Le 14 février 2005, l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri est assassiné lors d'un attentat à la voiture piégée à Beyrouth. Né en 1944 dans une famille modeste de paysans de la région de Saïda, Rafic Hariri, à la tête d'une entreprise de travaux publics, devient multimillionnaire et conquiert l'amitié des grands de ce monde, dont celle de la famille royale saoudienne et celle de Jacques Chirac.
Alors que le soutien syrien a permis son accession au pouvoir au Liban, entre 2000 et 2004, son opposition à l'encontre du président de la République libanaise pro-syrien Emile Lahoud est croissante. En septembre 2004, il est contraint par la Syrie d'adopter une réforme constitutionnelle permettant la prorogation pour trois ans du mandat du président de la République. Cet événement le conduit à la rupture avec le régime syrien. Rafic Hariri démissionne et rejoint le camp de plus en plus nombreux de l'opposition à la présence syrienne au Liban.
Son assassinat en février 2005 est immédiatement attribué à la Syrie. L'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, fomenté par les milieux libanais pro-syriens et l'État syrien, nourrit l'opposition à la présence syrienne au Liban. Le rapport d'enquête internationale remis le 27 octobre 2005 au secrétaire des Nations Unies Kofi Annan par la commission conduite par le magistrat Detlev Mehlis, confirme l'implication du gouvernement syrien, et celle de son président Bachar al-Assad ainsi que celle de hauts personnages libanais.
Cet assassinat politique qui provoque le décès de 23 personnes, fait éclater la colère des Libanais. Le 14 mars 2005, environ un million de personnes (sur les quatre que compte le Liban) réclame dans les rues de Beyrouth le départ des troupes syriennes présentes depuis 1976. Le retrait, exigé par la résolution 1559 des Nations Unies adoptée en septembre 2004 est devenu inéluctable et les derniers soldats quittent le territoire libanais le 26 avril 2006. En outre, il instaure un climat de terreur et les assassinats politiques se multiplient.
Dès lors, l'assassinat de Rafic Hariri renforce l'instabilité politique d'un pays déjà en proie aux rivalités confessionnelles. L'assassinat politique de Rafic Hariri, dont la portée symbolique est capitale, rend plus visibles encore les fractures qui fissurent la société libanaise. Ce document, diffusé 6 jours après l'assassinat de Rafic Hariri s'interroge sur ses conséquences politiques et met en lumière la mobilisation anti-syrienne au Liban.
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A cet égard, il montre à la fois des images témoignant du recueillement de la population de Beyrouth autour de la tombe de l'ancien premier ministre, et d'autres illustrant sa détermination, comme celles de la manifestation réclamant le départ des troupes syriennes. Dans un deuxième temps, ce document relaie l'indignation du gouvernement syrien face aux accusations qui le compromettent dans l'attentat de Rafic Hariri. Par ailleurs, ce reportage souligne la volonté du peuple libanais de prendre en mains son destin, quinze années après la fin de la guerre civile.
Cet espoir, exprimé par la population dans ces circonstances tragiques, mésestime cependant les divisions politiques internes au Liban ainsi que l'influence persistante de la Syrie.
Mercredi, un homme de 71 ans a tiré plusieurs fois sur le Premier ministre slovaque pro-russe, Robert Fico, qui était en déplacement à la maison de la culture d’Handlova dans le centre du pays. La tentative d’assassinat est un véritable choc tant dans le pays et à l’international.
Robert Fico, qui avait été Premier ministre de Slovaquie entre 2006 et 2010 puis entre 2012 et 2018, a retrouvé ces fonctions en octobre 2023 à l'issue des élections législatives. En automne dernier, Robert Fico est arrivé en tête des élections législatives pour la quatrième fois de sa carrière. Il reste un homme politique professionnel, engagé depuis sa jeunesse. Il crée son propre parti par scission avec une organisation communiste et s’impose progressivement en récupérant un électorat rural, moins qualifié, partiellement nationaliste et concerné par les questions sociales. C'est ainsi qu'il gagne pour la première fois en 2006 et reste au pouvoir presque sans interruption jusqu'en 2020, avec une petite pause entre 2010 et 2012.
Malgré cette longévité, la chercheuse rappelle que Fico est en prise avec des accusations de corruption et d’influence dans le meurtre du journaliste politique Ján Kuciak survenu en 2018. L'assaillant de mercredi, un homme de 71 ans à la retraite, ancien ouvrier dans les mines et agent de sécurité, aurait agit seul, animé par une haine pour certaines réformes gouvernementales. Le tireur présumé est Juraj Chintula, un écrivain local âgé de 71 ans. Il a été inculpé jeudi pour "tentative de meurtre avec préméditation", a annoncé le ministre de l'Intérieur Matúš Šutaj Eštok, évoquant une attaque "motivée par des considérations politiques". "C'était un loup solitaire", qui a décidé de passer à l'acte "après les résultats du scrutin présidentiel, dont il était mécontent", a-t-il indiqué.
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Pour Jana Vargovcikova, son acte peut effectivement s’analyser à l’aune des fractures politiques slovaques. "Au cours de la décennie passée, Fico et son parti SMER sont devenus de plus en plus clivants, notamment sur trois points. Sous effet de la crise migratoire européenne, le gouvernement s’est progressivement radicalisé vers le conservatisme et le nationalisme, se privant d’une partie de l'électorat de gauche. L’assassinat de Ján Kuciak en 2018 et les enquêtes qui ont suivi, ont dévoilé tout un système de fraude sur les marchés publics et de prédation sur les ressources de l'État, aggravant la polarisation nationale. Enfin, la guerre en Ukraine, un pays voisin de la Slovaquie, secoue le pays et le force à questionner son identité occidentale."
Dans ce contexte, les penchants dits pro-russe du Premier ministre font débat. Transporté dans un premier temps à l'hôpital de Handlová, Robert Fico a ensuite été transféré par hélicoptère vers l'hôpital Roosevelt de Banská Bystrica, une ville du centre du pays. Le chef du gouvernement y a subi une opération de cinq heures, permettant de stabiliser son état de santé. Robert Fico se trouvait à Handlová pour y tenir un conseil des ministres mercredi matin, puis un meeting dans le cadre des élections européennes l'après-midi.
Sur des images récupérées par différents médias, on aperçoit l'assaillant être immédiatement appréhendé par les forces de l'ordre, tandis que le Premier ministre est rapidement transporté dans une limousine noire par ses officiers de sécurité, avant que celle-ci ne démarre en direction de l'hôpital.
Les dirigeants européens n'ont pas tardé à condamner cette attaque, mercredi. "De tels actes de violence n’ont pas leur place dans notre société et portent atteinte à la démocratie, notre bien commun le plus précieux", a réagi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, via un post sur X.
L’absence du Premier ministre est partiellement couverte par la loi slovaque sur les compétences, qui prévoit que dans ce cas, il est représenté par un vice-premier ministre qu’il a nommé. « S’il est une chose dont le peuple slovaque a besoin de toute urgence aujourd’hui, c’est au moins d’un consensus de base de la représentation politique slovaque.
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Bien que les contextes et les détails diffèrent, les attentats contre Rafic Hariri et Robert Fico partagent des similitudes frappantes en termes d'impact politique et de polarisation sociale. Les deux événements ont exacerbé les tensions existantes et ont conduit à une instabilité accrue dans leurs pays respectifs. De plus, ils soulignent la vulnérabilité des dirigeants politiques et la menace que représente la violence politique pour la démocratie.
On arrive dans des zones d'opposition à la démocratie qui sont extrêmement graves. Quand un élu est attaqué, c'est une catastrophe. Même en France, on a des gens qui jouent au foot avec la tête du président de la République. On empêche les citoyens non seulement de réfléchir, avec de la désinformation, mais on les empêche de prendre leurs responsabilités en les désinhibant et on arrive à ce genre de chose. La politique c'est justement de ne pas tirer sur les gens. La société slovaque, comme la société polonaise et comme la société hongroise, sont des sociétés profondément européennes et profondément démocratiques.
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