Le 9 juin, vers 23h35, la gardienne de la paix Valérie B. a tiré sur Sulivan S., 19 ans, avec son arme de service alors que ce dernier tentait de prendre la fuite à pied après un refus d’obtempérer à Octeville, près de Cherbourg.
Les faits se sont déroulés vers 23h40 dimanche, sur les hauteurs de Cherbourg-en-Cotentin, lorsqu'un équipage de trois policiers a tenté de contrôler un véhicule roulant à une vitesse excessive. Le conducteur n’a « pas obtempéré aux sommations » et a poursuivi sa route, avant d’être forcé à s’arrêter par le véhicule d’un second équipage de police. Les trois occupants ont alors pris la fuite à pied.
« Le fonctionnaire a alors utilisé un pistolet à impulsion électrique » alors qu’« un autre agent faisait usage de son arme à feu, le touchant mortellement au niveau de la poitrine », selon le parquet. Selon une source proche du dossier, Sulivan S. n'était pas armé. Le jeune chaudronnier de 19 ans a succombé au tir d’une fonctionnaire de police alors qu’il tentait de s’échapper à pied d’une voiture volée après le refus d’obtempérer du conducteur, dimanche à Cherbourg (Manche).
La mère de Sulivan S. a porté plainte pour « homicide volontaire » ce mardi 11 juin en début d’après-midi auprès du procureur de la République de Cherbourg. La policière a été mise en examen pour « homicide volontaire » ce mardi soir et placée sous contrôle judiciaire. « La fonctionnaire de police a été placée sous contrôle judiciaire strict » qui lui interdit notamment de se rendre à Cherbourg et d’exercer l’activité de policière, a ajouté le procureur de la République de Coutances Gauthier Poupeau.
Selon la plainte déposée par Me Yassine Bouzrou, la policière, qui a tiré « à très courte distance » sur Sulivan S., « avait nécessairement conscience que le tir par arme à feu en direction d’une zone vitale telle que la poitrine pourrait entraîner la mort de ce dernier ».
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Le procureur de la République rappelle que les investigations se poursuivent afin "de déterminer les circonstances exactes du déroulement des faits". Le tribunal judiciaire de Cherbourg-en-Cotentin s'est dessaisi de l'affaire au profit du pôle de l'instruction de Coutances. L’enquête est confiée à l’IGPN.
Mise en examen pour « homicide volontaire » et placée sous contrôle judiciaire, la policière de 47 ans maintient avoir agi proportionnellement à la menace que représentait Sulivan S. « Elle a agi en quelques secondes dans l'adrénaline d'une course-poursuite », défend son avocat, Me Thomas Baudry. Selon une source policière, le jeune homme se serait retourné vers la policière après avoir percuté un autre agent pour forcer le passage, le tout dans une rue plutôt mal éclairée.
Le journal Le Parisien révèle, ce vendredi 21 juin 2024, les déclarations à l’IGPN de la policière mise en examen pour le meurtre de Sulivan Sauvey. Placée en garde à vue le 10 juin 2024, « la policière dit d’abord avoir cru voir dans la pénombre un couteau puis elle évoque une arme de poing », relate Le Parisien. En réalité, le jeune homme n’était pas armé. « Ce n’était pas un geste naturel de course, pour moi je l’ai interprété comme étant une sortie d’arme. Je me suis sentie en danger, j’ai eu peur, déclare-t-elle à la police des polices. Je suis dévastée par cette intervention. Mon intention n’était pas d’ôter la vie. J’ai beaucoup prié pour ce jeune homme, je sais que ça ne changera rien mais… C’est compliqué pour moi. Après, je fais confiance à la justice. »
La famille appelle au calme après une première nuit avec des débordements dans le quartier des Provinces à Cherbourg où vivait le jeune homme : des poubelles incendiées, des abribus brisés, des tirs de mortiers d'artifice en direction des forces de l'ordre. Dans un communiqué commun envoyé ce mardi 11 juin, le préfet de la Manche et le maire de Cherbourg-en-Cotentin appellent "au respect du deuil de la famille".
L'association socioculturelle "La Maison Pour Tous Léo Lagrange" a organisé une marche blanche en hommage à Sulivan. Mercredi 12 juin 2024, un millier de personnes avaient participé à une marche blanche en hommage à Sulivan Sauvey.
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Cet événement a eu lieu dans un contexte délicat pour la police. "Le policier est confronté à des situations dangereuses et périlleuses. Dans le cadre d'un tir, vous n'avez qu'une fraction de seconde pour prendre la décision, vous comprenez bien que c'est délicat. En plus quand vous travaillez de nuit. Quand on interpelle des personnes, on voit qu'elles ont peu de respect pour la police et la justice."
À la suite de la mort de Sulivan S., sa mère s’est engagée mardi dans une bataille pour obtenir justice. L’avocat Me Yassine Bouzrou a déposé plainte pour « homicide volontaire » contre la fonctionnaire de police qui a fait usage de son arme. Par ailleurs, il remarque qu’à la suite des faits, la policière n'a pas été « immédiatement » placée en garde à vue mais a d’abord été transportée à l’hôpital « pour savoir si elle était choquée par les faits qu'elle venait de commettre ».
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