour autant, l'union des politiques slovaques pour la dénoncer n'élude pas les critiques dont le Premier ministre est la cible depuis quelques années.
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Avec Jana Vargovčíková, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’INALCO, nous retraçons son long parcours politique.
"En automne dernier, Robert Fico est arrivé en tête des élections législatives pour la quatrième fois de sa carrière.
Il reste un homme politique professionnel, engagé depuis sa jeunesse.
Il crée son propre parti par scission avec une organisation communiste et s’impose progressivement en récupérant un électorat rural, moins qualifié, partiellement nationaliste et concerné par les questions sociales.
C'est ainsi qu'il gagne pour la première fois en 2006 et reste au pouvoir presque sans interruption jusqu'en 2020, avec une petite pause entre 2010 et 2012."
Malgré cette longévité, la chercheuse rappelle que Fico est en prise avec des accusations de corruption et d’influence dans le meurtre du journaliste politique Ján Kuciak survenu en 2018.
L'assaillant de mercredi, un homme de 71 ans à la retraite, ancien ouvrier dans les mines et agent de sécurité, aurait agi seul, animé par une haine pour certaines réformes gouvernementales.
Pour Jana Vargovcikova, son acte peut effectivement s’analyser à l’aune des fractures politiques slovaques.
"Au cours de la décennie passée, Fico et son parti SMER sont devenus de plus en plus clivants, notamment sur trois points.
Sous effet de la crise migratoire européenne, le gouvernement s’est progressivement radicalisé vers le conservatisme et le nationalisme, se privant d’une partie de l'électorat de gauche.
L’assassinat de Ján Kuciak en 2018 et les enquêtes qui ont suivi, ont dévoilé tout un système de fraude sur les marchés publics et de prédation sur les ressources de l'État, aggravant la polarisation nationale.
Enfin, la guerre en Ukraine, un pays voisin de la Slovaquie, secoue le pays et le force à questionner son identité occidentale."
Dans ce contexte, les penchants dits pro-russe du Premier ministre font débat.
Quelles peuvent être les répercussions de cet attentat sur le climat politique en Slovaquie ?
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